N'ayant plus beaucoup le temps de voir les films en salles, je n'ai pas pu découvrir toutes les œuvres que je souhaitais en 2015 (oui, Weerasethakul, c'est à toi que je pense). Ce sera pour 2016. Et il n'empêche que le top atteint le nombre déjà conséquent de 26 entrées (27 pour ceux qui aiment chipoter). Ce fut une année cinématographique fort sympathique avec quelques très grands films au sommet du classement.


 

26

Un Tsui Hark mineur, certes, mais avec de vrais bouts de fulgurances et, forcément, au moins une ou deux scènes jamais vues ailleurs. Le combat contre le tigre, en particulier, vaut à lui seul la vision du film. Ainsi que le final à tiroir qui rappelle que Hark reste un des cinéastes les plus fous et talentueux de notre époque.

 


 

25

Comme chez Pixar, la notion de "Aardman mineur" semble toujours un peu ridicule. Parce que même lorsque le studio semble se reposer sur sa formule habituelle, le résultat est toujours cent coudées au-dessus de la concurrence.

 


 

24

A mi-chemin entre le documentaire et le suspens à la Homeland, CitizenFour semble illustrer l'expression "quand la réalité dépasse la fiction".

 


 

23

Oui et alors ? Comme je l'écrivais au moment de la sortie du film, si les comédies musicales ne sont pas votre truc, pas la peine d'essayer Into The Woods, vous allez souffrir pour rien. Sinon, allez-y, c'est de la bonne. Et pour la peine : double dose d'Anna Kendrick, après tout c'était son année (on pourrait ajouter The Last Five Years et Pitch Perfect 2, plus inégaux mais pas déplaisants). Dans The Voices elle n'a qu'un second rôle, mais elle chante quand même à la fin. C'est aussi le premier exemple, au sein de ce classement, de cinéma horrifique à la lisière de la comédie mais qui en profite pour aimer et respecter le genre.

 


 

22

Sur le papier, on jurerait une caricature de cinéma "slave", entre Béla Tarr et Tarkovski. A l'écran, c'en est le point limite, où, durant trois heures, les comédiens pataugent dans la boue et les fluides corporels tout en déclamant plus ou moins n'importe quoi. Bien sûr, plastiquement c'est sublime. Car, quoi de mieux que la plus belle des photographies pour mettre en images les visages couverts d'excréments et les corps mutilés ? C'est une expérience limite, l'équivalent cinématographique d'écouter d'une traite un album de Swans ou de Leviathan.

 


 

21

Le complément du terrifiant The Act of Killing abandonne les tortionnaires au profit des victimes. Le résultat est donc moins sidérant mais aussi plus humain, plus bouleversant. Indispensable.

 


 

20

Ça commence comme un film de crise de couple classique. Et soudain, nous voici dans un épisode de la Quatrième Dimension. Ça pourrait être drôle, c'est glaçant.

 


 

19

Contemplation austère en provenance d'Argentine. Inspiré par Weerasethakul et Herzog, Lisandro Alonso offre une œuvre d'une beauté absolue sur l'étrangeté du temps.

 


 

18

Chronique familiale grandement autobiographique, Les Merveilles n'a pas volé son Grand Prix à Cannes. Alice Rohrwacher recrée l'Italie des années 70 sans jamais forcer le décorum au détriment des personnages. Une œuvre superbe qui navigue entre néo-réalisme et onirisme, entre tendresse et cruauté, entre nostalgie et abandon.

 


 

17

Encore un film qu'on jurerait inspiré par un épisode de la Quatrième Dimension. De la bonne science-fiction a minima, plus psychologique que spectaculaire. Le terrain semble familier, il est en fait glissant. On en ressort étrangement mal à l'aise, la mission est accomplie.

 


 

16

Blockbuster généreux et spectaculaire, Jupiter Ascending n'a pas à rougir face à la concurrence. Au contraire, au milieu des productions Disney interchangeables et autres routiniers de la destruction massive, le film des Wachowski fait la différence.

 


 

15

La comédie romantique la plus intelligente et surtout la plus attachante de 2015. Non seulement l'écriture est parfaite, mais le duo formé par Lake Bell et Simon Pegg est un bonheur total.

 


 

14

Sur une thématique désormais classique, le suspens minimaliste d'Ex Machina parvient à captiver et à créer le malaise. Grâce à sa mise en scène clinique et à d'excellents comédiens, le petit film de science-fiction parvient peu à peu à se transcender.

 


 

13

Quand Desplechin met en scène une préquelle à son chef-d'œuvre Comment Je Me Suis Disputé, forcément il prend les chemins de traverse. Les deux premiers chapitres intriguent, avant que la troisième histoire, qui représente la majeure partie de l'œuvre, nous raccompagne vers des territoires plus familiers. Quand on aime passionnément Comment Je Me Suis Disputé, difficile de ne pas être touché.

 


 

12

Le found footage à l'ère des écrans omniprésents. L'idée formelle de base a déjà été utilisée ailleurs, mais elle est ici parfaitement exploitée. On regarde un écran qui regarde un écran qui regarde des écrans en une mise en abyme fascinante. Bien sûr, au fond de l'abysse, les monstres veillent. Et, bien sûr encore, les vrais monstres ne sont pas ceux qu'on croit. Unfriended s'avère sans concession dans son portrait d'une jeunesse ultra connectée qui se croit tout permis car, après tout, ce n'est que du "virtuel". L'égoïsme et la cruauté s'expriment avec encore plus de facilité car rien ne compte, c'est pour de faux. Jusqu'au jour où les fantômes viennent se venger. C'est un schéma ultra classique adapté aux technologies et aux interactions de notre époque. Remarquable.

 


 

11

Pour qui, comme votre serviteur, connaît depuis longtemps les faits et anecdotes décrits dans Love & Mercy, c'est une expérience étrange. On reconnaît les histoires, on retrouve les moments passés à la postérité, on fronce un peu les sourcils sur les bidouillages hollywoodiens. On est forcément ému, parce que c'est Brian Wilson, parce que ce sont les Beach Boys, parce qu'on met des images sur les enregistrements de Pet Sounds et de Smile. La construction efficace du film, ainsi que les performances des comédiens, donnent à Love & Mercy des allures de mini classique du biopic.

 


 

10

Un film sous hautes influences (Lynch, Refn, Malick, le giallo italien...) mais qui parvient à construire peu à peu sa propre personnalité. L'application dans la mise en scène et les remarquables performances des comédiens sont mis au service de personnages mémorables et d'un univers plus riche qu'il n'y paraît.

 


 

9

Une belle réussite en matière de biopic avec, enfin, un vrai point de vue "noir" (et féminin) sur l'un des moments clefs de la conquête des droits civiques aux Etats-Unis. Un film malheureusement toujours brûlant d'actualité et qui ne confond jamais académisme et facilité.

 


 

8

Je l'ai déjà mentionné plus haut : les meilleurs films d'horreur de 2015 sont donc ceux qui ont flirté avec la parodie pour mieux rendre hommage au genre (à l'inverse de parpaings aussi indigestes que la coquille vide It Follows ou que le cynique Goodnight Mommy). Final Girls, qui reprend point par point les règles de Vendredi 13, s'avère au final supérieur à tous les films de ladite saga. D'une part par le soin apporté à la mise en scène, d'autre part, et surtout, par l'apport d'une émotion inattendue qui donne une toute autre ampleur à ce qui ne serait sinon qu'une comédie amusante. The Final Girls c'est l'horreur drôle avec un cœur gros comme ça.

 


 

7

Oui le cinéma peut avoir les mêmes exigences que la littérature et lorsqu'il s'agit d'adapter des ouvrages réputés "inadaptables" nul besoin de niveler vers le bas. Il suffisait peut-être à PT Anderson de défricher la trame policière d'Inherent Vice pour emballer un thriller sans grande originalité qui n'aurait servi que de véhicule pour ses stars et son metteur en scène. Sans surprise, Anderson a préféré s'immerger dans le texte de Pynchon et délivrer une œuvre exigeante aux frontières du cinéma expérimental. On parle beaucoup dans Inherent Vice et personne, ni le spectateur, ni les personnages, ne semble vraiment sûr de ce qu'on y raconte. Signifiants et signifiés gravitent les uns autour des autres, en se percutant parfois. L'expérience est étrange, comme un trip cotonneux. Pour nous guider il y a Joaquin Phoenix, toujours parfait ; et, surtout, il y a ses visions de Joanna Newsom, narratrice idéale, coup de génie d'un film qui a déjà tout du classique.

 


 

6

S'il s'agit vraiment du dernier long-métrage à sortir des studios Ghibli, c'est un magnifique adieu. C'est une sorte de coda, de rappel. Un petit best of de la délicatesse et de la subtilité qu'on aime tant. On y retrouve le mélange entre quotidien et fantastique discret, et surtout, bien sûr, une émotion qui grandit peu à peu jusqu'à devenir bouleversante.

 


 

5

A la fois une comédie irrésistible et un excellent film fantastique, What We Do in the Shadows redore l'image de la parodie cinématographique. Le soin apporté à la mise en scène, aux effets spéciaux, aux personnages, tout contribue à la réussite du film. Une suite est déjà en préparation et on la souhaite du même niveau, voilà une franchise dont on n'est pas prêt de se lasser.

 


 

4

Terrifiante plongée au sein d'une relation sentimentale abusive et déliquescente, The Duke of Burgundy est avant tout un chef-d'œuvre plastique. L'aspect précieux de la mise en scène renforce l'étouffement raffiné qui enserre peu à peu le spectateur et les protagonistes. Un univers étrange, à la lisière de l'érotisme, du fantastique et même de l'horreur, se dessine peu à peu. En prime, la meilleure bande originale de l'année, un trésor qui s'apprécie tout aussi bien sans les images.

 


 

3

Pixar, toujours au sommet du divertissement grand public actuel. Vice Versa (Inside Out en VO) est l'archétype de l'œuvre qui fait réfléchir les adultes et les enfants en même temps et à des niveaux différents. Chacun, quel que soit son âge, trouvera de quoi s'émerveiller, s'émouvoir et se questionner.

 


 

2

Terrence Malick offre un nouveau chapitre à l'autofiction entamée avec The Tree of Life. Il affine encore son propos en plongeant davantage dans les détails intimes et en radicalisant encore la forme de son œuvre. Knight of Cups est son film le plus dense, visuellement et thématiquement, c'est aussi, par suite, le plus symboliste. Pas un plan n'est laissé au hasard, tout est signifiant. On est ainsi submergé pendant deux heures par les émotions et les idées. Une nouvelle fois, en évoquant des croyances et des questionnements très personnels, le réalisateur touche à l'universel. Libre à chacun de se reconnaître ici, dans cette Odyssée vers le changement (réel ou fantasmé ?). Désarroi, abandon et métamorphose... Malick n'a jamais été aussi proche du Miroir de Tarkovski et il offre un chef-d'œuvre, auprès duquel on ne cessera jamais de revenir pour y découvrir à chaque fois de nouvelles perles.

 


 

1

Quand un film définit et redéfinit ainsi tout un genre, difficile de ne pas lui accorder les plus hauts honneurs. Mais Mad Max Fury Road va bien au-delà du divertissement frénétique et spectaculaire, il rappelle et impose de grandes vérités sur l'art du cinéma. On peut raconter beaucoup sans parole, on peut décrire des univers et des personnages inoubliables dans l'action, on peut presque tout faire avec la fusion des images et du son. Le film de George Miller semble nous faire redécouvrir les notions de montage, de plans, de mouvements... et tout ce qui compose le cinéma en général. Des éléments qui pourraient paraître évidents, mais s'ils nous frappent tant ici c'est justement parce qu'ils sont si rares sur nos écrans. Une leçon, oui, mais aussi et avant tout une profession de foi, un étendard. Le cinéma ça peut être cela, à la fois un amusement mais aussi une exigence. Qu'une oeuvre aussi complexe, à tous les niveaux, puisse paraître si évidente est un autre signe de son intense, immense, inoubliable réussite.

 


 

10 musiques

The Duke of Burgundy - Opening Credits

Vice Versa - Bundle of Joy

Mad Max Fury Road - Brothers in Arms

Knight of Cups - Exodus

Inherent Vice - Journey Through The Past

Man Up - The Reflex

Shaun the Sheep - Life's a Treat (remix)

The Final Girls - Bette David Eyes

The Voices - Sing a Happy Song

The Duke of Burgundy - Lamplight

 

 
 
 
 
 
 
 
 
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