Le stoïcisme est l'un des systèmes philosophiques antiques les plus achevés. Il fut plus que pillé et déformé par les premiers Chrétiens qui l'utilisèrent en grande partie pour établire leur propre métaphysique. Fondée par Zénon de Cittium, l'école stoicienne (aussi dénommée Le Portique) a connu un succès considérable dans le monde antique (et ce durant près de cinq siècles). Tout d'abord en Grèce (avec Zénon et surtout Chrysippe), puis à la fois en Grèce et l'Empire Romain avec le Moyen Portique (avec Panaïtios et Posidonius, le stoicisme atteint son acme), puis dans l'Empire Romain seul avec le stoicisme impérial (dans les figures principales sont Sénèque, Musonius Rufus, Epictète et Marc-Aurèle).

    Malheureusement peu de textes des deux première périodes du stoicisme sont parvenus jusqu'à nous. Il faut donc se reporter à des commentateurs ou des historiens de l'époque (Diogène Laerce, bien sûr mais aussi Plutarque pour la première période, Cicéron pour le moyen stoicisme). Ces considérations historiques ont leur importance, car l'étude du stoicisme est chose passionante, malheureusement je n'ai ni le temps, ni les connaissances suffisantes pour me permettre de donner une présentation convenable de ce système exemplaire.

        Pour le moment je me contenterais donc de présenter quelques citations représentatives et marquantes. Mais j'encourage vivement les esprits curieux de se plonger au hasard dans les ouvrages dédiés au stoicisme (un Que Sais-Je ? par exemple, voire une oeuvre d'Epictète ou de Sénèque, pour débuter)

 

    "De toutes les choses du monde, les unes dépendent de nous, les autres n'en dépendent pas. Celles qui en dépendent sont nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinations, nos aversions ; en un mot toutes nos actions.

Celles qui ne dependent point de nous sont le corps, les biens, la réputation, les dignités ; en un mot, toutes les choses qui ne sont pas au nombre de nos actions." Epictète, Manuel, I.

   

    "Malheureux que tu es de n'avoir jamais été malheureux, tu as traversé l'existence sans rencontrer d'adversaire, pour se connaître il faut s'éprouver." Sénèque

 

    "Chrysippe disait : non seulement le mal n'est pas nuisible, mais il est nécessaire à la beauté du monde et il n'est pas bon de le supprimer." Plutarque

 

    "Si tu veux avancer dans l'étude de la sagesse, ne refuse point, sur les choses extérieures [cad ce qui ne dépend pas de nous], de passer pour imbécile et pour insensé. Ne cherche point à passer pour savant, et, si tu passes pour un personnage dans l'esprit de quelques-uns, défie-toi de toi-même. Sache qu'il n'est pas facile de conserver à la fois et ta volonté conforme à la nature et les choses du dehors ; mais il faut de toute nécessité qu'en t'attachant à l'un, tu n'égliges l'autre." Epictète, Manuel, XIII

 

    "Souviens-toi que tu es acteur dans une pièce, longue ou courte, où l'auteur a voulu te faire entrer. S'il veut que tu joues le rôle d'un mendiant, il faut que tu le joues le mieux qu'il te sera possible. De même, s'il veut que tu joues celui d'un boiteux, celui d'un prince, celui d'un plébéien. Car c'est à toi de bien jouer le personnage qui t'a été donné ; mais c'est à un autre de te le choisir." Epictète, Manuel, XVII

 

    "Tu veux devenir philosophe. Prépare-toi sur-le-champ à être raillé, et persuade-toi bien que le peuple va te siffler et dire : "ce philosophe nous est venu en une nuit. D'où lui vient ce sourcil arrogant ?" Pour toi, n'aie point ce sourcil superbe ; mais attache-toi fortement aux maximes qui t'ont paru les meilleures et les plus belles. Et souviens-toi que, si tu y demeures ferme, ceux même qui se sont d'abord moqués de toi t'admireront ensuite ; au lieu que, si tu cèdes à leurs insultes, tu en seras doublement moqué." Epictète, Manuel, XXII

 

    "De même que la force du corps est une tension suffisante dans les nerfs, de même la force de l'âme est une tension suffisante de l'âme dans le jugement ou l'action." Stobbée.

 

    "Quand on voit ce qui est maintenant, on a tout vu et tout ce qui s'est passé depuis l'éternité et ce qui se passera jusqu'à l'infini car tout est pareil en gros et en détail." Marc-Aurèle, Pensées, VI, 37.

 

    "C'est pour un bien que la nature est forcée d'agir comme elle fait. Tout ce qui arrive, arrive justement : c'est ce que tu reconnaîtras si tu observes attentivement les choses. Je ne dis pas seulement qu'il y a un ordre de succession marqué, mais que tout suit la loi de la justice et dénote un être qui distribue les choses selon le mérite. Prends-y donc bien garde, comme déjà tu as commencé ; et tout ce que tu fais, fais-le dans la vue de te rendre homme de bien ; je dis homme de bien dans le sens propre du mot : que ce soit là la règle constante de chacune de tes actions. N'aie jamais des choses l'opinion qu'en a celui qui t'offense, ou celle qu'il veut t'en faire concevoir : mais vois-les comme elles sont dans la réalité." Marc-Aurèle.

 

    "C'est une erreur de croire que la condition servile pénètre tout entier l'être humain. La partie la meilleure reste en dehors : si le corps est à la merci du maître et est inscrit à son lot, l'âme, elle, est autonome ; et elle est tellement indépendante et tellement libre de ses mouvements que cette prison elle-même où elle est enfermée ne peut l'empêcher de suivre son impulsion naturelle, de poursuivre quelque grande idée et de s'elancer dans l'infini, accompagnant les esprit célestes." Sénèque, Des Bienfaits, III.

   

    "Il faut vivre en accord avec la [sa] nature." Chrysippe

Un petit point d'explication concernant la fameuse vie en conformité avec la nature. On parle ici de la nature humaine qui est d'être raisonnable. Le but ultime de la raison humaine c'est d'atteindre la sagesse. On ne devra donc pas aller voir dans ce que dit Chrysippe un commandemant "écolo-bab" qui exorterait à retourner vivre à la campagne au milieu des petits animaux mignons. D'ailleurs le stoicisme est intellectualiste, c'est par la connaissance que l'on se rend vertueux. ("Nul n'est méchant volontairement mais par ignorance").

 

Quelques points importants de la doctrine stoicienne présenté sous la forme des titres de 6 essais rédigés par Cicéron sur le stoicisme :

"Seul le beau [dans le sens de beauté morale] est bien.

A celui qui possède la vertu, il ne manque rien pour être heureux.

Toutes les fautes se valent ; toutes les actions droites se valent.

Tout homme déraisonnable est un fou.

Seul le sage est libre et tout homme déraisonnable est un esclave.

Seul le sage est riche."

 
 
 
 
 
 
 
 
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