Édition 2015

Voilà l'automne et c'est la saison idéale pour faire un petit tour d'horizon de la musique populaire de 2015. Comme d'habitude je pioche un peu ici et là. Dans le top 50 français, dans le top 40 anglais, dans les clips les plus regardés sur Youtube, etc. J'ajoute aussi quelques éléments extérieurs lorsque cela me semble pertinent. Si vous cliquez sur les titres, vous accéderez aux clips, histoire de joindre l'inutile au désagréable. Normalement, si tout se passe bien, au fil de la lecture vous aurez plusieurs fois l'occasion de vous dire : "mais quel abruti !". C'est normal, la guérison ne se fera pas sans mal. Allez, c'est parti !


Taylor Swift - Bad Blood

Comme beaucoup de critiques, j'ai été assourdi (on ne peut pas dire aveuglé) par Taylor Swift et son blockbuster musical, 1989. Désormais la plus grande star de la planète pop, TayTay (oui, c'est son surnom officiel) a tombé le masque et révèle dans toute sa splendeur son ignominie marketteuse qui l'éloigne chaque jour davantage de la musique que l'on aime. 1989 est plutôt un bon album, qui pioche grossièrement ici et là, mais voilà, c'est efficace et on pouvait croire, un tant soit peu, au potentiel de Taylor Swift. Peine perdue, aujourd'hui la chanteuse est une marque tentaculaire qui essaie d'absorber le monde entier. D'où le déferlement de "stars" qu'elle invite dans ses clips et surtout dans ses concerts. Dans le cas de l'horrible Bad Blood, peut-être le plus mauvais morceau de 1989, la vidéo est une abomination visuelle qui a clairement coûté une fortune. Y défile toute la "bande à TayTay" dont je suis bien en peine de reconnaître les trois quarts. Il y a Lena Dunham, une autre pubarde prête à tout pour faire vivre sa marque ; les sœurs Haim, qui n'ont pas mis longtemps à rejoindre le côté obscur de la pop ; et Selena Gomez, mais là je n'ai aucun mérite, je savais qu'elle jouait l'antagoniste, sinon je ne l'aurais jamais reconnue. Et, pour compenser, il y a Kendrick Lamar, dont l'amour transi pour TayTay est proverbial. Il essaie de relever le niveau de Bad Blood, en vain. Les autres ? Probablement célèbres, mais elles ont toutes la même tête, grâce aux tartines de maquillage et au lissage numérique dégueulasse. Le clip est un déferlement d'effets spéciaux et de violences entre filles, avec un final qui ressemble à un rêve humide de Michael Bay. L'ensemble se résume d'ailleurs en du sous-Michael Bay, ce qui laisse peu de place à la carte du féminisme qui ne sera pas manqué d'être jouée par certains. C'est aussi féministe que Bad Boys 2, ce truc. Ce n'est ni amusant, ni sexy, encore moins glamour, original ou intéressant. Le degré zéro du vidéo clip, plutôt adéquat pour accompagner une chanson médiocre et revancharde. Depuis, TayTay s'est fendu d'un autre clip parfaitement idiot qui croit rendre hommage au Cinéma et à l'Afrique éternelle en glorifiant la vision coloniale hollywoodienne et en ne montrant aucun noir à l'écran. Tout cela avec toute la (fausse) candeur dont est capable la dinde en chef. Par ailleurs, il est très mal vu de critiquer TayTay, Ed Droste de Grizzly Bear en a payé le prix fort lorsqu'il a tenté de démasquer l'arriviste. Méfiance, méfiance, elle lit probablement ses lignes, la NSA travaille pour elle depuis le début.


Rihanna - Bitch Better Have My Money

Comment dire ? D'accord, le clip est à l'image de la chanson : agressif, bête et méchant. Plutôt efficace pour qui a envie de voir un hommage bizarre au remake américain de OldBoy (mais qui a envie de voir ça ?). Avec du sang, de la drogue, des filles à poil, bref tout le petit florilège de la provocation à deux balles. La chanson, hyper oppressante, n'est pas dénuée d'efficacité, c'est même assez bien dans son genre. Mais de quel genre s'agit-il ? On est ici dans une sorte de gangsta rap girly, qui, selon toute logique, s'adresse au public habituel de Rihanna (les filles entre 8 et 18 ans, en gros, plus ou moins quelques années). Vraiment ? Pourquoi pas, ceci dit. Il y a une longue histoire de chansons pop "girl power" bien virulentes et bien senties (genre Fist City de Loretta Lynn, You're So Vain de Carly Simon, mais pas Bad Blood de TayTay, hein). Alors je ne suis probablement pas le cœur de cible pour cette actualisation des prises de becs entre femmes qui ne se laissent pas faire. Je trouve cela peut-être un peu trop belliqueux dans la forme et dans le fond, du moins pour les petites filles. On va en rester là et partir sur la pointe des pieds, on ne sait jamais.


Marina and the Diamonds - Froot

Dans cette édition d'Edwood VS La Musique, c'est Marina Diamandis qui obtiendra mes faveurs. Forte d'un excellent troisième album, elle incarne tout ce qui peut se faire de mieux en ce moment en matière de pop grand public de qualité. C'est accessible, léger mais jamais idiot, très bien écrit à tous les niveaux. Marina est dans son époque, un peu vulgaire par moments et parfaitement glamour à d'autres, elle a la personnalité d'une diva sans jamais se départir de son humour et de son humanité. Elle est passée par une phase de succès calculé avec l'album Electra Heart, dont elle estime à présent qu'il ne lui ressemblait pas du tout. La différence musicale est en tout cas flagrante. Ici, la chanson qui donne son titre à l'album est une merveille ; bien soutenue par un clip tout droit sorti des années 80, où Marina joue les Jessica Rabbit avec charme et drôlerie. Rien à redire, j'adore.


Mark Ronson - Uptown Funk

Bon, OK, admettons. Un copier/coller de vieux tubes funk/hip hop du début des années 80, c'est très bien imité, à la limite du plagiat, mais après tout, on a pardonné davantage à  Daft Punk. Ceci dit, Daft Punk c'est un autre niveau d'imitation/hommage. Ce qui fait beaucoup de / pour si peu de phrases. C'est sympa sans plus, poliment indigent sans être révoltant, c'est déjà ça.


The Weeknd - Can't Feel My Face

Ils courent, ils courent, tous après la couronne de Michael Jackson. Ici c'est assumé et revendiqué, non seulement il y a le "Whouh !" de Michael, les intonations de Michael, la musique de Michael avec la production des années 2010, les mouvements de danse de Michael, mais il y a carrément un hommage sacrément déviant au tournage de la publicité Pepsi durant laquelle les cheveux de MJ avaient pris feu. Mais ce n'est pas du Michael. Enfin pas le Michael de la grande époque, c'est du Michael fin de règne.


Ed Sheeran - Thinking Out Loud

Le gars est très populaire en ce moment. Plus de 700 millions de vues sur Youtube pour ce truc-là. C'est du rien, du vide, du vent, du néant, en boîte. Qu'est-ce que je peux vous dire de plus ? Il est roux, mais bon je n'ai jamais été doué pour faire des blagues sur les roux. D'ailleurs je n'ai jamais bien compris ces histoires sur les roux. Surtout à une époque où les rousses ont tant de succès esthétiques. Ed Sheeran a des tatouages ridicules, on aurait pu bien rigoler avec, mais on ne les voit pas dans le clip, donc, non, on va en rester au néant, c'est plus simple. 700 millions de vues pour ça, franchement, quand on pense que la vraie reine de la pop de 2015 culmine actuellement à 412 000 vues. L'inversion de toutes les valeurs, je vous le dis.


Sam Smith - Stay With Me

C'est son tube de 2014 mais il était passé entre les mailles de mon filet. Et je trouve que l'enchaînement Sheeran/Smith est parfait, dans le genre crooners post-Michael Bolton. Bon, les fans me diront qu'il a une super voix. Mais il n'en fait pas grand-chose d'intéressant si vous voulez mon avis. Rien de nouveau sous le soleil. Ce confort est fatigant.


Selena Gomez - Good For You

Ce que Selena a fait de mieux, c'est évidemment de s'être égarée dans Spring Breakers. Heureusement elle est bien vite retournée à la banalité de la pop la plus inoffensive. Comme toutes les gamines élevées en batteries par les studios Mickey, elle en est à sa phase : "je suis sexyyyy, look at me !". D'où la douche, le t-shirt mouillée, tout ça. Tout en nous faisant croire qu'elle nous dit des trucs super forts, super intimes. Imaginez Sufjan Stevens en train de chanter Death With Dignity en mini-short et marcel humide, en se roulant dans le sable. Oui, c'est cocasse. Every road leads to an end, indeed...


Demi Lovato - Cool For The Summer

Ecurie Mickey toujours, Demi Lovato nous montre donc que "je suis sexyyyyy, look at me !". Si vous me permettez cette entorse au politiquement correct : ce n'est pas sexy, c'est vulgaire, et ça ne donne aucun pouvoir aux femmes que de plonger dans le male gaze sans le moindre recul. Y a rien là. La musique étant tout aussi vulgaire, on reste dans le produit insipide qui se veut cool pour les gamines et qui veut provoquer des trucs étranges dans les caleçons des petits garçons. Alors attention, bien sûr, en bon hétéro cis priviligié, je n'ai rien contre les clips sexy, mais il faut qu'il y ait quelque chose en plus, vous voyez, de la bonne musique, par exemple, ça peut aider, une voix, une personnalité unique, de l'humour, de l'émotion, je sais, c'est rare, mais c'est possible d'avoir à la fois le sexy et l'art (cf. Marina Diamandis).


Ariana Grande - One Last Time

Si seulement, si seulement c'était la dernière fois. Clip plein de pognon, très laid et vaguement apocalyptique, pour une chanson ni faite ni à faire. J'aimerais faire une blague sur le léchage de donuts par Ariana, mais je n'ai même plus le coeur à ça. Si vous ne connaissez pas le fait divers pourri qui a secoué l'Amérique pendant une bonne semaine, je vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-mêmes.


Justin Bieber - What Do You Mean?

Le grand retour de Justin Bieber. Ah bon, il était parti ? Le single de la maturité, il paraît. Si on fait abstraction du clip (abominable), des paroles (abominables), de la musique (abominable), c'est probablement le cas. Franchement, encore une fois, difficile d'imaginer que cela puisse passionner au-delà du cœur de cible (les adolescentes entre 10 et 18 ans). Ceci dit, CHVRCHES en a proposé une version plutôt plaisante, ce qui tendrait à signifier que, soit qu'il y a bien une bonne chanson planquée quelque part là-dedans, soit que Lauren Mayberry peut chanter n'importe quoi et le transformer en or (plus probable).


Madonna - Bitch I'm Madonna

Misère que c'est embarrassant. C'est dommage de refuser de vieillir à ce point. Ce n'est pas essayer de rester d'actualité, Madonna pourrait faire autre chose. OK, elle fait du David Bowie, si, si. Elle va recruter les musiciens tendances dans son domaine et hop, je vampirise. Donc là c'est chez PC Music et SOPHIE qu'elle va reluquer. Pas bête, hein. Sauf que PC Music c'est tellement meta que la pauvre Maddie semble totalement dépassée dans ce fatras de basses qui tombent et de synthés qui montent. Et puis voilà Nicki Minaj, forcément. Et là, non. Stop. Stop. Pause. Grand nettoyage des esgourdes.


Deafheaven - Brought To The Water


Skrillex & Diplo (feat. Justin Bieber) - Where Are Ü Now?

L'association de l'enfer. Mais de l'enfer. A un point. De l'enfer. Ceci dit, par rapport à l'épouvante promise sur le papier, c'est loin d'être aussi terrifiant qu'espéré. C'est bourré de petits effets bien ringards, rien que les petits coups d'autotune sur la voix de machin, là, misère. Ensuite, bah on se dit que ça va dropper de la basse à mort, mais que dalle. Tous ces gens vieillissent, que voulez-vous ? Donc quand la basse droppe, elle ne droppe pas bien loin, voir pour cela la troisième minute, par exemple, paye ton climax pourri. Le clip est tellement laid qu'il ferait presque regretter les interludes MTV de 1992.


Rita Ora (feat. Chris Brown) - Body on Me

Encore une association de l'enfer. Mais de l'enfer. Chris Brown, surtout connu pour avoir défiguré Rihanna à coups de mandales dans la figure, continue sa carrière de sinistre pitre. Il prête ici main forte (pardon) à Rita Ora, une... euh... chanteuse, disons, soyons fous, en gros, une "chanteuse" dont la qualité principale est de se dénuder tout le temps, partout, sur les photos, dans les clips, sur les pochettes, sur les réseaux sociaux, dans les fêtes de comité d'entreprise, à la frontière hongroise, à l'anniversaire de ta petite sœur, etc. C'est de la soupe, ouhlala, de la bonne grosse soupe bien claire, bien bouillonneuse, y a même pas un morceau de quoi que ce soit là-dedans, c'est de l'eau chaude, et encore, c'est bon l'eau chaude à côté de ça, c'est de l'ambroisie, du nectar, à côté de cette infection. Même ta petite sœur elle n'en veut pas, pas si folle, quand même, ta petite sœur.


Fetty Wap - Trap Queen

Encore une chanson emblématique de 2015, de celle dont la génération de gamins actuelle se souviendra avec des étoiles plein les yeux quand elle aura 30 ans. Comme aujourd'hui y a des générations qui se font dessus de bonheur dès qu'on leur passe The Final Countdown, Hungry Like the Wolf, Eye of the Tiger ou La Chenille. C'est de l'électro-rap furieusement tendance et donc furieusement ringard. Mais je ne suis toujours pas le cœur de cible, faut passer sa vie en spring break pour comprendre ça, y a pas d'autre solution.


Little Mix - Black Magic

La chirurgie esthétique a vraiment fait des miracles pour les Spice Girls dont le grand retour se révèle terriblement décevant. Bref, là si tu as plus de 14 ans, tu ne peux pas comprendre, mais alors que dalle. Je veux bien être "poptimiste" à fond la caisse, mais il y a des limites. Est-ce que je bois du Fanta Orange ? Non. Bon.


Charlie Puth (feat. Meghan Trainor) - Marvin Gaye

L'association de l'enfer. Mais de l'enfer. Encore. Punaise, ils s'y mettent à plusieurs pour faire des choses de pire en pire. Refrain : "Let's Marvin Gaye, Let's get it on." Je n'invente rien. Alors si cette rubrique était aussi sexiste et vulgaire qu'il y a 10 ans, avant que je ne me transforme en SJW PC, j'aurais pu écrire que ce n'est guère étonnant que ce machin soit un travail de Puth. Mais ce serait vraiment mal. Ouhlala, rien que d'y penser je vais me taper sur les doigts. Voilà. Aïe. Non, pire. Je vais écouter ce truc en entier. Me voilà bien puni. Vous n'avez pas besoin de m'insulter en plus, ça ne pourra jamais être pire que d'avoir écouté ça. Et franchement entraîner ce pauvre Marvin dans cette pâle copie d'un slow des 50's, c'est criminel. Enfin je voudrais ajouter que... hein ?... Hein ?... Qu'entends-je surgissant du fond de la salle ? Une horrible saillie sur l'association de la Puth et de la Trainée ? Hors d'ici sapajou !


CHVRCHES - Leave a Trace

Alors on va s'arrêter deux secondes sur ce clip qui a créé une polémique à deux sous et qu'il va me falloir résumer. Lauren Mayberry est merveilleuse. Déjà, posons ça là. Elle chante bien, elle a du charisme, elle ne se laisse pas faire, en particulier par les trolls du web et toute la clique des crétins de 4/8chan et des abrutis Gamergâteux (ce sont en général les mêmes). CHVRCHES ne se limite pas à Lauren, même si elle en est l'évidente figure de proue. Le groupe a toujours fait en sorte que les deux autres membres, Iain Cook et Martin Doherty, soient mis sur un pied d'égalité avec leur chanteuse. Ce fut le cas dans tous les clips jusqu'à présent, exception faite, donc, de Leave a Trace. En effet, cette fois, Lauren est la star, transformée en icône qui n'hésite pas à plonger littéralement dans certains clichés. Est-ce contradictoire avec le discours girl power qu'elle prône habituellement ? Moins que quand les soi-disant féministes Beyoncé ou Nicki Minaj sombrent dans le porno plus ou moins chic. De même, oui, les deux autres membres ne sont pas là, mais on admettra que c'est exceptionnel et on fera comme si de rien n'était. Pour cette fois. Ce qui aide à fermer les yeux sur ces contradictions apparentes, c'est aussi le fait que la chanson est très réussie, tout autant que le deuxième album du groupe, Every Open Eye. CHVRCHES fait du bien à la pop actuelle, aussi bien musicalement que dans le discours qui les accompagne. Ca autorise à faire quelques écarts de temps en temps, surtout quand ils s'avèrent aussi anodins. Après, de mon seul point de vue de male gazer à temps partiel, c'est quand même assez joli à regarder, faut bien se l'avouer.


Maître Gims - Brisé (Pilule Bleue)

Allons bons, qu'est-ce que c'est que ce truc ? Le Will.i.am. français ? Autotune partout, musique nulle part. Problème, on comprend trop les paroles, qui sont, vous l'aurez deviné, ridicules. A l'image du clip, le même depuis 30 ans. Et puis c'est quoi cette histoire de pilule bleue ? Un rapport avec Matrix ou, plus probablement, avec le Viagra ? Avec les M&Ms peut-être ? Ca s'envisage vu le public visé, qui n'était pas né lorsque Matrix est sorti et qui est encore loin d'avoir besoin de Viagra. Quoi ? Le calembour que tout le monde a fait ? Enfin, je l'espère que tout le monde l'a fait. Donc, attendez, je m'élance : faut quand même oser prendre comme nom de scène un synonyme de prof d'EPS, non ? Boum. C'était nul, ça vous a plu ? Bon. Il semblerait qu'il ait beaucoup de succès en France, mais comme nous l'avions déjà remarqué depuis quelques années, il n'y a plus que les petites filles de moins de 12 ans qui achètent des singles en France. La preuve, attendez, c'est rigolo, sautons une ligne.


Maître Gims - Laissez Passer

Vous ne pouvez pas me dire sérieusement que si on a plus de 12 ans on peut écouter cela. C'est n'importe quoi. Et franchement l'autotune là, ça dépasse l'entendement. Et je n'ai rien contre l'electro-pop d'origine africaine (ou avec des accents africains) et je conseille à tout le monde l'album de Petite Noir (ça s'écrit comme ça), sud-africain d'origine belge, qui envoie valser tous les Maître Gims et autres Stromae. Attendez je vais vous en trouver un (pas dans les tops, évidemment).


Petite Noir - Best

Là, voilà, c'est quand même autre chose. Le clip ne révolutionne rien, mais j'y vois des points communs avec le chef-d'œuvre de Jenny Hval. A voir aussi : Noirse. Mais bon, tout l'album est réussi, vous ne pouvez pas vous tromper. Mieux encore si vous voulez de la musique africaine avec un pied dans l'occident, il y a le fantastique album de Mbongwana Star, From Kinshasa.  Exemple avec le clip de Kala, remarquable. Bref, après cette respiration retournons dans les tréfonds.


Robin Schulz - Sugar

HA HA HA HA HA !!!!!  Ha ha ha ha ha !!!!! HA HA HA HA HA !!!! Excusez-moi... Attendez... Attendez... Non... je ne peux pas.... je.... HA HA HA HA HA HA !!!!! On a dit : pas le physique. Mais là, non je ne peux pas. Bref, là encore, si on a plus de 12 ans, ça ne peut que nous passer largement par-dessus la tête. Si, si, même sa tête à lui.... avec sa... avec sa coupe de cheveeeeeux HA HA HA HAAAAAAA !!!!


Calvin Harris & Disciples - How Deep is Your Love

C'est le boyfriend actuel de Taylor Swift. D'ailleurs, c'est louche, ça dure depuis trop longtemps. Enfin, selon les critères de TayTay. Tant mieux, me direz-vous, elle ne pond de nouveaux albums que quand elle se sépare de son gars du moment. Bref, sinon. Sinon, quoi ? Sinon rien. C'est nul. Ah si, il y a de la cuisse fraîche, de la nymphette en maillot, de la chair humide. La putain de routine.


L.E.J. - Summer 2015

Aïe, un groupe concept. A mi-chemin entre l'a capella et le minimalisme rigolo. Vous savez, le truc façon Pow Wow (mais si, toi aussi tu te souviens). C'est un peu technique, ça se respecte. Enfin, ça ne casse pas trois pattes à un canard non plus. Disons qu'on a l'impression qu'il y a un poil plus d'effort que chez Maître Gims et Robin Schulz (ha ha ha ha !!). Bref, le genre de groupes qui ont leur petit succès de temps à autres en France, qu'elles en profitent, après l'inévitable Victoire de la Musique, elles risquent de disparaître au fin fond des compilations nostalgiques.


Lana Del Rey - High by the Beach

Lana Del Rey explose un hélicoptère au bazooka. Enough said. Clip de l'année, probablement. Plus sérieusement, dans la droite lignée de la réussite artistique d'Ultraviolence, Honeymoon s'avère tout aussi bon. J'ai assez dit de mal de Lana à une certaine époque pour reconnaître qu'à présent elle atteint des sommets. Finalement, son genre à elle, la dépression neurasthénique en musique, elle le maîtrise, elle fait ça bien, les chansons sont superbes. Donc, que voulez-vous que je vous dise ? J'aime. Et elle explose un hélicoptère. Au lance-grenade.


Fababy - Love d'un Voyou

Rien que le titre. Ce titre, ce nom. Ohlala, les premières paroles. Et l'autotune. Là je sens qu'on va toucher le fond, misère. Je suis trop vieux pour ces conneries. C'est pour les petites filles de banlieue, encore, pas pour moi. Et le pire, dans le cas présent, c'est que ça sent le machin tout fabriqué en studio par des requins blancs et quinquagénaires qui n'ont jamais vu la banlieue autrement que dans Zone Interdite. Rien que la musique, sérieusement, qui pourrait servir de fond à n'importe quoi, mais vraiment. Patrick Fiori, Christine and the Queens, Johnny Hallyday, Maître Gims, Zaz, peu importe, ça pourrait passer partout. L'horreur. Sinon le clip est assez rigolo car bourré de "lens flare", vous savez les trucs qu'adore J.J. Abrams, y en aura plein dans le prochain Star Wars...


Booba - Validée

Sérieusement ? C'est ça le rap français ? Celui qui fait la une des Inrocks (le magazine des 10-18 ans qui n'ont pas internet) ? Avec le gros autotune, mais arrêtez avec votre PUTAIN D'AUTOTUNE !!!! J'en peux plus là. C'est RIDICULE !!! Je m'énerve, mais franchement, ça va là. Kanye West a réussi à signer quelques grands morceaux avec autotune, mais faut voir le mal qu'il s'est donné. Et là, Validée, ce n'est pas Runaway. Faut pas déconner. C'est le marasme, ça. Avec la ligne de synthés pouêt-pouêt, ça vire à la parodie. C'est peut-être fait exprès. Après on s'étonne que notre jeunesse ait envie de fuir en Syrie, ça se comprend, hein, si on leur inflige ça à longueur d'ondes radiophoniques. On peut préférer vivre dans le désert et détruire des monuments historiques inestimables. Tout ça c'est la faute à Booba, forcément. Ou pas, hein, ou pas. Même Booba ne peut pas être la cause de toute la bêtise du monde. Je sais, c'est une conclusion inattendue.


One Direction - Drag Me Down

Le boys band du moment, depuis quelques années, même. D'ailleurs 1989 de Taylor Swift a été entièrement écrit autour de sa relation foireuse avec un des minets du groupe. C'est passionnant. Bon, c'est un boys band, avec des mecs aux looks grotesques dont on rira beaucoup dans 10 ans. Rien n'a changé, hein, à part la production, bien dans son époque. Mais sinon c'est juste les Backstreet Boys. C'est bien fait, ceci dit, rien à dire, c'est comme du TayTay, on sent qu'il y a du boulot là-derrière. Pas pour moi, de toute façon, il n'y a rien pour moi ici.


Marina and the Diamonds - I'm a Ruin

Hop, j'en ai besoin pour ma santé mentale. Vous ai-je dit que Marina a quand même une voix magnifique ? Probablement, mais je le répète. Et puis ses refrains, voilà, fichtre, quels refrains ! Même sur son premier album, imparfait mais attachant, il y avait des choses comme I am Not a Robot. Bref, profitons de ce moment de grâce pour verser dans l'anecdote. Le saviez-vous ? Sur la tournée américaine, la première partie de Marina and the Diamonds est assurée par... Christine and the Queens. Oui, c'est rigolo. Probablement parce que les patronymes sont proches. Et pour respecter la tradition d'avoir une première partie nulle (ou médiocre) pour donner encore plus d'éclat au plat de résistance. J'exagère, ce n'est pas toujours vrai. Voir pour cela Austra faisant la première partie de Sufjan Stevens. Bref. Là, je n'impose rien, la comparaison surgit donc d'elle-même. Marina and the Diamonds semble exister dans une toute autre dimension que cette pauvre Christine dont la platitude ne devient que plus flagrante. Là, tenez :


Christine and the Queens - Paradis Perdus

Elle est dans le top 50 français. Encore. Et ? Rien à ajouter de particulier par rapport à ce que j'écrivais l'année dernière. Ce n'est pas horrible, pas aussi horrible que la majorité de ce qui se répand dans les classements. Mais c'est fade, insipide, encore du pauvre bouillon clair. Sérieusement, passer de I'm a Ruin à ça... Et attendez, comme je suis vraiment trop méchant, je vais remettre Marina juste après. Pour bien enfoncer le clou, que vous entendiez la différence, que vous ne puissiez pas la nier. Désolé Christine, t'es bien gentille, mais faut faire un exemple, et ne pas laisser les gens s'enthousiasmer pour quelque chose qui n'a pour unique qualité que d'être moins horrible que des choses encore plus horribles.


Marina and the Diamonds - Immortal

Marina Diamandis qui fait du Sufjan Stevens pour les ados, et elle le fait bien. C'est plus accessible pour le grand public que Carrie & Lowell, mais le thème et le but sont les mêmes. "Everybody dies, diiiies" pour l'une, et "We're all gonna die" pour l'autre. C'est simple et c'est déchirant. Et puis musicalement, quoi, après l'autre bouillie, là. C'est tellement un autre monde. Tout en restant, je ne le nie pas un seul instant, sur le même créneau de la pop pour tous, au bord de la variété internationale, rien d'élitiste là-dedans. Ta petite sœur peut écouter ça, elle peut adorer Marina, en faire son modèle, avoir des posters dans sa chambre. Le monde en serait probablement un peu meilleur.


Sigala - Easy Love

OK, c'est de l'Eurodance de 1995 en 2015. Forcément ça traîne en haut du top 40 britannique. Sacrés britons, avec leurs classements où se côtoient le meilleur et le pire de la pop. Ceci dit, chez eux, à la différence de la France, le meilleur a souvent sa place. Enfin, de moins en moins à ce que je constate. Probablement parce que l'âge moyen de l'acheteur de singles a aussi beaucoup baissé ces dernières années. Comme l'indique clairement le clip qui nous rappelle que c'est de la musique pour boums, pour goûters d'anniversaire, pour la kermesse de l'école primaire.


Ellie Goulding - Love Me Like You Do

La copine de Skrillex (enfin, je crois, si ça se trouve c'est fini) continue son petit numéro. Une alternative crédible à l'hégémonie de TayTay. Mais bon, ça reste tout juste moyen. Rien à dire de particulier.


Miley Cyrus - Dooo It!

Miley explique à ta petite sœur que c'est cool de fumer de la marie-jeanne. Et de manière vachement subtile, hein, c'est répété trouze millions de fois. Bref, la drogue c'est cool, just dooo it. Elle s'est associée avec ce vieux dégueulasse de Wayne Coyne et ses Flaming Lips pour emballer un interminable album psychédélique pas complètement nul mais totalement indigeste. A l'image de ce clip qui donne vite la nausée. Miley est toujours bloquée au stade oral, euh... tant mieux pour elle ? Et pourtant Dieu sait que j'aime les Flaming Lips quand ils cisèlent leur musique, mais là, tout ce qu'on peut en tirer c'est "la drogue c'est mal", ce qui est certainement contreproductif par rapport au message initial. Pour l'anecdote, certains ont cru reconnaître la mélodie de Ride My Llama de Neil Young au milieu de ce fatras. On laissera le soin aux exégètes de trancher, de mon côté je suis dépassé. Surtout quand on enchaîne les deux morceaux l'un après l'autre, bon sang, c'est comme regarder un film de Terrence Malick après un Brett Ratner. Ca file le vertige.


Nicky Jam & Enrique Iglesias - El Perdón

Pourquoi est-ce que je perds mon temps avec des branquignols dans leur genre alors que je pourrais faire des choses beaucoup plus risquées, comme ranger mes chaussettes par exemple ? (Last Action Hero inside)


Nicki Minaj - Anaconda

Je sais, j'en ai déjà parlé il y a un an, mais il y a tellement à dire sur cette abomination que je me sens obligé de replonger dans la fange. Ce que je n'avais pas relevé la dernière fois, c'est l'effroyable slogan final : "Fuck the skinny bitches in the club !" La grande classe, et assez symptomatique d'une tendance particulièrement débile où, sous couvert d'assumer ses rondeurs, on vient stigmatiser les gens minces ou maigres. L'intelligence au travail, quoi. Si Taylor Swift entonnait : "Fuck the fat whores in the club !", imaginez le scandale. Je veux bien que le gras gagne, ça y est, hop, vive la graisse et les pommes de terre frites ! Mais de là à renverser l'oppression vers les personnes sveltes, ça touche à l'aberration. On va me dire que les moqueries à l'encontre des maigres ne datent pas d'hier, j'en sais quelque chose. Mais elles étaient moins médiatisées. Maintenant, on en fait des slogans pour chansons beurk. Youpi, ça nous promet des lendemains rieurs. En attendant, tes menus qui baignent dans l'huile et ta musique qui fait des bourrelets, tu peux te les mettre où je pense, il y a de place à ce qu'il paraît, on peut même y garer une Limousine, comme le chantait Grace Jones il y a 30 ans. On peut aussi en profiter pour (re)voir l'excellente parodie d'Amy Schumer qui se fait un malin plaisir de souligner l'absurdité de tout cela.


Joanna Newsom - Sapokanikan

Joanna. Paul Thomas Anderson. Après Nicki Minaj, c'est passer d'un extrême à l'autre, s'envoler vers une galaxie totalement différente où régnerait le talent, l'intelligence, la subtilité, la poésie, la beauté. Cette année je finis sur ce qu'il a de mieux, musicalement et cinématographiquement. Comme un symbole. Après les horreurs (mais aussi les petits instants de bonheur), voici l'espoir. Car dans les marges des classements, parfois même au sein de ceux-ci, la musique, la bonne musique fait de la résistance. Et la bonne musique d'aujourd'hui est aussi bonne que la bonne musique d'il y a 10 ans, 20 ans, 30 ans, 40 ans... On vit une époque formidable. Non, ce n'était pas mieux avant. Les bouses étaient largement aussi atroces il y a 15 ans quand j'ai commencé à me confronter à MTV (R.I.P.). Et les grands disques d'aujourd'hui valent sans mal ceux d'hier. Tout est bien, donc. Allez, Joanna, fais-nous rêver...

 
 
 
 
 
 
 
 
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