Films

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1. Le Voyage de Chihiro

        Miyazaki aura dominé l'année cinématographique 2002 d'un bout à l'autre. Non seulement le Voyage de Chihiro est l'un de ses plus grands films, mais il s'est aussi vu récompensé par l'Ours d'Or à Berlin. Cette fois, c'est clair, enfin, on ne pourra plus jamais se moquer de l'animation japonaise sans passer pour un crétin profond. Mais au-delà de l'aspect historique d'une telle œuvre, il y a une merveille sensible et philosophique qui s'impose comme le film le plus riche de 2002. Mais aussi comme le plus émouvant et le plus intelligent. Bref, le genre d'oeuvres quasi parfaites devant lesquelles il veut mieux se taire de peur de les abîmer par des paroles maladroites. Dont acte.


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2. Monstres & Cie 

        Derrière le Miyazaki et loin devant la suite du classement, l'autre claque de l'année 2002 est aussi un film d'animation. Et quel film ! Les studios Pixar, bien loin de s'endormir sur leurs lauriers, font mieux que Toy Story 2 et 1001 Pattes. Leur Monstres & Cie est plus drôle, plus rythmé, plus beau et plus touchant. Un nouveau chef-d'oeuvre qui nous questionne sur la fuite du temps et sur nos capacités à l'émerveillement. Plus qu'une incroyable comédie classique, Monstres & Cie est un îlot de sensibilité toute simple et pourtant terriblement complexe. Fantastique.


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3. Le Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours

        Difficile d'affirmer que les Deux Tours est un meilleur film en lui-même que la Communauté de l'Anneau. Si je le classe plus haut en fin d'année que son prédécesseur, c'est essentiellement par manque de concurrence sérieuse. Néanmoins, malgré les nombreux défauts dont je parle ailleurs, le film m'a procuré à chaque vision un plaisir intense et des instants de pure jouissance cinématographique. Peter Jackson nous demande de retrouver notre innocence de spectateurs, mais sabote malheureusement parfois tout seul son ambition. Peu importe au final, tant le film offre un univers formidable, souvent digne du livre. On n'en demandait pas moins. Et dans la profusion des personnages, l'héroïque Sam, le tétanisant Gollum et la décidément très jolie Eowyn, tirent leurs épingles du jeu. Une réussite, donc. 


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4. Signes

        Encore un film qui navigue entre le génie et le ridicule. Comme dans les Deux Tours, nous sommes parfois tirés hors de l'histoire par une caméra et des effets trop voyants. Mais aussi comme chez Jackson, cette virtuosité nous offre de vrais instants de magie. Si, si, de magie. Avec Signes, Shyamalan verse dans le film d'épouvante, bien plus que dans 6e Sens. La seconde moitié du métrage est proprement terrifiante et la fameuse vidéo d'anniversaire est la chose la plus flippante qu'on ait pu voir au cinéma cette année. Après le très touchant Incassable, on n'attendait pas un Shyamalan aussi éprouvant. Le principal problème de Signes, outre quelques dramatisations excessives, est le choix qu'effectue son metteur en scène en toute fin de métrage. Si la confrontation avec l'Alien n'est certainement pas de trop, montrer le monde comme constitué de signes qu'il faut interpréter objectivement est très excessif, voire dangereux et peut ainsi justifier tous les fanatismes. Pendant une grande partie de l'histoire, Shyamalan a proposé la voie de la subjectivité et de l'absence de sens préétablis, mais il tourne le dos à cette philosophie au dernier moment. Dommage. Son film, qui confirme le talent de Joaquim Phoenix, est de toute façon l'un des plus brillants et intéressants de l'année.


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5. Blade 2

        La série B américaine en deuil de Carpenter (vraiment à la retraite ??) s'est trouvée un nouveau chouchou cette année en la personne de Guillermo Del Toro. Avec l'Echine du Diable (pas vu) et surtout Blade 2, on aura beaucoup parlé du réalisateur du pourtant très moyen Mimic. On se rassure, Blade 2 est un bon petit film. Pétri dans les défauts des séries B, trop de bavardages, trop de clichés ridicules, trop de grossières invraisemblances. Mais aussi pétri dans les qualités des perles du samedi soir, ça bastonne, ça bourrine, ça dézingue, ça vanne, c'est gore et il y a une bimbo en latex. Infiniment ridicule tout autant que jouissif, Blade 2 a quelque chose du Shaft de son époque, tout en proposant quelques scènes anthologiques de baston à grande échelle.


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6. Le Pianiste

        La fresque palmée à Cannes de Polanski est loin d'être intouchable. Elle n'évite ni les longueurs, ni le larmoyant. Et elle se rapproche souvent du film pour les sorties scolaires. Heureusement l'aspect ambigu de l'histoire contée, ainsi que l'absence de morale lourdement assénée, font du Pianiste une œuvre touchante qui malheureusement risque de se noyer dans la masse des "grand films sur la Shoah". La scène clef entre le juif, le nazi et le piano ne fait certainement pas regretter les deux longues heures qui ont précédé.


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7. Minority Report 

        Que faut-il juger dans le dernier Spielberg ? Les deux premières heures ? Qui lui auraient sans doute offert une place plus glorieuse dans mon classement. Ou bien l'ensemble ? Et donc la dernière interminable demie-heure douloureuse qui navigue entre explications lourdingues et invraisemblances flagrantes. Sur toute sa durée, Minority Report est de toute façon un film bien aimable. C'est un Spielberg très éloigné des monuments de brutalité psychologique que pouvaient être Duel, les Dents de la Mer, Empire du Soleil et même le Temple Maudit ou une grande partie de Rencontres du 3e Type. Minority Report est parfois impressionnant dans sa forme, mais nettement moins dans son fond. S'il y a de nombreuses touches d'humour fort bien venues et quelques passages enthousiasmants, l'ensemble nous rapproche souvent de Jurassic Park. Ce qui finalement est un compliment, vu que j'aime beaucoup ce dernier.


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8. Jeepers Creepers

        Pas révolutionnaire pour un sou, au contraire, et globalement très frustrant, Jeepers Creepers mérite une place d'honneur pour son ambiance bien beurk et le traitement assez original de ses deux personnages principaux. Par contre, on pardonnera difficilement le gâchis du Creeper, monstre classique très impressionnant et riche en possibilités. Possibilités quasi intégralement ratées par un metteur en scène visiblement plus préoccupé par les pauses pipi de sa mignonne actrice principale.


mentions spéciales

Photo Obsession pour ses qualités visuelles et pour le talent de Robin Williams.

Spider-Man parce que Sam Raimi reste un immense metteur en scène.

Austin Powers 3 pour les quelques moments d'intense poilade.


Reprise de l'année

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Play Time de Jacques Tati

        Quand le plus beau film du monde ressort en version longue restaurée avec soin, ce n'est plus un miracle, c'est carrément l'événement artistique majeur de 2002. Le chef-d'oeuvre de Tati voit, enfin, s'ouvrir devant lui les portes de tous les musées d'art de la planète et Play Time n'a jamais paru aussi jeune et novateur. Le film qui prouve que l'on peut faire du cinéma expérimental qui soit à la fois beau, intelligent, acerbe, tendre, drôle et émouvant. L'oeuvre d'une vie. A noter, le cadeau de Noël d'Arte daté du 26 décembre, une fantastique soirée Théma dédiée à Tati avec deux documentaires qui portaient le maître au rang de plus grand cinéaste français de la Création. Amplement mérité, il va sans dire.


DVD 2002

        Plusieurs éditions DVD ont fait honneur au format en 2002. Je citerais en particulier, la réédition de Chantons Sous La Pluie, l'exhumation de Near Dark, la très complète et drôle édition de Monstres & Cie, ainsi que la version longue, supérieure à bien des niveaux à la version en salles, de la Communauté de l'Anneau. Deux coups de cœur en final. Un pour l'intégrale du groupe Pulp, qui est devenu d'office le DVD musical ultime. Un deuxième coup de chapeau pour l'édition anglaise de Ed Wood, simplement le meilleur DVD d'un film de Tim Burton.


BO 2002

        Le Voyage de Chihiro s'impose avec évidence. On retrouvera ensuite la formidable partition de Howard Shore pour les Deux Tours, qui semble vouloir englober plus d'un siècle de musiques de films en moins de trois heures. Ainsi que la très agressive bande son de Signes par James Newton Howard. Inutile d'évoquer les morceaux classiques sublimes du Pianiste et je passerais sous silence les déceptions que sont Minority Report (pour John Williams) et Spider-Man (pour Danny Elfman). 


Jeux Vidéos 2002

        Mon année fut rythmée par les innombrables demie-déceptions des jeux sur GameCube. Les meilleures (enfin, les moins grandes) déceptions étant Super Monkey Ball et Eternal Darkness. Mes jeux de l'année sont dans leur grande majorité de "vieux" jeux Dreamcast et se nomment Samba Di Amigo, Rez, Grandia II, Jet Set Radio, Space Channel 5, ou bien encore Shen-Mue. Une floppée de chefs-d'oeuvre qui ne prennent pas la moindre ride avec le temps. Et mon vrai jeu 2002 sera sans doute le sublimissime Skies Of Arcadia, synthèse follement brillante entre les Final Fantasy et les Zelda. Ca laisse rêveur, mais j'en parlerais ailleurs. En tout cas le reste des jeux auxquels j'ai joué fait pâle figure devant ce monstre vidéo-ludique, qui en remontre sans problème à la production cinématographique. Qui a besoin des Deux Tours quand on a Skies Of Arcadia ??


Livres 2002

        Hop ! Il y a eu un certain nombre de livres lus en 2002 par votre serviteur, mais je ne vais mettre QUE du Alan Moore ! Et pour rester quand même dans les limites de l'année, disons que la première position revient à l'intégrale (provisoire) de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Et bien sûr à la série, qui se poursuit, du faramineux Promethea. Et pour finir, tous en chœur : on veut la seconde saison de Top 10 !!! Qui a besoin de NY Police Blue et de 24h Chrono quand on a Top 10 ??


Souvenirs cinématographiques de 2002

Mains tenues entre parents et enfant, mains agitées en formes d'au revoir, mains serrées lors d'une chute poétique, mains effleurées au moment des adieux, l'émotion à son paroxysme dans le Voyage de Chihiro.

Un dernier plan miraculeux, parfait, terriblement osé pour la super-production qu'est Monstres & Cie. La victoire de l'imaginaire face au temps qui file grâce au contre-champ qui bouleverse et le plus beau "plan final de porte" depuis au moins La Prisonnière du Désert et le Parrain

Après trois terribles heures de bruits, de violence, de monstres et de grisaille, les premières mesures sombres, majestueuses et enveloppantes du générique de fin des Deux Tours sauvent à elles seules tout le film.

Un interminable suspens, d'autant plus insoutenable qu'il flirte avec le ridicule. Le faux "vidéo gag" de Signes n'a rien de drôle. Le camescope s'agite, zoome longuement et Shyamalan s'amuse à faire durer l'attente, encore, et encore, au-delà du raisonnable. Quand soudain...

Dans des conduits d'égouts éclairés comme à la grande époque du tandem Cameron/Bigelow, Wesley Snipes, une pétoire dans chaque main, arrose au ralenti des dizaines de vampires échappés d'un Tarkovski sous speed.

Un plan extraordinaire, un mouvement de grue qui nous fait découvrir en même temps que le héros du Pianiste les ruines d'une Varsovie dévastée. L'immense réussite de Polanski, avoir offert une âme aux décors en image de synthèse.

Le regard apeuré, perdu et attirant de la précog de Minority Report. La déception aussi de voir Spielberg transformer un personnage aussi fascinant en simple second rôle accroché aux bottes de Tom Cruise.

Le Creeper s'est fait copieusement rouler dessus par le véhicule des héros. Un monstre tellement aplati que l'on est tenté de rire. A cet instant son vieux manteau se déchire pour révéler une aile géante de chauve-souris. Une aile maladroite, affaiblie, cassée, crédible, terrifiante.

Le regard triste de Robin Williams dans Photo Obsession, incarnation surprenante et tout à fait touchante de la solitude morne du quotidien.

L'hallucinante chorégraphie de Play Time, qui culmine désormais à plus de 2h20, sans jamais révéler la moindre faille. Le film le plus parfait du monde.

 
 
 
 
 
 
 
 
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