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                          Air Doll 
                          2010 aura vu fleurir mille et un contes  de   la solitude contemporaine. Qu'on se noie dans le tout médiatisé,  ou que   l'on vieillisse dans l'oubli, il fallait s'accrocher au  moindre   souffle d'humanité. Chez Kore-Eda, cette brise est issue d'une poupée   gonflable. Idée saugrenue, triviale, qui  donne pourtant naissance au   film le plus mignon de l'année. Au fil de l'errance burlesque de la   créature dégingandée surgissent des séquences érotiques et dérangeantes.
                          
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                          Inception 
                          2010, l'année DiCaprio ! En signant son film   le plus intrigant,  Christopher Nolan se jette dans l'abime du/des sens.   Vertigineux,  malgré un sentiment de trop peu. Vivement les suites !
                          
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                          Film concept, hermétique et exigeant, Shirin cherche à la fois à trouver l'essence du regard du  spectateur et à   approcher la grâce féminine. Ambitions démesurées,  mais quasi atteintes   au final.
                          
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                          Le meilleur film des studios Dreamworks  est   encore très loin de faire le poids face à Pixar (décidément  plus   intouchable que jamais). Il faut néanmoins le célébrer pour  son rythme   et surtout pour son usage de la 3D, ébouriffant à tous  les niveaux.
                          
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                          Tournée 
                          Un renard cool et classe. Juste un peu trop    distancié pour être vraiment incontournable, mais riche en  personnages   adorables et irréprochable sur le plan technique. Le  meilleur film de   Wes Anderson par ailleurs.
                          Mathieu Amalric, voix de Mr Fox en VF, mais surtout réalisateur et interprète de Tournée.   Un joli petit film toujours prêt à prendre la clef des champs, mais   sans cesse rattrapé par les scories du cinéma d'auteur français.   Heureusement, sa ribambelle de sublimes actrices le sauve des ornières   et l'entraîne sur les sentiers de l'extase.
                          
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                          Piranha 3D 
                          Sea, sex and fun. Le  divertissement   régressif, et pleinement assumé comme tel, dans toute sa  splendeur.   C'est très gore, c'est très gras, taillé dans le marbre  des plus   prévisibles séries B, voire Z. C'est réjouissant, d'un  bout à l'autre,   comme un gros best of des films de monstres de notre  enfance. Avec, en   bonus, Kelly Brook, plus craquante que jamais.
                          
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                          Bright Star 
                          Le romantisme idéalisé, filmé  avec un   classicisme proche de l'austérité. Pour donner un peu de  chair : des   acteurs parfaits, en particulier la toute belle Abbie Cornish ; quelques   scènes vibrantes et une fin impossible à rater mais  enluminée avec   intensité.
                          
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                          Dans ses yeux 
                          Polar et mélo, liés amoureusement,    passionnément. Une partition que l'on connaît par coeur, mais qui  bat   avec tendresse et puissance. Un film aussi cruel que doux,  joliment   interprété et dissimulant en son centre le plan séquence  le plus   ébouriffant de 2010 (et qu'on ne me parle pas de la virée à  la Foire du   Trône qu'est Enter The Void).
                          
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                          Summer Wars 
                          Une ode enthousiasmante aux relations  humaines sous toutes leurs formes. La version positive de The Social Network.   Ou quand  internet rapproche les êtres et que le virtuel n'est plus   considéré  comme un danger mais comme une possible famille universelle.   Exaltant au possible. 
                          « Koi koi ! »
                          
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                          Le mélo méchant, tout bancal, tout    brinquebalant, kitsch et naïf et qui donne bizarrement du baume au    coeur. Peter Jackson en délicieux mode mineur.                          
                          
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                          Le retour inespéré de Martin Scorsese  au   sommet. Bien aidé il est vrai par DiCaprio dans son meilleur  rôle et   par un scénario sables mouvants laissant libre cours à une mise  en   scène grandiose.
                          
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                          Exister dans la grande toile.  L'individu   est-il encore d'actualité quand le nombre dépasse  l'entendement ? Plus   haut, plus vite, plus fort. Des gosses se rêvant  dieux. Mais tout n'est   que creux et bosses,  trahisons et petites combines, gros chiffres et   fuite en avant, médiocrité géniale. Au  final, l'intime scintille,   vacillant au bord de la spirale des altérités.
                          
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                          The Ghost Writer
                          A l'image de Scorsese, une résurrection    inespérée et oh combien réjouissante. Un thriller déroulé avec  une   maestria qui rappelle que Polanski fut un metteur en scène de  génie. Le   plaisir de se balader et de se faire balader au fil d'une  histoire   classique mais contée à la perfection. Il suffit de  comparer avec le   tout banal Fair Game, sur un sujet assez proche,  pour constater à quel point Roman est toujours au-dessus du lot.
                          
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                          Etre sur la corde raide. A la limite  entre le fun et l'horreur. Peut-on rire de tout ? Kick-Ass répond à  la question en analysant le point de non retour. Mieux vaut   s'amuser  en attendant d'en pleurer. La guerre comme jeu, la violence   comme  exutoire, puis recréer la douleur, la souffrance, à l'heure où    tout n'est plus qu'indifférence et vidéos sur Youtube. La  morale de   l'histoire prouve à nouveau que le réalisateur Matthew  Vaughn (Stardust) n'a pas son pareil lorsqu'il s'agit de mélanger les  tonalités.
                          
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                          Insoutenable, le film de Kechiche est  une   démonstration tétanisante. Pris au piège de son voyeurisme, le    spectateur est boxé dans ses derniers retranchements. Un vrai coup  de   poing, qui dépasse en virulence tous les petits pamphlets qui    confondent dénonciation et divertissement. Le cinéma comme geste    politique, comme cri social, comme véritable outil d'apprentissage.    Sans compter des performances d'acteurs et une mise en scène au-delà  de   tous les éloges. L'expérience extrême de 2010.
                          
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                          Jusqu'où peut-on aller pour inventer ?  L'art pour l'art, l'art au-delà de l'art. Comme il l'avait fait pour  l'amour avec Dolls,   Kitano s'interroge sur la création. Tout  sacrifier, jusqu'à l'autisme,   jusqu'à la rupture avec le monde,  avec soi-même. Un immense aveu   d'impuissance, ironique,  attendrissant. Au bout du tunnel, une touche   de tendresse, trois fois  rien et c'est ainsi que Kitano est grand.
                          
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                          Poetry 
                          Le gigantesque petit film de 2010. Réflexion    extrêmement juste et sensible sur la vieillesse et la notion de    poésie, l'œuvre propose bien davantage. Il s'agit non seulement de   l'histoire  tragique d'une dame qui perd peu à peu tout son (petit)   quotidien ; mais en accomplissant ce chemin de croix, elle découvre la   beauté  du monde. Doucement le film nous mène vers le final le plus   bouleversant de l'année.
                          
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                          Mother 
                          Un autre grand portrait de femme,  étrange et bouleversant. En reprenant la voie discrète de Memories  of Murder,   Bong Joon-Ho livre ce qui est à la fois son film le plus  original,   mais aussi son meilleur. Passionnant, drôle, surprenant, et au  final   déchirant.
                          
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                          Oui, c'est toujours plus ou moins la  même   histoire depuis le premier opus. Oui, Pixar tire sur les mêmes  cordes.   Mais le studio n'était jamais allé aussi loin dans  l'émotion. Divertir,   amuser, faire rire, mais pour mieux briser nos  cœurs au final. Vivre   c'est apprendre à dire adieu. Une conclusion époustouflante à ce qui est   devenu  la meilleure trilogie de l'histoire du cinéma.
                          
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                          Zelda, Frank Black, Seinfeld, Street  Fighter, Akira...   Un tombereau de références, au service de  personnages attachants, de   combats dantesques, de romances  craquantes. Et surtout une manière de   citer, de mélanger et de  créer qui réinvente le cinéma à chaque scène, à   chaque plan.  Depuis Kill Bill,   on n'avait pas revu cela sur grand écran. Pas avec  autant de passion   et de générosité. Le 7e art en tant que somme de  tous les arts, surtout   les plus jeunes, les plus mal aimés.  Une manière pour le cinéma de   rattraper son retard (sur les jeux  vidéo en particulier), en   vampirisant le(s) meilleur(s) sans perdre  l'essentiel. Film de l'année,   haut la main !                          
                          1 ex-aequo
                          
                          Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures)
                          C’est un film qui parle au   cœur et à la raison. Une œuvre intellectuelle  et sensorielle. C’est un   opus  pour cinéphiles, pour ceux qui aiment s’émerveiller  devant le   génie absolu d’une mise en scène. Mais c’est aussi une expérience de   pure  perception, où chaque rayon de lumière et chaque bruissement de la   jungle ouvre  un univers nouveau. C’est une histoire tendre et   inquiétante, sur la vie, la  mort et les singes fantômes. Oncle Boonmee ne ressemble à rien de  connu, à part aux autres films de   Weerasethakul. On y retrouve les esprits, la  forêt, la caverne et les   bars à karaoké. Cette fausse lenteur qui devient  narration suprême,   cette humilité des gens simples qui ne philosophent pas plus haut que   leur condition, et la magie du monde, renouvelée. 
                          
                            Tout ici est réfléchi et ressenti, le moindre plan    tremblotant, la moindre entrée des acteurs dans le champ, la perfection   déborde  à chaque seconde. Mais sans jamais écraser le spectateur par la   prétention ou  une véritable austérité. Oncle Boonmee est une œuvre fréquemment  drôle, d’où se dégage une douceur fragile,   triomphant de l’aspect oppressant de  la majeure partie de l’histoire.   Se joue ici la logique du rêve, l'effroi du cauchemar, l'intemporalité   des songes. Cela pourrait être du David Lynch rencontrant  Terrence   Malick et Kurosawa au détour d’une partie de campagne. Mais    Weerasethakul est toujours au-delà de nos références, dans sa propre   création,  associant les idées et les émotions, en faisant table rase.
                          
                              Oncle Boonmee subjugue souvent,   parfois pour un plan (ah ces  créatures simiesques aux yeux rougeoyants)   ou pour une scène entière (la  séquence du dîner sur le porche,   incroyable). Le réalisateur flirte même avec  la démonstration de force   un peu ostentatoire lorsqu’il se lance dans le  diaporama à la Chris   Marker pour évoquer le futur. Mais cela est fort bref et  participe à la   puissance de l’ensemble. D’autres instants deviennent  immédiatement   inoubliables (le poisson et la princesse, la caverne, la scène  finale)   et laissent pantois. On a presque l’impression de n’avoir jamais vu    cela. Est-ce possible ? Le simple fait de le ressentir, de se poser la    question est y répondre. D’une manière totalement différente que Scott  Pilgrim, Oncle Boonmee aura aussi réinventé le 7e art en  2010. Film de l’année, haut la main ! (bis)