Comme à peu près tous les ans, on retrouve de grands films au sommet du top, ne serait-ce que dans le top 5, où on pourrait parler de chefs-d’œuvre sans trop exagérer. J'ai encore beaucoup de films à rattraper, ce sera pour 2017. Je suis resté de marbre devant des œuvres qui ont plus ou moins fait l'unanimité, rien de nouveau. Et j'ai inclus des films sans date de sortie française, parce que je fais ce que je veux.


 

Mentions spéciales

Ghostbusters 2016 et Miss Peregrine et les Enfants Particuliers

Deux films à moitié réussis, à moitié ratés, mais qu'on a terriblement envie de défendre malgré tout. Parce que leurs qualités font pardonner les faiblesses, sans doute.

L’immense point positif de Ghostbusters, c’est quand même ce quatuor d’actrices jamais utilisées comme joujoux à fantasmes masculins (et c’est probablement ce qui a déplût dès le départ à une partie du public geek). C’est très rafraîchissant, très agréable et très intelligent. Avec en particulier la géniale Kate McKinnon qui pirate le film en sous-main, se révélant l’héritière de la performance distanciée de Bill Murray dans l’original. Malgré un timing comique très inégal et des hommages patauds au film de 1984, dans la catégorie des comédies à gros budget américaines, Ghostbusters 2016 est clairement dans le haut du panier.

Pour Miss Peregrine, c'est la résolution qui pose le plus problème, la dernière partie du film n'étant pas à la hauteur d'une introduction qui prend son temps et fait preuve de grande classe. Le film ressemble à un premier tome dont on n'est pas du tout assuré de voir la suite. L'oeuvre ne tient pas parfaitement debout en elle-même, surtout lorsque la divine Eva Green est réduite à faire quasiment de la figuration. Restent des images souvent magnifiques, un univers très noir, et des enfants "particuliers" attachants.

 


 

20

Keanu

Les chatons > le reste

 


 

19

Comancheria

Le polar texan, un genre en soi. Ici, il est classiquement et rondement mené, rien de très surprenant dans la trame principale. Le petit plus, c'est l'aspect film social, et même, par instants, le côté pamphlet politique qui ne fait pas dans la dentelle. Bref, au final un double coup de poing : celui du polar noir et celui de la misère sociale.

 


 

18

The Nice Guys

Le cinéma cool de Shane Black atteint ici son point limite. The Nice Guys résume tous ses thèmes fétiches et toutes ses obsessions cinématographiques. C'est un film de genre qui fait le grand écart entre les 70s (choix musicaux parfaits à l'appui) et les 90s un peu bourrines. Le résultat est un peu obsolète, très nostalgique, mais d'une bonhommie totale, aussi bien dans la violence que dans la trivialité. Pas pour tous les goûts, bien sûr, mais si on adhère, c'est du fun du début à la fin.

 


17

Le BGG

Je ne lis plus beaucoup les critiques. Pas le temps, pas l'envie, et à force d'écrémage il y a des publications que je n'ouvre plus du tout. Je suis donc relativement tombé des nues en découvrant a posteriori l'accueil assassin fait au dernier Steven Spielberg. Il y a donc toujours "un problème Spielberg" avec la critique, en particulier en France. La moindre occasion est bonne pour se payer la tête du réalisateur. Là, il s'est associé à Disney, ce qui permet de flinguer deux démons à la fois. En plus c'est un pur film pour mômes : un truc d'émerveillement absolu, avec un visuel magnifique, mais audacieux, et une histoire à la fois cruelle et magique, mais pour les enfants. N'en jetez plus, la coupe déborde pour les cyniques de tout bord.

 


 

16

Captain Fantastic

Les clones de Little Miss Sunshine sont devenus depuis une dizaine d'années un sous-genre à part entière du cinéma indépendant américain. Captain Fantastic est une entrée réussie dans la catégorie. Une famille excentrique entre en collision avec le monde extérieur, rien de bien nouveau a priori. Mais cette famille-là, menée par un excellent Viggo Mortensen, vit en marge de la société capitaliste. Parfois de manière un peu trop caricaturale, certes, mais l'électrochoc est louable. La fin ne réussit peut-être pas la dialectique espérée, mais cela fait tellement de bien d'avoir senti le vent de la liberté souffler dans les salles obscures.

 


 

15

10 Cloverfield Lane

Oui et bien moi j'aime beaucoup la fin. Voilà. Puisqu'il semblerait que beaucoup ont remisé ce film à cause de son dernier quart d'heure, pour moi c'est le contraire. J'aime autant 10 Cloverfield Lane parce qu'il se termine sur une tonalité très différente de ce qui a précédé. Ce top en est une nouvelle preuve, j'aime quand on mélange les genres, quand on part dans l'imprévu, comme ça, hop, sans prévenir. Bon, il faut que cela fonctionne un minimum, et là, à mon sens, ça marche. On était venu voir la suite d'un excellent film de monstres (oui, j'aime aussi beaucoup le premier Cloverfield, je le rappelle) et on en a pour son argent. Plein de monstres, le principal étant bien sûr John Goodman. En prime, le plaisir de voir Mary Elizabeth Winstead dans un rôle de premier plan à la hauteur de son talent.

 


 

14

Spotlight

Plutôt un bon cru que l'Oscar du meilleur film 2016. Un film-enquête à l'ancienne qui redonne un peu d'espoir dans le métier de journaliste, si souvent, et à raison, malmené.

 


 

13

Room

Le film à sujet fort pour faire pleurer dans les chaumières et gagner plein de prix. Oui, certes, mais avec finesse, sans de trop gros sabots. Et surtout, entièrement conté à hauteur de l'enfant. Un choix judicieux qui transforme l'horreur en un récit d'angoisses enfantines, étrange et déchirant.

 


 

12

La Tortue Rouge

La Tortue Rouge est avant tout une extase formelle. Un film quasi muet doté de décors souvent monochromes où s'inventent des dégradés merveilleux. L'histoire, cruelle, émouvante et métaphorique n'est pas très originale, elle avance peut-être de façon un peu mécanique. Mais c'est tellement beau...

 


 

11

The Strangers

Du grand cinéma d'horreur qui reprend les éléments habituels du polar coréen : humour décalé, langueur, piétinement, impuissance et soudaines explosions de violence. Mais la formule est peu à peu vampirisée par un maléfice primitif. D'une noirceur absolue, The Strangers avance vers une inéluctable résolution. Tout était joué d'avance, le maître du jeu ricane dans l'ombre. Le Diable, probablement...

 


 

10

Hunt For The Wilderpeople

Avec Boy et What We Do In The Shadows, Taika Waititi avait déjà prouvé sa maîtrise du mélange des tonalités et sa capacité à créer de la tendresse avec les personnages les plus improbables. Son dernier bébé est aussi son oeuvre la plus classique. Un "buddy movie" entre deux êtres que tout semble opposer et qui vont s'unir dans leur fuite de la police et de la société en général. Le schéma est très classique mais l'exécution est si humaine que la réussite fait fondre les réticences.

 


9

The Assassin

Du cinéma expérimental sophistiqué jusqu'à l'abstraction. The Assassin saisit les oripeaux d'un genre pour les étendre au grand air et regarder le soleil filtrer à travers.

 


 

8

Everybody Wants Some!! 

Richard Linklater est un des grands cinéastes du temps qui passe. Mais chez lui la nostalgie n'est jamais larmoyante, au contraire, le regard sur le passé et la jeunesse est toujours drôle et énergique. Everybody Wants Some!! accumule les anecdotes et brosse des personnages pittoresques en quelques répliques. La tendresse de Linklater pour les sportifs bourrins qui ont souvent le mauvais rôle, offre de surcroît un côté rafraîchissant au film. Même les "jocks" ont une âme.

 


7

Kubo et l’Armure Magique

Le studio Laïka s'est imposé comme les maîtres de l'animation image par image. Au niveau technique, Kubo est leur chef-d’œuvre. Mais c'est peut-être l'histoire et la manière dont le récit initiatique est conté, sans jamais prendre les enfants pour des demeurés, qui séduit le plus.

Regina Spektor - While My Guitar Gently Weeps

 


 

6

The Hateful Eight

Du Tarantino, encore et toujours. La même formule déclinée jusqu'à la maniaquerie, presque jusqu'à l'hypnose. On parle, on parle, on parle, la tension monte, monte, monte encore, pendant des heures. Avant que la violence n'explose, aux quatre coins du cadre. On aime, on déteste, les camps sont irréconciliables. Pour qui adore, The Hateful Eight est un bonheur, un huis-clos virtuose qui ne cesse de rebondir en tout sens.

 


5

Hana & Alice mènent l'enquête

L'archétype du grand petit film. Ne vous fiez pas à la fausse discrétion d'Hana et Alice, derrière cette enquête minimale, faite de digressions, il y a une œuvre exceptionnelle sur la vie comme elle est, au quotidien, avec ses trois fois rien et ses immenses petits détails. Fort d'un travail superbe sur le mouvement et des décors splendides, le film déroule une petite musique qui touche au cœur. Le récit pour adolescents, frais et drôle, croise Ozu et Kurosawa. On en sort étrangement ému.

 


 

4

The Witch

Le cinéma d'horreur d'auteur. Le risque de se noyer dans sa propre ambition est toujours fort. Comment ménager vision artistique et passages obligés ? Avoir la trouille primitive et le recul de la raison, sans trop privilégier l'un ou l'autre ? Le risque est de tomber dans le trop théorique, l'abstraction, ou le contemplatif qui masque le vide. Et puis il faut le respecter, le genre, ne pas s'en moquer, ne pas jouer d'ironie, ou alors avec parcimonie. Pas évident, du tout. Les réussites se font rares, en général une ou deux durant les années fastes. En 2016, The Witch et ses inspirations slaves, a coché toutes les cases citées précédemment. On a peur, on sursaute, et en même temps on réfléchit, on se questionne, on est fasciné. Et puis on admire la réussite formelle qui fera date.

The Witch Soundtrack - What Went We

 


 

3

Carol

Ce film c'est la classe incarnée, voilà. Délicat, subtil, beau à tomber, interprété avec sensibilité, filmé avec pudeur, et transcendé par une dernière séquence parfaite. Rien à dire, du cinéma "classique" de ce calibre, on en manque.

 


 

2

Ma Loute

En haut du classement de 2016, nous retrouvons deux oeuvres folles et libres qui dynamitent chacune à leur manière les codes des cinémas d'auteur français et américain. Chez Bruno Dumont, la bourgeoisie décadente est incarnée par quelques oligarques du 7e art. La caste est tournée en ridicule par son maniérisme et sa consanguinité. Autour, des comédiens amateurs s'ébattent, grotesques, monstrueux, vivants et humains. Ma Loute est irrésistiblement drôle, poétique sur mille et une variations, fréquemment sidérant. Tout en étant, comme toujours avec Dumont, une merveille de mise en scène. Un film français d'exception, un nouveau jalon.

 


 

1

Swiss Army Man

"Vous n'avez jamais vu un film comme ça", nous promet l'affiche de Swiss Army Man. C'est vrai. Et un peu faux en même temps : après tout, toutes les histoires ont déjà été racontées. On retrouve ici des thèmes immémoriaux et universels : l'amitié, l'amour, la folie, la quête du sens de l'existence. Ce qui fait la différence, c'est évidemment la manière dont tout cela nous est présenté. Entre trivialité et poésie, entre humour délirant et tendresse, le film change de tonalité à chaque instant, à chaque plan, sans qu'on puisse prévoir quel sera le prochain sentiment provoqué. C'est magique, miraculeux, l'impression de voir une oeuvre totalement à part, libre de toute contrainte. Un "feel good movie" unique, qui rappelle, car il le faut sans cesse, que le cinéma ne possède que les limites qu'on lui prête.

Swiss Army Man Soundtrack - Montage

 


 

 
 
 
 
 
 
 
 
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