Cette année, les mentions spéciales sont intégralement dédiées aux "vieux", aux survivants, aux vestiges. Avec des artistes dont les débuts datent aussi bien des années 60 que des années 90, bref qui sont là depuis longtemps. On retrouve ici des auteurs proposant des albums dans la droite lignée d'une production qui ne déçoit quasiment jamais (Autechre, The Flaming Lips, Nick Cave, Wire), d'autres qu'on n'espérait plus revoir à ce niveau (Suede, Nine Inch Nails), ainsi que, bien sûr, ceux qu'on n'espérait plus du tout et qui, non contents de prouver qu'ils sont toujours bien portants, ont délivré des disques incontournables (My Bloody Valentine, David Bowie).

 

 

Autechre - Exai

L'année 2013 aura été placée sous le signe des albums monumentaux, interminables, remplis jusqu'à raz-bord. La preuve avec Autechre, dont à l'habitude qu'ils assurent la postérité de l'electronica qui ne nous rajeunit pas. Un festin à consommer par petites bouchées. Un délice pour connaisseurs.

 

 

Boards of Canada - Tomorrow's Harvest

D'autres vestiges des grandes heures de l'electronica persistent et signent bien des années après leur heure de gloire. Tomorrow's Harvest ne surprend pas vraiment, il offre ce qu'il faut d'atmosphère et de nuances. Et c'est déjà beaucoup.

 

 

David Bowie - The Next Day

On le disait fini, à la retraite, malade, over and out. Il revient avec son meilleur album depuis... depuis quand déjà ? On ne sait plus trop. Tout ce qu'on retient c'est que The Next Day, avec ses hauts et ses bas, était inespéré. Un bulletin de santé réjouissant.

The Stars are out Tonight

 

Broadcast - Berberian Sound Studio

C'est l'un des disques posthumes qu'on aurait aimé écouter le plus tard possible. Dans le panthéon des groupes qu'on n'a pas assez aimés, Broadcast aura toujours sa place. C'est une bande originale de film, qui éclipse les images et existe par elle-même. Des collages et des montages sonores, pas un véritable album, mais un dernier témoignage qui donne envie de réécouter toute la discographie du duo.

 

 

Nick Cave and the Bad Seeds - Push The Sky Away

On l'a préféré rockeur dévergondé avec Grinderman, on le retrouve sur son terrain de prédilection avec les Bad Seeds. Une musique hantée et poétique, inquiétante, qui enveloppe l'auditeur et l'entraîne vers les grands fonds pour le noyer.

 

 

The Flaming Lips - The Terror / Peace Sword

Malgré les imitateurs (oui, MGMT, c'est à vous que je cause), malgré les errances médiatiques (la drogue c'est maaaaal), malgré eux d'une certaine façon, The Flaming Lips persistent à sortir des albums extraordinaires. The Terror est peut-être le plus effrayant et déplaisant de leur discographie. Pas un mince exploit. En compagnon, Peace Sword est leur essai le plus accessible depuis Yoshimi, et pas loin d'être aussi réussi.

 

 

Manic Street Preachers - Rewind The Film

Ce mélange de grandiose et de mélancolique n'appartient qu'à eux. On les croit toujours bon pour le musée, mais ils reviennent sans cesse avec des albums de qualité. On y retrouve la même étrangeté, les mêmes discrètes audaces. Attachant au possible.

Anthem for a Lost Cause

 

Mazzy Star - Seasons of Your Day

Pour eux, c'est simple, on fait comme si de rien n'était. Exactement le même album qu'il y a 20 ans, tranquille, peinard. C'est finalement toujours aussi envoûtant, comme un crépuscule d'automne. Avec, en prime, la plus belle pochette de l'année.

 

 

My Bloody Valentine - m b v

C'était l'album le plus attendu de l'histoire du rock contemporain : 22 ans. La qualité indéniable a surpris et a probablement provoqué une légère surévaluation d'un disque qui eût été le parfait successeur, en mode mineur, de Loveless en son temps.

 

 

Nine Inch Nails - Hesitation Marks

L'évolution est quasi imperceptible, mais pour celui qui a aimé passionnément Trent Reznor, elle est évidente. Aurait-il trouvé la clef de sa prison ? Il y a dans ce nouvel album de Nine Inch Nails suffisamment d'idées pour répondre par la positive. Oui, Reznor est libre et le meilleur peut encore venir.

 

 

Yoko Ono Plastic Ono Band - Take Me To The Land of Hell

A 80 ans, Yoko Ono vient donner des leçons de Girl Power à toutes les petites jeunes qui se croient révolutionnaires. Un album qui navigue entre le génie et le grotesque, à l'image de son auteur.

 

 

Primal Scream - More Light

Dans le genre survivants, en voici d'autres, toujours la forme malgré les années d'excès. Un nouvel album épique, grandiose, épuisant ; une décharge d'adrénaline quasi non-stop. Un best of de leur carrière, entièrement composé de nouveaux titres, plutôt un bon concept.

 

 

Suede - Bloodsports

Les ruines magnifiques de la brit-pop, avec Suede pour guide. Souvenez-vous, cette trilogie d'albums parfaits, là, pile au cœur des années 90. Et bien Bloodsports évoque leur fantôme avec une acuité troublante. C'est comme à l'époque, il y a déjà si longtemps. Presque de quoi verser sa petite larme.

 

 

Wire - Change Become Us

Pour eux, c'est une mention spéciale parmi les mentions spéciales. Car je peux pas me permettre de les traiter de "vieux". Parce qu'ils ne se sont jamais reposés sur leurs lauriers et que depuis leur retour dans les années 2000, ils enchaînent les albums fantastiques qui font le grand écart entre les heures de gloire d'antan et le monde contemporain. 35 ans après leur trilogie fondatrice, les gars de Wire n'ont toujours pas déposé les armes.