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Hors Concours - Mon Voisin Totoro de Hayao Miyazaki

        Le film de l'année 1999 date de 1988. Et oui, cela commence à devenir une habitude. Déjà en 1997, Ghost In The Shell était un film en décalage. Ici, on atteint une sorte de record : 11 ans. Onze années durant lesquelles Totoro a touché à tous les formats, la TV sur C+, la vidéo chez TF1, avant de retrouver enfin toute sa dignité sur grand écran. Jusqu'au 12 janvier 2000 et la sortie de Princesse Mononoke, Totoro restera le plus beau dessin animé du monde. Le plus sublime d'un strict point de vue esthétique, à peu près à égalité avec Porco Rosso du même Miyazaki. Si Nausicaa, Laputa ou Porco Rosso faisaient preuve d'une réelle ambition en marchant directement sur les plate-bandes des meilleurs films "live" du monde (entre Casablanca et Kurosawa), Totoro brille de mille feux par sa simplicité, sa naïveté au sens le plus noble du terme. Car il n'y a pas que la plaisir orgasmique d'admirer les nuages et les arbres dans ce film, il y a le bonheur de retrouver, comme rarement, la magie de l'enfance, quand le rêve et la réalité sont si étroitement liés que l'on ne sait plus où se déroule l'existence. Totoro est un bonheur de tous les instants et, marque de fabrique des chefs-d'oeuvre, l'émotion grandit au fil des visions. Ce bijou arrive pile au bon moment, juste en fin d'année, en pleine période des classements, il ne peut que mettre tout le monde d'accord. Totoro est, et de loin !, le meilleur film sorti sur grand écran en 1999.

1 - La Ligne Rouge de Terrence Malick

        On attendait beaucoup du Kubrick, on a été déçu (enfin... j'ai été déçu... mais je ne suis pas le seul). On attendait un peu moins de Malick, plus discret (!!) mais pas moins fou et perfectionniste. Et l'on n'a pas été déçu, bien au contraire ! La Ligne Rouge est le film américain de 1999. Il prend directement place aux côtés des meilleures œuvres cinématographiques sur la guerre, à la droite de Voyage Au Bout de l'Enfer et des Sentiers de la Gloire. On pourra se gausser longtemps de la métaphysique omniprésente au cœur de la barbarie, je n'y vois que poésie pure. Ceux qui critiquent le Malick pour intellectualisme sont les mêmes qui fustigent les Spielberg pour sentimentalisme et caricature, n'importe quoi, donc. En plus The Thin Red Line est un hymne à la nature presque aussi beau que Totoro (si si !). Émotion contenue, richesse narrative, gestion miraculeuse de la durée, musique phénoménale...

2 - Jin-Roh de Hiroyuki Okiura

        Toujours et encore de l'animation japonaise. Après le studio Ghibli, voici l'école Oshii. Oshii, omniprésent dans la réussite exceptionnelles de Jin-Roh. Le scénario porte d'un bout à l'autre son empreinte magique. Politique-fiction ultra-complexe, scènes d'action rares et donc incroyablement impressionnantes, émotion d'une finesse inimaginable... Certes, Ghost In The Shell était plus ambitieux et... optimiste (ce qui ne fait jamais de mal), mais Jin-Roh compense son "dérisoire" apparent par un impact émotionnel plus marqué et un pessimisme à toute épreuve. De plus le dessin, entièrement fait à la main, est d'une beauté inimaginable (et je ne vous parle même pas de la musique). Personnellement, je trouve l'Okiura moins fin que le Oshii, mais ce n'est presque rien et dans 6 mois j'aurais totalement changé d'opinion. Peu importe les petits détails des premières visions, l'ensemble appelle à toute force le terme de chef-d'oeuvre.

Recto L'HUMANITE (37Ko)

3 - L'humanité de Bruno Dumont

        A un Desplechin près, le cinéma français est plus que claudiquant en cette fin de millénaire. (Mal)heureusement, Bruno Dumont est là, qui transforme l'essai de sa glauquissime et merveilleuse Vie de Jesus en un chef-d'oeuvre écrasant et déplaisant. Très ambitieux, l'humanité (sans capitale) décrit quelques êtres mal fichus mais dont les particularités touchent peu à peu à l'universel. Misère spirituelle, désespoir inhérent, sexualité triste, inadaptation radicale à la vie sociale, telle serait l'humanité selon Dumont. Un constat insoutenable si le monsieur n'imageait pas son récit de manière sublime. Le film est beau dans son horreur. Et les deux principaux protagonistes, justes, attachants dans leurs failles béantes, donnent à l'oeuvre des allures d'héritières de Tarkovski et de Bresson.

Movie Poster Image for The Straight Story

4 - Une Histoire Vraie de David Lynch

        Lynch fait dans le réac après avoir touché à toutes les formes d'avant-garde possibles. Étonnant, non ? Oui ! Et c'est tant mieux. Original dans le fond et étrangement familier dans la forme, The Straight Story est un film reposant, ce qui n'est pas des plus désagréables en ces temps de jeux vidéos sur pellicule. David Lynch s'adonne au conte philosophique, au ralenti, hésitant entre instants plus que discutables (car vraiment trop réac pour être honnêtes) et moments de grâce (les silences, ah ! les silences...). Et au final, sans nous bouleverser autant qu'avec Fire Walk With Me ou Sailor et Lula, il remporte notre adhésion. On va attendre la suite avec une impatience non dissimulée.

5 - L'Eté de Kikujiro de Takeshi Kitano

        Kitano fait son Tati et transforme M. Hulot en pseudo Yakuza aigri et expansif. Les Vacances de Mon Oncle Kikujiro, du cinéma entre improvisation et profondeur, du cinéma asiatique tel qu'on le rêve, qui dit des choses simples à l'aide d'une forme en apesanteur, qui sait marier naïveté et cruauté avec une finesse rare. Avec ce film de vacances, Kitano signe paradoxalement son œuvre la plus originale. La manque d'ambition apparent du propos (comme avec Jin-Roh ou Totoro, d'ailleurs), ne fait que dissimuler une universalité qui n'a rien à envier au Lynch ou au Kubrick. Après avoir longuement hésité et tergiversé avec moi-même, je peux désormais affirmer que Kikujiro est mon Kitano favori.

6 - Le 13e Guerrier de John McTiernan

        McTiernan mutilé, McTiernan conspué, McTiernan touchant à la limite de son génie, McTiernan plus grand que jamais. On le savait depuis Piège de Cristal, le cinéma d'action hollywoodien lorgnant intelligemment sur la maestria asiatique appartenait à McTiernan et à lui seul. Après le chef-d'oeuvre absolu Predator, McTiernan a régulièrement délivré des œuvres impeccables, réjouissantes et parfois étonnamment brillante (Last Action Hero, sublime comédie parodique à grand spectacle, l'un des films les plus sous-estimés de la décennie et Une Journée En Enfer qui possède la première heure la plus dynamitante qui soit). Avec le 13e Guerrier, McTiernan délivre son œuvre la plus ambitieuse, la plus épique, la plus martyrisée aussi. Au final, bancal et souvent sublime, le film flirte avec le chef-d'oeuvre, car il aborde un genre sous-exploité, l'Heroic Fantasy barbare. Certes, Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson va mettre tout le monde d'accord, mais en attendant cette 8e Merveille du Monde, le McTiernan est un préambule des plus impressionnants. Quand Kurosawa percute Hollywood, les Vikings et Zorro, cela aurait pu être une catastrophe, c'est une perle.

7 - Perfect Blue de Satoshi Kon

        Et encore de l'animation japonaise ! Et dans un style très différent des deux précédentes. Après Totoro, conte universel en état de grâce et Jin-Roh, drame psychologique sur fond de totalitarisme, voici Perfect Blue, pur thriller hitchcockien en forme de série B diaboliquement ambitieuse. Les méandres du scénario paraissent insondables et la virtuosité de la mise en scène ne fait que renforcer le désarroi du spectateur. Le jeu de miroirs, de fausses pistes, de schizophrénie et de rêves n'en devient que plus fascinant. On passera donc sans hésiter sur quelques petits problèmes d'animation quasi imperceptibles, pour ne louer que la réussite exceptionnelle de l'ensemble. La série B(lue) de 1999 !

8 - Fight Club de David Fincher

        Le bas de mon classement est dédié aux films de pur "entertainment", des films de genre, plus (le McTiernan) ou moins (le Cronenberg) dérisoires, du pur plaisir de cinoche hollywoodien ou non. Dans le genre marrant, épatant et purement divertissant, Fight Club est le choix le plus évident de l'année. Si Seven était étouffant, dérangeant et brillant, flirtant bien souvent avec le film d'épouvante façon 70's, Fight Club n'est "qu'une" comédie satirique particulièrement bien sentie. De la violence (mais moins que ce que l'on a bien voulu raconter), de la maestria visuelle (mais bien moins clippée que ce que l'on a bien voulu raconter (bis)), une interprétation solide, une musique impeccable (les respectables Dust Brothers et surtout les Pixies en final), des thèmes réjouissants et un cynisme à toute épreuve. On fait tout et n'importe quoi dans ce film (on se tape sur la gueule pour le fun, on crée des groupuscules paramilitaires terroristes et fascisants, on se suicide pour de faux, etc...), on rigole de tout (du féminisme, de la révolte, du misérabilisme, des jeunes, des vieux, de l'anarchie, des modes, de l'image elle-même...), tout est pourri, tout est marrant, c'est à la fois totalement irresponsable et complètement dérisoire. C'est donc du divertissement qui sort de l'ordinaire et qui fait diantrement plaisir à voir. Grande œuvre de cinoche pas trop crétin, donc un futur grand classique des films à se repasser en boucle pour la détente (ce qui n'est pas rien ! c'est ce genre de films que l'on revoit le plus !)

9 - Babe, Un Cochon Dans La Ville de George Miller

        Du cinéma pour enfant pour les adultes, c'est un genre en soi (on pense notamment à Dark Crystal ou à Roger Rabbit). Le premier Babe était un pavé dans la marre de l'industrie pour gosses occidentale, une claque à Mickey en particulier (qui n'en est plus à une près en ce moment). Avec le deuxième, Miller se place directement aux commandes et en met plein la vue. C'est violent, cruel, cynique, sans oublier une bonne dose d'onirisme et de poésie, bref c'est magique (magies blanche et noire, un panaché, c'est ce qu'il y a de meilleur). En plus, le réalisateur de Mad Max n'est pas le dernier quand il s'agit de mettre de la dynamite dans le métrage, et certaines scènes d'action valent bien tout Matrix. En particulier cette folle poursuite entre Babe et le Pitbull qui, je vous le jure, m'a mille fois plus impressionné et marqué que la bouillie infographique de courses de Pods du Star Worst de papy Lucas. Si vous considérez que Babe c'est du cinéma pour les mômes, vous n'êtes donc pas allé voir Totoro en salle, vous n'aimez donc pas le Cinéma, vous devriez donc quitter mon site dans les plus brefs délais.

10 - eXistenZ de David Cronenberg

        L'accueil critique généralement constaté réservé à ce film a été le grand voyage dans le temps de l'année. Nous nous sommes retrouvés à l'époque, glorieuse pour le cinéma, nettement moins pour la majorité de l'intelligentsia, où l'on descendait du Videodrome et du Dead Zone à tour de bras. Aujourd'hui, retournement de veste, Videodrome c'est "géniaaaal" mais eXistenZ c'est "mineur", voire "ça craint". Ben voyons ! Certes, la dernière œuvre de Cronenberg n'est pas aussi réussie que Videodrome ou Faux-Semblants, mais elle l'est bien plus que Crash (par exemple, oui, je sais, je tape toujours sur ce film...). Avec eXistenZ nous sommes dans le domaine de la vraie-fausse série B. D'un côté il y a un spectacle ludique, souvent très drôle, très référentiel (les acteurs sont épastrouillants, que l'on soit aussi fan d'Egoyan ou non). Et d'autre part il y a une réflexion plus qu'intéressante sur les enjeux des technologies virtuelles. Ce qui intéresse Cronenberg, c'est moins le terrorisme des "réalistes" que la possibilité de vivre milles existences en une seule. Au détour d'une poignée de phrase, le grand David s'engouffre dans les portes enfoncées par l'animation japonaise et en profite pour apposer ses obsessions organiques délirantes dont on ne se lasse décidément pas. Drôle, intelligent, beau, divertissant, palpitant, prophétique, mais que demander de plus à un film ?

Un cas à part : Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick

        Que faire du Kubrick ? Le mettre numéro un ? Certainement pas ! Car à la fin de l'année 1999, Eyes Wide Shut ne fait décidément pas le poids face à Jin-Roh ou même face à La Ligne Rouge. Mais peut-on pour autant le placer en profondeur voire même l'occulter discrètement ? Non, bien sûr. Un Kubrick bancal (banal ?) demeure un Kubrick et donc il faut y aller avec modération, avec circonspection. Non, Eyes Wide Shut ne sera jamais ni 2001, ni Barry Lyndon. Non, Eyes Wide Shut n'est pas le meilleur Kubrick. Et pourtant le film distille quelques instants de cinéma parmi les meilleurs de l'année (voire de la décennie). Le début de scène d'orgie, qui décidément ne veut pas me quitter, si formellement brillant, si mythique. Le faux New-York nocturne, où le surprenant Tom Cruise erre avec fascination. Des instants en état de grâce, très lents, filmés au millimètre près, parfaits. Et d'un autre côté il y a cette pauvre Nicole Kidman, obligée de gérer un rôle à la limite du grotesque et une poignée de dialogues pathétiques. Il y a ces instants si dérisoires qui s'éternisent, peut-être un poil au-delà de ce qui est permis. Il y a cette désagréable apparence de "beaucoup de bruit pour rien" qui poursuit le film jusqu'au final. Et pourtant, pourtant, Eyes Wide Shut touche, marque doucement la mémoire, appelle les nouvelles visions, se prépare lentement une petite place dans le panthéon cinéphilique mondial. Eyes Wide Shut, film de 2020 ?

    Mentions spéciales  à : Center Stage de Stanley Kwan (Maggie Cheung en reine du monde), Ghost Dog de Jim Jarmush, The Hole de Tsai Ming-liang, Sombre de Philippe Grandrieux, Seul Contre Tous de Gaspard Noé...

 Le Nanar de l'année : Matrix

        Celui-là je ne suis pas près de le lâcher. Cela aurait pu être un bon divertissement, voire même un excellent spectacle. Même qu'il y aurait pu avoir un bon bout de scénario intelligent au milieu. Au final c'est un vomis cinématographique qui, des mois plus tard, me fait encore sortir de mes gonds (car il a fait du bruit, le bougre !). Quand on voit le film, on hurle "plagiat", "c'est nul", "c'est trop grotesque", "qu'est-ce que c'est kitsch" ou "c'est bientôt fini ?" pendant tout le métrage. Le plagiat, pas forcément un procédé que j'exècre totalement. Mais dans le cas de Matrix, c'est dégueulasse. Au moment où l'on se bat (je ne suis pas seul, ne vous inquiétez pas) pour faire découvrir les merveilles du cinéma asiatique en occident, les frères Wachowski pille ce patrimoine sans une once de finesse ou de talent. De Ghost In The Shell à The Heroic Trio, les frangins malins emportent les trésors sans en prendre soin pour en pondre de vulgaires imitations tout en toc. Ce sont les conquistadors massacrant les Incas pour piller leurs richesses, ce sont les Talibans faisant exploser les Bouddhas géants. Et une nouvelle fois, personne ne fait rien. On laisse faire, on encourage même ! On laisse une génération de jeunes croire que Matrix est un film "révolutionnaire" (et mon cul sur la commode, non ?), que le scénario est "original" (et mon œil, tu l'as vu mon œil ? Plus réac et rétrograde, tu peux pas, on y cause quand même d'Elu, de Destin, de danger de la technologie, bon sang que c'est con !), que c'est le cinéma du nouveau millénaire (poussez-vous je crois que je vais vomir). Ce succédané de ce que MTV peut faire de pire (que ce soit au niveau image qu'au niveau son) est l'ultime affront de ce siècle, et diantre ! Il est de taille ! La vraie contre-façon, la vraie illusion, c'est bien The Matrix, échappez-vous pendant qu'il est encore temps !

PS : Un nouveau plagiat (involontaire ?) à l'actif de Matrix, celui de Last Action Hero de John McTiernan. Le passage du film à la réalité et les "questions existentielles" de Schwarzy offrent une similitude des plus troublantes avec le scénario "original" de Matrix. Quoiqu'il en soit, Last Action Hero est un film bien plus divertissant, spectaculaire, drôle et finalement intelligent que Matrix, donc, tout s'arrange (sauf qu'il y en a qui est culte et l'autre pas, et ça, non, c'est injuste). Et de toute façon, quitte à voir le réel de manière différente, on préférera toujours Roger Rabbit ou la Rose Pourpre du Caire à la matrice de mes "bip".

    Avec mentions spéciales aux autres plantages plus ou moins craignos : Romance de Catherine Breillat, La Menace Fantoche de George Lucas, New Rose Hotel de Abel Ferrara, Hantise de Jar Jar De Bont, Jeanne d'Arc de Bulle Caisson...

 

Bandes Originales

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1- Mon Voisin Totoro de Joe Hisaishi

Comme pour le film en lui-même, cette BO date de 1988. Mais elle ne fut éditée en France (avec apparemment quelques problèmes de pressages) qu'en cette fin d'année. 20 morceaux, que des perles. Hisaishi, qui a une fâcheuse tendance à se répéter dès qu'il tient un ou deux sublimes thèmes, fait ici preuve d'une très grande variété. C'est peut-être son plus beau disque. Quatre chansons qui repoussent les limites du magnifique, plusieurs thèmes proches du génie (non, directement en plein cœur du génie), pas la moindre faute de goût. En clair, une BO aussi belle que le film et qui s'avère être le plus beau disque, tous les genres confondus, sortis en France en 1999 (mais faites bien attention d'avoir 20 morceaux !).

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2- La Ligne Rouge de Hans Zimmer

Si on aime le film, on ne peut qu'adorer cette BO. A la fois grandiose et intimiste, triste et lumineuse, emphatique et en apesanteur, cette musique montre un Zimmer au top de son top, et finalement d'une grande sobriété. Totalement sublime.

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3- Sleepy Hollow de Danny Elfman

Bon, il aurait fallu attendre la sortie du film pour juger la BO, donc en fait là ce n'est qu'une opinion a priori. Une chose est sûre, ce n'est pas ce qu'Elfman a produit de mieux. Aucun grand thème, très peu d'instants intimistes, nous sommes effectivement en présence d'une BO de film d'horreur/action. Ce qui signifie : grand orchestre, grosses percussions, grandes envolées de cordes et gros chœurs. Les rêves d'Ichabod Crane sont les instants les plus magnifiques, avec quelques voix tortueusement féeriques fascinantes. Nul doute que cette BO secondera le film avec un brio inégalable et que l'on n'est pas prêt de s'en lasser.

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4- The Straight Story d'Angelo Badalamenti

Belle à se damner, cette BO respire une nostalgie et une tristesse insondables. Donc, par temps de cafard, il ne faudra pas trop en abuser. A part cela, Badalamenti utilise des effets qui ont déjà fait leur preuve chez Julee Cruise, en particulier ces célestes plages de synthétiseurs en fond sonore.

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5- L'Eté de Kikujiro de Joe Hisaishi

La meilleure BO d'Hisaishi pour un film de Kitano. Certes, si on n'aime pas les deux thèmes principaux, mieux vaut passer son chemin, dans le cas contraire, ce n'est que du Bonheur de la première à la dernière note. C'est de la musique mélodramatique et c'est magique.

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6- eXistenZ d'Howard Shore

Toutes de ténèbres habillées, la BO d'eXistenZ est une sorte d'ambient gothique à base de formidables nappes orchestrales tellement sombres que c'en est indécent. Epastrouillant.

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7- Fight Club des Dust Brothers

Les Dust Brothers ont délivré une BO de techno à l'ancienne, d'une redoutable efficacité même si elle pourra paraître un poil obsolète. Enfin, comparé à des horreurs du type des compils façon Batman 4 ou Matrix, la musique de Fight Club est un chef-d'oeuvre à posséder d'urgence. Seul vrai point négatif, mais où est Where Is My Mind ? (sur Surfer Rosa, oui, je sais...)

8- Sombre d'Alan Vega

Alan Vega lives ! Contre vents et marées, après avoir vomis des horreurs du niveau de Why Be Blue ?, l'année 99 fut une grande année Vega. Un sublime album solo et un quasi autre album solo avec la BO de Sombre. En fait cette BO devrait être classé nettement plus haut en ces lieux, mais je dois l'avouer, ce n'est pas de la musique évidente et beaucoup arrêteront après le deuxième morceau, dégoûtés par l'antipathie palpable de ces méandres post-Suicide. Personnellement, j'adore, carrément, c'est magnifique, mais il faut sans doute être fan de Suicide pour apprécier ce disque à sa juste valeur. La présence du sempiternel Bela Lugosi's Dead de Bauhaus est un bonheur, et la reprise des Amours Perdus par Elysian Fields touche au sublime.

9- Le 13e Guerrier de Jerry Goldsmith

De l'épique, de l'épique cliché, de l'épique caricatural, on aime ou on déteste. Moi, j'aime, pas entièrement, mais si l'on prend les morceaux du début et de la fin, ce n'est pas très éloigné des meilleurs Poledouris pour Verhoeven.

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10- Eyes Wide Shut

Celle-là, comme le film, je n'avais pas envie de la classer. C'est une compilation, qui ne peut pas du tout fonctionner sans le film (ou presque pas) tant les ambiances abordées sont antagonistes. On passe de Stranger In The Night aux fabuleux morceaux de Jocelyn Pook, sans transition (comme dans le film en fait, mais dans le film ça se comprend mieux). En fait c'est une BO terriblement caricatural qui décrit le dernier Kubrick à merveille. Seulement, là, il n'y a pas la beauté des images pour transcender le tout.

Mais ce top est incomplet car il manque deux des plus belles bandes originales de l'année. Celle de Jin-Roh, impossible à trouver jusqu'à présent (même en import) et celle de Perfect Blue, uniquement disponible en import japonais à prix prohibitif... Triste...

 
 
 
 
 
 
 
 
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