The Aphex Twin : Classics

        Cette imposante compilation recouvre la première période du jeune Richard D. James, entre 1990 et 1995. Ce sont pour la plupart des morceaux de techno pure et dure, mais portant déjà la patte décalée de leur compositeur. La formule parait simple, une grosse rythmique, une basse de folie, quelques effets sonores délirants, une plage de synthés sombre en arrière-plan, et voilà un morceau "classique" d'Aphex Twin. Mais en fait, au vu de la production techno actuelle, il est très difficile de réussir à atteindre une telle efficacité. Il est très difficile de donner à ce point à l'auditeur l'envie de sauter dans tous les sens. Il est très difficile de ne pas lasser durant 6 à 7 minutes avec des bases aussi minimalistes. En clair, cette compilation est l'un des meilleurs disques de techno qu'il m'ait été donné de croiser. Le départ en force de Digeridoo ne se dément jamais au long des 75 minutes et quelques qui suivent. Digeridoo fascine par son beat à la fois limite hardcore et franchement planant. Flaphead cloue l'auditeur par un martèlement incroyable. Plus loin Tamphex transporte encore plus loin dans la galaxie de la "hard" techno irrésistible. Mais lorsque arrive Metapharstic on est loin, très loin des clichés sur cette musique "froide", "sans émotion", c'est un plaisir pur des sens à base de basses titanesques et de rythmiques dantesques, le tout étant lié par des effets sonores monstrueux. Plaisir qui se poursuit avec le QQT Mix de We Have Arrived, annonciateur du révolutionnaire Ventolin. Sons métalliques et agressifs, rythmiques saccadées, breaks effrayants, c'est une usine métallurgique en folie qui aurait adopté un groove de Terminators sous acides sulfuriques. En clair, dès 1990, l'Aphex Twin avait déjà inventé beaucoup en matière de "big beat", "jungle" et autre joyeusetés du même genre, et encore maintenant la techno est loin d'atteindre la perfection de Polynomial-C et autres Phloam. Purement et simplement fondamental, historique et indispensable.


Aphex Twin : Selected Ambient Works 85-92


 

Aphex Twin : Selected Ambient Works Volume II

        Changement radical de style avec ce double album historique (encore) de 1994. LE chef-d'œuvre du genre ambient (aux côtés du Chill Out de KLF). Une longue aventure dans une autre dimension de la musique, une expérience unique. Les morceaux sont nommés par des dégradés de couleurs, ce qui est finalement très représentatif de l'œuvre elle-même. Les échos d'univers lointains bruissent sous des claquements et autres craquements formant une rythmique désincarnée, aussi présente que fantomatique, plus loin ce sont d'étranges claviers terrifiants qui prennent en otage les conduits auditifs ; et si, pendant un instant, une mélodie guillerette s'est faufilée dans les méandres d'une machine infernale, c'est pour mieux annoncer de longs silences peuplés de frémissements synthétiques qui expriment mieux que toute définition ce que les termes fascinants et envoûtants représentent. On a parlé de musique du 3e millénaire, de bande son d'un hypothétique 2061, de divertissement pour androïdes rêvant de moutons électriques, c'est un peu tout cela, et c'est bien d'autres choses. Aime-t-on ce disque ? Prend-on vraiment plaisir à traverser cet éther sonore et sonique ? Sans aucun doute. Certains auditeurs, peu préparés à l'écoute de cette dernière folie avant l'Apocalypse, en seront pour leur frais, noyés dans des océans d'ennui ; les autres auront depuis longtemps enfoncé la touche replay et passeront plusieurs dizaines d'écoutes en boucle avant de se rendre compte qu'il y a un second disque. Chef-d'œuvre, donc.


 

Aphex Twin : ... I Care Because You Do

    Continuant sur sa lancée, Richard D. James aborde un style totalement différent sur cet album qui est peut-être son plus grand accomplissement (c'est dire !). Nous sommes en 1995, et l'Aphex Twin s'apprête, une nouvelle fois, à révolutionner la musique électronique. I Care Because You Do est un gigantesque puzzle, à l'image de ses morceaux, un bouillant chaudron de tous les genres de musiques électroniques, une sorte de délirant best of de ce que l'on peut faire musicalement avec des machines (seul le Not For Threes de Plaid a réussi à l'égaler sur ce terrain). Passionnant d'un bout à l'autre, cet album est tétanisant. La jungle, la house, l'ambient, l'electronica, la techno pure... s'y percutent, y copulent, s'y croisent, s'y fondent, s'y perdent, donnant naissance à une musique unique et toujours géniale. C'est l'agressivité révolutionnaire de Ventolin, c'est l'efficacité de Come On You Slags !, c'est la rêverie de Mookid, c'est le groove de Cow Cud Isa Twin (bon sang les titres !), c'est la magie de ce qui pourrait être une parfaite musique de films de Next Heap With, etc.... A noter qu'au même moment, Aphex Twin délivre un titre phénoménal pour le disque de remixes du Downward Spiral de Nine Inch Nails, At The Heart Of It All, morceau qui aurait très bien pu avoir sa place sur cet album du même niveau, à l'agressivité de la rythmique répond d'impressionnantes plages de synthés majestueuses et ténébreuses, sublime. En clair, I Care Because You Do est tout aussi indispensable que les deux précédents disques et marque pour l'instant l'apogée de l'Aphex Twin.


 

Aphex Twin : Richard D. James Album

    Après l'apothéose du précédent album, Richard D. James revient juste un an plus tard avec un album éponyme. Il y pousse encore plus loin l'association mélodies guillerettes et humoristiques et rythmiques déjantées. Les morceaux sont en majorité très courts (enfin pour de la techno) l'album faisant à peine 35 minutes (plus court qu'un Ep, quoi). L'ensemble s'écoute sans déplaisir, et des titres comme 4 ou Girl/Boy Song, font partie de ce que l'Aphex Twin a produit de meilleur. Mais c'est franchement moins révolutionnaire que les œuvres précédentes. Ce n'est même pas plus abordable en fait, cela aurait fait un bon Ep de transition, mais c'est un album. Le style Aphex Twin commence à tourner au procédé et si la courte durée et l'entrain des morceaux font que cet album s'avère des plus réjouissants, il manque un peu de la magie du précédent. Mais le Richard D. James Album demeure un très bon disque, au milieu de la foisonnante et très inégale production de musique électronique des années 90.

Et comme pour mieux me faire mentir, au fil des années cet album est devenu le plus grand classique de l'Aphex Twin. Bien, admettons, c'est par celui-là qu'il faut débuter, tant il est facile d'accès.


 

Aphex Twin : Come to Daddy

    Celui-ci, c'est un Ep, c'est clairement précisé, mais on aurait pu se tromper vu que le disque est plus long que l'album précédent. Et c'est aussi assez clairement un Ep de transition. Car là encore l'Aphex abuse de procédés connus depuis longtemps (To Cure A Weakling Child Countour Regard, Come To Daddy Mummy Mix...), bien sûr c'est finalement toujours aussi bien, mais on demande toujours plus à un génie tel que Richard James. Et si son univers psychiatrique, entre enfance pervertie et industrialisation guillerette, fait mouche (Come To Daddy Little Lord Faulteroy Mix, Funny Little Man), c'est finalement quand il se tourne vers la parodie pure des Prodigy qu'il révolutionne le plus. Ce Come To Daddy, Pappy Mix est surprenant, car il ne ressemble à rien de ce que l'Aphex a fait avant (ou alors il faut remonter aux Classics), et en voulant se moquer des Prodigy, il les enfonce purement et simplement sur leur propre terrain. Pour sûr la "jungle" sauvage qui régit la seconde moitié du morceau, c'est du Richard James pur, mais l'ensemble dégage une agressivité et une énergie qui fait plaisir à entendre. Le tout étant renforcé par un clip fabuleux et monstrueux, l'un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) de l'année 1997. Et au final quand le Ep s'achève sur le classique mais tellement magique IZ-US, l'Aphex Twin a encore une fois remporté toute notre adhésion. Et on attend toujours avec impatience le véritable nouvel album qui changera de nouveau le visage de la musique électronique.


 

Aphex Twin : Windowlicker

        De nouveau un Ep (et pas très long cette fois) et de nouveau presque une déception. Presque ! Car même si Aphex Twin fait toujours la même chose (en particulier sur les morceaux 2 et 3), il le fait de manière de plus en plus extrémiste. Windowlicker n'est pas un disque agréable à écouter, c'est clair, on est loin des travaux ambients des débuts. Ici c'est le bordel le plus total qui prime. Certes l'Aphex a découvert de nouvelles machines et il a appris à plus les exploiter qu'aux temps des Classics, mais le résultat est assez effrayant. C'est une collection de sons hyper travaillés qui partent dans tous les sens (je parle ici surtout du 2e morceau mais cela vaut aussi pour Windowlicker), pas de mélodie juste une belle démonstration de force. Windowlicker est un morceau largement aussi malsain que Come To Daddy (sans parler du clip), dans lequel James s'est amusé à massacrer des samples vocaux pour créer d'étranges sonorités inédites. C'est fascinant mais le concept semble rapidement tourner en rond, ensuite l'Aphex revient à ses principes habituels : explosion de rythme, micro-mélodies enfantines, ambiance lourde en fond. Windowlicker est un funk malsain pour dancefloors pervers, de l'electronica presque aussi extrémiste que celle des voisins d'Autechre. Le deuxième morceau au titre bien représentatif est aussi évident à écouter que d'essayer de calculer une équation à 5 inconnues. J'aime beaucoup même si j'ai l'impression d'avoir entendu cela pas mal de fois (chez l'Aphex Twin, mais pas seulement). Tout ce que l'on remarque c'est que sa musique se complexifie de plus en plus. Le troisième morceau, Nannou, annonce la couleur dès le titre, c'est une comptine décalée comme James en produit au kilomètre. Il faut l'avouer, c'est banal. Rien d'original dans ce morceau là (et surtout pas le coup de la boîte à musique que l'on remonte). J'aime toujours, c'est très agréable à écouter (plus facile d'approche que Windowlicker, c'est clair), mais cela ne révolutionne rien. En clair ce maxi flirte à la fois avec l'inécoutable, le génie, la banalité, la mélodie, le bordel, le malaise et le dancefloor du prochain millénaire. Le plus gros plaisir que l'on en retire c'est de se dire que Richard D. James n'a décidément pas vendu son âme au commerce et qu'il délivre ici une de ses œuvres les plus hermétiques. S'il réussit à vendre son disque ce sera auprès des fans hardcore (comme moi) ou sur la lancée d'un effet de mode et bon nombre d'acheteur vont se forcer à aimer pour paraître "in". Quelle erreur ! La musique d'Aphex Twin n'a jamais été créée pour le plébiscite, ni pour le grand public ! Et c'est pour cela qu'on l'aime.


 

 

Aphex Twin : Druqs

        C'est la dure loi de la nature, le cycle inévitable de l'évolution, l'ancienne espèce dominante est peu à peu remplacée par une autre, plus faible a priori, mais mieux adaptée, plus maligne, plus en phase avec son ère. Le diplodocus Aphex Twin se voit donc grignoté par la souris Bogdan Raczynski. A la base, Bogdan est un "clone" de l'Aphex, signé par le monsieur lui-même, sur son label à lui, Rephlex, où d'ailleurs il ne signe que ses clones. Bogdan débute donc en faisant de l'Aphex, comme beaucoup d'autres (et pas seulement Radiohead). Mais, mais, mais. Il y a quelque chose d'autre chez Bogdan, dès le début on le sent, ce petit en veut, il y a d'immenses espoirs cachés derrière ses beats en délire. Petit à petit, dans le grand mouvement de l'évolution, Bogdan fait de l'Aphex, mieux que l'Aphex. Et en cette fin d'année 2001, au moment où tous les deux sortent un album acclamé par la critique, on ne peut que constater un fait tout simple : Bogdan Raczynski écrabouille Richard D. James.

        L'album d'Aphex Twin, le sur-médiatisé Drukqs (qui doit signifier "best of" ou "greatest hits" ou "je me la foule pas" en langage Lourd, n'oublions pas que ce Drukqs est une compilation d'anciens morceaux !) est un hénaurme pétard mouillé qui dégouline de la cime aux racines (c'est pour la rime). 1/2 d'Aphex Twin qui s'auto-parodie (voire qui imite Bogdan, allez comprendre !) et 1/2 de remplissage. Ca nous donne un double album qui pisse dans un violon et dont on se fout éperdument dès la première écoute. A la seconde, cependant, on se rend compte qu'il y a de bonnes choses là-dedans. Sans la moindre once d'originalité ou de prises de risques, mais on discerne au moins 4 ou 5 bons, voire très bons, morceaux dans la masse. Ca fait peu, je vous l'accorde. Surtout que c'est son premier opus depuis 1996 et l'angulaire Richard D. James Lp. Ne vous attendez pas à retrouver le grand frisson de Ventolin, Girl/Boy Song ou des Selected Ambient Works (ici repris par moments note par note). Richard James est mort avec les années 90. C'est finalement bien logique. Drukqs est son chant du cygne, l'album de trop qu'il fallait pour tuer la légende. Monsieur James avait besoin de thunes, il va en avoir, il a rappelé au monde entier que sans lui il n'y aurait pas de Kid A, de Destiny's Child & co, maintenant il va falloir qu'il se bouge, il en est capable. Ou pas.

        A l'inverse, l'album de Bogdan Raczynski, MyloveIlove, est une merveille du début à la fin. Expérimental tout en restant abordable, novateur en permanence même lorsqu'il paye tribu à ses inspirateurs (cf la fusion incroyable de Plaid et d'Aphex Twin sur le morceau 12), touchant, drôle, triste, bizarre, inclassable, brillant. Et pourtant on sent bien que ce n'est là qu'un disque de transition et que le petit (devenu grand) nous réserve des monuments pour dans peu de temps. L'ère 2000 lui appartient, car il vient de nous offrir là le disque le plus original de l'année. 17 morceaux et autant de prises de risque (ne serait-ce que le grandiose single, casé en toute fin d'album). Bogdan bidouille, essaie, triture, invente, ne se laisse jamais enfermer dans une formule toute faite, il touche à tout et lorsque l'on croit qu'il se repose sur ses lauriers, il fait surgir de la piste une imprévisible idée géniale. Chants désincarnés, instruments inattendus, sonorités fascinantes, mystères et humour... MyloveIlove est un album calme, apaisé, léger même dans ses touches sombres, il ne fait pas de bruit, il ne paye pas de mine. Mais il vient confirmer le talent d'un élève qui vient de dépasser son maître. L'Aphex Twin s'est arrêté sur le bord de la route, Bogdan Raczynski est désormais bien loin devant lui, et il sera bien difficile de le rattraper. Jusqu'à la prochaine passation de pouvoir ("le vrai pouvoir ne se donne pas, il se prend", n'est-ce pas ?). MyloveIlove est un disque presque bouleversant et certainement rassurant, il nous prouve que la musique ne cesse d'évoluer et que nous n'avons décidément aucune raison d'être blasés. Ouf !


 

AFX : Chosen Lords

        Richard James, alias The Aphex Twin, alias AFX, alias une bonne dizaine d'autres pseudonymes divers et variés, aura été l'un des précurseurs et surtout l'un des plus grands artistes de la musique électronique des années 90. Après les grands succès critiques et les succès relatifs vis-à-vis du public de son Richard D. James Lp et deux singles mémorables (Come To Daddy et Windowlicker), il a peu à peu abandonné le devant de la scène, en particulier après un double album, Drukqs, qui le révélait en pleine panne d'inspiration et tournant de plus en plus en rond. Ces cinq dernières années, le trublion n'aura sorti qu'une poignée de maxi-singles, dont une sélection est proposée sur ce Chosen Lords. Dès les premiers instants de Fenix Funk, on se souvient de ce que l'on appréciait tant chez Aphex Twin à l'époque de sa grandeur : sa faculté à organiser le plus vaste des chaos rythmiques et sonores en un terrain de jeu ludique, déroutant, parfois inquiétant, totalement imprévisible et hautement accrocheur. On retrouve Richard James exactement là où il nous avait abandonné il y a plus d'une décennie, à l'époque des Analog Bubblebath et I Care Because You Do, en pleine veine de destruction des règles musicales. Expérimental, déjanté, insaisissable, son travail sur les 11 singles "Analord" semble aussi obsolète tout en s'assumant totalement ainsi. Étrangement, ce sont les prémisses de l'inévitable "revival" de l'electronica des années 90 qui se font déjà entendre sur ces morceaux aux sonorités datées mais à la verve et à la folie toujours aussi avant-gardistes. En prenant son temps comme jamais auparavant dans sa carrière, Richard James a recentré son inspiration, cultivant son petit jardin immédiatement reconnaissable, délaissant une inaccessible reconnaissance du grand public pour mieux déverser son trop plein d'idées dans des ébauches de fresques de cinq minutes qui rebondissent dans tous les coins des enceintes, d'improbables monstres musicaux titubants sous le poids d'une inventivité étourdissante.


 

Aphex Twin : Syro

On ne répétera jamais assez  à quel point Aphex Twin a révolutionné la musique de la fin du siècle dernier. J'en ai longuement parlé ailleurs sur ce site, avec des critiques rédigées  à l'époque et souvent dans le feu de l'action. En réécoutant ces albums qu'on connaît par cœur et qu'on avait mis un peu de côté ces dernières années, on réalise que les prédictions les plus enthousiastes avaient vu juste : la musique de Richard D. James est toujours en avance sur l'époque. Non seulement elle n'a, à quelques exceptions près, pas pris l'ombre d'une ride, mais elle semble encore surgir d'un futur proche. Au début du millénaire, certains artistes grand public ont bien tenté de s'approprier le son et les expérimentations de l'artiste, mais ce ne fut qu'un effet de mode. Même lorsque Radiohead frôlait le plagiat pur et simple avec Kid A, le feu était de paille (réécouter en particulier Idiotheque, qu'on jurerait issu d'une chute du Richard D. James Lp). Au final ce sont les français de Daft Punk qui ont réussi à imposer leur vision de la musique électronique auprès du plus grand nombre. Il n'empêche, le vrai visionnaire c'est bien Aphex Twin.

Sortant d'une retraite qui durait depuis le décevant Druqs, à peine entamée par la sortie d'une excellente compilation sous le nom d'AFX et d'un album plus anodin sous le pseudonyme de The Tuss, le britannique revient apaisé avec Syro. En effet, ayant désormais atteint la quarantaine et étant avant tout un bon père de famille (qui encourage ses enfants en bas âge à faire de la musique déjantée), Richard D. James revisite son œuvre avec bienveillance. En cela Syro fait souvent office de best of d'Aphex Twin, un best of entièrement constitué de nouveaux morceaux. On y reconnaît donc beaucoup d'éléments du Selected Ambient Works vol. 1 qui le rendit célèbre (XMAS_EVET10 (Thanaton3 Mix) en est le meilleur exemple), quelques percées plus "acid" et un peu d'ambient, en particulier avec le splendide morceau final, Aisatsana, dédié à son épouse. Un nouvel hommage à Erik Satie, qui rappellera les meilleurs moments de Druqs.

Les morceaux étant dans l'ensemble longs, Syro n'est pas l'album le plus accessible d'Aphex Twin, mais c'est l'un des plus variés. Il va sans dire qu'on préférera les chefs-d'œuvre des années 90, mais son style inimitable fascine toujours autant. L'avalanche de détails, d'idées, de rythmes inédits ne cesse de donner le tournis. C'est à la fois un disque de producteur maniaque, qui empile méticuleusement les pistes, et l'œuvre d'un vrai poète des sons. La liberté des compositions, mélanges de jazz, de techno, d'ambient et de néo-classique, donne naissance à des créatures brinquebalantes qui tiennent debout par miracle. Seul Richard D. James possède ce sens du chaos organisé. Syro ne révolutionne donc pas le paysage musical, car Aphex Twin l'a déjà fait il y a bien longtemps, et c'est avant tout un disque d'une rare beauté. C'est une révolution perpétuelle, qui vient se rappeler à nous tel un lointain écho du futur.

 
 
 
 
 
 
 
 
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