Premier avis

Ceci n'est pas un film

        Quatrième vision d'Avalon. Et le film grandit de plus en plus en moi. Au début je me suis dit que c'était un long-métrage sublime, plein de mystères, prêt à devenir culte. Puis je me suis dit que c'était un chef-d'œuvre, peut-être plus fort encore que Ghost In The Shell. Et maintenant j'en suis sûr, Avalon est de la trempe de ces œuvres qui peuvent changer la vie des spectateurs et même toute l'histoire du cinéma. J'ai comparé avec enthousiasme Avalon et La Nuit du Chasseur, je me rends de plus en plus compte que ce "sacrilège" était parfaitement justifié. Le film d'Oshii dépasse tous les cadres d'un genre bien défini. Par ses aspects novateurs, aussi bien invisible (la retouche par ordinateur de pratiquement tous les plans du film) qu'omniprésent (le sujet traité, qui paraît encore très "abscons" pour la majorité des spectateurs), Avalon a tout de l'œuvre qui change le monde. L'incompréhension d'une partie de la critique (la plupart sont restés totalement "hors" du film) et du public (le grand public n'est toujours pas prêt pour Citizen Kane ou Andrei Rublev, c'est évident), ne fait que servir Avalon. Mais ce sont des considérations bien éloignées de ce que je ressens.

        Ce que je ressens après cette nouvelle vision ? Une émotion torrentielle. J'ai pleuré devant le film, en fait j'ai pleuré pendant presque tout le dernier quart d'heure du métrage. Mon rythme cardiaque s'est accéléré, j'ai vécu le film de l'intérieur, plus intensément que toutes les fois précédentes. Chaque image d'Avalon me bouleverse, chaque idée me transforme, chaque note m'assassine. Et, attention je révèle un moment clef du film, quand Ash entre dans le monde en couleur de la Class Real, j'ai ressenti la même émotion que quand Dorothy ouvre la porte sur le monde de Oz. Même si en fait la comparaison la plus juste serait celle de la Zone de Stalker. Stalker, encore et toujours, auquel Avalon fait inévitablement penser, mais ce n'est pas bien important. Car Oshii raconte finalement un peu la même histoire que Tarkovski (la Zone est un monde plein de piège et de faux semblants, basée sur la répétition jamais vraiment identique et qui finit par exaucer le voeux de celui qui découvre la "chambre cachée"), mais avec d'autres moyens et un tout autre contexte (les jeux vidéos).

        Avalon est un film qui capte comme aucun autre l'avenir le plus proche de notre monde. Ni Fight Club, ni évidemment le plus en plus pathétique Matrix, ni aucun autre film récent n'a su approcher à ce point l'essence du "21e siècle" (quoi que cela puisse vouloir dire). Ah et puis c'est la dernière fois que je veux voir associer les termes "Matrix" et "Oshii" ou "Avalon". C'est un peu comme si l'on comparait 2001 et Tomb Raider, Citizen Kane et Belphegor. Ces deux films n'ont absolument rien à voir. Lire pour cela l'interview d'Oshii dans le dernier Mad Movies. Il le dit lui-même : les frères Wachowski ont voulu faire un film léger et divertissant où on laisse son cerveau aux vestiaires ; lui a voulu raconter une errance métaphysique avec quelques effets spéciaux grandioses au service de son propos (et non l'inverse).

        Quoi qu'en dise The Dude, la musique d'Avalon met autant de frissons dans tout le corps que celle de Ghost In The Shell. Et il n'y a pas tant de choses à ajouter, Avalon s'inspire à la fois de centaines de sources (des légendes arthuriennes au cinéma européen, de la culture "nerd" au RPG online, du cinéma muet au film noir hollywoodien), le grand film "somme" c'est celui-ci. Alors, oui, je suis désolé, mais tout le reste de la production cinématographique paraît bien fade à côté d'Avalon. Tiens, au fait, on disait de Ghosts Of Mars qu'il offrait à ses héros des postures mythiques jouissives. Certes, mais alors que dire des protagonistes d'Avalon ? Qui ne cesse d'un plan à un autre (et pas seulement dans le final) de resplendir comme les plus beaux icônes qui soient (oui, oui, icônes, au sens... tarkovskien...). Si le Legend of Zu de Tsui Hark est la surenchère ultime en matière de spectaculaire sur grand écran, Avalon va plus loin, tellement plus loin. Offrant à la fois du spectaculaire monstrueux (toutes les scènes d'action), du spectaculaire discret (tout le visuel et l'ambiance sonore du film), de l'intensité dramatique à s'évanouir, de la réflexion d'une actualité, d'une justesse et d'une profondeur terrifiantes...

        Avalon grandit en moi à une telle vitesse que je commence à avoir peur. C'est déjà l'un de mes films favoris de ces dernières années. A ce rythme, dans un an il fera parti de mes films favoris de tous les temps. Et dans dix ? Je fais toujours preuve de tellement d'enthousiasme aveugle et lyrique pour tout ce qui me plaît que je ne sais plus comment vous faire vraiment comprendre ce que je ressens pour Avalon, combien j'aimerais vous convaincre d'aller le voir, de le revoir, de l'adorer, combien je voudrais écrire des pages entières parfaitement inutiles pour radoter toujours les mêmes choses. Mais zut ! Tant qu'il y aura encore des personnes pour remettre en doute l'importance de ce film, tant que tant de gens passeront à côté de l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma (je persiste et je signe) pour mieux se jeter dans les bras d'œuvres franchement insignifiantes mais plus "abordables" (ou du moins qui ne demandent pas de réfléchir beaucoup, ça fait mal à la tête de réfléchir beaucoup, et Avalon est un film qui fait mal à la fois à la tête et au cœur si on s'abandonne à lui, mais après on en sort différent, meilleur, guérit, plus humain, mais je m'emporte). Donc tant que le monde dormira loin du chef-d'œuvre de sagesse et de doute de Mamoru Oshii, il faudra des excités comme moi, pour hurler encore et encore : Avalon va changer votre monde, Avalon va changer le monde. Oshii a tout simplement ajouté sa contribution gigantesque aux Contes du Graal. Rien que cela. Et plus encore...

        Comme la Divine Comédie est bien plus qu'un poème lyrique, comme De La Nature est bien plus qu'un traité de philosophie, comme Guernica est bien plus qu'une peinture, comme la Bible est bien plus qu'un livre, comme le Requiem de Mozart est bien plus que de la musique, comme From Hell est bien plus qu'un Comic, Avalon est bien plus que du cinéma. Il y avait une âme dans la coquille, maintenant il y a une âme dans le jeu vidéo. Il y a une âme dans ce film.


Deuxième avis

Qu'est-ce qu'Avalon ? Dans le film, on doute, on se demande, on ressent et on comprend peu à peu. Avalon ? La mort, la vie, la Zone tarkovskienne, le monde imaginaire dans lequel on aime à s'enfermer, un état supérieur ou inférieur de la conscience, une philosophie totale, le purgatoire, un choix, un "aller plus loin" ou tout simplement l'univers tel qu'on le conçoit ? Avalon le film ? Un thriller métaphysique, un rêve en suspend, un hommage, une bible discrète pour des temps nouveaux, le cadeau d'un sage à ceux qui savent écouter, voir et ressentir ? Les certitudes ? Avalon est le meilleur film d'Oshii. C'est aussi le plus beau film de l'année. Et la plus belle musique de Kenji Kawai. Mais de tout cela, finalement, on s'en fout un peu. Avalon est l'expérience cinématographique la plus touchante qui puisse se concevoir. Tout simplement parce qu'elle dépasse les cadres du cinéma. Oshii a découvert la porte pour Avalon, vers cette part d'inné, ce lieu secret qui est en nous et qui contient tous les secrets du monde. On pourra refuser le voyage, comme on peut refuser d'entrer dans 2001, dans Stalker ou dans Fire Walk With Me, et on restera loin, très loin, à des années lumières de la pensée d'Oshii. On pourra au moins s'extasier sur l'hallucinante beauté formelle du film, la maîtrise étouffante du moindre millimètre, du moindre son, du moindre mouvement, du moindre silence. Mais de tout cela aussi, on s'en fout un peu. Avalon est bien plus que cela. C'est la Nuit du Chasseur du nouveau millénaire, le "grand tout", mais le "grand tout" discret, humain, lointain, tel la musique de Kawai mixée comme un murmure. Impossible d'appréhender l'importance d'Avalon, nous sommes dépassés, on se sent tout petit, humble, admiratif, on préfère se taire. Tout est là.


Troisième avis

        Prévu en salles en France pour début 2002, Avalon, le film live du grand Oshii (à qui l'on doit Ghost In The Shell et les deux Patlabor, entre autres chefs-d'œuvre absolus) est déjà disponible en DVD. Soit en édition officielle Memorial (1500 balles) ou simple (500 balles), soit en édition un tantinet pirate mais équivalente à l'édition simple (VO polonaise 5.1 sous-titrée en anglais, image sublime, making of, BA...), aux environs de 170 F (je ne sais pas combien cela fait en euros, mais c'est déjà plus raisonnable, enfin, bon, bref, moi je dis ça, juste pour dire, il ne faut pas acheter de pirates !). Bon, voilà déjà l'aspect technique de la chose de réglé. On cause du film ?

        Un chef-d'œvre. En employant un directeur photo polonais (les meilleurs du monde, c'est bien connu), Oshii a pu mettre en scène un film d'une beauté hallucinante. Des couleurs jamais vues, des plans impossibles, des flous, des mouvements d'appareil inhumains, des effets de montage toujours bien venus. Le bon goût à l'état pur. L'état de grâce dans toute sa splendeur. Une magnificence visuelle (et sonore ! La musique de Kenji Kawaï, admirablement mixée, resplendit à tout instant avec discrétion) au service, bien sûr, d'un scénario en béton. Oshii a vraiment fait son 2001 (final plein de ???? à la clef). On reste bouche bée. On ne sait trop que penser. On laisse courir. On veut y revenir plus tard, en toute innocence, une fois le poids de la première vision passée. Comme pour 2001, comme pour Ghost In The Shell, comme pour Solaris, le film mûrit doucement mais sûrement dans notre esprit. La lenteur de l'œuvre, traversée de quelques scènes d'action fulgurantes, s'installe en nous. L'héroïne entre dans notre panthéon personnel, sa quête nous touche consciemment et inconsciemment.

        Presque trop beau (comme Final Fantasy), Avalon réussit à nous surprendre dans sa dernière partie, à nous prendre de court, à relancer notre imaginaire et nos sens. Si le Kubrick des grands jours, si Tarkovski, étaient encore en vie, ils nous offriraient des œuvres comme celle-ci. Sauf que Oshii et ses collaborateurs sont de vrais fans de jeux vidéos et se permettent des références très pointues qui ne seront vraiment perçues que par ceux qui ont passé un peu de temps à jouer en réseau ou au moins à quelques RPG. Un nouveau genre de cinéma. Le plus novateur, car mêlant les réflexions et les références les plus contemporaines (voire avant-gardistes) avec une puissance esthétique héritée des "anciens". Oshii ne fait pas n'importe quoi sous prétexte de coller à une époque, voire à une mode, non, Oshii fait son truc à lui, sans se poser de questions. Et son œuvre sans concession nous parle profondément, intimement, à tous les niveaux. On reste fasciné par l'intelligence, la force, le plaisir d'une telle œuvre. Profitez d'Avalon maintenant, avant qu'il ne soit trop tard. C'est tout simplement le plus grand film de 2001. Film à vivre sans plus attendre. Avalon est le 2001 d'Oshii. Avalon est son Stalker (avec lequel il partage de nombreux points communs). Oshii est le nouveau Tarkovski. Non, mieux ! Oshii est un auteur à part, un immense cinéaste, un artiste novateur au sens le plus noble et ce film est son chef-d'œvre. Unique.


Avalon de Kenji Kawaï

        Pour illustrer l'errance métaphysique d'Oshii, il fallait bien son compositeur fétiche, le génial Kenji Kawaï. Celui-ci nous offre une partition nettement plus "européenne" que ses œuvres pour les Patlabor et son chef-d'œuvre pour Ghost In The Shell. Néanmoins la patte inimitable de Kawaï et son goût pour le minimalisme angoissant et/ou rêveur se retrouve sur des pièces aussi délicates que Murphy's Ghost, The Ghost Hunting ou Ruins D99 (qui serait le morceau le plus proche de Ghost In The Shell et de son mythique Floating Museum). Et il y a le thème de Ash, incroyablement émouvant, entendu dans une scène belle comme du Tarkovski (décidément, on n'en sort pas). Mais ce n'est pas le Kawaï habituel qui marque le plus dans la BO de Avalon. Non, pas du tout. Ce qui impressionne dès la piste deux, c'est le Kawaï ambitieux, baroque, grandiose, parfois grandiloquent, qui s'ouvre aux chœurs d'opéras européens et à la musique lyrique. Le thème principal (Log Off, puis repris dans le fabuleux Log In) en est le plus bel exemple. Une rythmique prenante offre un crescendo parfait à un superbe entrelacement de chœurs et d'orchestre symphonique. Plus loin ce sera l'hallucinant Nine Sisters, inconcevable montée de suspens musical, qui crée un effroi étrange dans une scène a priori assez peu tendue : une recherche d'informations sur le web. En cela cette scène et sa musique sont historiques, inventant pour la première fois le véritable thriller en rapport avec le net. Mais ce n'est qu'une révolution (mineure de surcroît) parmi l'infinité que contient Avalon.  Et bien sûr il y a Voyage to AVALON, d'abord en version courte, puis dans sa version intégrale de 10 minutes. C'est un petit opéra en condensé, avec ses instants d'élégie vibrante, ses emportements wagnériens, la voix d'Elzbieta Towarnicka ; tout cela n'est pas qu'une folle démonstration de force de la part de Kawaï, cette fresque musicale est indissociable de la scène finale du film, de ses messages, de ses questions, de sa tension, de sa poésie. Alors ? Alors la musique d'Avalon est à la hauteur du film. Ce qui veut simplement dire qu'elle est l'une des meilleures, des plus originales et des plus touchantes BO jamais produites. A n'importe quelle époque de l'histoire du cinéma. Dois-je ajouter quelque chose ??


Vos avis sur Avalon

C'est génial ce site ! On peut parler de putains de films...
Bref, Avalon donc. Hmm... Par quoi commencer ? Pour me la péter Kubrick avec Eraserhead, je dirai que c'est le seul film que j'aurai aimé réaliser. Sans rire, un moment j'ai cru que Mamoru Oshii avait sorti ce film de mon imaginaire et de mes fantasmes ciné ! Tout simplement parce que ce film ne ressemble à rien de ce que j'ai vu, mais à ce que je voulais voir sans le savoir, sans l'imaginer, sans oser le rêver. Le concept de réalité/virtualité explose complètement dans ce métrage. Au revoir Matrix, et à jamais (s'il vous plaît... merci) !!
Je ne veux (peux) pas rentrer dans une véritable critique ou analyse de ce film sans entreprendre une véritable thèse, alors je dirai simplement qu'au-delà du cinéma, Avalon annonce le futur. Ce n'est pas une prophétie, ce n'est pas une vision, c'est tout simplement le progrès en marche : l'anticipation du futur média ciné/videogames... Tout ce qui manque à ce film, c'est un siècle de progrès technologique et donc la possibilité de prendre la place de Ash à l'écran... Et se réveiller comme elle dans une réalité effrayante, plus forte que "la vraie", et dans laquelle le sourir d'un enfant amène des réponses à ce qu'on ne se demande même pas.
Bon je m'arrête avant d'être incompréhensible au point de ne plus savoir faire de phrases... et je met la galette dans le lecteur DVD !
Vivement Ghost In The Shell 2 !!

Salvor


Salut je trouve très intéressant ton avis sur Avalon. Je voudrais juste ajouter quelques remarques : tu parles très justement de palindrome pour Avalon.

Il est vrai que le film peut être interprété de deux façons différentes et opposées avec des correspondances, des échoes.

La première est optimiste pour le joueur accros du virtuel. On peut voir le film comme un éloge au monde virtuel du jeu qui peut être préférable à notre monde car le joueur y est mieux dans  sa peau et peut s'exprimer via un avatar et donc une nouvelle personnalité avec les caratéristiques et des pouvoirs qu'il souhaite.   Mais comment décrire un monde virtuel de jeu qui motive jusqu'au point de préférer ce substitut à la réalité et du monde quotidien? Il faudrait offir au joueur un monde qui doit lui paraître plus complexe et plus riche que notre réalité.

Une des solutions consiste à transposer le tout. C'est a dire de "dégrader" la complexité de notre monde. La réalité devient donc univers virtuel d'un jeu, avec ses scènes de répétitions (le tram, la canette, etc.), son déterminisme plus accentué (déjà nous même sommes gouverné par un déterminisme mais à une  echelle moins visible!). Ainsi dans Avalon le monde du debut du film est notre réalité "dégradée" afin de permettre de représenter dans ce monde là un jeu dont l'univers est plus complexe (tout du moins dans la tête des joeurs) que la réalité. C'est le niveau "Class Real" du jeu Avalon.

Il faut admettre que l'on progresse dans la génèse de monde virtuel de plus en plus complexe (on est bien passé du jeu Pong au jeu Tactical Ops infiniment plus compexe!) Sur ce point on rejoint Ghost in the Shell (de Oshii aussi) qui montre la génèse d'une nouvelle race plus complexe qui va remplacer l'humanité. La question de la préférence du monde virtuel au monde réel peut donc être posée dans ce cas là. Sans cette transposition, si on nous montre le monde virtuel du meilleur des jeux actuels, il faut être complétement idiot pour préférer vivre dans ce jeu. (Les parties de TO c est bien mais bon pas plus de 50h par semaine!)

Dans cette première interprètation, on peut donc voir une éloge au monde virtuel que Murphy préfère d'ailleur à sa réalité. On peut comprendre le choix de Murphy vu la richesse de ce monde "Class Real" par rapport à son monde originel. Mais Ash va réussi à accéder à ce niveau et les deux meilleurs joeurs humains (Bishop n'étant pas un joueur mais l'un des admininstrateurs/opérateurs du jeu) vont s'affronter. Murphy explique sa préférence pour ce monde virtuel qu'il trouve plus riche et plus intéressant. Il finit par se laisser tuer pour offrir à Ash la possibilité de se rendre compte de cette richesse et de comprendre son choix. La dernière scène montre que pour Ash cet l'univers virtuel complexe ne remplacera pas son monde originel et surtout son chien et finit par vouloir revenir (d'ou sa concentration pour forger l'image des statues de son monde à la fin du film afin créer le portail de retour vers le véritable Avalon qu'est notre réalité).

Ash retrouve son monde et nous spectateur le notre.

La trasposition n'a plus lieu, la réalite de Ash rejoingne la notre.

Fin du film, et message : Welcome to Avalon.

La deuxième interprétation est plutot une critique des jeux virtuels. Les joueurs sont tellement accros qu'ils mélangent réalité et monde virtuel...d'où les échoes et les correspondances entre les deux mondes : présence et disparition du chien, vrais fruits, vraie viande, vraie volka dans un monde virtuel (objets colorés alors que le reste est en N/B-Sépia), tanks au début du film et chars/cannons à la fin du film). L'univers virtuel du jeu y est montré comme une sorte de drogue et le joueur y est prisonnier. De nos jours par exemple beaucoup de joueurs sont accros de Counter Strike, de Tactical Ops et des jeux de rôle "massif" sur Internet. Tout comme Stuner dans Avalon ils ne passent que peu de temps dans leur véritable monde et préfère de loin l'univers virtuel du jeu dans lequel ils peuvent choisir leur identité et leurs caractéristiques (pseudo Ash/Stunner/Murphy, couleur des cheveux : belle mèche argentée de Ash, armes etc...). Ce genre de joueurs très accros mangent a toute vitesse (ils ne quittent le jeu virtuel que pour des besoins vitaux) et on comprend alors les scènes de repas de fortune de Stunner ingurgité à la hatte et directement avec les doigts (tout comme les joeurs de notre réalité avec leurs pizzas-coca). Les joueurs accros dorment très peu et les cernes de Ash dans la dernière partie du film en témoignent. Ainsi mise à part quelques échoes du monde réel consacrés aux besoins vitaux du joueur le début du film est le jeu vituel dans lequel les personnages communiquent par Internet en ingurgitant leurs pizzas et en jouant à leur jeu favori. Malheureusement un des joueurs de l'équipe de Ash (le clan Wizard) décide d'arrêter le jeu Du point de vu des joueurs présents dans le jeu c'est une déconnexion.

Murphy abandonne le jeu et donc son équipe. Et dans pas mal de jeux l'avatar du joueur qui quitte la partie passe dans l'état inactif : état de coma dans avalon. Ash veux donc savoir pourquoi Murphy a abandonné leur monde de jeu pour cette réalité qui l'intéresse moins et dans laquelle elle n'est pas aussi connue (c'est quand meme une joueuse redoutable et reconnue dans le jeu avalon).

Dans dans cette réalité elle est une inconnue parmi les milliers de personnes qui se promènent dans les rues... comme quoi même dans la réalité la solitude et tout aussi présent voire plus que dans le jeu. Ash semble être insignifiante au milieu de cette marée de gens et dans les trams.

Cette double vision très philosophique des probables univers de jeu du futur est magnifiquement mise en scène et le moindre détail est nécessaire, rien n'est gratuit.

La forme épouse le fond de manière époustouflante. Comme d'habitude chez Oshi, la beauté du film va de pair avec la lenteur et la mélancolie voire mêle la solitude des personnages. Même si on peut lui reprocher de récupérer certaines éléments a Ghost in the Shell, comme par exemble le personnage de Ash ou encore la magnifique snène de pluie, il faut admettre que Avalon fait partie des dix meilleurs films de SF intelligents, aux cotés entre autres de GitS, 2001, Blade Runner et Brazil.

Phan Tran


01/04/02

Avalon est un chef d'œuvre.
Oui, c'est un peu péremptoire de le dire comme ca. D'ailleurs, un chef d'œuvre est censé être unique dans une carrière, et Oshii nous a déjà pas mal abreuve (Jin-Roh, GitS), mais c'est un fait.
D'abord, parlons de l'aspect jeu video... Remercions Oshii d'être le premier a retranscrire véritablement le concept du jeu vidéo a l'écran. C'est devenu une mode parmi nos "éminents" critiques de dire qu'un film est construit "comme un jeu vidéo", lieu commun et mensonge assez scandaleux d'ailleurs. Les rares tentatives de retranscrire cet univers a l'écran ont été des fours indignes: le pire exemple étant le pathétique Existenz, purge immonde qui n'avait rien compris (oui, ca fait mal du dire ca de Cronenberg). Les films adaptes de jeux étant tellement mauvais qu'ils montraient bien l'approche méprisante de l'industrie du cinoche et de l'opinion en général. Et tout ca pendant que les jeux réussissant a capturer l'essence du cinéma se multipliait (Metal Gear Solid ou Resident Evil pour les plus connus). Donc Avalon est la première transcription fidèle. Le joueur se reconnaîtra facilement.
Mais au delà de ca, Avalon est aussi une claque stylistique assez énorme.  Les images parlent d'elles même. Beaucoup de retouches par ordinateurs invisibles qui confère au film un cachet unique. Oui, unique. Jamais vu avant, toute reproduction sera évidemment une copie. Photo magnifique, acteurs excellents, réalisation unique... Les qualités du films sont innombrables, et la musique est extraordinaire.

Mais au delà du credo film/jeu vidéo et de la qualité stylistique, Avalon n'est pas un film d'esbroufe. Il y a un propos, et surtout un propos original. Oshii brise un tabou en déclarant que oui, le monde virtuel est l'égal du monde réel. Jusque la, le virtuel c'était caca, point de salut pour ceux qui ne vivent pas dans la réalité! Cette affirmation seule accentue le caractère unique du film, qui se permet des choses assez ose (des chars soviétiques patrouillant dans les rues d'une capitale d'ex République Populaire? Hummm...).
Alors certes, on capte pas grand choses au dernier quart d'heure. On sent bien ce qui se passe et le propos, mais narrativement, on est paume. Mais ca n'a pas empêche 2001 d'être ce qu'il est n'est ce pas. Avalon est du calibre de 2001, il joue dans la même catégorie. C'est pas peu dire. Avalon, c'est un coup de tatane dans ta gueule. Comme un bon film de Tsui Hark. Avalon. Avalon.
Les discussions avec moi même sont encore ne cours pour savoir si il est meilleur que GitS et Jin-Roh. Mais bon, avec ce film Oshii accède définitivement a la cour des très grand réalisateurs contemporains, celle des Hark et des Kubrick.

LMD


31/03/02

Avalon : Mamoru Oshii. 2000. sortie française 27 mars 2002. Film japonais.
Produit par Canal + et Bandai. Version Originale : en polonais.

Après une vingtaine d'années, au service du cinéma d'animation, et plus rarement du cinéma dit « Live » ; Mamoru Oshii a eu tout loisir de réfléchir à ces deux moyens d'expressions pas si éloignés que cela. Salué comme un maître par Stanley Kubrick suite à son premier chef d'œuvre Ghost In The Shell, Oshii est depuis devenu le maître étalon du cinéma mondial au côté comme c'est étrange d'Ayaho Miyazaki. Après avoir participé à la gestation du scénario d'Intelligence Artificielle, Oshii fut approché par James Cameron, qui avant Titanic avait eu le projet fou de réaliser le remake de Ghost In The Shell dans une forme « Live ». Le choc de l'Animé d'Oshii fut tel que d'obscurs tacherons pillèrent honteusement l'univers du réalisateur de Patlabor pour réaliser leur produit frelaté. Même aujourd'hui les nouveaux chouchous de la critique, et du public que sont Pixar semblent avoir étés séduit par le dessin animé jusqu'à parodier une scène célèbre dans leur dernier bijou : Monsters inc.

Alors que tout ce beau monde ( Kubrick, Spielberg, Miyazaki, Cameron, les deux vaches et le duo Pete Docter & John Lasseter ) est joyeusement congratulé, Mamuro Oshii lui continu son bonhomme de chemin sans être placé sous les sun-light. C'est ainsi que son dernier film apparaît sur les écrans deux ans après sa réalisation. Avalon, pourtant est déjà un classique. Un film culte de festival et des amateurs de Divx à un point tel, qu'Avalon est maintenant visible au cinéma. C'est avec de tel film qu'on s'aperçoit que le système de distribution des films obéit à l'uniformisation du cinéma et à la loi hollywoodienne ( le partenariat franco-américain historique dictatorial imposant des produits uniformisés en excluant la différence ). C'est aussi grâce à ce genre d'événement qu'on comprend que le cinéphile « post-moderne » (puisque « nouvelle cinéphilie » est déjà connotée) est en train de naître, grâce non plus aux salles de cinéma et autres cinémathèques, mais grâce au monde virtuel qu'est Internet. On comprend aussi malheureusement que cette nouvelle génération de cinéphiles, fait partie exclusivement des classes aisées, puisque pouvant se procurer un matériel et une connexion tout aussi coûteuse. Il y a encore heureusement quelques rares festivals fuyant le consensuel pour les moins fortunés mais la réalité est là : Internet devient pratiquement le seul moyen de se procurer en Divx ou Dvd des films aux marchés trop peu porteur. 

Ainsi né un deuxième phénomène qui nous amènera finalement à Avalon : l'exclusion socio-culturo-temporelle ( Houla la, c'est d'un pompeux ! Pfuuh, chui bien parti pour écrire aux Cahiers ). La vitesse de l'Internet permettant de savoir, de réfléchir et d'imposer une œuvre ou une information bien avant que celui qui ne possède Internet puisse le faire, et là on parles de la majorité des individus. De là, la création de deux temps différents. Si les deuxièmes s'extasient aujourd'hui sur Avalon, les premiers ont déjà téléchargés L'Attaque Des Clones ( C'est un exemple, mais franchement : les pauvres !! ) et s'échangent les derniers films de Takashi Miike en Dvd : Alors bon, Avalon l'est bien gentil mais c'est du passé tout ça. Les premiers expérimentant le futur des seconds, de là deux réalités s'opposent. Tout ceci est ( je sais ce sont des propos naïfs ) profondément injuste puisque la cinéphilie est devenue une question de fric ( c'était une intervention de Caliméro ). Néanmoins, tout ce processus avait déjà été analysé par Pierre Bourdieu ( l'accès à la culture se trouvant inégalement répartie selon la classe à laquelle nous appartenons ), bien avant l'invention d'internet. Internet accentue juste ces inégalités et la reproduction du schéma socioculturelle établi : les exclus de la «technologie» et d'une partie de la culture, subissant et devant accepter la vision de l'œuvre définis auparavant par la nomenklatura sans avoir aucun moyen
d'exprimer une opinion différente, même si plus pertinente. Mais ce phénomène visible, permet aussi de vérifier la pertinence des propos de Mamuro Oshii. Puisqu'en l'accentuant, il ajoute un nouvel outil pour façonner deux mondes : l'un dit « virtuel » et l'autre dit « réel ». Le premier s'immisçant de plus en plus dans l'autre et vis versa. Les adeptes de chacun des deux mondes se rejetant mutuellement.

Avalon effectivement ne parle que de ça : la confrontation entre deux réalités et les phénomènes d'exclusions qu'elles génèrent. Ces deux réalités existent et on leurs avantages comme leurs inconvénients, mais chacune rejette l'autre avec dédain. C'est tout le propos de Mamuro Oshii, dans Avalon où Ash une hardcore-gamer de légende dans un monde d'exclusion, essai par tout les moyens d'accéder au stade ultime d' « Avalon », jeu de réalité virtuelle : « La classe réelle ». Pour arriver au stade ultime, elle va former une nouvelle équipe composée avant tout d'un ancien compagnon de jeu et de son rival de toujours : Bishop. Pourtant cette trame apparente semble bien simpliste lorsque le spectateur découvre l'ultime plan du film qui remet en cause toute la narration du film.

En effet, Avalon peut tout aussi bien se lire d'une façon différente ( et de bien d'autres d'ailleurs ) et être perçu comme une sorte de palindrome cinématographique au sens pourtant totalement différent. Si la notion de réalité est mis à mal avec la lecture première du film, c'est les rapports ambiguë liant les individus du jeu entre eux qui se révèlent dans d'autres sens. Le rôle de chacun n'étant pas si évident que cela dans la progression du récit. De même, si dans un premier temps, le spectateur peut percevoir le film Avalon comme un film englobant un jeu vidéo où la réalité n'existe pas vraiment ; dans un second temps en effectuant le voyage par la fin il pourra percevoir Ash non pas comme un avatar mais comme une femme réelle qui s'enfonce progressivement dans une réalité virtuelle en essayant un jeu nommé Avalon (?)se nourrissant de sa propre réalité. L'exemple le plus visible est l'affiche d'un concert d'un opéra nommé Avalon : outre le nom que l'on retrouve dans le jeu, apparaît aussi le chien du jeu. De plus, l'un des éléments du jeu se trouve aussi être un ami de Ash, et certains éléments du décor comme le canon rappel ceux des chars d'assauts. Dans le même temps, cette progression inversée est quelque fois visuellement mise en scène : comme au début du film, lorsqu'Ash fend la foule dans les rues polonaises remontant l'action à sa source. A la fin ou au début c'est selon, se pose le problème de sa réelle existence : Ash est un avatar qui pense être réel ou bien Ash est une humaine qui pense vivre dans un monde virtuel. Dans les deux situations, son entourage lui demande d'être prudente par rapport à sa perception de la « réalité ». Chacun des partis faisant l'éloge de sa réalité en minimisant les aspects positifs de l'autre.

Plus fort encore, lorsque l'on creuse l'idée première  en acceptant le fait qu'Ash évolue seulement dans un monde virtuel. Dans ce cas, il est possible de voir le maître du jeu, comme le véritable joueur du jeu. Les mondes virtuels permettant, on le sait de changer d'identité. Si dans un premier temps, le maître du jeu empêche son avatar de s'introduire dans « la classe réelle » (c'est à dire la réalité ou peut être plus vraisemblablement, le dernier stade avant la réalité du spectateur ) ; il le laissera atteindre l'extrême limite du jeu en lui permettant alors de devenir réel : il joue alors le rôle du passeur. Dans cette perspective, Avalon révèle l'un des nombreux points communs entre le film et Stalker de Tarkovski ( film que je ne porte absolument pas dans mon cœur ). On peut aussi voir l'intervention de Bishop et des « neufs soeurs » comme celle d'un groupuscule appartenant à la réalité d'Avalon ; se servant d'Ash pour éliminer Murphy ancien membre des Wizards ayant quitté leur monde pour vivre dans la réalité du spectateur. Là encore deux mondes s'affrontent : le monde d'Avalon qui est vu comme réel par ces « habitants » et le monde de la « classe A » très proche de la réalité des spectateurs, qui s'impose à Murphy comme la réalité. Chacun des partis voyant dans l'autre une réalité virtuelle dangereuse. Pourtant, les deux réalités, du film sont vus par le spectateur comme virtuelle. Si la seconde lui semble proche de sa réalité, notamment dans son identification au personnage lorsqu'il sort du jeu classique ( la sensation étant très proche de la sortie du cinéma : passant des ténèbres a la lumière ). A la mort de Murphy, le spectateur s'aperçoit que ce n'est toujours pas la réalité. A ce moment, il ne peut que se considérer comme un nouveau « joueur » d'Avalon. Tout comme les joueurs d'Avalon, il considère que son monde est réel et ceux du film virtuel. A ce niveau la question qui doit lui venir est : « qu'est que j'en sais ? ».

Il y a enfin un dernier scénario possible à Avalon : Hardcore-gamer acharnée, Ash ne parvient pas à se déconnecter avant l'apparition d'un bug que tous appellent « Ghost ». Une sorte de bug ou virus qui détruit progressivement le cerveau des joueurs l'ayant croisé. C'est le cas de l'héroïne qui croise le bug sous forme de petite fille dans un hôpital. Progressivement, le film de Oshii va connaître une transformation esthétique. Le film sera contaminé de séquence en séquence par une coloration nouvelle des plans. De la couleur sépia s'échappe de manière diffuse des teintures plus variées. Les aliments connaîtront par exemple une coloration progressive tandis que le chien d'Ash disparaîtra tout d'un coup hors champ. Ash sera-t-elle condamnée à errer à l'intérieur d'Avalon ? Mais là commence une nouvelle vision du film sur laquelle je n'appesantirais pas d'avantage mon argumentation. - La contamination du cinéma « Live » par le cinéma d'animation : Tous les plans étant retouchés numériquement, jusqu'aux mouvements des acteurs - Il s'agit tout de même de remarquer non pas les rapports évidents qui lient Avalon avec les jeux vidéo d'un point de vue esthétique ( les multiples expérimentations de l'arrêt sur image ), gameplay ( l'ultime frontière séparant le cinéma du jeu vidéo étant ici quasiment franchie, puisque le spectateur est amené a se poser les mêmes questions que les personnages. ), séquences en plateaux ( la plus facile des références déjà utilisée dans de multiples films ) et autres scénarii à tiroirs ( la complexité des scénarii des Final Fantasy et la beauté de leurs cinématiques, les fin diverses de Silent Hill et sa suite, les temps morts de Shenmue, la richesse du scénario de Metal Gear II : tous les ingrédients que l'on retrouve dans Avalon ); mais, la volonté d'aborder l'univers du jeu vidéo sous un angle : quasi-philosophique. De faire sortir le jeu vidéo de ce préjugé auquel le cinéma a lui aussi été confronté à ses débuts c'est à dire celui de simple passe temps ; alors que l'on se trouve face à de l'art. En un mot Oshii, est au jeu vidéo ce que Baudelaire était au cinéma : c'est à dire un prophète.

A la lumière de ces visions-interprétations d'Avalon, on voit bien qu'Oshii met en parallèle deux visions de la réalité qui ont toutes deux leurs avantages (être perçu comme une « légende » dans l'une et être « vivante » dans l'autre ) et leurs inconvénients ( « mourir » ou devenir un « légume » ). Tout comme il n'est pas si évident que cela que l'une soit plus virtuelle que l'autre. Et c'est là que le propos de Mamuro Oshii laisse le côté métaphysique pour s'engouffrer dans le message subversif. Alors que le débat archaïque du danger des univers virtuels sur le mental, fait toujours autant rage dans les médias et chez tout les « bien » pensants, le petit Oshii déclare que la réalité virtuelle vaut autant que la réalité officielle. Elle n'est ni pire ni meilleure c'est un moyen comme un autre pour accepter l'existence, c'est ce qu'avaient fait avant elle toutes les illusions créé par l'homme de la peinture au cinéma. Et si l'on avait pris la victoire du méchant virus de Ghost In The Shell, comme la défaite de la justice représentée par la police ; on s'aperçoit qu'on était à côté de la plaque lorsqu'on met côte à côte ces deux films, surtout si on les complète par le scénario de Jin-Roh écrit par Mamuro Oshii. Le « Ghost » était poursuivit par le gouvernement parce qu'il échappait au pouvoir de celui ci, en étant libre. Viendra un jour où les visions de Mamuro Oshii seront notre réalité de tous les jours ; et où « fuir » la réalité créée en fonction de la société de consommation, pour se réfugier dans une réalité virtuelle, créée en fonction de notre idéal sera perçue encore plus qu'aujourd'hui comme un acte subversif répréhensible. Mais visiblement, pour le moment les deux réalités sont formatées par la consommation. Welcome to Avalon ou Welcome To The Human Race ?


Jeffrey Lebowsky


30/03/02

Que faut-il penser d'Avalon ?

Voilà une bonne question.
La plupart des films ne révèlent pas tout à la première vision et ça m'a l'air vrai pour Avalon.

Je dirais donc qu'à priori après une vision ça a l'air d'être un chef-d'oeuvre :

-une photo parfaite
-une actrice sublime
-une ambition assumée : ouvrir le 21ème siècle
-un dernier quart d'heure anthologique (très important pour entrer dans la catégorie "chef-d'oeuvre")
-un visuel unique
-et, plus que tout, un contenu philosophique alléchant (cf 2001 : alléchant parce qu'en ne l'ayant vu qu'une fois je ne pense pas l'avoir entièrement appréhendé)

mais certains trucs m'ont un peu emmerdé :

-j'ai eu du mal à entrer dans le film : le côté "jeu vidéo" nuit à l'intensité dramatique de l'ensemble, en clair : les mecs crèvent et on s'en fout un peu
-toujours pour les JV, les références RPG sont un peu ridicules (attention je suis un fan de JV!)
-c'est quoi ces plans dégueulasses du mec en train de bouffer? Et ils apportent quoi au film?
-pourquoi le chien?

Jean Lebrun


29/03/02

Ca y est je l'ai vu ... trois fois !! trois fois, c'est le nombre qui m'a fallu pour prendre mes repères. La première fois, c'était le brouillard quasi-total, je ne comprenais même pas qui était réellement Murphy !! Mais cette troisième vision, mon dieu, alalala quelle aventure !! alors on va se mettre à un petit jeu ,complètement con mais bon, moi ça me fait plaisir et c'est ce qui compte, non mais ! on va tenter de répondre à chacune des questions de ta petite intro sur Avalon. Allez en avant !

Avalon est-il le nouveau 2001 ?
oui. pourquoi ? parce que comme 2001, Avalon est l'aboutissment des préocupations SF des 20 dernières années (30?), tout comme 2001 en son temps. de Vidéodrome à ExistenZ, Avalon est une projection vers le passé (les Mythes, la constitution d'un monde basé uniquement sur des légendes) comme vers le futur (quelle sera l'identité de l'homme dans ce monde virtuel qui se prépare ? comment pourra t-il EXISTER ?) Evidement il faudrait dévelloper sur ces deux points mais je vais essayer de m'expliquer au cours des autres questions ? alors Avalon est bien un équivalent actuel du 2001.

Le nouveau Solaris ?
oh oui !! on pourrait même dire le nouveau «Andreï Roublev» (celui que je préfère de Tarkowski), bon dieu !! de toute façon dés Ghost In the Shell, Oshii avait mis les choses au point : nous possédons tous notre "fantôme", ce double inconnu, que nous nous créons ou qui nous échappe. On s'y réfugie, on s'en sert pour se protéger du monde réel,comme Ash le fait dans le métro (ou tout simplement dans la vie "réel" ?), ou comme Stunner le fait en s'empiffrant.Ce dernier est piégé par son fantôme, il est piégé par Avalon. Résultat : il vit "trop" sa vie "réel", en fait il ne vit plus: il est devenu une machine (regardez les mouvements de caméra quand il mange !), même pas un sauvage,non, il "utilise" la réalité pour vivre, au sens littéral. Le reste du temps il laisse son fantôme s'exprimer dans Avalon. Ou bien il participe au "fonctionnement" d'Avalon. Mais quel est ce fonctionnement ? la rumeur, la légende, l'excitation, l'envie. Avalon n'est pas qu'un'"jeu". Il est une partie intégrante de l'homme : croire à l'inconnu. dans un monde où tout semble prévisible, les hommes s'emmerdent. La réalité d'Avalon est très subtile : pour moi il s'agit d'un univers où plus rien n'échappe à l'homme ( 2001 bis ?), l'homme connait tout, il n'a plus rien à apprendre. Résultat : l'homme s'emmerde. "Avalon .... un héro prend le bateau et met les voiles vers cette île de légende... Avalon ... Aux Neufs Soeurs... Et Avalon vers cette île sacré ... Et Avalon ............................"

Le nouveau (forcément) Ghost In The Shell ?
forcément ;o)

Ou le "Matrix du pauvre" ?
je n'ai pas envie de rentrer dans cette bataille puérile sur les "analogies Matrix/Avalon". Oshii s'en fout : je m'en fous.

Piège à "nerds" ?
3 fois pour comprendre.. allez.. 60 % du film .... quand j'y pense effectivement ça me fait réfléchir. Pourtant je n'ai pas eu la même sensation que devant "Mullohand Drive", où le jeu était plus de se perdre dans les méandres du film pour l'apprécier. Je sais que c'est fou et très personnel mais je pense que la "stratégie" d'Avalon est de transformer le spectateur dans l'état d'un joueur, c'est à dire qu'Oshii ne laisse pas le spectateur sur le retour : on a envie de revoir le film. Contrairement à Lynch, Oshii nous donne suffisament d'indications à chaque vision pour obtenir un "retour" du spectateur. L'image , l'imaginaire, l'histoire, les "sensations" : tout concours à nous rendre "dépendant" du film. Bon allez, si quelqu'un comprend ce que je veux exprimer qu'il ne prenne surtout pas la route !!

Monument philosophique ?
Allez on va finir sur ça parce que sinon je vais te faire 40 pages :  qu'est-ce que la "classe réelle" ?? c'est .... non, on ne sait vraiment pas ... Avalon devient ce chef d'oeuvre dans ces 15,20 dernières minutes. Un monde imaginaire né de l'esprit d'Ash ?? (ce qui voudrait dire qu'Avalon est en fait le reflet de nos rêves les plus profonds). La VRAI réalité du film ?? (ce qui voudrait dire qu'Ash et tous les autes ont rêvé ou déliré tout le reste, comme dans ExistenZ) une image du passé,la classe "réelle" donc notre époque ?? (ce qui signifirait que l'humain a commencé à "déserter" la réalité juste à notre époque). Ca c'est si on essaie de comprendre d'un point de vue purement "pratique", pour expliquer le film. Mais d'un point de vue philosophique, métaphorique, c'est l'avalanche, le plongeon total vers l'inconscient, un malaise indescriptible (car c'est vraiment du malaise que j'ai ressenti pendant ces 20 dernières minutes. De ce genre de malaise qui vous transporte, certes, mais du malaise quand même). On en reparlera de ces 20 dernières minutes, tout comme on parle encore de 2001. Alors avant que tous les philosophes du monde se penche sur le cas, voici mon interprétation (et na d'abord !) : Plus d'explosions, de missiles, de commandos, d'hélico nucléaire : Voici NOTRE réalité copié, recraché, imité et le ciment de cette réalité finalement c'est l'homme. Par ses croyances, par sa capacité à inventer, Oshii démontre que l'homme n'a pas besoin de la "matière" pour exister. Que font Ash et Murphy à la fin du film ? concrètement ils sont simplement allongés sur un fauteuil, ou dans un lit pour Murphy. Seuls, tellement seuls dans un univers perdu, loin des hommes. Mais ce que nous voyons sous nos yeux, et ce que ressentent Ash et Murphy, c'est la naissance d'un mythe, d'une légende. Et ces deux humains jouent un rôle, ce sont plus que des acteurs, il sont devenus Avalon et Avalon ne peut exister sans eux. L'homme se suffit à lui-même, et ça revient à l'idée de Fantôme, celui-ci étant simplement la construction d'un personnage dans un univers quelquonque. Pour moi, contrairement à tous les autres films du genre et tous les autres auteurs du genre, Oshii fait un éloge de l'homme : en fin de compte l'homme est bien la vie la plus intelligente, il a réussi à devenir "créateur" et SURTOUT il a réussi à devenir indépendant de ce qui le contrôlait auparavant (Dieu, Mohammed ou le Monolithe peu importe comment on l'appelle ;o) Indépendant ? aïe ! c'est ce que croyais jusqu'à la toute dernière image du film. Cette fin je ne la "retient" toujours pas entre mes neurones ... Ash désirait-elle ce sort ? Savait-elle ce qui lui arriverait ensuite ? Ce "sourire" final c'est quoi bon dieu !!?! MAIS QU'EST DEVENU ASH EN FIN DE COMPTE ?? et là vraiment, oui, je savais que ce film m'avait vaincu.
Thomas Jacquemin.

PS: Le chien ?
si il est sur l'affiche d'Avalon période "classe réelle", c'est qui il doit avoir quelque chose derrière tout ça ... mais bon j'en ai déjà trop dit ;o) allez le voir ! allez le voir ! allez le voir ! allez le voir !

thomas@jacquemin.com


29/03/02

Avalon ne sorts même pas à Brest le 27 mars!Espérons qu'il ne va pas falloir attendre un mois ou plus, comme pour Time and tide (qui étaitsorti ds le ciné d'art et d'essai de Brest!)

G.


28/03/02

Mon premier avis était extrèmement confus, car écrit juste après avoir vu le film. Je ne l'ai pas encore revu, mais mes idées se sont clarifiés.

"Welcome to Avalon", le film nous invite immédiatement à rentrer dans son univers. Ce n'est pas un hasard si ce message apparaît très tôt dans le film ; Oshii nous avertit : rentrez dans le film, sinon ça ne sert à rien. A rien, peut-être pas, vous pourrez toujours admirer la splendeur visuelle du film et constater froidement la beauté de la musique. Mais vous auriez là une vision du film excessivement superficielle. Pour reprendre la comparaison d'Edwood, ce serait comme regarder le tableau Guernica en se contentant d'admirer la qualité du trait et l'originalité de certains motifs.

Nous suivons une partie essentielle de la vie de l'héroïne du film, Ash. Ce moment où l'on constate que son train de vie ne suffit plus, que l'on a besoin de plus, autrement dit, le moment ou un homme ou une femme cherche à s'accomplir. Ash éprouve sûrement des sentiments pour Murphy qui la pousse, plus que l'énigme de sa disparition à partir à sa recherche dans la classe "SA". Et sous son apparence inhumaine apparaît une âme, prête à tout pour y parvenir, poussée dans cette démarche par son destin (disparition du chien, dernière chose qui l'accrochait à la vie). Son regard vide sur un monde presque mort, s'anime à la recherche d'une profondeur, du moyen d'élever son âme au dessus d'une vie superficielle de constats et d'informations. Elle n'a même plus aucun plaisir, elle ne joue à Avalon que pour la performance, ou peut-être par dépendance...

Finalement elle parvient dans la Class Real, sorte de paradis de l'imagination, coloré, où l'art (encore un moyen d'élever son âme) tient une place importante, un monde vivant (cf. le paradoxe entre le métro du "monde réel" où tous les gens sont immobiles et muets, et le métro de la Class Real, plein d'activité, de mouvements, de bruits, bref de vie). La Class Real c'est le rêve, l'imagination. Le film se termine par 'Welcome to Avalon', qui, je le pense, s'adresse au spectateur : regarde le monde autour de toi, tu vois cette voiture ? Est-elle plus "réelle" que la fleur surréaliste et magnifique à laquelle tu penses, où à laquelle tu as rêvé ? Est-elle plus "réelle" que la "cloche de feu rose" que Rimbaud décrit dans un ciel nuageux ? Peut-être... Mais quelle importance ? L'important c'est le vrai. Réel ou virtuel, réel ou fictif il s'agit d'arriver au VRAI, à la profondeur. Et oui, la cloche en feu surpasse en vérité toutes les cloches que vous n'avez jamais vu de vos yeux.

Avalon est une invitation à regarder le monde autrement, à saisir sa profondeur. Une invitation à la vie, à tuer l'individualisme qui progresse en ce moment même. Une invitation, biensûr, à éléver son âme : il nous guide en nous montrant l'exemple puissant d'Ash : si elle y arrive, dans ce futur terrible dont vous ne voulez pas, pourquoi pas vous dans un monde bien moins desespéré ? si vous ne voulez pas de ce monde qui est montré dans le film, suivez l'exemple d'Ash, avant que cela ne devienne beaucoup plus dur. Dés lors le film est encore bien plus qu'un simple préavis du monde deshumanisé qui pourrait nous attendre, il nous guide, dans un monde où il n'est et ne sera pas évident, de moins en moins, de gagner l'accomplissement moral et psychologie,   le bonheur profond d'une âme épanouie.

Je ne dis pas que tout cela est directement dit dans le film, mais ce dernier invite à une réflexion qui amène à ces conclusions. Je n'eus certainement pas pu écrire ce court (en comparaison à l'infinité du film) message sans l'avoir vu. J'espère avoir mis en évidence combien il serait dommage d'avoir une vision superficielle du film, et combien il serait terriblement con de ne pas aller le   voir, au profit de légeretés incomparable. Je crois qu'il deviendra aussi   indispensable d'avoir vu Avalon que d'avoir lu le Rouge et le Noir ou la   Chartreuse de Parme (que je préfère personnellement - enfin ça, vous vous en   foutez pas mal). D'ailleurs je propose qu'on rende obligatoire (envoyez des millions de lettres à Jospin ou Tasca ou je-ne-sais-qui) la vision du film...
Enfin, je m'égare, je ne sais pas si Oshii serait content qu'on créé une sorte de totalitarisme culturel - qui peut rappeler de mauvais souvenirs - même pour promouvoir son film. Non, il faut simplement que vous en parliez au monde entier, que - dans la mesure du possible, n'y gâchez pas votre vie ! (sinon le film aura eu l'effet contraire de ce qu'il recherche) - vous fassiez tout pour que le film soit apprécié à sa juste valeur ( et soit apprécié tout court, autrement dit, soit vu ).

C'est tout de même incroyable - et pourtant vrai - qu'un simple film, aux apparences légères - car sans insistances lourdes en ce qui concerne le fond - puisse générer une telle profondeur.
Je me trompe probablement sur certains points de mon interprétations du film, et je corrigerais et élargirais mon raisonnement lors des prochaines vision, mais j'espère et je crois avoir saisi la substance générale du film, comme tout  le monde le peut. Avalon est bien plus qu'un film et Oshii et un grand et un vrai artiste - il y en a peu.

Alexandre.


28/03/02

Welcome to Avalon

Avalon c'est beau.
Avalon c'est Ghost in the Shell + eXistenZ + Kieslovski.
Avalon c'est l'anti Matrix.
Avalon c'est pas un chef d'oeuvre mais juste un excellent film.
Avalon c'est le cinéma.


PS: ASH LIVES

Imbécile Jones


24/03/02

Bon ça fait un baille que je ne l'ai pas vu. peut être que j'en dirais plus la semaine prochaine. Pour l'instant: c'est le film-vidéo-game ( Matrix, Exiztenz, Vidéodrome, Dark city etc... ) le plus aboutit, le plus intelligent et tralala. L'idée selon laquelle, entre deux monde "virtuel" il peut être compréhensible que certain choisissent leur monde virtuel, plutôt que le monde virtuel offert par la société réelle, est une remarque quelque peu intéressante. C'est quelque part un point de vue révolutionnaire, et subversif pouvant être perçut comme une "troisième voie" parmi les utopies humaines. Ne pas changer le monde, selon l'idéal d'une personne ( ou d'un groupe de personne ), mais la liberté de chacun de vivre dans son propre monde. A un tel point bien sur que le monde choisit est plus réel que le monde subit. Dans les deux cas, pourtant: une chose est sur: la vie est courte. Quant a la musique: Ha mieux comme zic. Entre la BOF de Ghost In The Shell et Avalon, pour moi pas photo. Ghost In The Shell ( plein petits frissons partout ). Niveau technique: Si y a eu des prises de têtes totalement inutile sur Final Fantasy ( premier film aux acteurs virtuels, selon la presse, selon la pub - redondance - a croire qu'ils n'ont jamais vu Blanche Neige !! Final Fantasy est un dessin animé !! rien de plus ) je suis quasiment sur que là, les propos sur l'aspect moral de l'utilisation de retouche numérique pour améliorer l'expressivité du jeu des acteurs ( encore plus fort que Georges Lucas et sa Menace Fantôme ) va passer comme une lettre a la poste. Puisqu'impossible a détecter. Avalon, est avec Starship Troopers une date dans l'utilisation des effets spéciaux numérique. Autre aspect polémique. La presse étant ce qu'elle est, certain parlerons d'Avalon, comme d'un plagiat de Matrix. Sans doute que la majorité des spectateurs, diront que Oshii a tout piqué a Matrix. Et sur ce point, ON ne peut rien faire. la loi de l'argent et du chiffre est plus forte que celle de culture. Anecdote: a la fin de Monstre et compagnie, Pixar laisse percevoir il me semble qu'ils ont vu Ghost In The Shell. Le combat final entre le gentil et le méchant ( invisible ) est fort proche d'une séquence celebrissime de Ghost In The Shell. J'ai l'étrange impression, qu'Oshii devient aussi incontournable que Stanley Kubrick. ( A.I. étant la synthèse et la passation des pouvoirs entre Kubrick et Oshii: tout deux ayants été impliqué sur le projet. )

Jeffrey Lebowsky


23/03/02

Arf ! Après avoir regardé 124 586 fois la bande annonce, j'ai acheté la Bande originale du film de Oshii que j'attend qd même depuis 2 ans. Que dire ? Edwood tu ne t'es pas vraiment trompé,la musique est jolie et si elle est a l'image du film ce doit être dantesque ! :) Plus que quelques jours a attendre,mais c'est terriblement dur pour un ptit nerd djzeune comme moa snif.... ^^


(cool je suis ptet le premier post) :)

Nouilles


Note de Ed : et bien oui, tu l'es. Ce n'est pas vraiment une critique du film, mais au moins tu montres le bon exemple (enfin les smileys, c'est pas trop ça, soit dit en passant sans animosité aucune). Le film est mieux que la musique (forcément puisqu'il intègre la musique en plus de plein d'autres choses), et tu ne seras pas déçu, je ne pense pas. Je précise que l'on peut être décontenancé par la ou les premières visions. Comme toujours avec Oshii les scènes d'action sont intenses mais peu présentes, et le rythme est très ample, très répétitif, hypnotique. Les thèmes abordés sont si denses et nombreux qu'on est tenté de les limiter au maximum au début, on focalise sur quelques points qui ne sont pas forcément les plus essentiels. Alors il faut insister et "s'habituer" à l'oeuvre. Croyez-moi, j'ai aimé le film dès la première fois, à la deuxième vision je l'ai trouvé proche du génie, à la troisième je me suis dit que c'était un pur chef-d'oeuvre. Et depuis il ne cesse de grandir en moi. Vous ne pouvez pas être déçu. Ne serait-ce que le visuel, Avalon va vous traumatiser, promis-juré.

 
 
 
 
 
 
 
 
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