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                      Dungen - Ta De Lugnt
                      Animal Collective - Sung Tongs
                      
                        
                          
                            
                                      Cette année, c'est la 10e position de mon classement qui sera partagée. Par deux          groupes étonnants, que tout semble opposer de prime abord et qui se retrouvent pourtant          dans leur amour pour le psychédélisme le plus inventif. 
                                        L'album de Dungen est un fastueux poème épique et baroque, où de superbes chansons            se retrouvent noyées dans une production dantesque et des errances             instrumentales parfois            envoûtantes mais trop fréquemment complaisantes. L'album se trouve ainsi malheureusement            très déséquilibré, mais enthousiasme au final par ses instants de féerie sonique            grandiloquente. 
                                        Le Sung Tongs d'Animal Collective est quant à lui immédiatement séduisant. Les            bricolages rigolos du groupe amusent et surprennent. Avant de tourner bien vite au            procédé et provoquer une regrettable lassitude. Un interminable morceau de plus de 12            minutes, Visiting Friends, parfaitement superflu, finit de plomber l'album dans sa seconde            moitié. Néanmoins, la musique de Animal Collective est si originale et ludique, que l'on            ne cesse de revenir auprès de ce Sung Tongs et de son emblématique Who Could Win a        Rabbit ?  | 
                             
                          
                         
                     
                      
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                    David Byrne
                    Grown Backwards
                    
                      
                        
                          
                                    Pas facile de   survivre à sa légende. Certes, un nouveau disque de l'ex-leader des   Talking Heads est moins attendu et discuté que celui d'un David Bowie.   On ne pourra que          hurler à l'injustice. Tant l'écoute de ce magnifique Grown   Backwards prouve que l'on          tient là le projet solitaire le plus cohérent, accessible et   réussi de David Byrne.          Dès l'ouverture sur le gracieux Glass, Concrete and Stone, Grown   Backwards évoque les          meilleures heures des Talking Heads. Une pop sophistiquée,   sensible, gorgée de mille et          une influences. La musique d'un érudit jamais pédant, même   lorsqu'il se met à rêver          d'opéra en entonnant du Bizet en duo avec Rufus Wainwright.  
                                      Sur cet album, Byrne poursuit aussi des thèmes toujours d'actualité, comme les            angoisses citadines, les paradoxes politiques, le malaise occidental et tout un dédale            d'introspections ironiques et malicieuses. Le tout emballé dans des mélodies chatoyantes            et des arrangements gentiment 80's. Et grâce à des perles telles que The Other Side of            This World, on pardonne facilement la très vilaine faute de goût finale, Lazy, un            effroyable machin "house", que renierait même la Kylie Minogue de Fever. Non,            rien ne parvient à empêcher Grown Backwards d'être un grand disque et David Byrne        d'être un artiste diablement attachant.  | 
                           
                        
                       
                   
                      
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                    Green Day
                    American Idiot
                    
                      
                        
                          
                                    Résultat logique de sa réélection, cette fin d'année 2004 nous situe en plein coeur          du règne quasi planétaire de George W. Bush. Inutile d'ajouter ici des pages sur le          sujet, il suffit de désapprouver la politique et les idées du bonhomme pour rejoindre la          majorité des habitants de notre planète (du moins, la majorité pensante). Les artistes n'ont pas hésité à se mêler à          la dernière campagne présidentielle américaine, pour le meilleur et pour le pire, avec          malheureusement un résultat peu concluant (pour John Kerry). 
                                      Musicalement, le malaise "bushien" aura été notamment évoqué,            métaphoriquement, au sein de la mélancolie poétique et électrisante de The Arcade            Fire, mais aucun autre album n'aura le plus directement parlé de cette nouvelle            génération de mômes sacrifiés sur l'autel de la paranoïa et du fanatisme que le            American Idiot de Green Day. 
                                      Les punks américains attendaient leur grand sujet de révolte. Mais peu d'entre eux            possédaient le talent pour vêtir leur colère d'habits musicaux dignes de la tristesse            qui gagne peu à peu tout un peuple. Il n'est pas étonnant que Green Day, le groupe le            plus doué en son genre, soit à l'origine de ce manifeste. Alors qu'on célébrait les 25            ans du London Calling de The Clash, c'est des USA qu'est venu le plus réussi des            hommages. En l'espace de deux fresques de 10 minutes, Jesus of Suburbia et Homecoming, le            groupe de Billy Joe a réveillé les plus percutants accents du punk-rock ambitieux,            lyrique et engagé.  
                                      En s'adressant directement à la jeunesse américaine, Green Day dessine un portrait            désenchanté, en forme de nouvelle perte de l'innocence et un terrible récit du temps            qui passe et brise les êtres et les souvenirs. Le fragile Wake Me Up When September Ends            et la conclusion discrète et émouvante de Whatsername, confirment ce que l'on savait            finalement depuis longtemps : Billy Joe possède un talent immense pour ciseler les            mélodies pop et créer des histoires et des personnages attachants au possible. 
                                      American Idiot est un album dur, quasi désespéré, qui cache sa résignation            derrière de grosses guitares conquérantes et une rythmique dévastatrice. Mais, au bout            du parcours, la solitude triomphe et l'on se retrouve engourdi dans le maelstrom des        existences qui défilent trop vite...   | 
                           
                        
                       
                   
                      
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                    Nosfell
                    Pomale Klokochazia Balek
                    
                      
                        
                          
                                   Découvert grâce aux excellents conseils d'un camarade de bon goût, Nosfell est avant          tout un choc scénique, pour ne pas dire un choc physique. Car le monsieur mise          essentiellement sur l'intensité de ses performances et sur son charisme étonnant. On ne          s'attend pas à entendre le bonhomme chanter alternativement avec les voix de Kylie          Minogue, Jeff Buckley, Marilyn Manson ou David Bowie. Alternativement et parfois en même          temps, car il construit ses rythmiques et autres accompagnements avec le seul recourt de          son décidément phénoménal organe (vocal), qu'il sample avec une précision et une          confiance déroutantes. 
                                      Avec l'aide d'une guitare acoustique et d'une             contrebasse (parfois échangée au            profit d'une basse électrique plus traditionnelle), Nosfell crée un univers sonore            impressionnant, d'une puissance évocatrice rare. Puissance renforcée par l'utilisation            fréquente d'une langue inventée permettant de conter les légendes d'un pays chimérique            n'appartenant qu'au seul Nosfell. 
                                      Pour sûr, cet artiste est un cas à part, en particulier dans le rock français.            Nosfell est perdu dans son monde déglingué, où se mêlent les influences les plus            diverses (rock, folk, Afrique, Moyen-Orient, Asie...), avec une cohérence pourtant sans            faille. Passant de la comptine au folk acide, tout en faisant de l'oeil aux chants            traditionnels des quatre coins de la planète, Nosfell, bien plus que la frileuse Bjork,            aura remis la voix et la chair au coeur de la musique pop de 2004. Moins immédiatement            sublimes sur disque qu'en concert, les chansons de Nosfell n'en viennent pas moins hanter            l'esprit de l'auditeur et fasciner par leur étrangeté, leur poésie surréaliste et leur        sensualité enivrante.  | 
                           
                        
                       
                   
                                          
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                    Les Mouettes
                    Vers La Mer
                    
                      
                        
                          
                                    Un trio vocal féminin, sous la haute           protection des Andrews Sisters et des Boswell          Sisters, qui se vêt de quelques orchestrations discrètes, entre jazz soft et rumba de          fin de soirée, avec parfois des accents joueurs à la Brassens. 
                                      Si la maestria de ce trio lui permet de donner une dynamique virevoltante aux chansons            les plus légères et délicieuses de l'album, telles Je Dépense ou le Feutre Taupé,            c'est lorsque les Mouettes se laissent gagner par leur mélancolie qu'elles touchent les    étoiles. Pour commettre un jeu de mots un peu facile, ce recueil pourrait tout aussi            justement se nommer "Vers l'Amer", tant les thèmes abordés retranscrivent            souvent, avec une tristesse évidente, un blues citadin qui n'avait que rarement connu une            si juste incarnation. 
                                      Pour exemple, la chanson titre, aux paroles déchirantes, où l'on "navigue à            l'aveuglette dans une mer de remords", où "l'on pense donc je fuis", et            où entre deux vitrines parisiennes on "remet du fard pour cacher son spleen"... 
                                      Souvent bouleversantes, les Mouettes chantent de manière très personnelle la fin de            l'amour (le crève-coeur Café Socrate), la mort d'une relation (Intuition, qui pourrait            aussi être la chanson de l'année), les espoirs déçus (la cruauté de Cher Inconnu, qui            se dissimule pudiquement derrière un humour discret), la lutte contre le quotidien qui            emporte les bonheurs fanés (Cinquième Saison). 
                                      Et même lorsqu'elles essaient de faire entrer le soleil dans leurs coeurs en peine,            sur des perles a capella comme Je Partirai, Trois Je T'aime et Si J'Étais Mouette, la            douceur des voix ne cesse de révéler une émotion intime et précieuse. 
                                      Vibrant de rêves impossibles et de désillusions qui se murmurent, Vers la Mer n'est            pourtant en rien un disque déprimant. D'une part parce que les chansons amusantes, du            style de l'irrésistible Taches de Rousseur ou de l'ironique les Poissons Rouges, sont            judicieusement dispersées au sein de l'album. Et surtout parce que la personnalité des            Mouettes, leurs harmonies vocales splendides et leur humour désenchanté, créent une            ambiance amicale, rassurante et d'une grande tendresse. 
                                      On n'écoute pas ce disque, on en tombe amoureux. On tombe amoureux des Mouettes, de            leurs histoires brisées et de leur désir d'ailleurs. On tombe amoureux de Vers la Mer,        oeuvre sensible de 2004.  | 
                           
                        
                       
                   
                      
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                    Xiu Xiu
                    Fabulous Muscles
                    
                      
                        
                          
                                    Preuve supplémentaire, s'il en était encore besoin, de la qualité exceptionnelle de          l'année musicale 2004, Xiu Xiu, mon cri du coeur du printemps, se retrouve finalement          assez bas dans le top 10. Pourtant, la musique tourmentée, dissonante et tranchante du          groupe n'a rien perdu de sa force et de son actualité. Peuplé d'angoisses          existentielles, entre sordide et humour noir, hanté par la guerre, Fabulous Muscles se          place en héritier du Closer de Joy Division ou de The Downward Spiral de Nine Inch Nails.          On y retrouve la même froideur, la même atmosphère fascinante, parfois effrayante,          embellie par de soudaines éclaircies mélodiques (I Love The Valley Oh!, Clowne Towne) et          surtout par l'émotion épidermique insufflée par le chanteur Jamie Stewart, en          particulier sur les tétanisants Little Panda McElroy et Mike. 
                                      Disque cruel, angoissant, et pourtant étrangement plaisant et attirant, Fabulous            Muscles aura incarné la face la plus ténébreuse et inquiète de 2004. Et au bout du            tunnel, dans un chuchotement étranglé, bouleversant, la plus étincelante des        déclarations : "I will always love you..."   | 
                           
                        
                       
                   
                      
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                    Les Savy Fav
                    Inches
                    
                      
                        
                          
                             Le disque rock de 2004 est   une compilation. Une compilation des singles sortis par les          américains de Les Savy Fav, entre 1998 et 2004. Présentés dans   l'ordre anté-chronologique, ces 18 chansons prouvent avec panache   combien le groupe parvient à être en          phase avec les sonorités et les attentes de son époque. Le   revival "new wave"          n'aura jamais eu aussi bonne mine que sur l'épique Meet Me at   the Dollar Bin ou sur le          fantastique Hold On To Your Genre. Les références ne varient   pourtant pas. The Cure, Joy          Division, les Buzzcocks, Gang of Four, New Order, sont tous   évoqués par cette musique          décomplexée dont l'énergie charme la moindre réticence. 
                                      L'efficacité à tout prix, sans jamais laisser le temps à l'auditeur de s'ennuyer, ni            même de souffler. Les Savy Fav débutent souvent leurs chansons par un calme trompeur,            pour mieux les achever dans des déluges punks. Avec pour meilleur exemple le fabulissime            The Sweat Descends, qui ne fait pas de prisonnier et ne laisse pas d'autre alternative que        de s'abandonner totalement à cette musique généreuse et palpitante. Dance or die !  | 
                           
                        
                       
                   
                      
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                    Annie
                    Anniemal
                    
                      
                        
                          
                            Elle nous vient du nord, vous savez, la Norvège, l'autre pays de la musique couverte          de sucre glacé. Elle est un peu bizarre et adore créer sa propre légende. Elle n'a          pourtant pas froid aux yeux, n'hésite jamais à laisse aller son ego et à sampler          Madonna avec désinvolture. Elle, c'est Annie, la nouvelle égérie pop des           esthètes.          L'objet du délit, c'est Anniemal, le hold-up musical doux-amer de l'année.  
                                      Un véritable coffre   aux trésors, où brillent une dizaine de joyaux,            jonglant entre l'évidence mélodique la plus charmante (le   single Chewing Gum, Me Plus            One, Greatest Hit), des méandres plus nuancés et inattendus   (Always Too Late, Happy            Without You) et surtout la fusion idéale entre cette pop la   plus vivifiante et des            tonalités résolument matures (My Heartbeat, sans doute le   délice de 2004, l'euphorisant Anniemal, Come Together qui rendrait Kylie   Minogue verte de jalousie). 
                                      D'ailleurs, avec ce premier album, Annie donne un terrible coup de vieux à toutes les            bimbos des dancefloors. Même notre chère Britney obtient un aller simple pour la maison            de retraite. La musique pop, en particulier cette "bubble pop" dont la Annie de            Chewing Gum se revendique explicitement, est un univers où l'on ne peut pas espérer            rester longtemps au sommet. Une saison, parfois deux... Puis on tente des come-backs plus            ou moins réussis, avec un succès généralement décroissant. Le seul espoir étant de            se faire une petite place culte dans le coeur de certains auditeurs. Avec Anniemal, Annie        a déjà accompli admirablement cette tâche si délicate. On ne l'oubliera pas.  | 
                           
                        
                       
                   
                      
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                    The Fiery Furnaces
                    Blueberry Boat
                    
                      
                        
                          
                            Le retour vers l'innocence. 
                                      Écouter de la musique pour la première            fois. Être surpris à chaque note. Être amusé et ému. Bêtement et miraculeusement. Sans            la moindre once de cynisme ou de lassitude.  
                                      The Fiery Furnaces auront proposé avec leur            Blueberry Boat une synthèse de ce que le rock et la pop pouvaient offrir de meilleur en            2004. Jouissif d'un bout à l'autre, leur très ambitieux album, derrière sa complexité            apparente préserve l'essentiel : le plaisir immédiat de l'auditeur. De la pureté de            Birdie Brain au tranchant d'un Straight Street en passant par les méandres de Quay Cur et            Chris Michael, les Fiery Furnaces ne se séparent jamais d'une fraîcheur inestimable et            d'un ludisme qui autorise des dizaines d'écoutes sans jamais lasser. 
                                      Véritable fresque intime, Blueberry Boat            intrigue autant qu'il charme, en ne reculant ni devant les errances les plus abstraites,            ni devant les mélodies les plus évidentes. Pour mieux créer un tout cohérent, aussi            monumental dans sa totalité que délicat dans son détail. On aura écouté peu de moments            aussi exaltants en 2004 que la rupture pop au milieu de Chief Inspector Blancheflower, que            l'ouverture électronique de Blueberry Boat, que les montagnes russes de Chris Michaels,            que la pureté mélancolique de Spaniolated, que la voix bondissante de Birdie Brain... 
                                      Blueberry Boat est une fête foraine de            cristal, qui virevolte, qui clignote, qui effraie, qui émerveille, qui chuchote, qui        bondit et qui en-chante mieux que tous les autres...   | 
                           
                        
                       
                   
                                          
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                    The Arcade Fire
                    Funeral
                    
                      
                        
                          
                                   En 2004, sur les ruines symboliques de notre          monde, un disque a vu le jour. Se nourrissant de la souffrance humaine, sous tous ses          aspects, pour la refléter dans le miroir de l'espoir, pour la transformer en un chant          passionné, lyrique, débordant de l'énergie la plus sincère, la plus essentielle. 
                                      Funeral est un torrent de larmes, un            crève-coeur. Tout en nous donnant en permanence l'impression que nos êtres les plus            chers nous serrent dans leurs bras, nous rassurent et nous redonnent courage. The Arcade            Fire contemple la mort, la séparation, l'injustice, la peur et la rage, droit dans les            yeux, sans détour. Et chacune de leur chanson triomphe, chacun de leur mot guérit les            plus profondes blessures. 
                                      Quand l'amour s'enfuit, comme dans Crown of            Love, l'intensité de la complainte débouche sur un rythme de résurrection. Quand            l'amour se fait inaccessible, rien n'est impossible pour le rejoindre, et on n'hésitera            pas à creuser un tunnel sous la neige qui a englouti le monde, comme dans Neighborhood #1            (Tunnels), peut-être la plus belle chanson de 2004. 
                                      Face à la léthargie du monde, les hymnes            sont les premiers porteurs de la révolte. Des cris sublimes, comme sur le dévastateur            Neighborhood #3 (Power Out), l'étourdissant Wake Up ou le monumental Rebellion (Lies).            Entre ces déflagrations, le groupe réserve des instants de murmures mélancoliques (Une            Année Sans Lumière), angoissés (Haïti), ou totalement déchirants (la conclusion            transcendante de In The Back Seat).  
                                      Comparé à Funeral, tout ce qui a pu nous            bouleverser dans le rock paraît soudainement obsolète, froid, lointain. Pour évoquer            cette musique, il faudrait citer Nick Drake, Neil Young, Kate Bush, sans doute            Grandaddy... Mais rien ne se compare à l'état de grâce de The Arcade Fire. 
                                      Impossible de décrire ce que l'on ressent            en écoutant ce Power Out, et de s'imaginer soudain pouvoir triompher de tout, de toutes            les épreuves, toutes les angoisses. Sur Tunnels, les larmes aux yeux, on veut aimer, plus            fort, tout de suite, éternellement. Funeral est un album qui donne envie d'être heureux,            et surtout de rendre heureux. Et de se sentir vivre, de profiter pleinement de notre            existence, de partager ce qu'il y a de meilleur et de plus intense en nous. 
                                      Alors peu importe que Funeral soit de loin            mon disque de l'année, que The Arcade Fire soit le nouveau plus grand groupe du monde,            peu importe ce que je peux raconter. Cette musique peut changer votre vie. Une fois, dix        fois, cent fois. A chaque écoute, peut-être...  | 
                           
                        
                       
                   
                     
                    Hors Classement
                      
                    Brian Wilson
                    Smile                    
                    
                      
                        
                          
                                    J'ai déjà évoqué sur ce site le fantôme de ce disque mythique porté disparu          pendant plus de 30 ans. Ce qui devait être la réponse au Revolver des Beatles et donc le          plus grand album de l'histoire de la pop, n'arrive enfin achevé que peut-être bien tard.          S'il était sorti en 1967, Smile aurait changé la face du monde (au moins du monde de la          musique (et aurait mis Paris en bouteille)). Le plus regrettable étant sans doute que les chansons sublimes qui le          constituent aient été dispersées après le naufrage du paquebot Smile. Dans des          versions inachevées, mais déjà magnifiques, nous connaissons par coeur Good Vibrations,          Surf's Up et Heroes & Villains. On a alors l'impression que, comme Frank Black, Brian          Wilson "profane les Saintes Écritures".  
                                      Mais bien vite on réalise que ce Smile fidèle à la vision de Wilson est sans doute            le chef-d'oeuvre définitif qu'il promettait d'être. Et ce n'est pas le moindre des            exploits que de parvenir à ne pas décevoir après une si longue attente. Grâce à une            production miraculeuse et à des mélodies inégalées, Smile s'offre enfin à nous dans            toute sa perfection.  
                                      La voix un peu chancelante, un peu usée, de Brian Wilson, offre en émotion ce que            l'absence des Beach Boys au complet fait perdre en angélisme. Mais peu importe les anges,        Brian Wilson est le premier des immortels.  | 
                           
                        
                       
                   
                     
                      
                    Frank Black Francis                    
                    
                      
                        
                          
                                    2004 fut bien sûr marquée par la reformation des Pixies. L'événement se trouva            amplement commenté, en long, en large et surtout de travers. Et après la série de            concerts et les deux titres enregistrés par le groupe réuni, on ne peut pour l'instant            conclure qu'une seule chose : les Pixies ressuscités sont beaucoup moins grands vivants            que morts. Car, aujourd'hui, quand tant d'autres musiciens ne cessent de s'inspirer de            leurs percées révolutionnaires, les Pixies semblent bien obsolètes, ce qui est pour le            moins paradoxal de la part d'un ex-plus grand groupe de rock du monde... On attendra avec            intérêt le nouvel album (produit par Tom Waits, ce qui est rassurant), prévu pour 2005            et on se consolera amplement avec la dernière folie de Charles Thompson, aka Black            Francis, aka Frank Black, aka Frank Black Francis (mais pas aka The Bride...). 
                                      D'après le monsieur, ce disque était en projet depuis déjà quelques années, mais            son arrivée, juste après la reformation des Pixies, est extrêmement bienvenue. La chose            se présente sous la forme d'un double disque. Le "principal", contient les            toutes premières démos enregistrées par Black Francis, seul avec sa guitare, dans le            but de séduire un producteur. Même si l'énergie adolescente de Charles Thompson fait            plaisir à entendre, on se retrouve avec toujours les mêmes scies du début de carrière            des Pixies, dans des versions finalement très similaires à celles que nous connaissons            par coeur. Bref, on écoute la chose à titre documentaire et on la range sans regret dans            la pochette. 
                                      Heureusement il y a le disque "bonus", Frank Black ayant jugé qu'il était            dommage de refourguer aux fans une énième compilation de démos à l'intérêt            discutable. Et diantre, que le gros génie avait une nouvelle fois raison ! 
                                      Ce deuxième disque, enregistré en 2003, propose de nouvelles versions de grands            standards des Pixies, par ledit Frank Black secondé par les deux membres des Two Pale            Boys. Le résultat est un vrai bouleversement, le coup de pied au cul salutaire qui            dépoussière le "gospel" pixisien avec un bonheur quasi total. Les classiques            sont passés à la moulinette électronique, dépouillés de leurs oripeaux rocks, pour se            métamorphoser en de voluptueuses et cotonneuses errances peuplées de cuivres et            d'accents "ambient" rêveurs. 
                                      Certaines chansons, que l'on avait sans doute trop entendues, trouvent une seconde            jeunesse. Where Is My Mind resurgit des profondeurs, portée par un Frank Black qui n'a              peut-être jamais aussi bien chanté que sur ce disque. Des bruitages incongrus et des            silences fascinants piratent nos habitudes. Les cuivres de Nimrod's Son transforment la            comptine en un objet tordu, inquiétant et drôle, que n'aurait pas renié un certain Tom Waits. Wave             of Mutilation, épurée, est troublante. La version            chaloupée de Monkey Gone To Heaven réjouit et Velouria devient une sublime complainte            fêlée. The Holiday Song copule avec des mariachis funèbres et l'angoissante relecture            de Is She Weird redonne toutes ses couleurs menaçantes à ce chef-d'oeuvre. Subbacultcha,            en boîte à musique détraquée, définitivement enfant cachée de Tom Waits, est            peut-être supérieure à son apparences d'origine. Et la très audacieuse épopée de            Planet of Sound conclut l'album le plus original et passionnant du vaste univers Frank            Black Francisien, depuis ses débuts en solitaire.  
                                      Sur la base de chansons reconnues comme d'intouchables classiques, le sieur Francis            s'amuse et expérimente, en laissant transparaître une mélancolie onirique qu'on ne lui            connaissait presque plus. Sur la seule foi de ce disque incroyable, on pardonne la fameuse        reformation et on attend la suite avec impatience.  | 
                           
                        
                       
                   
                     
                    Singles
                    
                      
                        
                          
                            -10-  
                                
                              Franz Ferdinand - Darts of Pleasure 
                                      S'il faut vraiment s'incliner devant la suprématie des Franz Ferdinand, que ce soit au            moins pour ce single efficace, qui trouve le juste équilibre entre énergie dansante et            tonalités pop.                               
                              -9- 
                                 
                              The Strokes - The End Has No End 
                                      Leur second, et pourtant très plaisant, album, Room of Fire, peinait à retrouver le            succès de Is This It. En France c'est grâce à une judicieuse publicité pour l'EDF que            les Strokes ont gagné un second souffle. Mais peu importe la vitrine que leur a procuré            ce lucratif partenariat, car l'important demeure la musique, ici absolument excellente. La            synthèse entre rythmes électroniques, accents de techno-pop et purs envolées de            punk-rock a rarement trouvé une telle plénitude. Terriblement addictif, The End Has No            End est le sommet des Strokes et l'une des bandes-son les plus représentatives de 2004             (disponible aussi en sonnerie polyphonique).                               
                              -8- 
                                
                              Bombes 2 Bal - La Voiture 
                              "Et voilà les flics sont là... On va voir s'ils sont sympas..."                               
                              -7- 
                                 
                              The Walkmen - The Rat 
                                      On n'écoute pas The Rat, on se le prend dans la gueule. Un cri brutal et cruel, sans            concession, en forme d'hymne rock. Un vrai tourbillon qui laisse l'auditeur cloué sur son            siège.                               
                              -6-  
                                 
                              Iron & Wine - Naked as we Came 
                                      L'évidence folk dans toute sa pureté. Une guitare acoustique, une voix fragile,            quelques accords cristallins et un thème déchirant. Il suffit alors d'à peine deux            minutes pour faire de cette chanson l'un des instants les plus touchants de l'année.                               
                              -5-  
                                 
                              Les Savy Fav - The Sweat Descends 
                                      Ce pourrait aussi être le single de l'année, mais il vaut mieux acquérir Inches en            son entier. Cependant, difficile de ne pas souligner à nouveau l'efficacité démentielle            (oui, j'ai bien dit démentielle) de ce brûlot punk-rock débordant d'une énergie            purement physique et donc d'un érotisme dévastateur. Le souverain "Meet me where              the sweat descends!" aura été l'un des mots d'ordre de 2004.                               
                              -4- 
                                 
                              The Arcade Fire - Neighborhood #1 (Tunnels) 
                                      La plus belle chanson de l'année. Sublime, intense à crever sur place, d'un lyrisme    à chialer toutes les larmes de son corps. Achetez Funeral, par la malepeste !                               
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                              Annie - Chewing Gum 
                                      Sans doute pas la plus fastueuse perle de son formidable Anniemal, mais néanmoins un            poison pop de plus délicieux effet, ce Chewing Gum aura permis à la primesautière Annie            de pirater durablement nos cerveaux. La recette est simple, évidente : un bon rythme, une            jolie voix, de l'insolence, de la personnalité, de la fraîcheur et un refrain purement            irrésistible. Son album est un petit chef-d'oeuvre de bubble-pop et Annie est la nouvelle            princesse du genre. Chewing Gum est son étendard.                               
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                              The Go!Team - The Power Is On 
                                      En secouant les cadavres du KLF et du Thrill Kill Kult, The Go!Team a repeuplé les            dancefloors avec le wall of sound spectorien et le délire burlesque emprunté aux plus    épuisants cartoons. Pièce montée gargantuesque de samples, de choeurs féminins idiots            et de beats conquérants, The Power is On est aussi effroyable que réjouissant. Pour se            défouler à tous les moments du jour et de la nuit.                               
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                              Britney Spears - Toxic 
                                      Il fallait bien que cela arrive un jour. Il fallait bien que ma Bit-Bit pose sa voix            sur une bonne musique et offre enfin un single indéniablement génial. Même les plus            farouches détracteurs de la "girl next door" la plus agréablement exaspérante            des années 2000, reconnaissent des qualités à ce Toxic hautement contagieux. Un beat            sévèrement membré, une coulée de violons vicieux, une petite guitare surf titillante,            des mélodies dissonantes et Britney usant comme jamais de son charme pervers. Résultat            : une chanson fichtrement bien biaisée, toute en faux-semblants et en coups bas. Le            chemin fut long, laborieux et parfois indéfendable, mais Britney Spears a enfin gagné sa        place au panthéon pop.  | 
                           
                        
                       
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