Faye Wong - Only Love Strangers

       Bon celui-là ça fait deux mois que je l'ai, qu'il tourne (presque) en boucle et que je gardais, juste pour moi et pour moi tout seul (comme toute ma discothèque Faye Wong, d'ailleurs, et toc !). D'un coup Faye Wong est devenue super à la mode, à cause de Final Fantasy 8. Ahlala, c'est triste, j'étais bien content quand j'étais tout seul avec mon Impatience et mon Scenic Tour. Mais bon on va faire avec et en plus ça va (peut-être, mais rien n'est moins sûr) faire exploser le compteur de ma homepage française de Faye Wong. Donc, après ces considération égoïstes, revenons au dernier album de Faye. Après le définitif Scenic Tour, ce chef-d'œuvre comme on n'ose plus en faire depuis la mort de Lennon. Faye a choisi une voie un peu moins expérimentale mais qui permet quelques folies à l'image du morceau d'ouverture, Spring's Last Blossom. On a droit aux bonnes vieilles ballades de canto-pop, mais bon sang de bois, qu'elles sont belles ! Moon At The Moment, Hypnotize... c'est lumineux, envoûtant, et tout et tout. Et ce n'est pas fini, car juste un peu plus loin ce sont Butterfly et Passing Clouds qui repoussent les limites du sublime en matière de variétés internationales. D'ailleurs soyons révolutionnaires, Faye Wong ne fait plus de la variét, elle fait de la Pop avec un grand P. Non, mais quand même, c'est elle et elle seule qui possède la plus belle voix féminine de cette fin de siècle. Faye sait ménager douceur et pop-rock dans la face de Radiohead et compagnie (Century Of Loneliness (le meilleur morceau pop rock de l'année ?), Spectacular (très Garbage par contre, là)...). En bonus, un VCD décadent qui montre, dans tous les détails, la pub et le tournage de la pub Pepsi asiatique qui fait de Faye Wong la plus grande Star de la planète. Aujourd'hui, le monde appartient à Faye Wong et les autres, toutes les autres, tous les autres, ne sont que très loin, très très loin derrière.


Eurythmics - Peace

        Eurythmics a toujours été un groupe gênant. Gênant, parce que Dave Stewart est un compositeur de talent et que Annie Lennox est une grande chanteuse. Et pourtant leur production musicale fut des plus inégales. Pour une poignée de pures pépites à tomber par terre (Here Comes The Rain Again, There Must Be An Angel...), beaucoup de remplissage. Après une séparation bien venue qui permit à l'un comme à l'autre de relativement briller en solo. Stewart avec la BO de Showgirls, Lennox avec deux albums (dont un de reprises jouissif) et le sublime Love Song For A Vampire (la meilleure chose du Dracula de Coppola). Enfin bon bref, que reste-t-il d'Eurythmics aujourd'hui ? On sait que Blondie a des vestiges magnifiques, que Trevor Horn et son ZTT gagnent à être réédités, que Madness ferait mieux de rester mort... Et Eurythmics dans tout ça, bon sang ? Et bien contre toute attente, Peace est une bonne surprise. C'est un grand album de variétés internationales... de vieux. Majoritairement des ballades, les pseudo rocks étant assez affreux, il faut bien l'avouer (Power To The Meek, mazette, la débandade). Mais ! Comme je le disais juste avant, c'est un disque de vieux, de stars sur le retour, de gens définitivement largués. Et ce fait, bien aidé par une production grandiloquente (à l'anglaise), donne à Peace une véritable touche émouvante. Incroyable mais vrai, Eurythmics a délivré un disque qui déborde de nostalgie et d'impuissance. Pour preuve la superbe ouverture de 17 Again. La grande majorité des chansons distille une tristesse palpable, rarement trop appuyée et qui semble belle et bien non feinte, Lennox et Stewart tourne trop autour du gouffre dépressif pour ne pas le faire exprès, on a fait plus commercial comme retour. Peace, qui court après un succès mondial (qu'il aura sans aucun doute), est un étrange album introspectif. Anything But Strong, Peace Is Just A Word, I've Tried Everything, Forever, le dissonant et superbe Lifted... des retours en arrière, des constats d'impuissance... Pour sûr, on a son lot de tubes lisses et formatés pour les radios, certes, on connaît la formule, la voix de Lennox faisant tout le travail mais elle n'a jamais été aussi touchante (sauf, parfois, sur ses albums solos). Eurythmics ne ressemble plus à Eurythmics (sauf quand il s'auto-caricature sur un I Want It All pathétique), Eurythmics fait du Springsteen de variétoches, ne fait (comme le démontre très brillamment la pochette) que regarder en arrière en pleurant sur le passé et atteint un but qu'on ne leur demandait pas du tout : émouvoir.


The Clash - Live From Here To Eternity

    Tout d'abord il faut que les choses soient bien claires : si vous ne possédez pas TOUS les albums des Clash (sauf Cut The Crap, évidemment, ça n'a jamais existé, ça, Cut The Crap...), inutile d'acquérir ce live. C'est un produit pour fans purs et durs, tout simplement. Pourtant le choix des morceaux est plus que discutable (certainement pas les plus cultes, juste les plus connus) et les versions (beaucoup de post-Topper Headon, aie aie aie) encore plus discutables. Donc, pas de Lost In The Supermarket et surtout pas d'extraits de Give 'Em Enough Rope, ce qui tient de l'aberration totale. A la trappe Stay Free, English Civil War et The Last Gang In Town... Si on veut du Clash live le film Rude Boy demeure LA référence. Ce From Here To Eternity n'étant qu'un placebo en attendant le nouvel album de Joe Strummer (il arrive ! il est là ! en même temps qu'Eurythmics, mais je m'égare). Il reste de bons, de très bons trucs dans ce live. En particulier les vrais morceaux cultes que sont I Fought The Law, Armagideon Time, Train In Vain, Guns Of Brixton et surtout Straight To Hell (qui ne fait pas regretter d'avoir attendu la fin). Enfin bon bref, le fan fera l'acquisition de la chose sans hésitation, les autres iront compléter, sans hésitation non plus, leur collection clashienne (j'en vois d'ici qui n'ont toujours pas Sandinista et... ohlala... j'en vois un là qui n'a pas London Calling ! Non mais c'est pas vrai ça ! Faites comme moi : London Calling il faut l'avoir au moins en triple (dont un exemplaire sous la baignoire) car on ne sait jamais !)


Woodstock 1999

        On remarquera qu'il n'est pas dans mes habitudes de m'étendre sur les disques que je n'aime pas. Je cause de mes déceptions, mais je prends rarement le temps de tirer sur ce que je considère comme des ambulances. Mais bon, là, j'en peux plus, je craque, ce double CD est une pure provocation qui semble m'avoir été directement adressée. C'est l'horreur, la grosse, la totale, la complète. Je ne vais pas m'appesantir sur le couplet habituel : "le woodstock original c'était l'impro, c'était révolutionnaire, c'était  le symbole d'une époque, c'était pas pour la thune, etc..." Tout cela est évident. Mais il y a un point qui demeure vrai : les disques woodstock sont toujours les symboles de leur époque. Révolution musicale et sociale en 70 (on était sur la fin de la révolution mais quand même), loi du commerce et lobotomisation des goûts en 99. Tout n'était pas bon à Woodstock 69, loin de là ! Mais quand on voyait passer des artistes aussi fondamentaux (ils le sont toujours 30 ans plus tard, donc ils étaient VRAIMENT fondamentaux) que Crosby, Stills, Nash et Young (enfin, surtout Young), The Who, les Beatles (par l'intermédiaire de Joe Cocker, son unique moment de grâce, d'ailleurs), Jefferson Airplane, Sly & The Family Stone, Jimi Hendrix (réinventant la musique politique), etc... Bon quand même...

        Enfin bon bref tout cela pour en arriver au simple track listing de Woodstock 1999. C'est affreux, il ne manque que Mariah Carey et Céline Dion pour que la fête soit totale. C'est la révolte sur MTV. Mais le pire, c'est que l'on présente les invités de cette bouse comme la quintessence de la musique américaine de "jeunes". Bon sang de bois, Daft Punk est mille fois plus primordial et révolutionnaire à notre époque que les 32 titres réunis de Woodstock 99 ! Ca commence moyennement avec Korn (parmi les moins affreux, avouons-le) mais dès le deuxième morceau ce sont les $%*#ù d'Offspring qui débarquent, disons que s'il fallait symboliser la nullité de la musique américaine actuelle, il suffirait juste de retenir un album (au hasard) d'Offspring, c'est nul de chez nul, c'est un groupe spécialisé en reprise de "chansons" de Sham 69 (et que l'on ne vienne pas me dire que ce sont des trucs originaux, je n'y crois pas une seule seconde), c'est caricatural, sans la moindre once d'âme, ni même d'humour qui ne serait pas formaté, pas un message, pas une idée, pas une seule touche de spontanéité, l'antithèse absolue du punk et de la musique en général. L'Horreur façon Coppola en direct dans votre chaîne. Après il y a des inconnus qui méritent de le rester, en particulier, tiens, les ignobles Lit (je vous ai dit, je me défoule pour le coup). Kid Rock, la "nouvelle" sensation de l'affreux courant rap-métal-disco pour les pré-pubères, fait son apparition, c'est tellement nul que c'est assez drôle. Limp Bizkit, aussi rebelles que Lara Fabian et aussi dangereux qu'Ophélie Winter (et encore), moulinent du sous RATM (c'est dire...) avec une conviction qui révèle de trop fortes prises de valium et au passage plagie Body Count (n'importe quoi, donc). RATM, justement, mes bons vieux petits has-been de chez ma Trix, ils arrivent, ils sont toujours aussi tordants, la révolution chez Sony, le marketing du Che, la lutte des classes sur les plages californiennes... Bon on pourrait pardonner si la musique possédait au moins un petit intérêt. Et ben, non, même pas. Même pas le temps de se retourner que voilà Metallica, ancien bon groupe, mort à la fin des années 80 (presque vers le milieu en fait), c'est Halloween dans votre chaîne maintenant, la nuit des Morts-pasdutout-Vivants. Certes il y a du bruit, plein de bruit, mais du bruit propre sur et sous lui, quand on pense que Joan Baez était 10000 fois plus subversive et émouvante avec une simple guitare sèche...

        Tiens, vlà un rappeur, DMX, rigolo mais pas top crédible le copain de ma chouchoute Foxy Brown. C'est du rap MTV, c'est du rap qui n'a rien à dire et qui le dit vachement fort. Zéro. Encore des tonnes de gags avec... accrochez-vous à votre dentier : Megadeth... .... .... Bon, c'est bon vous pouvez arrêter de vous marrer. Que celui qui n'a jamais écouté un album d'Iron Maiden leur jette la première pierre. On avait oublié d'inviter Bon Jovi, heureusement Megadeth assure l'interim... Et puis là débarque Bush et Live (c'est presque le même groupe, y a juste la coupe de cheveux du chanteur qui change). C'est le "rock" américain des années 90 dans toute son horreur. Du sous-Nirvana (qui était déjà du sous-Pixies, on doit atteindre les catacombes, maintenant) en veux-tu en voilà. En plus ce sont leur tube respectif (le climax du Bush est digne d'une parodie de Wayne's World, "there's no sex in your violence", c'est du Anal Cunt ? Tiens au fait, ils sont où dans tout ça, Anal Cunt ?). Oh putaing voilà les Red Hot. On les lynche tant qu'on les tient parce que c'est un peu leur faute tout ce qui nous arrive maintenant, ces vomissures de fusion rap-rock qui possèdent autant de neurones qu'une amibe (et encore...). Enfin bref...

        Je zappe par-ci par-là. Tiens, voilà Brian Setzer (des Stray Cats, souvenez-vous, formidable !), amusant, correct, rien à foutre là, mais tant mieux. Jewel (arrêtez de vous marrer au fond !), et bien euh... elle, elle connaît Joan Baez, ça s'entend, c'est le folk MTV (mais où est Shania Twain ?), c'est lisse comme un disque compact et bourré de néant comme un trou noir, sauf que là ça n'aspire pas grand chose (et ça inspire encore moins...). Enfin, j'ai du mal à être méchant avec une faible créature bien mignonne comme Jewel. Alors, on zappe. Everlast, l'un des meilleurs groupes en présence, s'en sort plutôt pas mal en lorgnant grave du côté du dernier Tom Waits (!!). Everclear, à ne pas confondre avec Everlast, donc, c'est n'importe quoi, sans aucune once de personnalité. Sheryl Crow débarque et au milieu de ce fatras minable, c'est un rayon de soleil. If It Makes You Happy est peut-être sa meilleure chanson (avec On The Outside, rien à voir avec le morceau d'Oingo Boingo), donc ça passe, c'est du folk-rock MTV mais ça passe. Elvis Costello... Elvis Costello ??!?!? Il était pas mort, lui ? Ah ben non, le voilà avec un de ses tubes... Ben ça va pas plaire aux djeunz, ça, ils vont me le zapper fissa l'intello à lunettes... Alanis Morissette... Argh ! Taiaut ! Laissez-la moi ! M'en vais lui faire sa fête à Mauricette ! Bon, OK, j'arrête, je ne tirerais pas sur l'une des plus grosses ambulances de la décennie (il faut vraiment avouer que la pauvre n'a rien, mais alors absolument rien pour elle, c'est limite triste... oui, Alanis c'est un truc de dépressifs...). Jamiroquai... Tiens, on enchaîne les ambulances. Celui-là c'est un affreux de chez affreux, pire que la pire des daubes d'eurodance. C'est l'Offspring du funk, plagiat, ringardise, ridicule, hypocrisie... De la musique obscène mais sans intérêt... même pas dansant... un comble... Enfin... au bout du 27e morceau, voilà un vrai bon truc. Sans parole, européen, dansant, futile, brillant, ce sont les Chemical Brothers qui passent avec leur deuxpeccable Block Rockin' Beat, le meilleur titre de tout le double album. Sur la fin on s'en tamponne carrément (Our Lady Peace, non mais franchement, j'ai pas mérité ça...) et on s'empresse de redonner le disque au gentil inconscient qui nous l'avait prêté. Woodstock 99 c'est un peu un Worst Of des années 90, l'encyclopédie de ce qui a déconné dans cette fin de siècle, la démonstration par l'absurde (très absurde, même) de ce qu'il ne faut pas faire. Pas un seul groupe pour rattraper les autres (les meilleurs sont des européens, un comble). Rien, le néant, the black hole, La Menace Fantôme, le dictionnaire de la contre-façon...


Nine Inch Nails - The Fragile

        Attendu comme le Messie par les fans (dont je fais partie) le nouvel (double) album de la chose de Trent Reznor, ne décevra pas (les fans). Les non-fans, qui espéraient un disque dynamitant le rock, ne sauront pas vraiment comment prendre la chose ; ceux qui vont découvrir NIN avec The Fragile vont être exténués, les autres... euh... quels autres ? Donc là, je vous préviens, c'est un fan hardcore qui va vous parler (du genre qui collectionne les maxis et les pirates, quoi). Après The Downward Spiral, donc, et son fabullissime disque de remixes, Further Down The Spiral, Trent Reznor a sombré dans ce que l'on peut qualifier de période "creuse". Collaborant ici et là, comme producteur de son ex-ami Marilyn Manson, comme fouteur de bordel dans la BO du nullissime Natural Born Killers, comme ombre de Badalamenti pour la BO de Lost Highway, BO pour laquelle il se fendait d'un titre "inédit" le très mainstream et décevant The Perfect Drug, remixant le vampire David Bowie. Bowie, d'ailleurs, qui après avoir détroussé Lou Reed, Queen, Roxy Music, Boney M et quelques autres, s'engouffrent dans le sillage NIN pour le plagiaire mais sympathique Outside (Reznor aurait du lui faire un procès) avant de carrément pomper Marilyn Manson pour le rigolo Earthling, inénarrable ! Enfin, c'est dire si l'on attendait ce double album, mille fois repoussé, avec impatience. La première écoute est épique. Impossible d'enchaîner les deux disques d'affilé, il faut vraiment prendre The Fragile comme un double album sinon on est rapidement épuisé et l'attention baisse. Ce qui est catastrophique. Car après une écoute superficielle, on a l'impression d'entendre une quasi photocopie de The Downward Spiral en deux fois plus long (et en bien moins surprenant, évidemment). Il y a bien cinq chansons qui ressemblent à Reptile sur cet album. Et cinq autres qui ressemblent à The Becoming. Et quatre à Ruiner. Et trois à Mr SelfDestruct... Enfin bon bref, on est en territoire connu, c'est Nine Inch Nails tel qu'on l'avait quitté en 1994. Déception ? Légère, mais réelle. Puis on y revient, par la face nord, calmement, attentivement, avec les textes sous les yeux. Et là c'est l'extase. Toute la concurence est enfoncé, Trent Reznor fait du Nine Inch Nails et c'est un genre en soi, un genre que lui seul peut maîtriser. Remisons le placebo Manson au fond d'un tiroir, NIN est revenu, REPENT ! Certes, pour des raisons aussi sentimentales que musicales, The Fragile n'est pas un plus grand disque que l'inégalable Downward Spiral. Mais c'est néanmoins une pure merveille, peut-être (mais il va falloir quelques mois pour en juger) le top album de l'année 1999. Toutes les chansons possèdent quelque chose, certaines sont de purs chefs-d'oeuvre (The Fragile, The Great Below, The Wretched, Underneath It All), d'autres font un peu office de remplissage (Starfuckers INC.), les instrumentaux sont magnifiques, c'est un disque riche, extrêmement riche (peut-être trop pour le commun des auditeurs), splendide et indispensable.

NIN : The Fragile - 15 jours plus tard

    Je retire ce que j'ai dit juste en dessous, le nouveau NIN n'est pas une déception, c'est un bon disque. Comme pour les précédents disques de Reznor, il faut le temps et la patience pour s'immerger totalement dans cette fresque "à l'ancienne". Résultat : c'est aussi génial et touchant que The Downward Spiral. Certes ce n'est pas aussi bouleversant, ni aussi puissant que TDS, ni aussi révolutionnaire que Broken et Fixed, pourtant c'est une pure merveille, l'ultime monstre musical du millénaire. Musicalement tous les morceaux débordent d'une infinie richesse, émotionnellement c'est clouant. Ce double album est à posséder à tout prix, inutile d'essayer de l'écouter en vitesse au détour d'une Fnac, il faut absolument acquérir The Fragile, ranger le superbe boitier entre Pretty Hate Machine et The Downward Spiral, puis passer les deux disques en boucle, lire les textes, continuer à passer les disques, relire les textes, faire attention au moindre détail, s'extasier sur ce qui est déjà l'un des très grands albums de la décennie et poursuivre ainsi, jusqu'à l'an 2000 et sans doute plus loin... NIN did it again, bow down before the king of darkness ! Attention quand même, The Fragile est vraiment à l'image des disques précédents de Nine Inch Nails, une fois qu'on entre, on ne sort plus, on devient un pur junkie, on ne peut plus s'en passer, trop tard, now you're one of us...


Jon Spencer Blues Explosion - Acme-Plus

        Acme, incontestable chef-d'oeuvre du Blues Explosion, était le meilleur disque rock de 1998. Aujourd'hui, juste un an plus tard, sort Acme-Plus. Ce disque que tout, de la pochette au titre, présente comme une simple extension à Acme, voire comme un disque de remixes, est un piège hénaurme. Acme-Plus c'est Acme en mieux, comme le nom l'indique. On se retrouve avec une claque monumentale, largement du niveau de l'album. Le mystère, justement, c'est que cet Acme-Plus ne soit pas présenté comme un nouvel album. Certes il y a 5 remixes (sur 20 pistes, ça ne fait pas très lourd) et 5 titres inédits des sessions de Acme (donc nouveaux) PLUS 9 chansons toutes fraîches pimpantes. 9 chansons épastrouillantes avec lesquelles un groupe de rock routinier assurerait un album et 5 singles. Et bien là, non, c'est du bonus. Bon, comme Acme-Plus est vendu au prix d'un album, ça se justifie, mais comme Acme-Plus est presque deux fois plus long qu'un album normal et que tous les morceaux qu'il contient, sans exception, sont de pures merveilles de groove-rock dynamitant, comme dirait l'autre, si vous n'avez qu'un seul disque à acheter pour la rentrée, achetez le Nine Inch Nails, mais si vous avez trois disques à acheter, achetez le NIN et deux fois le Jon Spencer. Bon, c'est pas convaincant ça. Acme-Plus est l'un des meilleurs disques de 1999, mais ça, ça n'engage que moi et e ce n'est pas très convaincant non plus. Non, en clair, Acme-Plus est aussi indispensable que Acme, je dirais même qu'il est encore plus indispensable et il devient dès sa sortie LE chef-d'oeuvre du Blues Explosion. Dernière constatation, après la déception Chemical Brothers, le disque le plus dansant de l'année est un disque de pur rock post-pré-hyper-plus-moderne et pour une bonne nouvelle, c'est une bonne nouvelle !


Plaid - Rest Proof Clockwork

        Je considère le premier album de Plaid (ex Black Dog) comme le meilleur album de musique électronique de la décennie. C'est dire si j'attendais énormément de ce deuxième effort du groupe, après une Peel Session fantastique mais peu innovante. Première constatation, dès le premier morceau on est en territoire connu. C'est bien Plaid et son mélange de mélodies bizarres sur fond de rythmes tcharbés. Au fil des morceaux on se rend vite compte que l'album est nettement moins ambitieux que Not For Threes, pas de voix (à part à la toute fin du disque), moins de grands effets en "cinémascope". La première écoute apporte donc une légère déception, car Rest Proof Clockwork vise moins le grand spectacle. Plus discret mais pas moins riche, ce nouvel album prend toute sa dimension après quelques passages en boucle. Les albums de Plaid ne sont pas des disques qui s'entendent, ce sont des disques qui s'écoutent, des disques qui cachent leur exigence derrière des sonorités légères. Et si bien souvent l'ombre des premiers (et meilleurs) ouvrages d'Aphex Twin plane (Last Remembered Thing, par exemple), il y a toujours la magie Plaid. Un groupe pour lequel expérimentation rime avec plaisir d'écoute, rythmes dingues avec mélodies. Au moment où les voisins d'Autechre se prennent pour les nouveaux Stockhausen et que l'Aphex Twin tourne en rond en creusant toujours le même trou, Plaid avance, doucement mais sûrement, sans jamais se trahir. Ce qui donne des merveilles telles que Dead Sea et son ambient gothique en diable, Dang Spot et son thème guilleret surgit de nulle part, Pino Pomo qui semble pirater un vieux générique de série TV pour faire du Portishead lumineux. Toujours entre dancefloor et techno "intelligente", Plaid trouve le ton juste et cela jusqu'au magnifique Air Locked (qui sonne comme une BO de film HK, c'est dire si c'est magique), pas très éloigné des Extork et autre Rakimou du premier album (même s'il n'y a rien d'aussi fastueusement sublime que Rakimou sur cet album). Un très grand disque de toute manière, qui n'est qu'au début de sa carrière car il faudra des dizaines d'écoutes pour commencer à en découvrir toute la portée.

        Nouveau bilan deux semaines plus tard : cet album est bien finalement le grand disque que j'attendais. S'il est effectivement moins directement flamboyant et spectaculaire que Not For Threes, sa richesse en fait une nouvelle référence en matière de musique électronique. On y entend de tout, de Mike Olfield à Kraftwerk en passant par The Third Eye Foundation, The Orb, Aphex Twin, Autechre ou même les Chemical Brothers. 1999 a trouvé son Grand disque techno, un album tellement primordial qu'il risque de passer inaperçu, une injustice flagrante pour Plaid qui, comme à l'époque de Black Dog, est toujours LE groupe phare de la poésie des machines. Haut la main, l'un des albums de l'année.

        Nouveau bilan un mois plus tard : OK, OK, si je mets 20/20 à Rest Proof Clockwork, Not For Threes mérite alors 25/20, OK, OK. Le dernier Plaid n'est pas un chef-d'oeuvre, mais c'est un très grand disque. Et c'est déjà beaucoup, non mais.

Nouvel avis un an plus tard : décevant par rapport à Not For Threes, cet album reste un monument de la musique électronique, aucun disque sorti en 2000 n'a atteint ce niveau.


Chemical Brothers - Surrender

        Bon, il faut se rendre à l'évidence, le dernier Chemical Brothers est une déception. Certes ils font leur truc à eux, mais c'est TOUJOURS la même chose, et cette fois-ci c'est nettement moins bien. Si Music Response a le nez collé sur son Autobahn, si Let Forever Be est dopé par un bon clip, si Asleep For A Day est bien mignon et si Hey Boy Hey Girl est un tube à l'ancienne, cela ne suffit pas pour faire un grand disque. Il n'y a rien d'aussi accrocheur que Leave Home ou Block Rockin' Beats, rien d'aussi monstrueux que Electrobank ou Piku, rien d'aussi génial que It Doesn't Matter ou The Private Psychedelic Reel et surtout il n'y a rien d'aussi sublime que Where Do I Begin. Je pourrais d'ailleurs en rajouter une couche en affirmant que pour l'instant il n'y a pas de clips aussi magnifiques que Setting Sun (un clip qui a fait école... jusqu'à l'overdose). Bref, Dig Your Own Hole restera LA bande son techno populaire de la seconde moitié des années 90. Surrender ne fait même pas avancer le Schmilblick, les meilleurs moments sont avant tout des "hommages" (principalement Kraftwerk en plus "boum-boum") et il y a de vrais horreurs (enfin il y a surtout une vraie horreur avec Out Of Control). Et les invités ont beau être de marque, ce n'est pas vraiment une transcendante rencontre entre Mercury Rev et les frangins chimiques sur Dream On. Le comble, donc, c'est que Surrender est un album plat, sans réelles surprises, sans tubes, sans véritables recherches. Les Chemical Brothers dorment sur leurs lauriers, donnent au monde un album sans éclat, pas désagréable à écouter, c'est clair, mais loin de laisser un grand souvenir. On est vraiment loin de Dig Your Own Hole.

Nouvel avis un an plus tard : difficile à réécouter, Surrender demeure une grande déception.


Emperor - IX Equilibrium

        Comment surenchérir après le définitif Anthems To The Welkin At Dusk ? Et bien en creusant dans la même veine de Black Métal "intelligent". Cela peut paraître antinomique de prime abord, mais c'est vrai, Emperor fait du Black Métal que l'on pourrait presque qualifier d'expérimental. Moins bon que Anthems, IX Equilibrium n'en reste pas moins un excellent disque. Pour preuve la phénoménale intro de Curse You All Men, un terrible riff garanti piratage de cerveau. Ihsahn a perdu ses cheveux mais pas son génie. Les synthétiseurs sont utilisés sciemment, les chœurs sont fins, les variations dans le "chant" sont de plus en plus présentes, les breaks aussi. Les puristes crieront au scandale, mais on emmerde les puristes, c'est bien connu. Samoth défouraille du riff plus vite que son ombre. Et le phénoménal Trym (qui à lui seul assure la réussite des albums de Enslaved) massacre tout sur son passage, il n'y a bien que Hellhammer pour pouvoir lui tenir tête. La couverture du disque est un peu moins belle que celle de Anthems, par contre l'intérieur avec ses empreints à la Divine Comédie est de toute beauté. Les paroles sont des plus correctes, certes ce n'est pas la poésie morbide de Dead, mais plutôt le côté mystique chevaleresque qui domine. La musique, de plus en plus complexe, est toujours aussi impressionnante. On pourra trouver cela ridicule, je n'y vois qu'un grand album épique, largement au-dessus des clowns habituels du genre. Plus abordable que les œuvres primordiales de Mayhem, et tout aussi recommandable.

Nouvel avis un an plus tard : excellent album, tout d'un grand classique d'un genre en progrès.


Foxy Brown - Chyna Doll

        Foxy Brown est une ho', une mothafuckin' bitch, son nom lui vient de ce réjouissant film avec Pam Grier (qui fut et reste THA bombe), elle a à peine 20 ans et déjà deux albums plein de gros mots et de récits scabreux, elle se rêve sista gangsta et n'en est pas loin. La déjantée et toute aussi vulgaire Lil' Kim est une sérieuse concurrente. Entre I'll Nana de Foxy et Hardcore de Kim, c'était la guerre des putains du rap. Lil' Kim a l'avantage d'être arrivée la première sur le terrain de la salope à la voix nasillarde et aux textes tellement explicites qu'ils en sont classés X. Mais Kim a aussi le désavantage d'en être toujours à son premier album. Certes elle collabore un peu partout, mais ce n'est pas suffisant, on en veut plus de ce rap acide et d'un étonnant post-féminisme décadent. Foxy Brown revient après son monstrueux premier effort et déverse de son terrible flow irrésistible des refrains de la trempe de "I'm a motherfuckin' bitch". C'est à la fois horriblement sordide et misogyne (un comble !) comme sur Baby Mother, calibré pour les tops (le tubesque Hot Spot) et parfois tout simplement touchant (Chyna Whyte, My Life). Ce n'est pas ce qui se fait de plus crédible ni de meilleur dans le rap américain. Ce n'est pas Dr Dre qui produit et ce n'est pas Chuck D qui joue les guests (ce sont le rigolo DMX et l'honorable Jay-Z qui s'y collent, il y a même la charmante Mya qui passe). Mais quand on aime les timbres vocaux si délicieux de Kim et de Foxy, quand on supporte l'alliance d'un beat monolithique, de production clinquante et de paroles crades, c'est du tout bon. Foxy fait son numéro de pute de luxe sans vaseline et une bonne louche de SM. Peu importe si c'est MTV qui sponsorise, la petite en a, c'est clair, elle le dit, parfois même elle le chante, et sacrément bien.

Nouvel avis un an plus tard : bon disque carré, caricatural, agressif et parfois touchant, à réécouter.


Archive - Take My Head

        On a déjà beaucoup parlé de ce disque, véritable phénomène de ce printemps et promis au même avenir radieux que Deserter's Songs de Mercury Rev. Le parcours d'Archive, groupe précurseur avec Londinium mais oublié en cours de route, tient donc du mélodrame. Car après l'échec injuste de leur premier album, ce deuxième effort n'aurait jamais du voir le jour. Et finalement, Take My Head est là, et c'est un succès sur tous les plans. Sortant le Trip-Hop de son univers sombre et étouffant, Archive délivre un album lumineux, certes mélancolique mais la voix comme les arrangements rendent le disque des plus abordables, des plus agréables. Trop abordable, même, car parfois on croirait entendre Texas (Texas en moins putassier et en 1000 fois plus beau quand même). Et si certaines balades flirtent trop avec le tube formaté (The Pain Get Worse, Brother), la majorité des chansons surfent haut, très haut au-dessus des nuages. Take My Head est en fait l'album de variétés internationales suprême. Mélodique, très mélodique, riche, parfois original, doté de la voix fantastique de Suzanne Wooder, passant avec brio de morceaux tout public à de vrais chansons exigeantes (You Make Me Feel, Well Known Sinner, Take My Head). Encore une fois on peut remarquer qu'une chanson comme Woman pourrait très bien figurer sur le dernier Cardigans (comparaison bien venue, d'ailleurs, car les deux albums fonctionnent un peu de la même manière), mais l'on ne peut que craquer, c'est vraiment très beau. Il suffit d'écouter juste une seule fois Cloud In The Sky pour être définitivement conquis, Take My Head est un délicieux disque.

Nouvel avis un an plus tard : à écouter à l'occasion, voilà un album léger et mélodieux dont je ne me lasse pas.


Eminem - The Slim Shady Lp

        Après l'échec de son premier Ep, Eminem (ou Slim Shady ou M. Mathers) se la joue superproduction et réussit à débaucher le toujours aussi génial et crédible Dr Dre. Coup de chance, évidemment, pour ce petit blanc (très) grande gueule qui réussit à éviter d'être catalogué comme "erzatz des Beastie". Dr Dre est partout, en co-compositeur des meilleurs morceaux, en guest vocal et bien sûr en producteur magicien. Il en résulte un grand disque de rap pur et dur, dont le succès, pas si surprenant, sera quasi impossible à gérer pour Eminem. On ne peut faire ce genre d'album qu'une fois. Brillant par des textes formidables (humour noir, crudité, cruauté, violence, haine, drogue, sexe, cartoon...) et par une musique basique et solide, The Slim Shady Lp apporte un peu de fraîcheur dans un genre sclérosé à force de se regarder le nombril. Certes ce n'est pas une révolution, mais c'est une bien belle réussite qui s'écoute avec un grand plaisir et qui s'avère bourré d'hymnes en puissance (My Name Is, Guilty Conscience et Just Don't Give A Fuck, évidemment, mais aussi (et surtout), 97' Bonnie & Clyde, My Fault, Rock Bottom, Bad Meets Evil, Still Don't Give A Fuck, une sacré liste donc, ce qui devient de plus en plus rare). Conseillé à tout le monde (mais n'oubliez pas de lire les paroles).

Nouvel avis bien plus tard : définitivement un grand disque, même si le rap n'est toujours pas ma tasse de thé.


Tom Waits - Mule Variations

        Encore un qui nous avait lâchement laissé tomber pendant trop longtemps (6 ans c'est long, je vous assure). Certes cet extraordinaire monsieur (une sorte de Springsteen vieilli prématurément et n'ayant jamais vendu son âme au commerce) s'amusait beaucoup à faire l'acteur dans des rôles cinématographiques pas toujours dignes de lui et se reposait sur les lauriers de l'hallucinant Bone Machine, un album comme personne n'oserait en faire, un disque de "blues tribal" ou quelque chose approchant. On attendait Mule Variations comme le messie d'une certaine musique américaine (celle qu'ont survolé des Dylan, des Neil Young, des Springsteen première période), une musique rustique, poétique, émouvante, sincère et souvent surprenante. Et bien en fait pour celui qui connaît bien la discographie du gars Waits, Mule Variations ne sera pas surprenant, enfin, pas beaucoup... Et pour celui qui ne connaît pas du tout la disco de Tom Waits (honte sur lui), ce disque sera la manne céleste. Mais dans les deux cas ce sera le Bonheur absolu.

    Qu'est-ce que l'on entend au long de ces 16 chansons (un album bien rempli, certes, mais qui semble ne durer que 25 minutes) ? On entend tout ce qui fait la magie de Tom Waits. Une voix inimitable de bourlingueur fatigué, une montagne de roc qui s'effrite au son d'un modeste piano. On entend les sons de la vraie vie, ici pas de studio d'enregistrement, ici pas d'artifice, c'est encore plus lo-fi que les derniers albums de Frank Black. Ici on entend un coq qui chante au loin (moment déjà historique de Chocolate Jesus), sur toutes les chansons douces on entend le tabouret du piano qui grince (ou bien est-ce le plancher, voire le piano ?), on entend des bruits lointains, familiers et étranges (des pas sur le gravier d'une cours de ferme ? le vent ? une voiture sur un chemin de terre ?). Et parfois ces bruits sont canalisés, recréés dans des ambiances de Suicide rural (What's He Building ? Petite histoire grinçante et admirable). Et le reste du temps on a l'impression d'entendre un big band post-apocalypse, un orchestre de blues atomisé. Cela donne des monuments bruts et ciselés tout à la fois comme Big In Japan (sacré tube), Cold Water, Eyeball Kid (monstrueux dans tous les sens du terme, avec même des samples (!!!!), Filipino Box Spring Hog, Come On Up To The House (un hymne comme on en fait plus). Et puis aussi de délicates chansons tristes, des chansons d'amour à l'ancienne comme on n'en espère plus depuis Nebraska. House Where Nobody Lives, Pony (une chanson triste de cow-boy, un truc de fou), Picture In A Frame, Georgia Lee, Take It With Me. Take It With Me justement, avant-dernier morceau de l'album et sans doute l'une des plus belles chansons de ce début d'année (sans doute de l'année entière, voire de la décennie...). C'est beau comme une chanson au coin du feu, dans la pénombre. Et je ne vous parle pas des textes, admirables en permanence (mention spéciale à : "Come down off the cross, we can use the wood"). C'est génial tout simplement et même si on connaît finalement déjà tout cela, on s'en fout, on en veut toujours plus pour pouvoir créer sa discothèque idéale des crépuscules d'été et des aubes d'hiver, celle que l'on écoutera encore dans 30 ans.

Nouvel avis bien plus tard : toujours aussi bancal et émouvant, ce disque ne prendra pas la moindre ride durant les 50 prochaines années. Un placement sûr, sans risque, confortable, sur lequel on peut compter à tout moment.


Atari Teenage Riot - 60 Second Wipe Out

        Jusqu'à il y a peu on pouvait trouver sur ce site une page assez lapidaire et assez élégiaque sur Atari Teenage Riot, dernier groupe de rock, de punk et de techno sur notre bonne vieille Terre. Mais avec la sortie de ce 60 Second (sans S) Wipe Out, j'ai sagement décidé de mettre cette page à la retraite, au moins pour un temps. Car ATR, groupe techno hardcore punk ado, hurle sur tous les tons que "FUCK LE SYSTEM !! FUCK THE POLICE !! FUCK THE USA !! FUCK THE FUCK !!" Et je ne vais pas me priver pour les prendre au mot. Fuck le système, OK, alors pourquoi tout ce marketing opportuniste ? Fuck The USA ? Alors pourquoi draguer à ce point le public américain ? Et surtout, bordel de fichtregris, pourquoi ressortir le même album que le précédent (en un peu moins bien quand même) ??? Je vais blasphémer dur mais voilà ma comparaison : The Clash (album punk rock, direct, bourrin, ado, mais déjà porteur d'ambitions musicales inédites) / Delete Yourself. Give 'Em Enough Rope (toujours du punk rock, moins ado, plus riche, plus nuancé, pas encore ça mais le précédent en mieux) / The Future Of War. London Calling (le plus grand disque du monde) / ....... Mais pas 60 Second Wipe Out en tout cas. Pendant tout l'album on a l'impression de déjà connaître tous les morceaux, le moindre break, le moindre hurlement, la moindre saturation, le moindre sample. Certes sur des titres comme Digital Hardcore ou Anarchy 999 on y croit encore à fond et c'est excellent, mais dans l'ensemble c'est laborieux et prévisible. Et surtout on réalise bien combien The Future Of War était un excellent disque, un classique. Sur 60 Second, pas de Death Star, pas de Destroy 2000 Years Of Culture, ni même de Get Up While You Can et encore moins de Speed. C'est du bruit, certes, mais c'est moins agressif, moins percutant, moins jouissif. 60 Second est tout simplement un album de sur-place, un coup dans l'eau, presque une tentative mercantile. Il ne manquerait plus que ce soit un succès commercial pour reléguer ATR dans le même caveau que les Prodigy, le caveau des faux punks incapables d'évoluer avec panache. Franchement je suis triste car je misais énormément sur la bande à Empire (surtout qu'ils ont été rejoint par Nic Endo). En live ça doit toujours le faire, mais sur album c'est la routine.

Nouvel avis bien plus tard : ce disque ne vaut vraiment pas grand chose et c'est un quasi calvaire de le réécouter aujourd'hui. Autant, c'est vrai, The Future Of War a vieilli mais garde un brio indéniable, autant 60 Second Wipe Out ne sauve même pas les meubles. A zapper.


The Creatures - Anima Animus

        Blondie et Debbie Harry reviennent après 16 ans d'absence, la nostalgie joue et ce No Exit inégal remporte l'adhésion. Au même moment une autre égérie du Punk, une vraie Légende, l'excessive prêtresse de la Gothique naissante, la fossoyeuse du punk, Siouxsie Sioux revient sans ses Banshees définitivement (promis, juré, craché) enterrées vivantes en 1995 après le beau The Rapture. Enfin... The Creatures c'est quand même 2/3 des Banshees, c'est à dire Siouxsie et son mari/batteur Budgie. Steven Severin, le co-créateur des Banshees, quant à lui, vogue désormais en solo avec un réel brio. The Creatures est le projet parallèle de Siouxsie et de Budgie depuis l'arrivée de celui-ci au sein des Banshees, c'est à dire depuis 1981 (et officiellement depuis 1983). Après une poignée de singles expérimentaux et un bien bel album (Feast), les Creatures avaient délivré en 1989 un album parfait, Boomerang. Puis... plus rien... Jusqu'en 1998. Tout d'abord un ep dantesque, Eraser Cut, sorti sur le nouveau label de Siouxsie, Sioux Records, on n'est jamais mieux servi que par soi-même en fait. Un autre ep sort juste après, Sad Cunt, toujours aussi génialement enthousiasmant. Puis c'est 2nd Floor, single dancefloor épatant annonçant enfin le nouvel album du groupe. Au même moment les premières œuvres des Creatures sont compilées et rééditées sous le nom de A Bestiary Of the Creatures. Ca sent le retour en force... Et c'est un coup de maître !

    C'est du Siouxsie et Budgie d'un niveau exceptionnel qui nous est proposé avec Anima Animus. Certes ce n'est plus la même chose qu'à la grande époque des chefs-d'oeuvre absolus des Banshees (The Scream, Join Hands, Juju...) mais c'est tout aussi bien. L'album démarre en force avec 2nd Floor, formidablement électronique, terriblement efficace. Dès le deuxième morceau on retrouve la richesse rythmique qui transcendait Boomerang. Les ambiances sont originales, uniques. La voix est toujours aussi fabuleuse. La magie n'a pas faibli d'un pouce. Turn It On est une perle. Take Mine est un délice de rythmes tribaux détournés. Say est un mélange réussi entre des influences technos, la voix divine de Siouxsie et les recherches rythmiques de Budgie. I Was Me est le morceau qui rappelle le plus les grands moments des Banshees, c'est du Gothique mais au plus beau sens du terme, texte cryptique et fascinant, minimalisme instrumental, le bonheur total. Prettiest Thing débute dans une atmosphère envoûtante, la voix monte doucement serpentant dans les méandres d'une production de toute beauté, la chanson prenant lentement son envol électrique. Exterminating Angel est le grand moment de l'album, la chanson la plus grandiose, la plus impressionnante dès la première écoute. Les Creatures ont su dompter la modernité sans rester à la traîne, à l'écoute de ce morceau épique on se dit même que comme d'habitude Siouxsie est en avance sur son temps. Another Planet poursuit sans rupture l'unité magnifique de l'album. Et Don't Go To Sleep Without Me, aux échos d'un The Last Beat Of My Heart encore plus fin, est la conclusion sublime à ce Anima Animus qui a tout d'un disque culte. Le Chef-d'Oeuvre de ce début d'année.

Nouvel avis bien plus tard : cet album, de tous mes points de vue, est le chef-d'oeuvre de 1999. Tout est là, l'originalité et la magie, le plaisir et l'intelligence, la nostalgie et le futur, la mélodie et les ténébres. Plus fort que Reznor, Siouxsie et Budgie ont signé le disque définitif pour enterrer les années 90. Jamais des "vieux" n'en ont autant remontré aux jeunes sur leur propre terrain. S'il n'y avait qu'un seul disque à acheter en 99 (ce serait le Tom Waits, oui, je sais...)


Blondie - No Exit

Ah ! Là on touche à ce qu'il peut y avoir de plus nostalgique chez le musicophile. Blondie ? C'est le souvenir de quelques unes des plus belles chansons de la fin des années 70 et du début des années 80. Le souvenir d'une certaine perfection Pop, inégalée, inimitable, unique. Et c'est surtout le souvenir d'avoir réécouter, pas plus tard que la semaine dernière, et peut-être pour la 400e fois, Parallel Lines, cet album fétiche, que l'on range toujours entre Revolver et Doolittle sur l'étagère très haute dans le firmament des disques dont on ne se lassera jamais. 16 ans après une séparation fatidique, Blondie se reforme, presque avec le line-up original. Bon. Des constatations d'ordre général ? Debbie Harry n'a pas changé. Enfin si, physiquement, forcément, quoique le lifting est l'un des plus admirables du siècle. Au niveau de la voix ? Un peu plus grave, forcément (bis) mais toujours aussi sublime. La musique ? Ben elle n'a presque pas changé non plus. Bon No Exit n'est pas Parallel Lines 2 La Revanche. C'est loin d'être un album aussi historique, aussi parfait, aussi révolutionnaire. Non. Dans Parallel Lines il n'y avait absolument rien à jeter, No Exit est franchement plus inégal. Et puis Blondie accuse l'âge, pas tant que cela, mais bon ce n'est plus Hanging On The Telephone, ni même Pretty Baby, on ne décolle plus aussi souvent qu'avant. Et pourtant ce nouvel album est... comment dire ? quasi génial. Le meilleur album de Pop depuis... hum... Parallel Lines ? Peut-être... Depuis Auto-American, alors... Non c'est un disque qui s'écoute avec un plaisir non dissimulé. Avec un démarrage sur les chapeaux de roue et une tendance à l'essoufflement sur la fin. Mais bon pour finir très haut au-dessus de la concurrence quand même. Écrasées les Spouf Girls, ridiculisés les Girls/Boys Bands, laminée la descendance un peu tarée qu'est Garbage, trucidées les mélodies définitivement trop simplettes d'Aqua, Blondie est le seul groupe à savoir faire une musique à la fois simple et riche, mélodiquement parfaite sans pour autant sombrer dans une prostitution sonore comme MTV nous en sert à longueur de journée. Blondie ce n'est pas la Pop "universitaire" façon Mercury Rev, c'est la Pop hors du temps. Pour preuve ce single incroyable qu'est Maria, perdu quelque part entre 1964, 1978, 1985 et 1999, on ne sait pas d'où sort ce Maria mais il est là et c'est déjà l'une des meilleures chansons de l'année. Et quand Blondie nous refait le coup de Rapture sur un No Exit hilarant, on craque, c'est trop beau pour être vrai. Certes les hauts sont moins hauts qu'avant et parfois on a l'impression de stagner un peu en deçà du Blondie que l'on avait quitté il y a si longtemps. Mais finalement au bout de 4, 5 ou 6 écoutes, on est conquis, définitivement. Cet album on le passera en boucle.

Nouvel avis bien plus tard : Un an après et avec la sortie du live, je crois que je n'hésiterais pas à remonter la note de deux points. Certes il y a de grands trous créatifs, voire de rythme, sur cet album, mais quand on contemple les sommets et surtout l'ensemble, mazette, c'est à pleurer de bonheur. Quel autre groupe de pop c'en est aussi bien sorti en 1999 ? Mouais... pas grand monde. Sur No Exit, il y a Maria, Double Take, Nothing Is Real But The Girl, Nightwind Sent, Under The Gun, des morceaux dignes du Blondie d'époque. C'est beaucoup, c'est suffisant, c'est indispensable.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
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