Mes musiques de films fétiches

 

 

The Wicker Man (Paul  Giovanni)

Le Voyage de Chihiro (Joe Hisaishi)

Edward Scissorhands (Danny Elfman)

Batman Returns (Danny Elfman)

The Nightmare Before Christmas (Danny Elfman)

Fire Walk With Me (Angelo Badalamenti)

The Sweet Hereafter (Mychael Danna)

The Lovers (Wong, Wai Lap, Lui, Wang, Chen, He)

Ghost In The Shell (Kenji Kawai)

Heavenly Creatures (Peter Dasent)

Toys (Trevor Horn et Hans Zimmer)

Il Etait Une Fois En Amérique (Ennio Morricone)

 

 

    The Wicker Man de Paul Giovanni

        A l'image du film, la musique de The Wicker Man est inclassable. A la fois folk, traditionnelle, parodique, pop, classique, elle sert au mieux l'ambiance du chef-d'oeuvre de Robin Hardy. Toutes les chansons sont sublimes. Des traditionnellement folk Corn Rigs ou Gently Johnny en passant par des hymnes humoristiques et très lestes à la manière des Monty Python (The Landlords Daughter et The Tinker of Rye entonné par la voix formidable de Christopher Lee). Toute la musique de procession finale est bourrée de trouvailles instrumentales, mélodiques et émotionnelles. Le disque comporte aussi des bouts de la musique d'ambiance du film (avec quelques bruitages et quelques répliques lourdes de sens). On reste tétanisé par la montée puissante et d'une tristesse folle du thème final (Sunset). Mais ce qui fait de la musique de The Wicker Man un classique absolu et indispensable, c'est bien sûr Willow's Song. Une chanson de séduction, sensuelle, douce, terriblement érotique. Une mélodie miraculeuse et une voix envoûtante font de Willow's Song l'une des plus belles chansons écrites pour un film. Et de la BO de The Wicker Man l'une des plus fantastiques jamais produites.

 

   Le Voyage de Chihiro de Joe Hisaishi

        La fausse simplicité des compositions de Joe Hisaishi ne fait que renforcer leur portée émotionnelle. Le grand compositeur tombe parfois malheureusement dans le piège d'arrangements douteux (pour preuve la BO de Hana-Bi, assez discutable). Mais le plus souvent il triomphe avec un orchestre, un violoncelle et un petit piano. On ne compte plus les chefs-d'oeuvre : Laputa, Totoro, A Scene at the Sea, Dolls, Kikujiro... Et ce Voyage de Chihiro, qui est l'une de ses créations les plus abouties. La plupart des thèmes sont d'une beauté affolante. En particulier le thème principal qui culmine sur le morceau De Nouveau. Très émouvant. Mais c'est la chanson finale Rêvons Toujours les Mêmes Rêves Aimés qui transforme cette BO en pur chef-d'oeuvre. Peut-être la plus belle chanson de générique de fin de l'histoire du cinéma. Oui, c'est aussi bien que cela. Paroles sublimes, voix magnifique, mélodie simple et touchante. Immense.

 

Fire Walk With Me    Fire Walk With Me d'Angelo Badalamenti

        Le Chef-d'Oeuvre absolu de David Lynch est un film envoûtant, triste, violent, dingue et magnifique. La musique composée par le grand Badalamenti est à l'image exacte du film. Il faut tout d'abord noter que (comme le film) la musique de Fire Walk With Me est sensiblement différente de celle de la série Twin Peaks. Pour preuve le thème principal de Fire Walk With Me, une ballade jazzy triste et ténébreuse de toute beauté, qui ne possède pas du tout les mêmes sonorités lumineuses du Falling de la série. Deux longues pièces encore une fois très jazzy, The Pine Float et Don't Do Anything (I Wouldn't Do) plongent lentement l'auditeur dans l'ambiance unique de ce disque (et film) uniques. Entre les deux vient s'intercaler Sycamore Trees que l'on entendait en tant que thème de la Black Lodge dans le dernier épisode de la série. Cette chanson folle (en particulier grâce à la voix de Jimmy Scott) n'avait jamais été éditée et c'est un Bonheur de la retrouver ici. Toute la magie noire de la Black Lodge résonne dans ces contrebasses menaçantes. A Real Indication est un rap (c'est Badalamenti qui rappe !) qui ne ressemble à aucun un autre, un jazz rap en fait, c'est irrésistible et déjanté. Questions in a World of Blue est la contribution de Julee Cruise pour la BO de Fire Walk With Me, c'est tout simplement une des plus belles chansons du monde (et comme je le dis dans ma chronique des albums de la miss, cela tirerait des larmes à une statue). The Pink Room est un obsessionnel instrumental aux sonorités impressionnantes collant parfaitement aux images du film, très très hypnotique. The Black Dog Runs At Night est une courte pièce relativement effrayante (les samples de cris de rapace sont monstrueux). Best Friends est tout simplement divin, mais bien trop court, encore une merveille d'émotion pure. Moving Through Time est de nouveau un long instrumental jazzy (mais on ne voit pas le temps passer), envoûtant, fascinant, superbe. Montage From Twin Peaks prépare la fin du disque avec une magie phénoménale. Girls Talk est une courte pièce pour guitare dingue de toute beauté. Puis c'est le Birds In Hell dissonances pour piano triste, commentant la chute de Laura Palmer, on entre déjà en pleine émotion pure. Et le sommet bouleversant est atteint avec les quelques notes du thème de Laura Palmer (directement tiré de la série), c'est sublime à se damner, surtout que Badalamenti enchaîne avec Falling (et quelques notes au piano), c'est magique. Et bien sûr ce n'est pas suffisant pour achever la bande originale de l'un des meilleurs films du monde. The Voice Of Love (la musique de l'incroyable final du film) surgit lentement sur des nappes de synthé bouleversantes. C'est trop beau pour être vrai et le disque se termine ainsi, loin très loin du monde routinier des humains.

 

 

 The Sweet Hereafter   The Sweet Hereafter de Mychael Danna

        Pour un film parlant de la tristesse infinie avec délicatesse, intelligence et originalité, il fallait une musique unique et sensible. Poursuivant la réussite exceptionnelle de leur collaboration pour Exotica, Danna et Egoyan réussissent une nouvelle fois la symbiose entre images et musiques. Ils sont en cela divinement bien secondé par l'incroyable Sarah Polley, qui non seulement interprète l'un des principaux personnages du film (le principal en fait), mais aussi chante et co-écrit à peu près toutes les chansons du film. L'ouverture du disque, donc, sur la chanson The Sweet Hereafter (les paroles sont celles du conte du Joueur de Flûte de Hamelin, des extraits du film donc) est grandiose. C'est à la fois lumineux et (déjà !) bouleversant. Sarah Polley possède une voix merveilleuse et Danna utilise comme orchestration des instruments rares (et bien souvent médiévaux) couplés à du matériel électrique moderne (mais très discret). Le résultat est fascinant. Procession, le thème principal du film, est phénoménal. On entendra durant tout le disque cette étrange flûte qui traduit à merveille celle du magicien du conte. Sublime. One More Colour est une nouvelle chanson superbe (de Jane Siberry au départ). Courage juste un peu plus loin est peut-être la plus belle chanson de la BO (la plus triste en tout cas, la plus sombre), c'est une reprise du groupe The Tragically Hip, on entend d'ailleurs la version originale (1000 fois moins bonne) dans le film (mais pas dans le disque). Bouleversant. It's Important That We Talk est un instrumental qui traduit à merveille l'ambiance sonore générale de ce film si riche qu'il semble inépuisable. Dog Track Drizzle est une nouvelle chanson étrange, envoûtante et triste. Thin Ice traduit tout le tragique de cet instant du film (franchement le pouvoir de cette musique est formidable). It Was A Wonderful Time In Our Lives, morceau qui intervient durant le moment le plus émouvant du film, est tout simplement sublime, je ne suis pas prêt de me remettre du piano triste à la fin du morceau. Boy est une ultime chanson encore plus étouffante que les précédents mais la voix lumineuse de Sarah Polley transcende les ténèbres. Les derniers instrumentaux résonnent de la flûte magique et de rires enfantins noyés sous cette "huge wave". Et lorsque que le disque s'achève sur A Different Town, on se retrouve plongé dans la tristesse infinie du film, dans la magie noire d'une des oeuvres les plus bouleversantes de l'histoire du cinéma. Une bande originale vitale.

 

 

The Lovers    The Lovers de James Wong, Wu Wai Lap, Mark Lui, Raymond Wang, Gang Chen et Zhanhao He

        Pour le plus beau film du monde, il fallait une musique à la hauteur. Et c'est le cas. Quatre compositeurs et arrangeurs, plus deux génies de l'opéra asiatique, rien que ça. Gang Chen et Zhanhao He sont les deux créateurs de l'opéra (qui est aussi un concerto pour violon) The Butterfly Lovers. Opéra inspiré d'une très ancienne légende chinoise dont s'inspire Tsui Hark pour mettre en scène le plus grand chef-d'oeuvre de l'histoire du cinéma. On retrouve donc dans la bande originale du film bon nombres d'emprunts, de relectures et de variations sur le musique de Chen et He. Disons que The Butterfly Lovers sous quelque forme qu'il soit occupe au moins les 3/4 de la musique du film. Et c'est tant mieux, car les thèmes principaux sont d'une beauté phénoménale. Il y a bien sûr les chansons inspirés du film (obligatoire à HK), qui s'avèrent elles aussi d'une qualité exemplaire (deux autres versions de ces chansons sont disponibles sur le deuxième album de Charlie Young). Bien, que dire de plus sur la musique à part ces considérations d'ordre technique ? Pas grand chose en fait, tout est sublime, tout est fabuleux, tout est magique, tout est apte à faire fondre en larme un mur de briques, tout est digne du film. On peut avoir beaucoup de mal à dénicher ce disque, mais la récompense est à la hauteur de la quête.

 

 

ghost in the shell     Ghost In The Shell de Kenji Kawai :

       Ghost In The Shell est la perfection du cinéma de science-fiction. Pour soutenir l'un des meilleurs scénarios du genre et les images sublimes d'Oshii, il fallait une musique à la fois discrète et puissante, fantomatique et marquante. Kenji Kawai relève le pari avec un brio hallucinant. Toute la musique de Ghost In The Shell est au niveau du reste du film, au niveau chef-d'oeuvre, donc. Le thème principal, beau à en mourir intervient à trois moments clefs du film : le générique d'ouverture/naissance du cyborg, la traversée de la ville et le générique de fin. Dans Making Of A Cyborg, le thème est entouré des puissantes, lentes et fascinantes percussions qui résonnent tout au long du film. Dans Ghost City (superbe titre aux multiples sens, comme le film), c'est un break à base d'envolées de quelques très simples notes de synthétiseurs lyriques qui touche au génie. Dans Reincarnation c'est carrément tout un orchestre qui vient soutenir le thème principal pour culminer sur des prouesses vocales inégalables. On plaint le public américain à qui on a imposé le One Minute Warning des Passengers comme générique final. La majorité de la musique du film est composé de ces percussions fantomatiques, effrayantes et magiques qui peuplent Ghosthack, Puppetmaster ou encore Ghostdive. C'est presque aussi superbe avec ou sans les images, c'est dire. Il y a encore le délicat lyrisme de Nightstalker accompagnant la plongée (réelle, celle-là) de Motoko. Et il reste le divin Floating Museum, pour l'une des scènes d'action les plus admirables et les métaphysiques de toute l'histoire du cinéma. Quelques notes d'une simplicité apparente, une fin sublimissime, on comprend mieux pourquoi Ghost In The Shell est une telle réussite. A noter qu'il existe aussi un disque du nom de Project 2501, qui est ce que les japonais appellent une "real sound and images collection" du film. Dessus on retrouve les 3 interprétations du thème principal, l'excellente chanson pop japonaise bonus, le bidule des Passengers, les bruitages de toutes les armes (présentées aussi dans le luxueux livret) et les principaux dialogues du film (en VO, bien évidemment). C'est à réserver aux fans hardcores, mais c'est une belle pièce de collection.

 

heavenly creatures bo.JPG (49017 octets)    Heavenly Creatures de Peter Dasent :

        Heavenly Creatures est le plus grand film du siècle, à la droite de The Lovers et à la gauche d'un Burton, mais peu importe ce genre de considération, le Chef-d'Oeuvre (avec des majuscules partout) de Peter Jackson se passe finalement de commentaires. La bande originale est aussi sublime que les images. Peter Dasent, déjà complice de Jackson pour Brain Dead, y délivre une partition bouleversante et à l'ambiance unique. Quelques notes de The Princess Of Ilam ou de Pauline & Juliet suffisent à évoquer puissamment le film et à recréer sa magie. Un tour de force rare et quelques instants d'une beauté délicate, surannée, irréelle, intemporelle. On a bien sûr droit à beaucoup de Mario Lanza (the world's greatest tenor, of course) et grâce à la force émotionnelle du film toutes ses chansons deviennent extraordinaires. C'est un Be My Love amusant, un Donkey Serenade en hymne à la vie, un Funiculi Funicula formidable, un The Loveliest Night Of The Year en hymne à l'Amour Fou et l'incommensurable You'll Never Walk Alone pour déverser des torrents de larmes en face de sa chaîne Hi-Fi. On peut ajouter à ce tableau divin : le terrible E Lucevan le Stelle de Puccini ; la plus belle minute de chanson du monde avec la Juliet's Aria murmurée par une Kate Winslet au sommet de sa grâce et bien sûr le traumatisant The Humming Chorus encore et toujours de Puccini. Si on aime le film, on adorera la BO, si comme moi on connaît le film par cœur (les répliques en VO et tout et tout, sur le bout des doigts), si on a l'affiche géante dans sa chambre, si on est amoureux de Kate Winslet ET de Mélanie Lynskey juste parce qu'elles sont Pauline et Juliet, si on considère que Peter Jackson est le Stanley Kubrick du 21e siècle, si Heavenly Creatures est synonyme pour vous de perfection de l'Art et d'oeuvre plus grande et plus forte que la vie, alors soit vous êtes moi (ce qui est le plus probable) soit vous n'avez vraiment pas besoin de lire ces lignes car vous possédez déjà ce disque en triple exemplaire et il passe chez vous au minimum une fois par semaine depuis sa sortie.

 

toys-bo.jpg (11401 octets)     Toys de Trevor Horn et Hans Zimmer :

        Sans doute devrais-je rédiger un site entier pour réussir à défendre et à réévaluer le chef-d'oeuvre de Barry Levinson. Mais depuis que j'ai été confronté à la mauvaise fois des détracteurs de ce sublime film surréaliste, fou, vivant, beau et touchant, j'ai décidé de garder Toys pour moi et rien que pour moi, je me passe le film en boucle, il est dans mon top 15 de tous les temps, cela n'engage que moi et c'est très bien comme ça. Mais je vais quand même m'attarder sur la bande originale qui est toute aussi splendide que le film. Les deux géniaux maîtres d'oeuvre de cet OVNI sonore (Toys étant un OVNI filmique, cela tombe bien) sont Trevor Horn et Hans Zimmer. Hans Zimmer tout d'abord, l'un des plus brillants compositeurs de musiques de films de la décennie ; grâce en grande partie à lui, Fenêtre Sur Pacifique faisait peur, Le Roi Lion était épique et La Ligne Rouge était un chef-d'oeuvre. Ce n'est pas rien ! Trevor Horn, producteur phare dans les années 80, qui contribua à la plupart des plus grands tubes intéressants du début de la décennie avec Buggles, Art Of Noise et Frankie Goes To Hollywood. La BO en elle-même ? Exactement comme le film ! Un fourre-tout hénaurme qui n'appartient à aucun genre connu, qui fait côtoyer avec un bonheur infini le bon et le mauvais goût, qui invente, renouvelle, émerveille, bouleverse. On débute avec du Tchaïkovski (l'un de mes compositeurs favoris, Casse-Noisette est ma musique de chevet depuis ma naissance), on poursuit avec le délicatement dingue The Closing Of The Year (l'association Horn/Zimmer à son top du top). Puis Enya passe, on entre dans le monde du rêve. Tori Amos, en très grande forme, délivre un Happy Worker érotique et enfantin, elle devrait vraiment retravailler avec Horn, notre Tori. Alsatia's Lullaby est un tour de force merveilleux de Zimmer et c'est Julia "Carmen" Migenes qui vocalise. Quand je vous disais qu'on était en plein surréalisme. Encore un tour de force émouvant de Horn et Zimmer avec Let Joy And Innocence Prevail en version instrumentale. Zimmer, toujours, qui pète les plombs autant que Michael Gambon sur l'épique The General. Puis Horn retrouve la verve de Frankie Goes To Hollywood avec l'épastrouillant The Mirror Song, ex-futur tube. Zimmer refait dans la magie avec Battle Introduction. Puis c'est le pétage de plombs total avec un dynamitage du Welcome To The Pleasuredome, l'hymne pervers de Frankie Goes To Hollywood, qui copule avec le talent mélodique de Zimmer et la folie de Horn. C'est extraordinaire. L'obsolète et touchante Grace Jones surgit alors pour chanter le toujours aussi beau Let Joy And Innocence Prevail. Et c'est déjà le final avec la reprise de The Closing Of The Year et quelques instants de Happy Workers. Non, clairement, la bande originale de Toys est identique au film, on adore à la folie ou l'on déteste. Je ne crois pas qu'il puisse y avoir de juste milieu. Personnellement j'en suis totalement dingue et c'est toujours l'un des disques qui revient le plus régulièrement sur la platine.

 

once upon 1.JPG (69384 octets)     Il Etait Une Fois En Amérique de Ennio Morricone :

        Ennio Morricone est capable du meilleur comme du pire. Le pire étant sensiblement dominant, surtout ces 10 dernières années. Mais bon, on lui pardonne, car il a tellement fait pour la musique de films. Et de toute façon, un artiste qui a composé une œuvre aussi sublime que la BO de Once Upon A Time In America, ne peut pas être totalement mauvais. Il Etait Une Fois En Amérique est le dernier film de Sergio Leone, c'est aussi son Chef-d'Oeuvre. Un monument phénoménal et bouleversant qui permet à Morricone de délivrer ses meilleures partitions. Le thème principal est magnifique, mais dès le Poverty on entre dans le domaine du Sublime, quelques notes de piano, un orchestre à l'ancienne, il ne suffit pas plus pour incarner musicalement toute la nostalgie et la tristesse du film (et dieu sait qu'elles sont immenses). Le thème de Deborah est chargé d'une émotion délicate qui n'est pas sans rappeler les instants lyriques de la BO de Il Etait Une Fois Dans l'Ouest. Mais là, c'est indéniablement encore plus magistral et émouvant. Childhood Memories introduit la fameuse flûte de pan qui est à Il Etait Une Fois En Amérique ce que l'harmonica était pour Il Etait Une Fois Dans l'Ouest : l'incarnation d'une menace et d'une tension effroyables, le thème de Friends (rien à voir avec la série TV) est plus léger, plus enjoué, c'est une rupture abrupte dans la tension de l'ensemble. Amapola n'est pas de Morricone, mais il se l'approprie brillamment. Prohibition Dirge est un jazz-charleston typiquement années 20, réussi. Cockeye's Song voit le retour de la flûte de Zamfir mais cette fois c'est la voix d'Edda Dell' Orso qui s'immisce, apportant l'émotion pure au cœur de la tension. Impressionnant. Les morceaux suivants sont des variations sur les thèmes déjà exposés. On retiendra en particulier le Friendship And Love, présent aux instants les plus traumatisants du film (retrouvailles et trahisons), gigantesque. Et le final, quand le thème de Deborah rencontre Amapola avec une délicatesse infinie. Non, décidément, Morricone est allé au-delà de ses limites avec cette BO, jamais il n'avait été aussi nuancé, aussi mélodique, donc nous sommes bien en présence d'un chef-d'oeuvre tétanisant.