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Seven Swords

 

De chaque nouveau film de Tsui Hark on réclame qu'il vienne révolutionner le cinéma, qu'il secoue nos habitudes en bouleversant les règles et en proposant du jamais vu, du jamais ressenti. Alors, bien sûr, lorsque l'on s'aperçoit que Seven Swords est une oeuvre qui capitalise avant tout sur les acquis du génial metteur en scène, on se sent quelque peu déçu. Difficile, certes, de ne pas s'extasier devant la maestria visuelle habituelle, jamais prise en défaut, ici nettement plus accessible que dans le totalement expérimental Legend of Zu. Abusant moins des ralentis que par le passé et mettant la pédale douce sur le montage brutal, Tsui Hark fait de Seven Swords son oeuvre la plus grand public depuis presque une décennie. Nous sommes alors en présence d'un film de sabres des plus classiques, avec ses gentils tourmentés mais si admirables et ses méchants toujours plus sadiques et pervers. On ne le cachera pas, Seven Swords, comme son titre l'indique, est une nouvelle version des Sept Samouraïs, avec quelques variantes bienvenues ; et clairement la possibilité d'une saga plus vaste, ce film ressemblant à une introduction tant il ne fait que survoler les origines et motivations des différents héros. De surcroît, Seven Swords était censé durer au moins 3h30 et c'est donc avec une version amputée d'une heure, si ce n'est davantage, que nous devons reconstituer certains mystères pour le moins abscons. Mais Tsui Hark nous a habitués à aller à l'essentiel et c'est ce qu'il fait en majeure partie, même si l'on sera très étonné de le voir s'éterniser sur quelques scènes largement superflues (comme la libération larmoyante d'un cheval dont on se moque éperdument).

        Si ni le scénario (classique mais si efficace), ni la mise en scène ne sont décevants, il n'en est pas de même pour la musique, pourtant signée par le très doué Kenji Kawaï, qui est une affreuse et redondante mélasse épique qui surligne le moindre événement, la moindre image, jusqu'à provoquer l'exaspération voire le fou rire. On regrettera sans doute aussi quelques dialogues naïfs et une conclusion pas vraiment à la hauteur des ambitions de l'oeuvre. Car si les combats sont parmi les plus incroyables que l'on ait pu admirer sur un écran, les enjeux ne sont pas toujours très passionnants, ni très logiques et le film fonctionne plus en un enchaînement de séquences plus ou moins intenses qu'en un tout homogène. Heureusement, les moments grandioses sont légions et sont parfois tétanisants, que ce soient les chorégraphies des combats ou la construction de certains plans, on est fréquemment sous le charme de l'aventure et des personnages. Et l'année 2005 fut à ce point avare de moments de pur cinéma que ce Tsui Hark un peu mineur obtient sans peine sa place dans le top 10.