LES SCENES LES PLUS EFFRAYANTES DU CINEMA

 

        J'aime, j'adore avoir peur. Avoir peur en sachant, quand même, au fond de moi que tout cela... c'est pour de faux. C'est pourquoi j'aime toutes les œuvres d'art à caractère effrayant. Voilà pourquoi parmi mes auteurs favoris on trouve Lovecraft et le paria Stephen King, voilà pourquoi je relis régulièrement The Haunting Of Hill House et Ghost Story, voilà pourquoi je joue encore à Castlevania 4 sur Super NES, voilà pourquoi j'écoute l'Ambient d'Aphex Twin et The Dreaming de Kate Bush et surtout voilà pourquoi je dédie toute une page, non pas aux films les plus effrayants de l'histoire du cinéma (que l'on retrouvera de toute façon ici aussi) mais plus particulièrement aux scènes les plus terrifiantes. Ces séquences qui vous traumatisent une enfance, qui vous hantent l'inconscient, que l'on appréhende de revoir mais dont l'appel est irrésistible. Cette sélection, comme toute sélection, est purement subjective et très loin d'être exhaustive. De nombreux ajouts sont à prévoir.

 


 

peur-innocents1.jpg (13950 octets)    - THE INNOCENTS (Les Innocents) de Jack Clayton

        Voici un sérieux candidat au titre de film le plus effrayant de l'histoire du cinéma. L'adaptation cinématographique du sublime Tour d'Ecrou d'Henry James, est un pur chef-d'œuvre révolutionnaire, souvent imité (par l'Exorciste, par exemple), mais jamais égalé. Une scène terrifiante dans ce film ? Le film entier ! Bien sûr la "confrontation" finale est le sommet émotionnel qui peut laisser muet. Mais Les Innocents est un tel "bloc", un tel univers, que l'on ne souhaite pas le fractionner. Des voix lointaines, des récits effroyables surgissants du passé, des ombres, des silhouettes, des enfants qui chuchotent. Récemment, le film Les Autres a essayé vainement d'approcher la force des Innocents. C'était bien sûr inutile, malgré toutes les bonnes intentions. Les Innocents est une œuvre unique, un choc artistique rare et sans aucune doute (sans aucun doute possible !) l'un des films les plus influents de l'histoire du cinéma. Et l'un des plus réussis.

 

    - CURSE OF THE DEMON (Rendez-Vous Avec La Peur) de Jacques Tourneur

        Ce film incroyable est totalement terrifiant du début à la fin, mais s'il fallait retenir deux scènes primordiales ce serait peut-être celles-ci : Dana Andrews, incarnant un psychologue extrêmement rationaliste qui ne croit pas un seul instant au surnaturel, revient dans son hôtel. Dans les couloirs qui le mènent à sa chambre, une musique étrange lui trotte dans la tête, il se retourne plusieurs fois, scrute le couloir désert, rien, absolument rien. Et c'est l'une des séquences les plus représentatives de ce qu'on appelle "l'angoisse subite". Tétanisant. Peu après nous allons découvrir l'origine de la musique, et même les plus blasés ne pourront pas s'empêcher de sentir une sueur froide leur courir le long du dos. Plus loin dans le film, après s'être introduit de nuit par effraction chez le supposé sorcier, Andrews traverse une forêt ténébreuse pour rejoindre sa voiture. Cette fois, il est sans aucun doute suivi par une créature invisible qui laisse des empreintes fumantes sur le sol. La séquence est longue, peu démonstrative, merveilleusement filmée, la panique monte peu à peu, c'est sublime.

sortie en DVD Zone 1 le 13 août 2002

 

peur-antre.jpg (94235 octets)     - IN THE MOUTH OF MADNESS (L'Antre de La Folie) de John Carpenter

        Le troisième film de la "trilogie de la terreur" du génie de la paranoïa. Le plus réussi. D'ailleurs c'est son chef-d'œuvre. Si, si. La meilleure (fausse) adaptation de Lovecraft au cinéma. La meilleure réflexion sur le pouvoir du Fantastique. L'un des meilleurs films Fantastique de l'histoire du cinéma. Foulala, ça fait un sacré palmares. Une scène pour flipper comme jamais ? Dans la chambre d'hôtel de la ville fantôme, Sam Neil fait une brillante démonstration de ce qui est réel et de ce qui ne l'est pas. Le spectateur, qui s'identifie totalement à Neil, se trouve flatté dans ses travers d'incrédule en train de dévorer une œuvre de fiction totalement rocambolesque. Par la fenêtre, il n'y a pas une église noire démoniaque, byzantine et gigantesque. Non, il y a une petite ferme bien mignonne et rassurante. Ca ! C'est la réalité ! Sauf que ce n'est pas la bonne fenêtre.... On n'a jamais eu aussi peur que devant l'Antre de la Folie. Pourquoi ? Parce que Carpenter nous conte la mort du réel, la naissance de la folie, la fin du monde, l'effondrement de notre quotidien et de nos certitudes. Jamais nous ne nous sommes retrouvés à ce point au cœur de l'intrigue, subissant comme John Trent l'inéluctable déroulement d'une histoire qui nous dépasse tous. Œuvre folle sur le destin et l'illusion, l'Antre de la Folie ne fait pas seulement peur comme un film Fantastique. Non, ce film fait peur d'un point de vue métaphysique. Rien ne sert de paniquer, il est déjà trop tard...

Beau DVD Zone 1, mais sans bonus

 

 

   - CLASH OF THE TITANS (Le Choc des Titans) de Desmond Davis

        Un film a priori tout public, un péplum anachronique, surfant sur la vague Star Wars et bénéficiant d'effets spéciaux d'animation extraordinaires de Ray Harryhausen. Pourtant le clou du film n'est pas la fameuse apparition du Kraken, non le véritable clou du film, qui rend sa vision indispensable et qui le porte aux limites du chef-d'œuvre, c'est la Gorgone. Persée, pour sauver Andromède du Kraken, n'a pas d'autre solution que de récupérer la tête de Méduse, la Gorgone, car le pouvoir de pétrification de ses yeux opère même par delà la mort. La progression vers l'antre de Méduse est longue, ce qui permet la création d'une des ambiances les plus oppressantes et angoissantes de l'histoire du cinéma. L'antre de la Gorgone est un décor intérieur de toute beauté, la lumière est rougeoyante, les statues des victimes du monstre forment une décoration baroque et inquiétante. Persée et ses compagnons pénètrent lentement dans cet endroit que l'on imagine surchauffé, le vivarium de la reine des serpents. Méduse apparaît progressivement, c'est d'abord une ombre furtive, une queue de serpent à sonnette en ombre chinoise, un détail. Et le son du serpent à sonnette va devenir la marque de reconnaissance du Monstre, et c'est là un des signes de qualité des monstres les plus réussis de l'histoire du cinéma. Et lorsque Méduse parait en pleine lumière, dans sa totalité, c'est une terreur proche de la panique qui saisit aussi bien les personnages du film que les spectateurs. Méduse est le Monstre parfait, elle manie l'arc avec une précision diabolique, on ne peut la regarder en face, son apparence générale est odieusement magnifique. Il fallut 10 semaines à Ray Harryhausen pour animer cette séquence, le résultat est parfait. La chevelure serpentine de la Gorgone fait totalement illusion, les mouvements de cette dernière sont d'un réalisme hallucinant, le résultat à l'écran est admirable. La séquence est très longue, le suspens dépasse largement les limites du soutenable. Etonnant de trouver dans un tel film une scène susceptible de rivaliser avec le premier Alien sur son propre terrain. En tout cas, cela me permet de déconseiller fortement le film aux enfants ; parce que personnellement je devais avoir 9 ans quand je l'ai vu pour la première fois, je n'ai jamais dû m'en remettre tout à fait (et encore je ne l'avais pas vu sur grand écran, heureusement !)

 

    -PREDATOR de John McTiernan

        Celui-ci est déjà un grand classique du film d'épouvante et c'est sans problème que l'on peut reconnaître que ce faux film de genre, vrai film de terreur, est l'un des plus effrayants de l'histoire du cinéma. Retenir une scène en particulier est franchement difficile, elles sont nombreuses et toutes plus efficaces les unes que les autres. Je retiendrais quand même le combat final. Par la magie de l'ambiance et de la mise en scène, on réussit à croire que ce qui se déroule sous nos yeux a vraiment lieu. Ce n'est plus un film, c'est un documentaire animalier. La barbarie et l'emphase de cette confrontation tant attendue sont quasiment sans égal. Le plus terrifiant ? Lorsque Schwarzy, après avoir essayé toutes les ruses pour se dissimuler aux yeux du Predator, se retrouve directement face à face avec lui. Là encore une bonne définition de la terreur sur grand écran. Car le Predator est aussi un monstre parfait, quasi invulnérable, invisible, mystérieux, possédant un propre son distinctif et même une vision infrarouge qui renforce l'angoisse dégagée par le film. Et donc, lorsque la confrontation directe apparaît comme inévitable et que l'on sait pertinemment que le Predator peut expédier Schwarzy "ad patres" en un revers de main, le film atteint des sommets rarement effleurés (par Alien aussi, par exemple). Le Predator tombe le masque, la perfection monstrueuse est alors à son paroxysme, la lutte des Guerriers va s'achever dans une apothéose surréaliste de violence et de spectacle.

Edition collector DVD Zone 2 avec multiples bonus

 

    -PRINCE OF DARKNESS (Prince des Ténèbres) de John Carpenter

        Carpenter est sans aucun doute l'un des plus grand maîtres de l'horreur cinématographique, et pendant longtemps j'ai considéré Prince des Ténèbres comme son film le plus effrayant, voire comme le film le plus terrifiant de l'histoire du cinéma. Jugement excessif mais qui rend bien compte de l'impact phénoménal de cette œuvre. Avec un budget plus que réduit, dans un quasi huis-clos, Carpenter compose une sorte d'épure du film d'épouvante. D'un côté le petit groupe des forces du Bien (groupe qui se rétrécit au fil de l'action) où sont représentés à la fois le mysticisme et la science (symbolisme décuplé donc, dans une tentative de dialectique entre foi et rationalisme) ; de l'autre côté : le Mal Absolu, ni plus ni moins que le Diable, le Démon Suprême, qui tente de sortir de sa prison située dans un univers parallèle pour venir régner sur Terre. Situation classique mais filmée avec une telle maestria, un tel brio dans la construction, que l'efficacité générale est incroyable. Si je devais retenir une scène, ce serait le combat-paroxysme à la fin du film, lorsque la main du Démon (seul détail de son physique qu'il nous est donné de voir) sort lentement du miroir. Terreur pure, bien évidemment. Et la dernière image du film montrant la main du héros s'approchant tout aussi lentement d'un miroir (séquence soutenue, comme tout le film, par la musique minimaliste mais odieusement angoissante de Carpenter) fait écho à la tentative précédente de liaison entre les univers, en achevant l'œuvre sur un point d'interrogation, laissant le spectateur prisonnier de sa peur. La fin du film n'est pas la fin de l'effroi, et c'est génial.

DVD Zone 1 épuisé, édition Zone 2 toujours annoncée, toujours repoussée.

 

suspiria12.jpg (9455 octets)    - SUSPIRIA de Dario Argento

        Une invasion de vermines a obligé les jeunes danseuses vierges et terrorisées à dormir dans un dortoir improvisé dans le hall de l'école de danse. Dans cette grande salle baroque où l'espace est déjà une menace (il faut toujours préférer les lieux petits pour dormir), le dortoir est délimité par de grands rideaux rouges. Derrière cette cloison d'où surgit une lumière froide et surnaturelle, réside le domaine du Fantastique. Une forme humanoïde va prendre place et s'allonger derrière ces rideaux. Son sommeil donne naissance à une respiration rauque, des râles terrifiants. Nul doute pour nous, il s'agit là de la directrice de l'école, la mère des soupirs. Les deux héroïnes chuchotent à son sujet, sans même savoir qu'elle se trouve juste derrière elles, endormie (?) de l'autre côté des draperies rouges. Elles sont terrifiées, mais l'ambiance est calme, presque paisible au cœur de la pénombre et des murmures des deux jeunes filles. Mais il y a cette ombre allongée, il y a ces soupirs de démon. Et on n'a jamais eu aussi peur devant un film. Argento a donné une image et un son à nos pires cauchemars d'enfant et à nos craintes d'adultes traumatisés. L'horreur excessive, surréaliste et psychanalytique d'Argento est à son apogée. Le spectateur ne s'en remettra jamais. Insoutenable.

Ma page Suspira

Edition Zone 2 peu chère et très bien, multiples éditions en Zone 1, de la plus collector et inutile à la plus abordable.

 

peur-alien.jpg (16185 octets)     - ALIEN de Ridley Scott

        Le sexe fait peur, on le sait par cœur. Dans Alien, une fusion bien beurk entre les organes génitaux masculin et féminin, se met en devoir d'exterminer un petit groupe d'astronautes, pour une fois psychologiquement un peu plus développés qu'à l'habitude. La SF horrifique entre dans l'âge adulte aux prix de scènes traumatisantes. Pour preuve, le huis-clos final dans la navette. Et le parallèle entre la force bestiale et sexuelle de l'Alien et la fragilité sensuelle de Ripley. La scène est longue, beaucoup trop longue pour notre pauvre cœur déjà mis à rude épreuve dans le reste du film. "Etoile, ma bonne étoile !", ne cesse de répéter une Sigourney Weaver qui ne pourra plus échapper à ce rôle de Femme avec un très grand F. Expérience unique, Alien est le modèle inégalable du film de monstres qui fout vraiment mal son spectateur (à moitié) consentant.

Superbe édition DVD Zone 2

 

    - ALIENS de James Cameron

        Suite bourrine et profondément masculine au film ambigu de Scott. Difficile de surenchérir niveau terreur. Alors Cameron joue la surenchère de l'action défoulante. Ca bastonne, ça cartonne, ça décanille. Mais cela réserve aussi des scènes flippante au-delà de ce qui est permis. Des exemples ? Tout ce qui a rapport avec le fameux détecteur de mouvements (dont le petit "bip-bip" reste l'un des sons les plus effrayants de l'histoire du cinéma). Et puis surtout, surtout ! La descente aux enfers finale, quand Ripley part seule à la recherche de Newt. Pour se retrouver nez à nez avec la Reine des Aliens. Un face à face figé, lent, qui tranche totalement avec l'hystérie de la plupart des scènes précédentes. La Reine est un monstre immense, qui dégage une impression de puissance contre laquelle on ne peut pas lutter (voir pour cela la confrontation finale dans l'Acheron). L'humanité n'est plus rien face aux AlienS ; heureusement il y a Ripley, super-héroïne qui sera toujours là pour nous sauver de nos pires cauchemars.

Superbe édition DVD Zone 2

    - CAT PEOPLE (La Féline) de Jacques Tourneur

    Tourneur encore, avec la fameuse scène de la piscine. Tout est dans les ombres et la bande son. C'est à ce point minimaliste que l'on se demande s'il y a vraiment une panthère dans cette pièce. Et quelle idée géniale d'avoir situé LA grande scène d'effroi dans une piscine (lieu a priori sans grand risque). On retrouvera la piscine dans Suspiria ou dans Frissons, mais personne n'osera se frotter directement à cette séquence de Cat People. La modernité et l'audace de Tourneur font encore pâlir les meilleurs artisans du Fantastique. On compatit pour eux....

Edition DVD Zone 2 correcte, peut-être épuisée.

Fire_Walk_With_Me_BO.JPG (13623 octets)    - FIRE WALK WITH ME de David Lynch

        Le chef-d'œuvre absolu de Lynch n'est pas seulement un monument lacrymal, c'est aussi un incroyable film de terreur pure. La tension croissante et l'ambiance unique dans l'histoire du cinéma, provoque chez le spectateur un malaise insondable. Nous sommes perdus avec nous-mêmes dans un univers trop cruel, trop malsain, trop proche de notre quotidien mais en même temps trop "autre". Et puis l'impact émotionnel lié à la fois à la série TV et à la performance mythique de Sheryl Lee dans le rôle de Laura Palmer, ne fait qu'ajouter à l'implication du spectateur. Lorsque la dernière demie-heure arrive, on pleure, on tremble. Le film pète les plombs et nous aussi. L'épilogue, lyrique, bouleversant, véritable état de grâce, vient conclure cette sublime œuvre d'art et laisse le spectateur marqué à jamais. Plus qu'un film d'horreur psychanalytique ou qu'un thriller fantastique mélodramatique, Fire Walk With Me est la synthèse de ce que le cinéma peut créer et apporter de plus fort et de plus essentiel. Oui, ce film fait VRAIMENT peur !

Edition DVD Zone 1 et Zone 2 UK toutes vides, Edition Zone 2 française prochaine avec bonus !

 

    - GODZILLA d'Inoshiro Honda

    Certes, Godzilla est un acteur dans un costume en caoutchouc, certes. Mais le rugissement métallique du monstre et sa première apparition, silhouette inimaginable se découpant derrière une montagne, ne prêtent pas du tout à rire. Godzilla est devenu ensuite un franc sujet de poilade, une icône kitsch. Mais l'effroi qui imprègne le film originel, surtout dans sa première partie, est toujours une expérience surprenante. Le rugissement de Godzilla a pu faire aussi peur que l'Exorciste. Vous ne me croyez pas ? Oh que vous avez tort !!

 

    - ROSEMARY'S BABY de Roman Polanski

    Polanski fut, avant Carpenter, le roi de la paranoïa. De Répulsion au Locataire, tout n'est que faux-semblants et pièges, le réel n'est décidément plus ce qu'il était. Dans Rosemary's Baby, le plus familier devient le plus dangereux. On ne peut plus faire confiance à : son mari, son docteur, ses voisins, sa maison et bien sûr son propre bébé. Un film tellement dur et angoissant que le final entre comique et apaisement rend l'ensemble franchement traumatisant. A déconseiller très fortement aux femmes enceintes. Mais à chérir à jamais pour son raffinement de l'angoisse. Peut-être le meilleur film de Polanski. Mais on pourrait en discuter longuement.

très bonne édition DVD Zone 2

 

peur-exorciste1.jpg (2470 octets)    - L'EXORCISTE de William Friedkin

        Celui-là tout le monde le connaît par cœur. Il y en a même qui trouve que c'est un mauvais film et qu'il ne fait pas (plus) peur. Mon cul sur la commode, oui ! C'est un manque flagrant de sensibilité que de prétendre que l'Exorciste ne provoque plus la terreur, le malaise, la réflexion. Les enjeux du film (la maladie et la mort d'un proche, la croyance, l'humanité face à ses démons intérieurs, l'inconscient, le déterminisme...) sont d'une telle force que l'on ne peut pas rester insensible face à ce chef-d'œuvre. Certes il y a des aspects spectaculaires discutables, mais le fond domine la forme. Une forme pourtant incroyable à base de mise en scène coup de poing, d'effets spéciaux monstrueux et de scènes intolérables. Mais le plus effrayant c'est cette horreur interne, inconsciente, affective. Alors comme scène clef, pourquoi ne pas évoquer le cauchemar du père Merrin et toute la relation avec sa mère. Voilà ce qui est le plus insoutenable dans l'Exorciste, et le reste n'est qu'emphase autour du thème principal : l'absence, la perte, la disparition, l'inexorable fuite de la vie. Un film qui fait réfléchir, un film qui fait mal. "No fun".

Evitez l'exécrable nouvelle version ! Edition DVD Zone 2 toute vide, Edition collector Zone 1 avec documentaire et scènes coupées. Evitez la nouvelle version par pitié !!

 

    - ALFRED HITCHCOCK - toute la filmographie ou presque

        Le maître du suspens, comme on dit, n'a jamais usurpé sa réputation. On a tellement disséqué son œuvre que je vois mal quoi ajouter. A quoi bon vous reparler pour la énième fois de la découverte de la mère dans Psychose, de l'attaque des corbeaux dans les Oiseaux, de l'avion de la Mort Aux Trousses, du final de l'Homme Qui En Savait Trop, du meurtre raté du Crime Etait Presque Parfait, de la tension psychologique insoutenable de la Corde, de l'onirisme cruel de Vertigo... Vous connaissez tout cela par cœur. Heureusement.

 

    - THE THING de John Carpenter

        Celui-là aussi dans le genre : film le plus effrayant du 7e art. C'est un sérieux concurrent. Même après des dizaines de visions, on se laisse toujours avoir. Un miracle comme seul Carpenter peut les réussir. La meilleure scène ? La musique ? La neige ? Le regard du chien ? Ce ne sont plus des scènes, ce sont des sensations. Blancheur, lumière, froid, bruits. Certes The Thing n'est pas le seul film d'horreur basé sur les "sensations". Mais il est sans nul doute l'apogée du viscéral. Entre l'invisible (la chose à l'intérieur des êtres) et le "trop visible" (la chose sous ses multiples transformations organiques), Carpenter visite tout le spectre de l'épouvante. Autant vous dire que l'on ne peut pas sortir indemne d'une telle œuvre. Comment un tel chef-d'œuvre a-t-il pu être aussi mal accueilli en son temps ? Si ce n'est peut-être parce qu'il tapait justement trop fort là où cela fait vraiment mal. Plus fort que Cronenberg ? Plus fort que Cronenberg !

 

candyman11.jpg (123164 octets)    - CANDYMAN de Bernard Rose      candyman12.jpg (164589 octets)

        Le film Fantastique le plus délicat et fascinant des années 90 réserve son lot de terreur pure. Dans une ambiance partagée entre cérébralité et débordements gores vraiment douloureux, Bernard Rose sait créer des scènes d'angoisse raffinée. Scène sublime ? La première apparition du Candyman face à Helen est un instant merveilleux de peur cotonneuse. La performance incroyable de Virginia Madsen, le charisme hautain de Tony Todd, la musique mythique de Philip Glass, un sens du montage tout en finesse. Et puis la voix du Candyman : "Be my victim". On est hypnotisé, tout comme Helen. Et l'on se retrouve aussi terrifiée qu'elle quand débute la séquence suivante. Que je ne vais pas dévoiler ici. Mais l'électrochoc va vous faire frôler la crise cardiaque. Chef-d'œuvre !

 

    - Dark Water de Hideo Nakata 

        Après le retournement de situation final de Ring, on se demandait si Nakata pouvait encore nous surprendre. Mais ses choix pour son Dark Water ne sont rien moins que géniaux. Au lieu de miser sur une surenchère de suspens, il fait vibrer la corde sensible, la nostalgie, la tristesse de la perte d'un être cher, l'effondrement de la famille. Sur ces thèmes qui ont déjà donné des chefs-d'oeuvre évoqués plus haut tels que l'Exorciste, Rosemary's Baby ou Shining, Nakata parvient à trouver sa place. La longue errance de l'héroïne entre les étages de l'immeuble hanté est angoissante au possible. Est-ce bien sa fille qu'elle est en train de sauver de la noyade ?

 

        - Signes de M. Night Shyamalan

        Une invasion extra-terrestre vécu du plus près du quotidien. Du point de vue d'une famille désunie depuis la mort tragique de la mère et qui tente tant bien que mal de ne pas perdre la foi. Foi d'autant plus importante que le père était un pasteur respecté de tous. Dans cette ambiance humaine que n'aurait pas renié Faulkner, Shyamalan installe un étrange suspens qui va nous mener tout droit à une invasion planétaire brutale. Comme toujours avec Shyamalan, la préciosité de la mise en scène, et le sérieux sans faille des situations, est au service d'une retenue absolue en matière de spectaculaire. On ne verra rien, ou presque. Mais ce que nous voyons ne peut que nous terrifier. En particulier une scène de vidéo d'anniversaire, filmée au camescope et dans un amateurisme crédible, qui révèle enfin l'apparence des envahisseurs. Ils sont inhumains et pourtant si proche, ils sont reptiliens, insectoïdes, fascinants et dégoûtants. En une image, en un plan vacillant, la terreur nous submerge. Brillant.

 

    - La Maison du Diable (The Haunting) de Robert Wise

        Comment conclure ce dossier sans évoquer une oeuvre qui a depuis sa sortie en 1963 toujours l'unanimité auprès de ses spectateurs ? Adaptation d'un roman quasi insoutenable dans sa description des événements se déroulant dans une maison "maudite", événements étroitement liés à la schizophrénie latente de l'héroïne, Eleanor. La Maison du Diable est sans doute le modèle le plus abouti de terreur cinématographique, à la fois peu démonstrative, très agressive, très progressive, inéluctable et qui parvient à immerger le spectateur au coeur de l'ambiance de ce fameux manoir. On croit sans hésitation aux situations présentées et l'on s'enfonce petit à petit dans un cauchemar affolant. On en viendrait même à paniquer dans les dernières minutes du métrage, dans la menace invisible et inexpliquée qui hante Hill House semble bien réelle. Les grands moments du livre sont tous présents, des "coups de canon" dans les murs à la terrifiante scène de la "main tenue dans l'obscurité" qui ne peut que traumatiser. The Haunting n'a pas pris l'ombre d'une ride et son efficacité sans égale ne faiblit toujours pas 40 ans plus tard à créer le malaise. 

 

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