Que l'on aime ou non leur unique album officiel, Cut, on ne peut nier l'importance primordiale qu'ont eu les Slits sur le rock post-punk. Un groupe de filles avec autant de force, de talent et d'audace, cela ne pouvait que faire école. Plusieurs générations de girls enragées citent les Slits comme exemple, de L7 à Bikini Kill en passant par les Breeders. Mais il faut bien reconnaître que l'on voit mal ce qui lie L7 et les Slits à l'écoute de Cut, album bien plus Reggae que Punk. La solution est ailleurs. En effet, entre la formation du groupe en 1977 et la sortie de l'album en 1979, le son des Slits a totalement changé. Les premiers témoignages sonores et visuels le confirme : les Slits étaient à leur début un monstrueux combo punk-hardcore brutal et jouissif. Pour retrouver cette étincelle qui peut, encore aujourd'hui, mettre le feu aux poudres, il faut écouter ces Peel Sessions. Si les trois derniers morceaux, enregistrés en 1981, sont de longues jams Reggae/Funk assez discutables (même si foutrement bien fichues), les sept premiers titres du disque sont des bombes. De vraies bombes. Les versions de Love und Romance, New Town ou Shoplifting, tous les trois présents sur Cut, sont incroyables d'énergie et de folie. Les Slits étaient en train de tout révolutionner, apportant une terrible féminité exacerbée, décomplexée, hystérique et enjôleuse à un univers à l'époque exclusivement masculin (à part les Banshees, et encore). A l'écoute de ces Peel Sessions, on se rend compte à quel point Love und Romance, New Town et Shoplifting ont leur place aux côtés de Fast Cars, White Riot et autres Blietzkrieg Bop, dans le panthéon des singles les plus explosifs de la période. Formidable, au sens littéral du terme.


Parmi les grands oubliés de la meilleure période musicale de cette fin de siècle, les Slits peuvent figurer en bonne place. On se souvient parfois d'elles pour avoir été un groupe de filles dans la tourmente punk, ce qui n'est déjà pas si mal, mais on oublie souvent leurs œuvres musicales qui valent pourtant leur pesant d'or. Pour les Slits, ce n'est pas difficile, il y a la Peel Session très punk et leur unique album, Cut, très reggae, très clashien donc. Je parle de Cut en particulier parce que c'est un disque presque totalement enterré qui tient encore extrêmement bien la route, surtout à notre époque où l'on semble découvrir avec émerveillement certaines horreurs de Public Image Limited. Voyons, voyons, on préférera toujours les Slits à John Lydon. Il suffit d'écouter juste une seule fois les merveilleux Instant Hit, Shoplifting, Newtown (bon OK ça sonne très Clash, et alors ? Vive les Clash au féminin !), Adventures Close To Home...

 
 
 
 
 
 
 
 
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