J'ai déjà parlé de la plupart de mes séries préférées de 2017 dans un autre article, donc je ne vais pas trop me répéter et j'en rappelle la majeure partie dans les mentions spéciales ci-dessous. Lesdites mentions spéciales incluent de vraies réussites qui font partie des incontournables de 2017, ne vous y trompez pas.

Il y a beaucoup de séries que je n'ai pas encore eu le temps de voir et qui ont des chances de me plaire (The Deuce, Mindhunter, Star Trek Discovery, DARK...). D'autres que j'ai vues et que vous êtes nombreux à apprécier, mais qui m'ont laissé de marbre ou qui m'ont carrément donné l'impression de perdre mon temps (Stranger Things saison 2, Big Little Lies, The Leftovers saison 3 et ne me parlez même pas de Game of Thrones, ça fait longtemps que ce n'est même plus dans mon programme).

Au final, ce sera un top 6 non classé, mais avec des commentaires.


 

Mentions spéciales

Sense8 - Saison 2

Unbreakable Kimmy Schmidt - Saison 3

American Vandal - Saison 1

The Expanse - Saison 2

Master of None - Saison 2

Doctor Who - Saison 10

The Handmaid's Tale - Saison 1

Rick & Morty - Saison 3

Trollhunters - Saison 2

 

Mention documentaire

The Vietnam War de Ken Burns et Lynn Novick

 


 

Le top 6

 

Better Call Saul - Saison 3

C'est un suspens psychologique dont on connaît déjà les principaux dénouements. En bonus : un peu d'action sophistiquée, de la débrouille, des rebondissements et des bons mots. Mais le plus important, ce sont les personnages, dépeints avec un soin, un amour, une justesse sans égal. Le format télévisé est parfait pour cela : prendre son temps, tout son temps, pour avancer doucement, mais sûrement, vers un horizon clairement défini. C'est un chef-d’œuvre d'écriture. Et d'interprétation. Et, bien sûr, de mise en scène. Je l'ai déjà souvent écrit. Mais il faut le répéter, parce que, malheureusement, on a un peu trop tendance à prendre Better Call Saul comme le rejeton, pas indigne, mais juste le rejeton de Breaking Bad, série autrement plus importante. Taratata, le rejeton est en train de dépasser son géniteur.

 


 

The OA - Saison 1

Quelle série extraordinaire, quelle expérience ! On commence par être intrigué, puis on devient perplexe, arrivé au milieu on commence à détester cette histoire qui sent la fumisterie mystique ou, au mieux, la SF banale. Et, comme par magie, par un tour de passe-passe génial, le dernier épisode réécrit tout ce qui a précédé. C'est une série sur le pouvoir des histoires que l'on se raconte et que l'on raconte. Toute la mécanique est décortiquée, démantibulée, démystifée. C'était une tragédie sur fond de stress post traumatique, de psychose dissociative et d'une foultitude de symptômes annexes, un cas d'école. Le malaise était voulu, "l'ange" était, involontairement, un petit gourou en puissance. La série abjecte se transforme en renversante déconstruction des mécanismes de la croyance et de la fiction. Tout en demeurant le beau portait d'âmes en détresse. Une crainte persiste après cette conclusion parfaite : la saison 2 viendra-t-elle tout ruiner pour le simple plaisir de surprendre ? Et si, en fait, la série pyschologique virtuose n'était bien qu'une fumisterie mystique ? Ce doute légitime fait sans doute aussi partie de la réussite de The OA...

 


 

GLOW - Saison 1

Dans le genre rétro-nostalgique, GLOW est une série mille fois supérieure à Stranger Things. Vous allez me dire que ça n'a rien à voir. Et pourtant si, ça a beaucoup à voir. Ne serait-ce que dans l'approche des années 80 qui sont ici une toile de fond qui ne vampirise jamais l'essentiel : les personnages. Là où Stranger Things propose des silhouettes, des archétypes vidés de toute substance, GLOW fignole son casting avec amour. A partir d'un sujet pas très noble (une série de catch féminin bien sexiste, raciste et gavée de tous les clichés imaginables), GLOW se réapproprie l'Histoire, la retourne, la secoue, la transcende. C'est un hymne à la prise du pouvoir par les faire-valoir et les exploitées. En plus c'est follement drôle.

 


 

The Good Place - Saisons 1 & 2

C'est une sitcom concept, un truc complètement dingue dont on ne peut pas trop parler pour l'instant sous peine de révéler ses rebondissements magnifiques. C'est une splendeur de comédie philosophique, un chef-d’œuvre du niveau d'Un Jour Sans Fin. Au moins. Pas moins. Avec une fantastique bande de comédiens (dont Kristen Bell, une des plus grandes actrices comiques de notre époque). Il va falloir me croire sur parole, il faut aller jusqu'au bout de la saison 1 (c'est très court), c'est une mise en place pour une saison 2 incroyable. C'est ma nouveauté préférée de l'année.

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Crazy Ex-Girlfriend - Saison 3

La meilleure série actuelle s'est surpassée durant la première moitié de sa troisième saison. En arrivant enfin aux inévitables événements augurés depuis le premier épisode, Crazy Ex-Girlfriend a atteint à la fois son pic de noirceur et son espoir de renouveau. Drôle, émouvante, avec un éventail de personnages tous plus humains les uns que les autres, la série plane très haut au-dessus du reste.

 


 

Twin Peaks - Saison 3

Ah, Candy ! Merveilleux personnage lunaire. Promesse d'un ailleurs, vestige du Twin Peaks fantasmé de notre (ma) jeunesse. Innocence qui semble cacher un passé tragique, feuille blanche surréaliste sur laquelle s’écrivent nos histoires, source décalée de burlesque et de mélancolie. Ah... Candy... Si toute la saison 3 de Twin Peaks avait suivi son regard perdu dans le vague, comme elle a parfois suivi celui de Dougie, le chef-d’œuvre aurait été indiscutable. Mais à force de vouloir faire somme théorique, de se rendre hommage à lui-même, de prendre tous les contre-pieds, David Lynch a signé une œuvre plus facile à disséquer qu'à aimer.

Il y a tout dans cette saison 3, et il n'y a rien. On peut tout lui faire dire, comme on peut ne rien en dire. C'est un bien bel objet universitaire, qui ne cesse de se moquer de son propre statut d'Œuvre d'Art. Un sublime dispositif théorique sur lequel bavent déjà les accros aux thèses qui expliquent tout et son contraire. Un gros doigt d'honneur aux fans, aux critiques, aux spectateurs. Un copieux pudding, traversé, malgré tout, par cette fameuse tendresse, ces petites concessions aux vieux amis. Le voyage est ainsi ombragé par le spectre de la mort, tout du long, la série se transformant en une sorte de bande hommage aux nombreux comédiens disparus.

C'est parfois beau, souvent déplaisant, avec un humour lynchien totalement en roue libre et une volonté d'embrouiller pour le fun, de créer du bordel pour le plaisir du chaos. Tout était la faute du péril atomique, après tout... Ou pas. Les scènes s'éternisent dans le néant, les dialogues s'enlisent sans sens, les gags sombrent lentement, se répètent et s'annulent. Indéniablement, ça ne ressemble à rien d'autre, l'expérimentation est constante, tout est imprévisible, les fulgurances abondent. Mais pourquoi ? Pour raconter quoi ? Et pour qui ? Qui s'en soucie ? Peu importe et à quoi bon.

Twin Peaks sans Cooper, Twin Peaks sans Audrey, Twin Peaks sans Truman, Twin Peaks sans Laura, Twin Peaks sans Twin Peaks. Ce n'est pas "Le Retour", mais bien "La Disparition".

Contemplez Candy et son regard plongé dans l'ailleurs. Si secret il y a, c'est certain, c'est elle qui le possède...

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
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