
                Edwood VS MTV 2 - Ultimate Deathmatch
                Une semaine d'Avril 2000
                 
                        A la demande générale de moi-même et  de quelques autres, je ressers le couvert. Il faut dire que c'est bien marrant de  chroniquer ce qui passe sur MTV. Principalement parce que c'est toujours plus drôle de  dire du mal que de dire du bien et que je ne me lasse pas de tirer sur les ambulances au  mépris absolu de l'insupportable tendance "goût des autres" qui voudrait que  l'on devienne tous et toutes des machines tiédasses prêtes à dire "amen !" à  toutes les horreurs/erreurs de la planète. Bon, après une phrase trop longue, une phrase  courte. Voilà. C'est mieux. Donc me revoilà face à face avec l'hydre MTV, la chose qui  non seulement pourri la musique, mais aussi le cinéma (l'esthétique clip, ah beurk !) et  je ne vous parle pas de la "mode". Il suffit que Mel B se mette un clou dans la  langue pour que toutes les collégiennes s'adonnent au piercing. Ah bah, c'est moins grave  qu'avec Kurt Cobain, vous allez me dire. Et bah oui, c'est moins grave mais quelque part  c'est aussi con.
                        C'est malheureux de finir un paragraphe  avec une vulgarité, mais bon, vous êtes prévenus maintenant, Edwood VS MTV c'est  méchant, grossier, parfois de mauvaise foi et souvent très pertinent, brillant, sublime,  trop puissant, je m'aime et vous comment ça va la petite santé ? Bon, assez de  préanmbulation (euh... c'est cela, oui...), et entrons dans le vif du sujet. On va  commencer plutôt bien avec un best of du Week End 80's diffusé je ne sais plus quand et  qui fut le meilleur moment MTVesque depuis des lustres. L'occasion de faire jouer la  nostalgie et je sais que ça plaît toujours. Et à mi-parcours nous reviendrons au  présent avec un florilège des "nouveaux" machins à la mode.                
                 
                Première partie : So 80's Week End
                 
                Michael Jackson : Billie Jean
                        On commence fort avec l'un des clips  les plus emblématiques des années 80. Je sais que beaucoup de gens aimeraient vomir tout  leur fiel sur Bambi et sur ses tubes usés jusqu'à la corde. Mais objectivement, c'est  indéniable, Billie Jean est, non seulement une excellente chanson, mais aussi un clip  superbe. A la fois totalement mégalo et délicatement cheap, incarnant à la perfection  une époque presque révolue où la forme (l'image) trouvait la juste complémentarité  avec le fond (la musique). Avec le recul et à la lumière de ce qui a suivi, on trouve de  nouveaux charmes à ces fameux clips qui ont donné naissance à MTV et on en viendrait  assez facilement à considérer la coup des pavés lumineux comme un détail poétique.  C'est dire....
                 
                Madness : Our House
                        Dès qu'il s'agit des années 80, on ne  peut pas échapper à ce clip, mi-Benny Hill mi-The Young Ones. Et on en redemande. Et  d'une, Madness est l'un des meilleurs groupes de l'époque, et de deux, le clip est  génial, et de trois, la chanson (qu'on connaît par cœur, certes) est géniale.  Alors, bon, il vous faut quoi de plus ? On n'en fait plus des comme ça ! On espère juste  qu'un jour il y aura une chaîne musicale de portée mondiale qui nous diffusera les clips  de It Must Be Love et de Michael Caine... on espère...
                 
                Beastie Boys : Fight For You Right To Party
                        Et ça continue fort bien avec cette  pure réjouissance crétinoïde. Le clip est en symbiose avec la chanson, ça met de bonne  humeur, ça fait sourire, et on reprend le refrain en karaoké. En plus c'est aussi con  que marrant. Ah bordel de dieu, c'est autre chose que Blink 182 ! Hey mum you're just  jealous ! It's the Beas ! Tie ! Boys !
                 
                Europe : The Final Countdown
                        .....  .....  .... Comment  qualifier ça ? Je crois que le clip de The Final Countdown est la pire chose jamais  diffusée sur MTV. Tout, absolument tout, de la musique aux images, est une honte, un  affront, une horreur. C'est odieux, inconcevable, une scène inédite de Matrix. Riff de  synthés, gueules de caniches nains, postures de trisomiques, "paroles"  débiles, etc... Bon, là, j'ai trop honte, rien que de parler de ce... euh... truc, je  m'humilie par rebond. Par pitié, il faut le dire aussi à ce niveau : plus jamais ça !
                 
                Madonna : Material Girl
                        Mais heureusement voici la Ciccone du  temps où elle était sublime. Du bonheur, rien que du bonheur. Un clip gentiment niais  tout en étant déjà doucement pervers, une imagerie so 80's comme on ne pourra plus  jamais en faire (et c'est tant mieux), une chanson merveilleuse. Material Girl, sur tous  les plans, serait fort heureusement impossible à refaire aujourd'hui. Nous sommes là  dans l'image (et la musique) d'Epinal d'une époque à jamais révolue. On ne pourra  jamais refaire Da Doo Ron Ron, You Can't Hurry Love, Good Vibrations ou Dancing Queen. Et  on ne pourra jamais refaire Material Girl. Madonna n'était pas vraiment belle (mais elle  avait un tour de poitrine avantageux, ne nous voilons pas la face, sans cela serait-elle  arriver aussi haut aussi vite ?) et sa voix était celle d'une souris écrasée sous les  coups de maillet de Michael Palin, mais elle savait ce qu'elle faisait et ce qu'elle  voulait, le résultat est là : 15 ans plus tard, momifiée, elle vend des camions entiers  de machins nazes sur le souvenir de ses heures de gloire. 
                 
                Peter Gabriel : Sledgehammer
                        Considérée par beaucoup (et à juste  titre) comme l'un des meilleurs vidéo clips de l'histoire de ce format (si ce n'est le  meilleur), Sledgehammer est finalement la seule chose grâce à laquelle on se souvient  encore du gars Gabriel en l'an 2000. Certes il fut le mentor du Genesis "bonne"  période, mais qui se soucie du "bon" Genesis en l'an 2000 ? Certes il a  délivré des albums solos "honorables". Mais de tout cela, on s'en tamponne  assez gentiment et sans animosité aucune. De toute façon il reste ce clip, phénoménal,  qui défie toujours autant l'imagination du spectateur. Stop-motion à tous les étages,  mille et un effets spéciaux fauchés, système D et ambition, le résultat est toujours  aussi incroyable à observer, même quand on le connaît par cœur. Quand le vidéo  clip s'élève au-dessus de la chanson qu'il est censé promouvoir... Comment ça on n'en  fait plus des comme ça ? Oh comme vous y allez !
                 
                Robert Palmer : Addicted To Love
                        J'ai déjà parlé de ce clip à propos  de sa parodie Shania Twainiesque. Bah oui, c'est très 80's (trop 80's) et on se fout  royalement de ce qui passe en fond sonore. On mate les mannequins "so bitchy" et  on se dit qu'à l'époque, on n'avait pas de moyens, mais on savait en mettre plein la vue  quand même.
                 
                Queen : Radio Gaga
                        Oui, alors, bon, voilà, quoi, ça  devait finir par arriver. Et ils ne m'ont pas loupé. Le Queen grandiloquent des années  80, avec les synthés et le viol de Metropolis. Comment je fais pour m'en sortir, là ?  Oui j'aime Queen et j'avoue que c'est pour moi un bonheur de revoir ce clip qui a bercé  mon enfance. Alors finalement, on va dire qu'on a rien vu, rien entendu et on va  discrètement passer au clip suivant... chut, laissons-le reposer en paix...
                 
                Talking Heads : Once In A Lifetime
                        Mais là encore, que dire ? Que dire  qui soit digne de cet instant de pure béatitude spinoziste ? Communion avec le divin,  avec, enfin, en direct sur le symbole de la décadence artistique, une véritable  œuvre d'Art. Je le sais depuis que j'ai découvert MTV, parfois, souvent au cœur  de la nuit, il peut se produire de véritables miracles, des instants de Grâce (je me  souviens avec émotion de ce Monkey Gone To Heaven en pleine matinée, vers 9h30, pendant  les vacances, c'était le Morning Mix, avec Maria G, et là, j'aimais MTV). Mais plus le  temps passe, plus ces instants se font rares, se perdent dans l'oubli. J'ai vu tant de  choses que vous cyber-djeunz ne pourraient pas croire... Et en ce jour d'avril j'ai vu  passer David Byrne dans la boîte à images. Pendant un instant, la TV est devenue cette  mise en abîme Cronenbergienne. Once In A Lifetime des Talking Heads, rien que pour nous,  soudain la télévision se trouve une philosophie, la réalité n'est que le reflet du  tube cathodique, mes chers lecteurs et lectrices. Death To The Videodrome ! Long Live The  New Flesh !
                 
                Michael Jackson : Bad
                        Mais il était déjà trop tard.  L'écran était redevenu le reflet du néant. Le spectacle, le spectacle, le spectacle...  Et nous allions faire avec, après tout, on était là pour ça. Et pour la peine,  j'éteignais.
                 
                
                Interlude : VJ Eden
                        En ouverture du premier Edwood VS MTV,  je me plaignais de la déshumanisation progressive de MTV Europe. Aux temps heureux de  Most Wanted avaient succédé les No Man's Land actuels. Mais il reste quelques signes  d'activité humaine dans l'univers cybercon de Music Television. Le signe que nous  croisons aujourd'hui est un vieux signe. Du moins, Eden faisait ses débuts au crépuscule  de Ray Cokes, ça fait donc déjà un bail (surtout à l'échelle des chaînes de djeunz).  Elle est presque un vestige du passé, elle est la survivante. Et comme elle se fait  vieille, elle essaie tant bien que mal de sauver sa place. Donc elle s'est mise au  Wonderbra (tm), ce qui n'est pas un mal, mais ce qui ne nous fera jamais oublié Maria G,  sans doute la plus belle présentatrice/potiche jamais aperçue sur un écran de TV, mais  je m'égare. En fait, non, je ne m'égare pas, vu que nous sommes arrivés à la  conclusion habituelle du "c'était mieux avant", et il n'y a pas à dire, les  VJs, c'était mieux avant. De nos jours, sur MTV Europe, à part l'incroyable Cat Deeley  (qui est un peu la Robin/Girl Wonder du PAA (le paysage audiovisuel anglais)), il ne reste  plus personne pour essayer d'éveiller un tant soit peu notre intérêt entre deux vidéos  pathétiques. En 1995, entre deux clips Bon Jovi/Cranberries au Morning Mix de 9h du  matin, il y avait Maria G, et finalement on trouvait MTV Europe gé-ni-alle. Aujourd'hui,  il y a les insupportables Video Data, ces espèces de "bulles informatives" qui  piratent les clips avec des potins dont on se tamponne éperdument. Déshumanisation à  tous les étages, et il ne reste plus qu'un illusoire Wonderbra pour nous redonner la foi,  quelle misère...                
                
                 
                Deuxième partie : une semaine d'Avril 2000
                 
                Vengaboys : Sha La La La
                        Certains se souviennent peut-être du  terrible Boom Boom Boom Boom, glorieusement classé dans mon top singles de l'année 99.  Les Vengaboys sont des monstres, des êtres effrayants, inconcevables, dont on doute en  permanence de l'existence réelle. Ils détiennent un joli nombre de record sur MTV :  record de la musique la plus ringarde (à égalité avec Eiffel 65), record d'imitation de  Village People (le marin et le cow-boy), mais en compensation ils détiennent aussi le  record des clips les plus cochons (c'est le terme franchement adéquat). Je les ai déjà  qualifié de Houellebecquiens, et je persiste et je signe. Les clips des Vengaboys, sont  à l'image de leur "musique", ils sont pornographiques. Et cette pornographie  est poussée à un tel paroxysme que leurs apparitions tiennent plus du domaine de la  sociologie que d'autre chose. On se souvient avec émotions du clip de Boom Boom Boom Boom  et de son déluge de vulgarités au-dessous de la ceinture. On nous ressert le couvert  avec une délicatesse inénarrable lors de ce Sha La La La déjà historique. Dans une  auberge bavaroise caricaturale qui sent bon le purin et la bière tiède (on nous montre  du lait à la place, je ne ferais aucune remarque à ce sujet, mais je n'en pense pas  moins, en plus ce sont les mecs au look Village People qui font des concours de descente  de chopes de lait... fichtre !), les Vengaboys en panne de soirées Ibiza débarquent. Ca  va faire mal. Et d'ailleurs, ça fait mal. Les danseuses invitées ne sont plus que des  décolletés humanoïdes, et on en vient rapidement à penser que tout cela serait  beaucoup plus décent si elles étaient intégralement nues. Les limites du raisonnable  sont explosées du début à la fin du bidule. Sur une chanson intolérable, qui risque de  vous pirater le cerveau pendant plusieurs jours si vous avez le malheur d'être exposé ne  serait-ce qu'une seule fois au refrain ("My heart goes shalalala in the morning...  Shalala Shalalalala just for you...), des chorégraphies hallucinantes nous sont exposées  (ça va du spasme d'arrière-train au travelling sur décolleté en passant par des  mouvements volés à Cats (??!??)). Vous devez voir cela, ça en dit plus sur notre monde  que toute la bibliographie de Bourdieu. MAKE SOME NOISE FOR THE VENGABOYS !
                 
                Moloko : The Time Is Now
                        Leur Sing It Back avait déjà mis tout  le monde d'accord, les djeunz comme les esthètes, et c'était suffisamment rare pour  être noté. Avec ce nouveau single annonciateur d'un album monstrueux dont je parlerai  ailleurs très bientôt, Moloko va peut-être lâcher les djeunz mais redonner la foi aux  esthètes amateurs du plaisir pervers qu'est MTV. Entre deux clips nazes et fascinants, on  pourra se vanter d'admirer The Time Is Now, déjà l'un des singles de l'an 2000. Plus  fin, plus évolué, plus mieux de partout que le déjà terriblement accrocheur Sing It  Back, The Time Is Now possède un délicat goût de perfection qui n'est pas s'en rappeler  les instants de bonheur que nous avaient procuré le And The Beat Goes On et le Walk Like  A Panther de All Seing I, il n'y a pas si longtemps. La musique pop, vraiment pop, aurait  donc un avenir gentiment "au milieu" entre Mercury Rev et Aqua ? La  démonstration en (très belles) images avec The Time Is Now. Profitez en, il passe en  boucle en ce moment (justement), cela ne va pas durer...
                 
                Geri Halliwell : Bag It Up
                        Les anglais aiment beaucoup leur  ex-Spice Girls, ils les ont adopté, elles font partie du paysage. Et elles peuvent sortir  n'importe quoi, ça va marcher du tonnerre. Après les débiles Mi Chico Latino et Lift Me  Up (ou un truc comme ça...), Geri Fat Spice, celle qui chante le plus faux mais qui a  posé le plus nue, nous revient avec un bidule de malade, au charme kitsch malheureusement  assez limité. Certes, elle rigole de ses vieilles marottes (le Girl Power devenant le  Girl Powder, arf...), mais musicalement c'est nul et visuellement c'est moche. Mouais, on  pardonne, on pardonne mais ça risque de continuer longtemps cette histoire.
                 
                Mel C : Never Be The Same Again
                        Les anglais aiment beaucoup leur  ex-Spice Girls, ils les ont adopté, etc... Elles peuvent chanter vraiment n'importe quoi  et ça cartonne. Sporty Spice se prend pour une nageuse soviétique des années 70 et  expose sa musculature (elle fait indéniablement plus "mâle" que Johnny  Depp....). Euh... oui... Si elle chante un poil mieux que Geri, ce n'est pas la panacée  pour autant. Et puis ça se veut sérieux, fichtre, horreur ! Surtout que les paroles sont  lamentables (mais bon, on a l'habitude, après tout....). Et tiens, elle a invité Left  Eye de TLC qui nous fait son numéro hyper habituel. Pfff... 
                 
                Hanson
                    Je ne sais pas ce qu'ils chantent, je ne veux même pas le  savoir, j'ai zappé dès que je les ai reconnu.
                 
                
                Interlude : Canal J : Les Zinzins de l'Espace
                        Bonne idée de zapper, d'ailleurs, car  je tombe sur les excellents Zinzins de l'Espace, un dessin animé Montypythonesque en  diable, dont je peux parfaitement parler ici vu que la chanson du générique est  interprétée ni plus ni moins que par Iggy Pop. Et elle est géniale ("We Like  Monsters... La La La La La La La La..."), et la série est tout aussi géniale et  finalement on est quand même mieux là que sur MTV... La la lala la la lala                
                
                 
                Britney Spears : Sometimes VS Blink 182 : All The Small  Things
                        J'ai déjà dit tout le  "bien" que je pensais du machin de Blink 182, mais je vais en remettre une  couche en le confrontant directement à l'une de ses cibles (modèles) avouées. Les trois  mongolos de Blink 182 et leur deux accords et demi, nous préviennent que nous ne sommes  qu'une bande de djeunz décérébrés prêt à hurler aux concerts des Backstreet Boys et  à accrocher des posters de Bit-Bit dans nos chambres de collégiennes en manque d'idoles.  C'est bien évidemment l'histoire de l'hôpital qui se fout de la charité. Car les fans  de Blink 182 (il paraît que ça existe...), sont tout aussi cons, si ce n'est plus, que  les groupies de Boys Bands. Encore plus cons, car les groupies de Boys Bands ne viennent  pas emmerder les fans de merdes punky californiennes. Mais de ça, finalement, on s'en  moque un peu, vu qu'on n'est franchement pas là pour prêcher la tolérance. Si on  compare, un peu à l'emporte-pièce, les deux clips, ça devient amusant. D'un côté on  voit une gamine nunuche siliconnée qui brame les pieds dans l'eau ; de l'autre on voit  des minets tatoués en train de parodier les gamines nunuches qui brament. Palpitant. Si  l'effet gag gratuit et bête des Blink 182 peut peut-être fonctionner chez Beavis &  Butt-Head, il faut avouer qu'il trouve assez rapidement ses limites (les Boys Bands dans  les chiottes, ah ah ah, trop marrant, même Charly et Lulu sont plus fins). On se retrouve  donc devant un machin paillard qui nous ramène à Sim (et encore...). Musicalement, les  deux chansons ne volent pas bien haut. D'un côté de la soupe pure pop, de l'autre de la  merde à guitares qui vole le nom de punk (terme qui n'a jamais voulu dire grand chose de  toute façon, à part peut-être un état d'esprit, sans doute beaucoup plus présent  aujourd'hui chez Aphex Twin que chez Offspring). On préfère bien évidemment et sans  hésitation la soupe de Britney, plus sucrée, plus collante, plus apte à éveiller des  pensées punks que les affreux riffs délavés de Blink 182. Ce qu'il y a peut-être de  plus étonnant, c'est qu'objectivement le refrain du Blink 182 est plus putassier encore  que celui de Bit-Bit ; on en arrive à des niveaux de paradoxe qui donnent le vertige.  MTV, faut pas en abuser, moi je vous le dis. Pour la peine, on fait une pause et on se met  Rust Never Sleeps... ah... that's better.... 
                 
                Oasis : Who Feels Love ?
                        Oasis traverse le désert, faisant  ainsi preuve d'un sens de l'humour très Beatles. Indéniablement, pour Oasis, c'est la  débâcle. Alors ? 40 ans de purgatoire ? Ou une revanche prochaine avec enfin de vraies  bonnes choses à se glisser dans les conduits auditifs ? Un split ? Le Liam gras et  alcolo, enfermé dans une villa surveillée par 150 gardes du corps ? Le Noel en père de  famille frustré, cachetonant ici ou là et produisant des albums solos aussi sympathiques  que dérisoires et délivrant régulièrement une interview jouissive et aigrie à  Rock'n'Folk ? Is This The Story Of The Gallagher Brothers ?
                 
                Kelis : Caught Out There
                        Il paraît que c'est elle qui va sortir  le r'n'b MTV de la cuvette des chiottes. Bah c'est pas gagné. Ca commence comme du  sous-TLC arthritique. Kelis n'aime plus son mec et elle va pousser une gueulante  féministe. La routine... Sauf qu'effectivement, sa gueulante risque de vous coller au  plafond. "I Hate You So Much Right Now !" La vache ! Ca dégouline de haine et  de violence sèche, ça fait peur. Merde alors, depuis les Prodigy on n'avait pas autant  foutu la trouille aux enfants sur MTV. Et comme on sait que les moins de 12 ans font  partie de la cible privilégiée de la chaîne, on se demande comment ils peuvent laisser  passer ce clip aussi souvent. Les ligues parentales vont gueuler. Les ligues féministes  aussi, pour les avoir ainsi représentées comme des furies hystériques qui nous  rappellent fâcheusement le "bon peuple" qui poursuit le monstre de Frankenstein  et Edward à la fin de deux fameux chefs-d'œuvre du 7e Art. Brrr...
                 
                Pink : There You Go
                        Pink, qui n'a pas eu deux pages dans  les Zinrocks, n'aime plus son mec. Elle a d'ailleurs bien raison. Ce con la trompe, joue  avec une PSX et ressemble à un type de Blink 182. On le déteste tous, c'est évident. En  plus la petite Pink, loin d'être la sorcière Kelis, est une petite chose choucarde avec  un décolleté de 50 mètres au bas mot et un goût prononcé pour tous les vêtements  très très moulants. Elle drague les basketteurs canons dans la zone (enfin... la zone  MTV, la gentille zozone, quoi). C'est une salope, mais moins que son mec, alors ça va. Le  féminisme sur MTV se résume essentiellement, de TLC à Christina Aguilera, à des paires  de nibards à peine dissimulées. Je ne voudrais pas dire, mais Fight Club à côté c'est  un discours de Simone Weil. Enfin, moi je m'en fous, du moment qu'on peut se rincer  l'œil, on ne va pas se plaindre. Par contre je ne suis pas sûr que tout cela va  inciter les cons de Blink 182 à ne plus traiter les filles comme des serpillières. Et la  musique dans tout ça ? La musique ? Quelle musique ?
                 
                Santana : Smooth
                        Comment s'en sortir en l'an 2000 quand  on est un guitar-hero ringard (pléonasme), qu'on était à Woodstock (et qu'on ne  s'appelle pas Neil Young) et qu'on voudrait bien faire construire une 6e piscine dans sa  villa ? Bah, on s'appelle Carlos Santana et on est un peu latino sur les bords, et ça  tombe bien vu que c'est la mode. Va-t-on maintenant voir revenir Van Halen et Dire Straits  ? On en tremble d'avance... Et dire que les Melvins sont en train de sortir un nouvel  album dans l'indifférence générale...
                 
                Aqua : Around The World
                        Bon, alors ce n'est ni une reprise des  Pixies (c'est All Over The World ! Bande d'incultes !), ni une reprise des Daft Punk...  C'est un "nouveau" morceau qui, je le reconnais humblement, fait plus que  lorgner sur la copie d'Abba. Bah oui, mais Abba n'est plus et il faut que quelqu'un assure  la relève. Et c'est ce que fait Aqua avec un brio fantastique. En lieu et place des  synthés cheaps d'Abba, c'est un orchestre symphonique qui s'y colle. Le résultat,  mi-kitsch mi-pop, est délicieux, même si leur album Aquarius réserve des perles  nettement plus brillantes (We Belong To The Sea, Back From Mars, Good Guys, Aquarius...).  Le clip est par contre assez décevant et c'est bien dommage. On attendait une parodie de  James Bond et de Mission Impossible, on se retrouve avec quelque chose d'une grande  beauté plastique (?!?), l'un des plus beaux clips de ces dernières semaines (avec le  Moloko, tiens, justement), mais tellement écrasé par son emphase qu'il en oublie d'être  drôle. Aqua loupe en images ce qu'ils ont pourtant réussi en musique. Achetez l'album !
                 
                Nine Inch Nails : Into The Void
                        Comme un écho aux Talking Heads de la  première partie, c'est Nine Inch Nails qui vient clore le bal. Le début du clip appelle  lui aussi des citations Cronenbergiennes. On voit des fragments de Reznor en très gros  plan. C'est organique, très organique, à l'image de la musique, exigeante et belle (mais  moins que le sommet qu'était la "performance" d'Happiness In Slavery). La TV  vit, et on l'entend presque respirer sous les coups de butoir de l'un des derniers grands  artistes encore en activité dans le domaine de la musique populaire. Encore plus bizarre,  la fin du clip avec le groupe dans un lieu clos aux murs rougeoyants, fait encore plus  penser à Videodrome (ou alors c'est moi qui fais une fixette, ça doit être ça,  d'ailleurs...). Et quand on voit une guitare être brutalement fracassée (à l'ancienne),  on sait qu'on est dans un snuff movie, ce que l'on voit est la réalité et on en  redemande. Une nouvelle fois, pendant quelques instants, MTV a eu une philosophie...
                "The television screen  is the retina of the mind's eye."