Les merveilleuses filles cybernétiques qui peuplent ce top 10 sont les fers de lance d'un mouvement propre à révolutionner en douceur la musique. Par un savant travail sur les textures sonores et surtout en usant de sa voix comme principal instrument, Laurel Halo transmet toutes les émotions avec très peu. En bonus, la plus belle pochette de 2012.

Epique. Et minimal. Pop. Et expérimental. Des refrains immenses. Et de longs silences. Si facile à écouter. Ou pas. Une tentative de synthétiser le son d'une époque qui se double d'un disque compagnon, toujours signé par Johnny Jewell, sous le nom de Symmetry, encore plus long, encore plus cinématographique, encore plus hypnotique. En tout près de quatre heures de musique pour rouler la nuit, ou tout simplement pour voyager sans quitter son fauteuil. Grandiose.

Les seuls ex-aequo de ce classement sont probablement les albums les plus exigeants de 2012, ou peu s'en faut. Avec en leur centre, une fresque destructrice de 32 minutes pour l'un et 22 minutes d'élucubrations psalmodiées pour l'autre. Pas pour les petits joueurs. Mais entre la rage incandescente de Swans et la folie déliquescente de Scott Walker, voici deux expériences qui ne sont pas prêtes de connaître le poids des ans. On écoutera encore ces deux disques avec émerveillement et effroi dans 20 ans.

La quintessence de la Dream Pop. L'impression de flotter loin du quotidien avec des chansons presque trop belles pour être vraies. Pourtant à ce jeu-là, Beach House est devenu sans égal. Victoria Legrand (nièce de Michel) a réussi à se faire un prénom.

Les nouveaux rois de la planète rock ont offert un disque mêlant raffinement des structures et évidence des mélodies. Des chansons bien loin du tout-venant, merveilleusement lyriques, nouvelles étapes d'un parcours promis au plus grand des succès.

Il est de ces albums dont on pense que tout le monde devrait les connaître et les adorer. Et qui demeurent dans l'obscurité par on ne sait quelle injustice médiatique. Interstellar en fait partie tant il allie au mieux la grâce électronique la plus aérienne et les rythmes les plus percutants. De l'ambient rock pour conquérir les étoiles.

Ce qui se joue au coeur du premier album d'Holly Herndon n'est pas anodin. Cette musique concilie le plus artificiel (tout est fait avec un ordinateur portable) et le plus organique (un travail intense sur la voix et la respiration). Inclassable, Movement scrute les rapports entre humanité et machine comme rarement auparavant. La suite logique du Man-Machine de Kraftwerk.

Le meilleur de la pop des années 80, actualisée avec le meilleur de celle des années 2000. L'apothéose d'un revival et surtout un incroyable recueil de chansons toutes formidables. Parfait.

De son âme torturée et tortueuse, Fiona Apple fait surgir des monstres hurlant et des rêves acides. Du chaos de l'inconscient, la chanteuse sculpte une musique immédiatement familière et transforme le plus intime en expérience universelle. L'émotion de 2012.

Elle aura fait la course en tête du début à la fin. Julia Holter a su ménager à la fois expérimentations et accessibilité. Ekstasis picore un peu partout, chez Brian Eno, comme chez Broadcast, tout en créant un vaste monde subtil et foisonnant. Un disque qui peut s'écouter à l'infini, tout autant avec les sens en éveil que comme partition d'ambiance pour chaque instant de l'existence. Une certaine idée de l'absolu musical.