Peu de groupes actuels peuvent se vanter d'avoir une carrière d'une qualité aussi constante que celle du groupe de Stuart Murdoch. En variant des détails sans jamais perdre l'essentiel, Belle and Sebastian emballe la plus légère et la plus belle des musiques "pop" depuis une décennie. Sous une très fausse simplicité et des échos à présent de plus en plus lointains de grands anciens, tels que les incontournables Smiths, le groupe ne s'est (quasiment) jamais arrêté en chemin et se renouvelle sans cesse. Après la production spectaculaire de Trevor Horn sur Dear Catastrophe Waitress, The Life Pursuit se fait plus humble dans son écrin sonore, pour mieux se focaliser sur les mélodies et surtout sur les textes, The Life Pursuit nous parlant de foi et de quêtes existentielles (voire de pertes existentielles) avec autant de discrétion que de force.

        Lorsque l'on écoute cet album pour les premières fois, on ne retient sans doute que les thèmes accrocheurs, les refrains irrésistibles, les perles du calibre du sublime Another Sunny Day qui ferait pâlir de jalousie aussi bien Lennon que McCartney. Ces mélodies sont en fait là pour nous pousser à revenir auprès du disque, l'écouter, le réécouter, de loin, puis de plus en plus près, jusqu'au moment où l'on viendra se pencher sur les atmosphères, sur les textes, et où l'on comprendra que Belle and Sebastian est bien plus qu'un divertissement luxueux. The Life Pursuit déborde d'âme et il n'y a pas besoin d'être un critique perspicace pour ressentir toute la délicatesse d'un Dress You Up (et son solo de trompette juste divin), l'ironie pétillante de Sukie In The Graveyard, le débordement bondissant de We Are The Sleepyheads, la perfection du single Funny Little Frog, la grâce bancale de Act of the Apostle II et la bienheureuse béatitude de For The Price of a Cup of Tea qui s'épanouit dans la mélancolie insondable de Mornington Crescent.

        On pourra peut-être affirmer que The Life Pursuit résonne comme le plus maîtrisé et le plus admirable album de Belle and Sebastian depuis leur chef-d'oeuvre fondateur If You're Feeling Sinister, comme l'apothéose provisoire d'un style qui ne cesse de se métamorphoser tout en demeurant immédiatement familier, inévitablement proche, entre enthousiasme d'une éternelle jeunesse et cicatrices du temps qui passe.


N’écoutez pas les aigris qui n’ont de toute façon jamais rien compris au groupe : si le nouvel album de Belle and Sebastian se démarque sans doute fort peu de leur production antérieure, il n’en demeure pas moins magnifique. En s’ouvrant sur un vrai petit chef-d’œuvre, I didn’t see it coming, Write about love nous replonge instantanément dans l’univers chéri. Il y a des centaines d’imitateurs du groupe de Stuart Murdoch, tous plus niais et ennuyeux (pour rester poli) les uns que les autres. Mais seuls les originaux peuvent encore nous séduire avec des choses primesautières telles que I want the world to stop ou I can see your future. La véritable évolution est la grande présence accordée au chant féminin, essentiellement le fait de Sarah Martin. Et si le duo avec Norah Jones est cosy mais un peu anodin ; la présence de Carey Mulligan sur la délicieuse chanson titre se révèle charmante (à l'image de l'actrice). L’ensemble de Write about love respire d’une énergie et d’une fraîcheur qui n’appartiennent qu’à Belle and Sebastian.

La musique du groupe semble immuable. C'est une de ses forces, mais c'est aussi une illusion. Car elle change, évolue doucement, sans rien perdre de sa personnalité qu'on reconnaît en dix secondes au début de chaque morceau. Les chansons, justement, belles à se damner, et qui semblent résumer toute la carrière du groupe en un album. Il s'agit d'ailleurs d'un indispensable, tout autant que l'intouchable If You're Feeling Sinister, la résurrection pyrotechnique de Dear Catastrophe Waitress et la compilation essentielle Push Barman to Open Old Wounds.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
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