Hello, c'est l'heure du (tout) petit bilan annuel des images animées. Même si, comme toujours, j'attends le mois de janvier pour parler de l'année précédente, je n'ai jamais le temps de rattraper tout ce que j'ai envie de voir. Il faut que je me pose des limites, c'est malheureux, c'est comme ça, j'ai horreur des deadlines, comme tout le monde. Il y a déjà de quoi faire.

Oui, j'ai vu plein de films que vous êtes nombreux à avoir aimé. Donc pas la peine de me venir me demander pour Licorice Pizza (anecdotique), Avatar 2 (ringard au possible), Top Gun 2 (encore plus ringard), Nightmare Alley (ennui profond), Belle (ennui très profond), Armaggedon Time (ennui encore plus profond) ou bien encore Blonde (fort déplaisant et pas d'une bonne façon). Après il y a plein de films avec beaucoup de potentiel pour me plaire (EO, Neptune Frost et All That Breathes, au hasard) que je n'ai pas encore eu l'occasion de voir.

Il y en aura toujours parmi vous pour se dire : "ah mais s'il aime/n'aime pas ça, c'est pour se donner un genre, c'est pour troller." Ah, si vous saviez... Avec l'âge, au contraire, je suis de plus en plus bienveillant avec ce que je regarde. Prêt à aimer tout et n'importe quoi, encore plus qu'avant. Cela s'accompagne aussi d'une forme d'exigence, tout à fait normale selon moi, qui suppose que j'ai envie de voir des choses qui sortent de l'ordinaire et/ou qui respire l'amour du cinéma bien fait, qui respecte autrui. Donc, plus que jamais, quand j'aime, j'aime vraiment (et quand je n'aime pas, forcément, je n'aime pas).

Certains films dont j'avais parlé en 2021 ne sont sortis en France qu'en 2022. Vous pouvez donc vous référer au classement précédent où vous retrouverez les toujours excellents Flee, C'mon C'mon et Spencer.

 

Séries

 

 

15

What We Do In The Shadows

Toujours aussi drôles, les losers vampires trouvent encore des moyens de surprendre. Petite baisse de régime au fil du temps, mais sans grandes conséquences.

 


 

14

A League of their own

Je n'aurais pas parié un centime sur la réussite d'une série adaptée d'Une Équipe hors du commun, le film fort sympathique avec Tom Hanks et Geena Davis. J'aurais eu bien tort, c'est une vraie réussite.

 


 

13

Girl5Eva

Pour ceux qui sont nostalgiques de Kimmy Schmidt, c'est la dose d'humour féministe, ultra référencé et attachant.

 


 

12

Slow Horses

Le flegme et la noirceur typiquement britanniques au service d'espions de seconde zone. C'est un délice d'écriture et d'interprétation.

 


 

11

The Rehearsal

Folie furieuse d'un dispositif qui reprend tous les codes de la téléralité pour les plier à la comédie pince-sans-rire et profondément existentielle. Personne n'en sort indemne.

 


 

10

Firebite

Une série de vampires australiens, ultra vénère, ultra woke, avec une bande-son ultra rock'n'roll. Cela met un tout petit peu de temps à démarrer et après c'est l'extase. Le gros uppercut.

 


 

9

I Hate Suzie

Le Billie Piper show, actrice qui se révèle de plus en plus au fil des années. C'est très noir, très méchant, très fort aussi. On rit, un peu, on est surtout impressionné par la cruauté, la virulence, l'audace, la justesse.

 


 

8

Reservation Dogs

Le peuple amérindien est de plus en plus, et de mieux en mieux, représenté au cinéma et surtout à la télévision. On regrette déjà l'annulation de Rutherford Falls, mais il nous reste Dark Winds, Resident Alien ou bien encore Reservation Dogs, cette tragi-comédie qui passe du rire au larmes en un clin d'œil.

 


 

7

Heartstopper

C'est le grand renouveau des séries pour ados. Heartstopper trouve une nouvelle tonalité tout en restant sur les sentiers balisés. Trêve de grands drames et de grands cris, on préfère ici un réalisme tendre. Oui, il y a des peurs, des tensions, des hésitations, de vraies tristesses, les enjeux ne sont jamais insignifiants. Mais il n'y a aussi jamais besoin d'en faire trop et de forcer le trait. C'est d'autant plus fort, d'autant plus émouvant.

 


 

6

Derry Girls

Cela a commencé en série pouêt-pouêt sur fond de tragédie politique, cela se termine en te dévastant le cœur. Un mélange de tonalités qui aurait pu partir en vrille, mais en tout juste trois saisons, sans abuser de la formule, Derry Girls s'est affirmé comme une des séries les plus brillantes de l'époque.

 


 

5

Wednesday

Une série que je n'avais ni l'envie ni le courage de voir et qui réussit le tour de force de donner un bon coup de jeune à pas moins de trois "franchises" : la famille Addams, Harry Potter et Tim Burton. C'est du divertissement pour ados, mais du très bon divertissement pour ados. Comme libéré de toute pression, Burton s'y fait discret et laisse s'épanouir son casting avec une bonhommie qu'on n'espérait plus. Même Danny Elfman compose son thème le plus mémorable depuis presque 20 ans. Surtout, c'est attachant, tellement attachant, complètement inespéré. Belle surprise, donc.

 


 

4

Andor

Coup de génie de la part de Disney et des superviseurs de la franchise Star Wars, Andor c'est le grand chambardement d'un univers qui sentait fort la poussière depuis très très longtemps (dans une galaxie très lointaine). C'est clairement ce qui est arrivé de meilleur à Star Wars depuis Le Retour du Jedi, ce qu'il fallait faire pour ressusciter ce monde ou plutôt pour lui donner une vraie existence, une véritable épaisseur. Cela peut se regarder sans jamais avoir entendu parler de Star Wars, sans aimer les films et les séries qui ont précédé. Quel coup de génie, je vous le dis. Loin de la SF héroïque et aseptisé, Star Wars se prend les pieds dans le réalisme hérité de Blade Runner, voire de Soleil Vert. La vie du petit peuple, des ouvriers, des petites mains, du côté des opprimés, du côté des oppresseurs. Les grands monstres, les dirigeants, sont quasi invisibles. Plus l'ombre d'un Jedi, pas une seule mention de la Force, pas un sabre laser. C'est chez Star Wars qu'on voit désormais naître les révoltes, qu'on voit se questionner les résistances, les terroristes. C'est chez Star Wars qu'on crée les séries de prison les plus âpres. Involontairement de gauche ? On a peine à y croire. Le système veut nous anesthésier, sans doute, le spectacle veut nous bouffer notre saine et juste révolte en la décrivant ainsi sur les écrans. On n'est pas dupe. Mais quelle prise de risques ! Car, à décrire ainsi des systèmes oppresseurs, aussi réalistes, aussi proches de nous malgré les oripeaux de la science-fiction primesautière, cela risque de faire réfléchir, de donner des idées. Involontairement révolutionnaire, c'est un peu le personnage d'Andor. On vient ici sans grands idéaux, on ressort de cette saison 1 à deux doigts d'entonner l'Internationale. Une provocation de la part de Disney, on n'est pas dupe, mais quel magnifique pamphlet malgré lui, quelle aberration de la société du spectacle !

 


 

3

The English

Un western, une mini-série, mais plutôt un film, pas plus de 4h30 au final, c'est juste un peu plus long que La Porte du Paradis. C'est le grand best of du genre, il y a presque tout. Des fusillades, y en a. Des images iconiques, y en a. Des personnages caricaturaux et inoubliables, y en a. Du romantisme, de la tragédie, de la grande et de la petite histoire, y en a partout. C'est d'une ambition folle, rien que la forme, c'est sublime, la photographie, la mise en scène, la musique magique... C'est immense, un des plus grands westerns, quel que soit le média.

 


 

2

The Bear

C'est la nouveauté de l'année dont tout le monde a parlé, la série "cauchemar en cuisine" qui te rend accroc par sa nervosité, sa puissance, son écriture complètement dingue. Quel coup de tonnerre ! A voir si les futures saisons sauront garder ce niveau.

 


 

1

Better Call Saul

Mieux que Breaking Bad ? Ha ha, c'est à la fois totalement comparable et tellement différent. C'est plus subtil que Breaking Bad, oui, plus fin, plus profond dans son écriture. C'est moins spectaculaire, moins directement divertissant. Mais ça laisse une trace tout aussi indélébile. C'est dans la continuité de Breaking Bad, au moins aussi réussi, aussi génial. Mise en scène, interprétation, écriture, à tous les niveaux c'est du chef-d'œuvre.

 



 

Films

 

 

Mentions spéciales

The Woman King

Pour le souffle épique qui balaie les regrettables imprécisions historiques, du bon divertissement à l'ancienne.


Matilda - The Musical

Pour la méchante complètement hallucinée campée par Emma Thompson et pour l'énergie des numéros musicaux.


Kimi

Pour la tension d'un thriller de confinement plus fin que redouté.


The Quiet Girl

Pour la simplicité d'un film mille fois vu mais délicatement conté.


RRR

Pour la générosité du spectacle kitsch.


Cyrano

Pour l'audace d'en faire une comédie musicale ambitieuse, lyrique, spectaculaire.


Barbarian

Pour les tours et les détours d'un film d'horreur qui commence en thriller et fini dans le gore énervé.

 


 

20

A Love Song

Le petit film indépendant contemplatif qui fait du bien. C'est du cinéma minuscule au coeur de grand espaces. Une belle performance d'actrice en prime.

 


 

19

The Batman

Trop long, certainement, la même durée que Barry Lyndon, n'importe quoi. Trois heures pour raconter ce que ça raconte, faites donc des séries TV. Mais c'est la meilleure version de Batman depuis... Ohlala... Je ne sais même plus. Depuis la série des années 90 ? Ou depuis les premiers jeux Arkham (Asylum et City), dont le film semble parfois s'inspirer. Bref, c'est un bon Batman "dark", la version tourmentée (mais pas trop non plus). Ce qui en fait un film plus intéressant que la moyenne, c'est la mise en scène. Certes, c'est dans la vogue "on a éteint la lumière", mais là, ça se justifie sans mal. Du cinéma d'ombres et de ténèbres, pour Batman, c'est une évidence. A regarder, c'est une splendeur, ça aide à supporter les longueurs.

 


 

18

Alerte Rouge

Le bon Pixar annuel, avec les thèmes intéressants, les personnages attachants et des prémisses très spécifiques mais qui parlent de l'universel.

 


 

17

Nope

Jordan Peele fait du blockbuster horrifique à l'ancienne, celui du Spielberg de Jaws, Rencontres du 3e Type et Poltergeist. C'est très classique au final, mais monstrueusement mis en scène, avec quelques séquences dantesques et une poignée de surprises qui font mal.

 


 

16

La Nuit du 12

Le cinéma français de genre, dans la veine policier ultra réaliste. Le point fort c'est le propos, clair et puissant, sur la place des femmes, non seulement dans la société, mais surtout dans les "faits divers". Aucune "glamourisation" des crimes, des enquêtes, de la violence, n'est à regretter ici. C'est sobre et sombre, glaçant.

 


 

15

Strange World

La version réussie d'Avatar 2, on la doit au studio Disney (mais Avatar c'est aussi Disney à présent, donc bon). L'univers proposé est mille fois plus imaginatif dans Strange World, sans parler du scénario qui ne semble pas avoir été sorti du formol. Ca dure deux fois moins longtemps que le parpaing de Cameron et tout y est supérieur, le spectateur est plus que gagnant. Encore une oeuvre "involontairement de gauche".

 


 

14

Amsterdam

Drôle de film pas drôle qui semble s'inventer au fil des scènes sans qu'on ne puisse vraiment deviner où il veut nous emmener. On est ainsi agréablement surpris de découvrir une œuvre politique assez forte, assez intelligente, qui aura pris mille chemin de traverse avant de se dévoiler. Tortueux, pas forcément facile, mais bien plus intéressant que la moyenne.

 


 

13

Glass Onion


Nouveau volet des aventures du Hercule Poirot des années 2020, Glass Onion est avant tout une satire des milliardaires/influenceurs/bullshiteurs de l'époque. Franc du collier, surprenant dans sa verve, le film est un festival de performances de comédiens au sommet de leur art. Du divertissement, oui, mais avec une conscience. "Involontairement de gauche ?" Oui, aussi.

 


 

12

The Banshees of Inisherin

Métaphore de guerre civile et avant tout oeuvre d'une noirceur absolue sur les ravages de la solitude, ce film glaçant est porté par des interprètes qui parviennent à faire exister des étincelles d'humanité au fond du gouffre. Oui, c'est assez fréquemment drôle, mais c'est surtout étouffant.

 


 

11

Mad God

Si vous voulez mon avis, c'est du cinéma d'horreur hardcore. Un film d'animation image par image unique, mis en scène sur trois décennies par un des plus grands artistes de la technique, Phil Tippet. Un projet passion donc, d'une noirceur complètement dingue, d'une violence aberrante. C'est un trip, dirons certain, un voyage au bout de l'enfer. C'est une épreuve aussi, franchement faut s'accrocher. L'imagination déployée dans les visions monstrueuses force le respect. Le Dieu fou du titre, c'est bien le réalisateur, il ne s'en cache pas, ses personnages font les frais de sa cruauté sans limite. Niveau cauchemar cinématographique c'est une date, on a rarement vu cela sur un écran. L'ambition de l'oeuvre est folle, chaque image est quasiment du jamais-vu. Et c'est d'une beauté incroyable dans l'abject, une magnificence de l'ignoble. Si on est prêt pour la descente, c'est inoubliable.

 


 

10

Girl Picture

Ce n'est pas vraiment un teen movie, mais déjà davantage un film d'entrée dans l'âge adulte. Un film de fin d'adolescence, oui. Il y a les thèmes attendus, l'amitié, le travail, les passions, la famille, l'amour, le sexe et surtout les choix, petits et grands, qui orientent déjà toute la vie à venir. Tout est exacerbé et épidermique, mais conté avec une grande finesse, une justesse rare. Des films sur ces sujets là, il en sort des dizaines par an, mais il n'y a qu'un seul Girl Picture, nouveau jalon du genre.

 


 

9

You Won't Be Alone

Est-ce un film d'horreur ? Peut-être, sans doute. Un film d'horreur atmosphérique, dans lequel le non-dit compte davantage que les effets chocs. C'est de l'horreur sensorielle et intime. C'est aussi un film de sorcières, évidemment, tragique donc, cruel, d'une grande noirceur, malgré la lueur d'espoir qui scintille au bout du calvaire. Formellement, c'est magnifique et les actrices sont géniales.

 


 

8

Prey

Chose inespérée, un film de "franchise" parvient à se glisser dans mon top 10. Une suite/préquelle/reboot/remake de Predator de surcroît, une saga qui, mis à part un premier film génial, n'a jamais fait beaucoup d'étincelles. C'est dire si je n'espérais pas grand-chose de cette énième variation, malgré des prémisses intéressantes (on est chez les améridiens, au début de la colonisation). Là où le premier Predator était une oeuvre à la fois joyeusement divertissante et fortement théorique sur la barbarie humaine, Prey adapte le discours à l'époque. La barbarie est bien là, mais elle revêt de nouveaux oripeaux, ceux du colon, ceux du patriarcat, ceux de la menace invisible et omniprésente du fort envers le faible, de l'oppresseur sûr de son statut face aux oppressés, le David contre le Goliath. Et, comme le premier film, sans chercher à creuser plus que cela, c'est avant tout du cinéma d'action spectaculaire, efficace. Pour ceux qui, comme moi, garde un souvenir adolescent particulièrement marquant du premier film, c'est une des plus belles joies cinématographiques de l'année passée.

 


 

7

X / Pearl

Brillant artisan du cinéma de genre, Ti West n'est pas du genre à décevoir. J'avais déjà eu l'occasion d'écrire tout le bien que je pense de ses films. Son duo de nouveaux longs-métrages, bientôt une trilogie, s'inscrit dans son style pastichant les clichés de diverses époques du cinéma d'horreur. Ici, il s'attaque à Massacre à la Tronçonneuse, et, plus inattendu, aux mélos et comédies musicales en technicolor des années 40 et 50. Le programme, ambitieux, se rit des petits budgets et compense les limites techniques par de l'audace et de la virtuosité. Là où des centaines d'autres imitateurs ne font que de la redite, Ti West trouve de nouvelles manières d'aborder des thèmes classiques. C'est du cinéma d'horreur, oui, du slasher, du drame psychologique gratiné, du malaise qui déborde. Mais c'est aussi du jamais vu, de l'inédit. Outre la mise en scène et l'écriture, virtuoses, les deux films bénéficient aussi de plusieurs performances complètement dingues de Mia Goth. Dans Pearl, elle emporte tout sur son passage, jusqu'à l'incroyable plan final déjà entré dans l'histoire du cinéma d'horreur.

 


 

6

The Eternal Daughter

Tilda Swinton, doublement présente dans ce top 10, brille ici dans un double rôle (je n'ai pas fait exprès de mettre X, autre film à double performance, juste à côté). C'est un film pastiche, qui ose rendre un hommage esthétique troublant aux téléfilms des années 80 de la BBC. Photographie, musique, rythme, jusqu'au lettrage du générique, rappellent un épisode de la série Sherlock Holmes avec Jeremy Brett (au hasard). Le récit en lui-même ne cesse de déjouer les attentes, de choisir les chemins de traverse en prenant le spectateur à contre-pieds. C'est un mystère qui se refuse, un film de fantôme sans fantôme, un conte gothique sans orage. Sobre, presque austère, mais passionnant, avec une ambiance unique portée par une mise en scène faussement discrète. Et quelle performance de Tilda Swinton.

 


 

5

Tar

Une œuvre austère et puissante sur une génie artistique complexe. Cate Blanchett compose un personnage aussi fascinant que détestable, aussi brillant que lâche. Loin des facilités scénaristiques, loin de tenir le spectateur par la main, Tar nous demande des efforts, amplement récompensés.

 


 

4

Good Luck to You, Leo Grande

On parle beaucoup de la performance d'Emma Thompson, qui porte en étendard son âge et son corps. Mais ce faux film romantique, vrai manifeste humaniste, est surtout une oeuvre indispensable sur le temps qui passe, sur la solitude, sur notre rapport à autrui et à nous-mêmes.

 


 

3

Marcel the Shell with Shoes On

Tourné comme un documentaire, Marcel the Shell est un tour de force technique et surtout une perle de délicatesse. Souvent drôle, gentiment impressionnant, c'est un faux petit film. L'émotion qui s'en dégage est constante. Petit à petit, l'air de rien, un crescendo existentiel se construit et s'épanouit avec une ampleur philosophique inattendue.

 


 

2

Three Thousand Years of Longing

Mad Mad Fury Road est un chef-d'œuvre, on le sait, personne n'en doute. Mais on se demande si George Miller ne l'a pas un peu mis en scène pour pouvoir obtenir le budget nécessaire pour tourner son adaptation de Trois mille ans à t'attendre. En effet, il s'agit ici de son œuvre la plus personnelle, la plus délicate et, sans doute, la plus belle. Quel enchaînement, après le bruit et la fureur de Mad Max, de revenir avec une ode, aussi poétique et fragile, au pouvoir du récit. A la fois huis clos subtil et conte à l'ampleur mythologique folle, ce film est une splendeur absolue.

 


 

1

Everything Everywhere All At Once

Ce n'est pas tous les ans que mon film préféré de l'année est aussi celui des critiques et d'une bonne partie du public. Le succès quasi unanime qui accompagne Everything Everywhere All At Once est évidemment la meilleure nouvelle cinématographique de 2022. Qu'un film aussi fou, aussi moderne, aussi "woke" (comme disent certains en pensant que c'est un défaut), aussi émouvant, aussi brillant, fédère autant ne peut que rassurer sur l'avenir du 7e art. Que cet avenir se déroule dans les salles obscures, sur les écrans de télévision, d'ordinateur ou de téléphones portables, peu importe, les images qui bougent se portent bien.

Pour moi, le bonheur qu'est EEAAO n'est pas une surprise, le précédent film de Daniel Kwan et Daniel Scheinert, Swiss Army Man, était déjà numéro 1 sur ce site en 2016. C'est donc, pour The Web's Worst Page, un doublé historique que seul Terrence Malick avait déjà accompli (et dépassé). C'est dire que beaucoup d'espoirs reposent sur les épaules de ces deux metteurs en scène dont je me demande bien, avec joie et bienveillance, où il vont aller à présent. Où ils vont nous emmener ? Après un chef-d'œuvre aussi généreux, aussi vaste, tous les univers s'ouvrent à eux. Enfin, bien sûr, au cœur d'une année qui aura été merveilleusement marquée par de nombreuses performances féminines exceptionnelles, Michelle Yeoh atteint enfin le firmament qu'elle méritait depuis bien longtemps.

 


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