Lorsqu'on parle de Sherilyn Fenn, il faut bien avouer qu'on entre dans le domaine du "coup de cœur" pur et simple, de la subjectivité la plus totale. Car la filmographie de Madame Fenn ne comporte pas vraiment de rôle transcendant, ni même de pur chef-d'oeuvre. Encore plus que Sheryl Lee, Sherilyn Fenn doit quasiment toute sa notoriété à la série Twin Peaks et au rôle mythique de la divine Audrey Horne.

        La carrière de Sherilyn Fenn est donc une succession d'occasion manquée, de rôles secondaires dans des productions loin d'être impérissables... Faute de rencontrer LE rôle qui l'imposerait au cinéma, elle essaie encore aujourd'hui de capitaliser sur l'heure de gloire consécutive au succès de Twin Peaks.

        Pourtant Sherilyn Fenn est une de mes actrices favorites. Pour de multiples raisons toutes plus subjectives les unes que les autres. Tout d'abord et bien évidemment pour son incroyable beauté classique digne de l'âge d'or d'Hollywood. C'est d'ailleurs ce physique impressionnant qui perpétue encore aujourd'hui le "culte" Fenn (cf. le nombre de pages qui lui sont consacrées sur le web). Les deux sources de cet engouement durable étant bien sûr le personnage d'Audrey Horne dans Twin Peaks et son talent pour nouer les queues de cerise avec la langue, ainsi que le légendaire numéro de Play Boy qui plaça d'office Sherilyn très haut dans les tops des plus belles femmes de la planète. Mais Miss Fenn n'est pas que cela. C'est aussi une poignée d'oeuvres cinématographiques réussies et une part indéniable dans le culte Twinpeaksien.

        Née le 1er février 1965 à Détroit, elle passe son enfance avec ses deux frères, une demie-sœur et un demi-frère. Une enfance marquée par des déménagements incessants pour suivre sa mère, Arlene, qui pianiste pour divers groupes. A 17 ans elle débute des études pour devenir actrice. Elle est même brièvement une Bunny Girl pour le Century City Playboy Club de Los Angeles. Elle fait ses premières apparitions cinématographiques dans Out of Control, The Wraith (avec Charlie Sheen), Prep School (avec Virginia Madsen), mais aussi à la télévision dans Silence of the Heart, Divided We Stand ou dans les séries Cheers et 21 Jump Street (Sherilyn Fenn fut l'une des multiples conquêtes de Johnny Depp).

        Elle trouve dans Two Moon Junction en 1988 son premier rôle marquant, extrêmement dénudé, mais le film reste "malgré tout" très moyen. Elle enchaîne ensuite des films plus que mineurs (et pour la plupart invisibles dans nos contrées) comme Crime Zone ou True Blood. Ainsi que le ringard Meridian, dans lequel elle tombe amoureuse d'un pseudo loup-garou craignos. Et même si Sherilyn y apparaît dans le plus simple appareil, le film est bien embarrassant. 

        En 1990 elle est engagée par David Lynch pour interpréter le rôle d'Audrey Horne dans le pilote de Twin Peaks. C'est définitivement le tournant de la carrière de Sherilyn Fenn. Il suffit de quelques épisodes pour que le personnage d'Audrey devienne l'un des plus appréciés de la série. A la fois puérile et allumeuse, naïve et courageuse, Audrey crève l'écran durant la première saison de Twin Peaks. Notamment lors de son anthologique passage au One Eyed Jack ou dans ses tentatives pour séduire le stoïque Dale Cooper. Sherilyn Fenn excelle véritablement dans ce rôle "secondaire" mais plus qu'attachant. Jouant à la fois l'innocence comme la manipulation, conférant à ce personnage, tout droit sorti d'un sitcom pour ado, une dimension ironique et mystérieuse en parfaite adéquation avec le ton général de la série. Malheureusement après le 12e épisode, Audrey Horne se contente de faire de la figuration dans beaucoup d'épisodes. N'intervenant plus que dans des intrigues secondaires, en Scarlett ou en midinette craquant pour Billy Zane. Heureusement David Lynch reprend toute la série en main lors du miraculeux dernier épisode dans lequel il fait définitivement (et tragiquement) entrer Sherilyn Fenn dans la légende (même si celle-ci affirme toujours que son personnage était sensé survivre dans la suite de la série...). De toute façon Audrey Horne fait désormais partie de la mythologie des séries TV.

        En parallèle au tournage de Twin Peaks, David Lynch fait appel à Sherilyn Fenn pour une courte scène de Wild At Heart (Sailor et Lula). Une scène d'accident de la route nocturne intervenant en plein milieu du film et ce sans lien direct avec l'histoire. Quelques minutes traumatisantes et d'une intensité hallucinante qui forment peut-être la meilleure séquence du film. Et peut-être aussi la meilleure apparition sur grand écran de Sherilyn. Pour sûr elle n'est à l'écran que quelques secondes, une quasi ombre au milieu des restes du plus effrayants des accidents jamais filmés (Crash à côté c'est du Walt Disney). Et dans ce court instant où elle erre entre cris et larmes, où l'on sent la mort traverser véritablement l'image, David Lynch compose l'une des scènes les plus bouleversantes de son œuvre, qui ne trouve d'équivalent que dans l'insurpassable Fire Walk With Me.

        Au début des années 90, Sherilyn Fenn connaît son heure de gloire et enchaîne ses meilleurs films qui malheureusement seront tous de relatifs échecs. Hit Man, un polar correct ; Ruby la biographie romancée de l'assassin d'Oswald avec une Sheriln/Marilyn sublimement blonde mais malheureusement sous-employée, dommage le film étant réussi ; Des Souris et des Hommes de Gary Sinise, où elle n'a une nouvelle fois qu'un rôle secondaire, un bon film très fidèle au chef-d'oeuvre de Steinbeck ; Fatal Instinct de Car Reiner, une grosse comédie potache mais finalement assez honorable ; Boxing Helena de Jennifer Lynch (la fille du grand David) un drame bizarroïde dans lequel Sherilyn remplace la trop prude Kim Basinger, le film possède un fort potentiel, la confrontation Julian Sands/Fenn est très prometteuse, et le sujet semble prompt à un délire psychanalytique dans le style du patriarche Lynch, malheureusement le tout est ennuyeux et bien plat, très très dommage, Sherilyn y est néanmoins sublime, évidemment.

      

        Après l'échec de Boxing Helena en 1993, Sherilyn Fenn mise beaucoup sur la biographie télévisée de Elizabeth Taylor. Même si le téléfilm est un succès et que l'actrice est une Liz Taylor des plus crédibles, c'est bien le début de la traversée du désert. Sherilyn tourne encore une mini-série TV, Une Saison au Purgatoire, une histoire hyper classique brillant par son inintérêt profond. L'un de ses derniers films ayant atteint nos contrées (directement en vidéo) The Shadow Men est un sous-X-Files pas complètement raté mais franchement mineur, une simple série B routinière.

    Des précisions sur Rude Awakening ? Sherilyn y interprète le rôle d'une ex-star de sitcom, virée pour alcoolisme (ben voyons...) et qui se retrouve entourée par des personnages déjantés qui respirent le plagiat de Absolutely Fabulous. La série sera diffusée sur Canal Jimmy à partir de septembre 1999. Premiers épisodes de Rude Awakening diffusés en France et c'est bien pire que mes pires cauchemars. C'est vulgaire, esthétiquement mode et laid, c'est d'une bêtise abyssale et Sherilyn y interprète une nymphomane grotesque. Ca se veut une version féminine de Dream On avec une bonne louche d'Ab Fab, ce n'est que niais. Effectivement le réveil est dur et le cauchemar continue. Bon, je vais me repasser Twin Peaks.

    C'est véritablement un cas délicat ce Rude Awakening. Le temps passe et l'on s'aperçoit que Sherilyn s'est entièrement investie dans une série indéniablement opportuniste. En tant que fan de la première heure, je suis choqué par l'image que Sherilyn accepte de donner d'elle-même, elle mérite tellement mieux que ce rôle. Certes à la seule force de son talent (immense, finalement) elle réussit à rendre son personnage attachant, mais tout est contre elle. Une mise en scène mode, des situations d'une vulgarité inutile, des dialogues rarement brillants, de la routine dans la provocation... Comme Sheryl Lee dans LA Docs, Sherilyn est sublime au sein même du marasme le plus total. Du gâchis, du gâchis désespérant...

        On attend désormais LE film qui redonnera à Sherilyn Fenn son aura en déclin. Et on espère qu'un réalisateur digne de ce nom lui donnera la chance de composer un rôle à la hauteur des capacités qui apparaissaient sous les minauderies d'Audrey Horne. Et qu'enfin on pourra associer un véritable film marquant à sa beauté déjà immortelle.

Ma galerie Sherilyn Fenn

 
 
 
 
 
 
 
 
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