10

73 Ko

Shrek 2

        La surprise était ravissante, le moment était délicieux, Shrek 2 s'imposait comme une comédie foisonnante et terriblement poilante. L'accumulation de gags, de parodies et de références diverses n'était nullement assommante, mais juste réjouissante. Le plaisir de pouvoir s'amuser, sans se poser de questions, en s'abreuvant des pires facilités et de quelques trivialités aussi consternantes qu'hilarantes.

        Shrek 2 mise tout sur sa richesse et son rythme, pour mieux culminer sur un final grandiose, qui compte parmi les instants cinématographiques les plus ludiques de l'année. Alors pourquoi bouder son plaisir ? Le divertissement était plus que parfait !

 

9

75 Ko

L'Armée des Morts

        Oser un remake du cultissime Zombies de George Romero, c'était déjà une quasi provocation. Réussir ledit remake, c'est carrément inattendu! Balayant le sous-texte politique un peu daté et finalement inimitable du film original, Zack Snyder mise sur l'intensité de son sujet et met en scène un pur divertissement horrifique mené de main de maître.

        Car il en fallait de la dextérité pour clouer ainsi le spectateur et la spectatrice à son fauteuil pendant près de deux heures (le film paraît nettement plus court). La tension se fait ainsi palpable dès l'impressionnant pré-générique et ne se relâche jamais. L'expérience nous laisse haletant, malgré quelques petites carences rythmiques passagères et vite comblées par l'arrivée d'une nouvelle séquence renversante. L'Armée des Morts s'impose donc comme une friandise d'épouvante à la saveur délectable.

 

8

80 Ko

Eternal Sunshine of the Spotless Mind

        Les histoires d'amour finissent mal. En général et en particulier dans le mélodrame tortueux de Michel Gondry. Et si après la séparation, nous pouvions tout effacer ? Tout effacer pour mieux recommencer ? Eternal Sunshine s'achève sur un nouveau départ, certes, mais sans oser répondre à la question de l'éternel retour, de la fatalité. Gondry préfère un optimisme discret. Auparavant il se sera attardé sur des jeux de l'esprit parfois effectivement très drôles et sur la place du souvenir dans nos existences. Si l'important c'est d'aimer, l'essentiel est de ne pas oublier.

        La mémoire comme clef de nos sentiments, présentée comme insaisissable au fil de la fuite éperdue d'un Jim Carrey au sommet de ses nuances, essayant de préserver le reflet d'une Kate Winslet idéalement frivole et touchante. S'il est dit que tout doit disparaître, Eternal Sunshine of the Spotless Mind est un hymne aux plaisirs de vivre, d'aimer et de se souvenir.

 

7

77 Ko

Spider-Man 2

Après les exemples de Batman, X-Men et Blade, vient encore s'ajouter une preuve que la suite d'un film de super-héros peut être supérieure à l'original. Plus spectaculaire et beaucoup plus touchant que le premier Spider-Man, ce nouvel opus conjugue les données essentielles du blockbuster contemporain (bruit, fureur, destructions massives, surenchère à tous les étages) avec un classicisme hollywoodien naïf et délicat. Derrière les lourdes métaphores sexuelles et les affres de la libido des protagonistes se cache une jolie histoire à l'ancienne, soigneusement enluminée par un Sam Rami amoureux fou de son sujet.        

Débordant de sincérité, le cinéaste réussit même l'un des plus mémorables plans de l'année, en faisant courir sa Mary-Jane au ralenti, en robe de mariée. Cela devrait être ridicule, c'est juste désarmant et émouvant. Les scènes d'action sont affolantes, l'humour omniprésent et les acteurs tous impeccables. Plus d'une fois pendant la séance, un frisson d'excitation nous parcourt. Inoubliable!

 

6

74 Ko

May

        Chaque année, une petite série B, surgit d'à peu près nulle part, éclipse presque tous les "grands" films. Encore plus que Willard en 2003, May aura fait étinceler les couleurs du cinéma Fantastique, humble, artisanal et sincère. L'histoire, ma foi, on la connaît par coeur : le conte du vilain petit canard qui grandit pour devenir un vilain grand cygne. Et en nourrir une rancoeur qui le mène à la folie, à la vengeance et à une mort très morale. Mais contrairement au schéma classique, la May de Lucky McKee est dès le départ un joli petit canard auquel on s'attache et qui nous rappelle bien des tourments de notre enfance et de notre adolescence. May est belle, touchante et diantrement fêlée, se protégeant des désillusions en rêvant d'un ami idéal. Qu'il soit une amie, un petit ami, un frère, une soeur, et surtout un double d'elle-même, en mieux. Tout en même temps! La chimère du Dr. Frankenstein, mais en plus égoïste, en plus intime. Une créature à aimer et qui vous aime. Un double, qui extériorise toutes nos blessures, nos plaies et nos coutures maladroites.

        Derrière l'horreur des meurtres, bourrée d'humour noir et de tendresse morbide, se cache un conte délicat. Une fable dédiée aux âmes solitaires, aux hurlements silencieux des jours gris, quand on aimerait que les objets inanimés aient soudain une âme et que nos larmes trouvent auprès d'eux une épaule réconfortante. Pour May, cette épaule est très explicitement de chair et de sang, quand le point de non-retour est atteint.

        Et devant cette inévitable conclusion tragique, le film refuse de juger et plonge dans l'onirisme pour offrir enfin à May l'apaisement qu'elle mérite. Jamais une si discrète série B d'horreur ne nous aura autant ému.

 

5

89 Ko

Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban

        Ne le cachons pas plus longtemps, l'année cinématographique 2004 aura aussi été marquée pour votre serviteur par l'effondrement de mon cher Tim Burton, qui a signé avec Big Fish le seul véritable mauvais film de sa carrière. Un hymne à la banalité et au cynisme, dissimulé derrière un mélo gluant, un onirisme télévisuel et des figures de style radotées jusqu'à l'écoeurement. En contrepartie, 2004 a donné naissance à une poignée de films plus ou moins proches de l'univers burtonien, qui, tout en possédant leur propre personnalité, ont fait échos à certains thèmes, visuels et narratifs, de Tim Burton. Le Spider-Man 2 de Sam Raimi en fait bien sûr partie, de même que le May de Lucky McKee. Mais c'est sans doute le troisième volet de l'ample saga des Harry Potter, transcendé par Alfonso Cuaron, qui aura le plus idéalement ressuscité l'esprit de M. Tim.

        Avec une grande fidélité à l'excellente oeuvre littéraire, Cuaron n'a de cesse d'enchaîner les audaces. Sa mise en scène, qui emprunte finalement plus à Peter Jackson, possède un dynamisme qui faisait tant défaut aux deux premiers films de la série. Il n'hésite pas non plus à verser vers les aspects les plus durs du livre, sans pour autant nuire à la magie de l'ensemble. Au contraire, les envolées (littérales) formelles renforcent l'atmosphère d'Hogwarts et la personnalité de ses habitants. Beaucoup plus sombre et effrayant, cet Harry Potter nous rappelle les plus excitantes heures des premiers Star Wars, Indiana Jones, Gremlins et autres Secret de la Pyramide. Le temps où les films "familiaux" ne prenaient pas leur public pour des bébés ou des abrutis gavés de télévision et nous donnaient l'impression de vivre une aventure au sein d'une salle de cinéma.

        D'où une plus grande implication émotionnelle. Et le spectateur en vient même à s'attacher au magnifique Buckbeak, la plus parfaite créature Fantastique que les effets spéciaux nous auront offert cette année. On est ébloui, on frémit, on ne s'ennuie pas une seule seconde, et on se dit qu'il est donc encore possible à Hollywood, avec une franchise théoriquement intouchable, de créer des chefs-d'oeuvre originaux. Le fantôme du Batman Returns de Tim Burton n'a jamais été aussi présent que dans les couloirs emplis de monstres et de merveilles de cet Harry Potter.

 

4

78 Ko

Gerry

        Réapprendre la durée. Réapprendre l'espace. Les considérer à nouveau comme des données essentielles de l'émotion cinématographique. Le pari est osé, risqué, et l'on pourra se heurter très facilement à l'incompréhension et à l'ennui du spectateur. En contant l'une des plus vieilles histoires du monde (Abel et Caïn, perdus dans une Odyssée minimaliste), Gus Van Sant épure en apparences son cinéma. Jusqu'au néant. Jusqu'à la disparition de presque tout. Les deux héros finiront à petits pas dans le désert le plus immaculé. Le temps d'un plan hallucinant, Van Sant suit leur lent cheminement pendant que l'aube paraît. Et le spectateur d'éprouver des sensations si rares devant un film. Une extase esthétique étonnante, un émerveillement devant une perfection plastique et symbolique qui fait échos aux chefs-d'oeuvre d'un Tarkovski (référence de plus en plus incontournable, que l'on retrouve aussi chez le Oshii d'Innocence).

        L'homme en tant que pure représentation de lui-même, face à son désarroi, face à son errance existentielle, face à l'infini et à la puissance de la Nature. L'homme, minuscule, faible et perdu, qui ne s'échappera du labyrinthe qu'en reproduisant le crime originel. Un éternel recommencement, conclusion pessimiste d'une oeuvre intense, audacieuse, dont la magnificence formelle dissimule à peine la précieuse intelligence.

 

3

80 Ko

Les Indestructibles

Ta tadam ! Ta ta ta ta tadam !

        L'exaltation pure ! La jouissance cinématographique dans toute sa splendeur ! Oh certes, Pixar nous avait habitué à cela. Mais en s'aventurant, sous l'égide du génial Brad Bird, sur le terrain du blockbuster d'action, le studio a exploré des territoires inédits dans le domaine du divertissement familial. Des thèmes d'une plaisante maturité, une violence de plus en plus saisissante et une psychologie de plus en plus fouillée se sont tout naturellement invités au sein du grand spectacle et de la comédie désopoilante.

        Et l'on est conquis, ravis, heureux ! E ! R ! E ! Devant ce mélange de cool attitude 60's qui ressuscite les plus succulentes heures de James Bond et d'action époustouflante proche de celle des jeux vidéos. On se laisse prendre au piège comme un môme et si le film est sans doute moins directement comique que les précédents Pixar, il est aussi beaucoup plus impressionnant et enthousiasmant pour l'esprit. Je me posais la question en ces lieux l'année dernière, mais oui, The Incredibles le confirment, Pixar a encore fait mieux !

 

2

68 Ko

Ghost In The Shell 2 - Innocence

        Innocence est une oeuvre qui donne le vertige. Le vertige des sens, tout d'abord, évidemment. Le vertige du sens, ensuite, forcément, par la richesse de sa réflexion. Enfin, pour faire un piètre jeu de mots, le vertige de l'amour, tant le dernier film de Mamoru Oshii s'adresse avant tout au coeur.

        L'erreur la plus regrettable que l'on pourrait commettre devant Innocence serait de se laisser submerger par la complexité apparente de son scénario, par ses innombrables digressions et par l'abondance de ses références, et ainsi oublier que l'oeuvre est avant tout une expérience des sens. Une scène comme le carnaval de la vieille ville, avec la beauté littéralement sublime des images et de la musique, en dit tout autant que les dialogues les plus abscons.

52 Ko

        À tous les niveaux, Innocence est une amélioration de Ghost In The Shell, le film étant parfois repris explicitement, entre clins d'oeil et révolution esthétique. La pensée de Oshii s'est enrichie, sans jamais oublier l'émotion. Au contraire, le metteur en scène joue sur les données du premier film pour mieux toucher le spectateur de plus en plus complice. Difficile alors de ne pas être touché par les retrouvailles longuement différées de Batou et Motoko ou quand le thème musical inoubliable s'immisce dans la nouvelle partition de Kenki Kawaï.

        D'un point de vue purement cinématographique, Innocence est déjà un chef-d'oeuvre, offrant un  univers inoubliable, une histoire passionnante et des personnages attachants. Oshii ménage au mieux les séquences d'action, superbement chorégraphiées, les dialogues toujours aussi mélancoliques et les scènes poétiques en apesanteur. Les images inoubliables se succèdent, le mélange entre images de synthèse et animation traditionnelle donnant naissance à un univers inédit qui renforce la filiation de GITS avec Blade Runner, le monument fondateur de Ridley Scott.

54 Ko

        Mais bien sûr, par-delà ses qualités esthétiques et narratives, ce qui fait de Innocence un tel chef-d'oeuvre, c'est ce qu'il dit de nous et de notre futur. Comme dans Ghost In The Shell, le thriller n'est qu'un prétexte. Un prétexte pour évoquer des thèmes d'une actualité philosophique évidente. Essentiellement les conséquences des "améliorations" de l'être humain, que ce soit par la génétique, la cybernétique, la mondialisation des connaissances, la spécialisation à outrance des individus, etc... La tentation est alors grande d'abandonner l'incarnation pour n'être plus qu'une donnée du réseau, une parmi l'infinité, insaisissable, quasi immortelle. La tentation de se fondre dans l'illusion et accepter l'existence comme un vaste simulacre, une maison de poupées en trompe-l'oeil ou un carnaval baroque.

        Devant l'abandon d'une réalité, déjà mise à mal par l'acceptation de la subjectivité, seuls les sentiments nous lient encore à l'humanité, au-delà de son inévitable disparition. L'amour de Motoko et Batou, l'adorable Gabriel, la famille de Togusa et la volonté de préserver l'âme, le "Ghost", en fait l'innocence du titre, même chez les poupées désarticulées. Voilà ce qui fait d'Innocence une oeuvre si inestimable. Que l'essence de l'humanité lui survive, qu'elle soit transmise à ses successeurs, qu'ils soient androïdes, programmes informatiques ou poupées de chiffon.

        Comme le premier Ghost In The Shell, Innocence est une oeuvre résolument optimiste. Et derrière sa mélancolie omniprésente, son désenchantement technologique, se cache les plus touchantes promesses. A l'image de celle de Motoko à Batou : à présent, sur le réseau infini, il ne sera jamais seul...

 

1

77 Ko        61 Ko

Kill Bill 

        Qu'est-ce que le cinéma ? Qu'est-ce qui fait l'essence du 7e art ? Son originalité et sa force par rapport aux autres modes d'expression ? Inconsciemment, sans doute, Quentin Tarantino construit une oeuvre qui répond idéalement à ces questions. Avec une infinie générosité et un seul mot d'ordre : divertir. Si le public s'amuse en même temps que le metteur en scène, le pari est gagné. On pourra alors raconter n'importe quelle histoire, montrer les pires débordements de violence et de gore, insérer une séquence en dessin animé, faire pleurer sur le sort d'une poignée de "murdering bastards", aligner les références cinéphiliques les plus pointues sans jamais perdre le spectateur, mélanger les genres, les styles, les émotions.

44 Ko

        Le cinéma de Quentin Tarantino est un cinéma de séduction permanente, toujours renouvelée, à chaque minute de ses films. Un plan inattendu, un morceau de musique jouissif, une réplique classieuse, une performance d'acteur et le plus souvent tout en même temps, le cinéma de Quentin Tarantino est si cool, si immédiatement délicieux que l'on en oublie presque qu'il est avant tout d'une complexité rare. Et toujours en équilibre entre le génie et le grotesque, le plaisir et l'ennui.

45 Ko

        Mais en tant que petit miracle sur pellicule, Kill Bill (volumes 1 & 2), plus encore que Pulp Fiction, est peut-être le chef-d'oeuvre de son réalisateur. La richesse de l'univers et surtout l'intensité émotionnelle progressive de l'oeuvre en font le parfait accomplissement (évidemment provisoire) du talent de Tarantino.

42 Ko

        Il y magnifie sa muse, Uma Thurman, qui trouve ici le rôle de sa vie. Il ressuscite un second couteau flamboyant, David Carradine, né pour incarner les assassins émouvants. Et il offre à une poignée de stars, plus ou moins déchues ou méconnues, des scènes forcément anthologiques. Certaines entrent directement au panthéon du cinéma jouissif, telles les origines d'O-Ren, l'épique combat final du volume 1, l'enterrement de The Bride, l'entraînement avec Paï Mei et bien sûr le face à face avec Bill. Et après 4h de calvaire pour son héroïne, Kill Bill ébauche sa conclusion sur un plan sublime d'une Uma Thurman pleurant de joie sur le sol de la salle de bain d'un Motel perdu.

48 Ko

        Le plan de l'année pour le film de l'année. Une oeuvre qui s'apprécie de plus en plus au fil des visions et qui fait déjà partie de nos bonheurs cinématographiques cultes. Ceux qu'on ne cesse de revoir, avec le même sourire et la même petite larme qu'au premier jour. Rarement un film aura autant clamé son amour du 7e art. Rarement on aura autant aimé un film !

49 Ko

 

Hors Classement

79 Ko

Kiki's Delivery Service

        Un Miyazaki moins écologiste et spectaculaire qu'à l'habitude, mais plus intime, Kiki's Delivery Service évoque le passage à l'âge adulte mais aussi le doute, avec une justesse à peine égalée dans le chef-d'oeuvre Le Voyage de Chihiro.

        Très drôle et tendre, Kiki parvient d'autant mieux à faire accepter des sujets fort délicats. La magie de l'enfance s'évanouit pour faire place à la force et au courage de l'adulte qui vise la sagesse et son plein accomplissement au sein du monde. In extremis, en un souffle tétanisant, Kiki retrouvera ses pouvoirs. Différents, car éclairés par la réflexion et les expériences. L'adorable chat, Jiji, ne lui parlera plus le langage des humains, le secret était un privilège du monde des enfants. Mais Miyazaki offre en contrepartie à son héroïne les promesses du plus radieux des avenirs. Transformant ainsi Kiki's Delivery Service en un conte éclatant et universel.

 
 
 
 
 
 
 
 
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