Edward Aux Mains d'Argent est peut-être le plus beau film de Tim Burton, il en est de même pour sa musique qui est peut-être la plus belle partition écrite par Danny Elfman. Voyons cela dans le détail.

Le disque se présente en deux parties, résumant musicalement The Story Of Edward Scissorhands. L'ordre des morceaux respecte (presque) l'ordre du film et les deux parties correspondent assez bien à l'aventure d'Edward. Part One : Edward Meets The World... Part Two : ... Poor Edward ! Ceci est effectivement très représentatif de la base du film, Edward découvre le monde réel, pauvre de lui !

 

Part One : Edward Meets The World...

Introduction (Titles) : Ceci est le générique du film. A noter que les quelques divines secondes de musique qui accompagne le logo de la 20th Century Fox enneigé sont absentes du disque. Toute la magie musicale du film est déjà présente dans cette étonnante valse qui fait échos aux plus belles partitions de Tschaikovski. La BO d'Edward est d'ailleurs clairement sous l'influence du génial compositeur de Casse-Noisette et du Lac des Cygnes. Ce générique rappelle La Valse Des Fleurs, plus loin c'est la Danse de la Fée Dragée qui résonne au détour d'une Ice Dance, sur des morceaux comme The Tide Turns c'est plutôt Le Lac des Cygnes qui est cité, en général on entend très souvent les échos de la Valse des Flocons de Neige de Casse-Noisette et c'est logique ! Toutes ces influences sont magnifiquement gérées par Danny Elfman qui sait ajouter des chœurs et de l'emphase là où il faut quand il le faut. Sur cette Introduction il commente avec une grâce sans pareille les magnifiques images du générique de Burton. Lorsque la porte du manoir s'ouvre la musique elle-même donne une impression d'aspiration. Et surtout la caméra virtuose de Burton compose une véritable valse autour des objets symbolisant la demeure de l'inventeur (les robots semblent danser, les gâteaux virevoltent, le visage de l'Inventeur est révélé suivant une spirale ascendante, la musique et les images sont en symbiose absolue.

Storytime : la douceur du début du morceau traduit à merveille l'ambiance de la chambre de la fillette et le moment du conte, mais le plus magique se produit lorsque la caméra s'envole vers le manoir en survolant la maquette de la ville (figure imposée dans tout film de Burton) et qu'au final se fait pour la première entendre très brièvement le thème d'Edward. Thème hallucinant qui accompagne tous les moments émouvants du film. Une montée de chœurs enfantins accompagnée par des cordes discrètes. Clairement ce que Elfman a composé de plus beau.

Castle On The Hill : une longue pièce symphonique à fonction presque exclusivement narrative. On suit la progression de Dianne Wiest jusqu'à sa rencontre avec Edward. Certains passages sont tout simplement sublimes, comme la découverte du jardin ou du lit d'Edward. Elfman arrive à un compromis entre le merveilleux du spectacle (la découverte du manoir) et une certaine tension (sur qui ou quoi l'ambassadrice Avon va-t-elle tomber ?)

Beautiful New World / Home Sweet Home : La première partie de ce cours morceau magnifique n'est pas sans rappeler certains moments de la musique de Pee Wee. C'est le Elfman/Nino Rota qui s'en donne à cœur joie (le monde "merveilleux" de la banlieue colorée semble effectivement tout droit sorti d'un cirque). La seconde moitié du morceau lorsque Edward découvre pour la première fois les portraits de Kim est l'occasion de la première véritable présentation du thème principal dans son intégralité. Tout simplement sublime, ainsi Elfman et Burton arrive à nous faire croire que Winona Ryder est la plus belle femme du monde (on y croit toujours de toute façon, enfin personnellement ça fonctionne toujours :-)

The Cookie Factory : le premier flash back concernant la naissance d'Edward est accompagné d'une musique originale et évocatrice qui commente à merveille la chaîne de fabrication féerique des gâteaux de l'Inventeur. Là encore, images et musique sont indissociables. Magnifique apparition du thème d'Edward lorsque l'Inventeur a l'idée de donner un cœur au robot-ciseaux.

Ballet de Suburbia (Suite) : le titre du morceau donne le ton. Cette musique guillerette et encore très fête foraine accompagne le ballet des voitures qui partent ou rentrent chez elles dans un synchronisme parfait. Très amusant et très efficace.

Ice Dance : Bon là on rentre dans le domaine du Sublime Absolu. Un morceau d'une minute quarante-cinq secondes, très court donc, mais sans doute ce que Danny Elfman a écrit de plus magique. C'est tout simplement incroyable, digne de Tschaikovski effectivement. A elle seule cette Ice Dance justifie la possession de la BO d'Edward. Disons que cette musique évoque la chute de la neige avec une grâce inégalable, c'est hallucinant. Le thème d'Edward y est présenté avec une légèreté incomparable, la progression du morceau est tout simplement divine, en tout cas cela confirme ma thèse : sans les musique de Danny Elfman les films de Burton ne serait pas aussi émouvants.

Etiquette Lesson : le second flash back est accompagné de cette délicate partition. Pas d'emphase mais si l'on prête bien l'oreille on ne peut que rester bouche bée, toute l'ambiance si étrange et irréelle de la demeure de l'Inventeur (et le mystère de l'Inventeur lui-même) sont contenus ici.

Edwardo The Barber : Comme le montre le titre, cette musique accompagne l'une des scènes les plus drôles du film. L'inénarable séance de coiffure est soutenue par du pur Elfman délirant. La référence étant le Barbier de Séville, mais passé à la moulinette de la fête foraine Elfmanienne. En tout cas les violons dingues accompagnant les coups de ciseaux d'Edward sont légendaires.

Part Two : ... Poor Edward !

Esmeralda : Ce morceau n'est pas chronologiquement placé et apparaît normalement au début du film, il fait moins de 30 secondes et accompagne l'apparition hystérique de la bigote de service (de toute façon "we are not sheeps"). Quelques accords d'orgue suffisent pour entrer dans la seconde moitié du disque, la partie tragique du film.

Death ! : Ce morceau accompagne ni plus ni moins que la scène la plus émouvante et la plus dramatique du film. Tout y est donc magnifique. Le bouleversant face à face Kim/Edward est présenté avec une finesse admirable, mais c'est surtout le flash back sur la mort de l'Inventeur qui impressionne. Le thème d'Edward joué de manière fort guillerette et représentant la joie du cadeau de Noël (des mains !!! enfin des mains !!!) est soudain coupé par une montée orchestrale élégiaque au moment où la mort pose ses griffes sur le Père. Le thème revient avec une tristesse infinie avant le retour des chœurs semblant figer tous les instants mythiques dont nous avons été témoins. Incroyable.

The Tide Turns (Suite) : Le vent tourne et de phénomène de foire excitant, Edward devient l'ennemi public numéro un. Une nouvelle fois c'est un morceau narratif qui commente les étapes de la fuite d'Edward avec toute la noirceur, voire la violence, nécessaire.

The Final Confrontation : La violence justement qui atteint son apogée avec ce morceau. Les fameuses envolées orchestre/chœurs de Elfman font des merveilles. Le film est transcendé par le souffle de ces instants musicaux tétanisants.

Farewell... : encore plus tétanisant sont ces adieux hallucinants. Au moment du baiser final, le thème d'Edward semble littéralement explosé sous la violence et la tristesse de la fin du film, là où l'on attendait les chœurs c'est une véritable explosion orchestrale qui coupe la mélodie en une montée virevoltante et clouante. L'achèvement de l'histoire est, comme d'habitude chez Elfman, symbolisée par la cloche d'église qui résonne en glas fatidique.

The Grand Finale : retour à la chambre de la fillette. La musique se fait douce pour accompagner les souvenirs de la grand-mère. Mais les scènes révélant la survie d'Edward dans son manoir sont accompagnées d'une impressionnante montée orchestrale. Et lorsque le temps semble suspendu sur les souvenir de la Ice Dance on sent Danny Elfman prêt à déchaîner le plus grand final orchestrale de l'histoire du cinéma. Et c'est ce qu'il fait ! Seul le final de Batman Returns atteint un tel souffle, une telle puissance. L'orchestre dépasse le mur du son, les chœurs volent plus haut que les étoiles, le frisson absolu en quelque sorte. Et il fallait bien cela pour achever le plus beau film du monde. Le thème d'Edward y est donc visité dans ses moindres variations avec une emphase hallucinante. Et le générique est annoncé par le silence de l'orchestre laissant la place aux chœurs angéliques.

The End : le générique de fin possède le même génie mélodique que celui du début. Une valse hypnotisante et divine qui ressemble à un rêve. Tout simplement sublime, notamment sur la toute fin lorsque le thème d'Edward est repris avec une extrême douceur. Magique et même plus.

With These Hands de Tom Jones : on sait depuis Mars Attacks ! que Tim Burton est VRAIMENT fan de Tom Jones le crooner obsolète de Las Vegas. A noter que la chanson phare (et culte) It's Not Unusual, qui résonne jusque dans le générique de fin de Mars Attacks ! est déjà présente dans Edward mais pas sur le disque. C'est le très symbolique With These Hands qui lui a été préférée. Un peu dérangeant après les merveilles symphoniques de Elfman mais finalement Tom Jones est un génie.

 

Musique composée et produite par Danny Elfman

Producteur exécutif : Kathy Nelson. Orchestrations de Steve Bartek (ex-Oingo Boingo lui aussi). Conduite par Shirley Walker. Enregistrée par Shawn Murphy. Mixée par Shawn Murphy. Les choeurs : The Paulist Choristers of California.

Remerciement particulier de Danny Elfman : à Tim Burton pour son inspiration incessante.

Le CD est édité par MCA Records, en import chez tous les bons disquaires.

 
 
 
 
 
 
 
 
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