Souvent occulté par le triomphants Born To Run (le disque définitif de l'artiste), par le populaire Born In The USA, par le fondamental The River et par le chef-d'œuvre du Boss, Nebraska ; Darkness On The Edge Of Town est à redécouvrir. Car c'est un recueil de chansons formidables. Certes l'effet de surprise n'est plus aussi présent (quoique...) et certes il y a quelques petites choses inégales ici et là. Mais dans l'ensemble, il ne faut pas en douter, ce disque est indispensable. De l'ouverture grandiose de Badlands au rock intense de Adam Raised A Cain ou de Streets Of Fire, en passant par les instants magiques de Something In The Night, Candy's Room ou de la chanson titre. Darkness On The Edge Of Town ne faiblit jamais. C'est un concentré de l'énergie et de l'humanité de Springsteen. Et, bon, le petit plus qui fait de ce disque un classique, c'est bien sûr Racing In The Street. Nebraska hors concours, Racing In The Street est la plus belle chanson du Boss. Tout y est, la peinture prolétaire lyrique, le culte de la voiture naissant du désœuvrement, le temps qui passe, les petits détails qui font les histoires bouleversantes, la voix déchirante, la musique entre silences élégiaques et montées pleines d'espoir...


Chef-d'oeuvre d'émotion et de sensibilité, Nebraska est probablement le meilleur album du Boss, du moins son plus attachant. Tout y est parfait, bouleversant, sincère et fascinant. Nebraska est un reflet de tristesse absolue enregistrée sur un 4 pistes par un Springsteen absolument seul. Les textes sont incroyables (celui de Highway Patrolman a même inspiré à Sean Penn son très beau Indian Runner) et les mélodies simples et magiques. Loin des arrangements discutables de ses albums habituels, le Boss délivre, avec sa guitare accoustique et son harmonica, une certaine idée de la pureté (on dirait du Brassens). Mais derrière ce dépouillement musical se cache un album très très sombre, désespéré et franchement bouleversant. Du Serial Killer par ennui de Nebraska aux souvenirs d'une enfance pauvre (Mansion on the Hill, Used Cars) en passant par des errances nocturnes soit habitée par l'énergie du désespoir (Open All Night) soit par une folie oppressante très proche du premier Suicide (State Trooper), ou par les histoires émouvantes (et c'est un euphémisme) de Highway Patrolman et du traumatisant My Father's House, Nebraska ne ménage que très peu d'espoir, dissimulé au détour d'un génial Atlantic City et surtout sur le dernier morceau de l'album, le superbe Reason To Believe.

 
 
 
 
 
 
 
 
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