Les Monty Python ont sévit au complet sur le grand écran lors de 5 films. Le premier, And Now For Something Completely Different, est en fait une compilation de sketches du Flying Circus. Le deuxième, Monty Python & The Holy Grail, est le vrai début cinématographique de la bande et c'est un chef-d'oeuvre. Le troisième, Monty Python's Life Of Brian, est encore un grande production pour le grand écran et c'est un autre chef-d'oeuvre. Le quatrième, Monty Python Live At The Hollywood Bowl, est en fait la version filmée de leur spectacle live, c'est divin. Le cinquième, Monty Python's The Meaning Of Life, est un énorme film de pur cinéma et c'est encore un gigantesque chef-d'oeuvre.

        Les trois principaux films des Pythons sont indispensables. Si Holy Grail vise la bonne grosse parodie, la pure déconne et le plaisir direct, Life Of Brian et surtout The Meaning Of Life se veulent bien plus que de simples gaudrioles. Life Of Brian est une cruelle, très pertinente (et impertinente, oui) et intelligente mise en boîte du Nouveau Testament (et des religions en générale), tout en restant une excellente parodie des péplums à grand spectacle. The Meaning Of Life est quant à lui le Grand Oeuvre de la bande, c'est une succession de sketches hilarants liés par le simple titre du film, Le Sens de la Vie. Ce qui permet au surréalisme virulent des Pythons d'oeuvrer à une échelle digne de son intelligence. The Meaning Of Life est l'une des meilleures comédies du monde, l'une des plus ambitieuses aussi, l'une des plus importantes, sans doute parce qu'elle dépasse très souvent le statut de farce lourdaude.

        Les films des Pythons frappent par leur faste, leur soucis de l'authenticité, leur magnificence visuel. Cela est bien sûr dû en grande partie à Terry Gilliam. Holy Grail annonce Jabberwocky et Time Bandits. Life Of Brian annonce le Baron de Munchhausen. Et The Crimson Pemanent Assurance, son segment du Meaning Of Life, fait plus qu'ouvrir le chemin pour Brazil. La présence d'un metteur en scène de génie comme Gilliam donne aux films des Pythons la magnificence plastique qui leur donne un cachet unique, qui leur permet d'avoir une véritable personnalité visuelle et qui les élève rien qu'au niveau esthétique au-dessus des autres films du genre. Le travail de Terry Jones n'est pas à négliger non plus, on le voit très nettement dans The Meaning Of Life où son travail a été des plus importants. Tout cela pour dire que les films des Pythons sont de vrais films de cinéma, bourrés d'idées visuelles et même de grandes trouvailles de mise en scène. Mais bien sûr, ce sont des œuvres qui font rires, donc on les a longtemps méprisées (et on continue à le faire d'ailleurs). Il faut tout de même noter le Prix du Jury du festival de Cannes remporté par The Meaning Of Life, ce qui était la moindre des choses pour un film qui méritait la palme d'or.

        Les films des Pythons avancent souvent un peu au hasard. En suivant une ligne directrice assez vague mais qui réussit quand même à donner une certaine unité à la chose. Pas toujours facile de justifier un sketch comme celui de l'armée coloniale anglaise dans un film qui est censé parler du sens de la vie (le sens de la vie c'est une histoire de costume de tigre ?). Mais de toute façon on s'en moque. On voit le Graal dans Holy Grail, Brian est crucifié à la fin de Life Of Brian et l'on donne le sens de la vie à la fin du Meaning Of Life. Donc, tout est bien qui finit bien. Même si bien évidemment on pourra longtemps discourir sur la bataille finale de Holy Grail, sur la chanson de Life Of Brian et le End Of The Film du Meaning Of Life. Mais bon, find the fish !

        Holy Grail est nettement le plus abordable des films des Pythons. Il est encore assez proche de l'esprit du Flying Circus et la plupart des gags (s'ils sont irrévérencieux par rapport au mythe d'Arthur) demeurent assez "gentils". Par contre avec Life Of Brian on entre dans la férocité pure et dure, la mère de Brian est une péripatéticienne collabo, les croyants sont des abrutis gravissimes, on chante sur la croix... Le film fait scandale (et non pas sandale) en Angleterre, évidemment. Mais le summum est quand même atteint avec The Meaning Of Life qui s'attaque à tout sans limitation de vitesse. C'est une incroyable boucherie qui finalement s'avère d'une grande finesse (!!!) et c'est pourquoi le scandale est nettement moins important (les gens n'ont pas capté grand chose au film). Mais bon quand même, la médecine, la religion, l'éducation, l'armée, les snobs, le travail, la paresse, le cinéma et... euh... l'humanité en général, tout passe à la moulinette.

        Les Monty Python au cinéma (comme à la télévision, en fait, mais avec une autre dimension, forcément), agissent en artistes complets. Ils créent, osent, montrent, racontent et au final, avec The Meaning Of Life, ils réussissent à émouvoir. On pourra encore longtemps les considérer comme de "simples" comiques et contempler leur œuvre de haut, cela ne fera que poursuivre une erreur intemporelle qui veut que ce qui fait rire soit moins "important" que ce qui se cache sous un sérieux inébranlable. Faux, totalement faux, Le Sens de la Vie vaut bien le Septième Sceau. Les deux s'adressent à l'intelligence pure et les deux se rejoignent, au final, mais je n'irais pas me perdre en grande dissertation pour le démontrer.

        Il est impensable de sous-estimer aujourd'hui l'importance de l'oeuvre cinématographique des Pythons, vitrine luxueuse de leur génie à toute épreuve. Comme il semble impensable de sous-estimer la carrière solitaire de Terry Gilliam, il est primordial de se repencher sur ces délires hénaurmes, entre vulgarité et poésie (et souvent les deux en même temps) que sont les œuvres des Pythons pour le 7e art. Pour ce faire il vaut mieux éviter le catalogage à l'emporte-pièce et bien se rendre compte que la comédie pythonesque n'est qu'un masque et que le cœur ne se laisse pas forcément approcher aussi facilement...

 
 
 
 
 
 
 
 
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