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Nosfell

Pomale Klokochazia Balek

 

       Découvert grâce aux excellents conseils d'un camarade de bon goût, Nosfell est avant tout un choc scénique, pour ne pas dire un choc physique. Car le monsieur mise essentiellement sur l'intensité de ses performances et sur son charisme étonnant. On ne s'attend pas à entendre le bonhomme chanter alternativement avec les voix de Kylie Minogue, Jeff Buckley, Marilyn Manson ou David Bowie. Alternativement et parfois en même temps, car il construit ses rythmiques et autres accompagnements avec le seul recourt de son décidément phénoménal organe (vocal), qu'il sample avec une précision et une confiance déroutantes.

        Avec l'aide d'une guitare acoustique et d'une contrebasse (parfois échangée au profit d'une basse électrique plus traditionnelle), Nosfell crée un univers sonore impressionnant, d'une puissance évocatrice rare. Puissance renforcée par l'utilisation fréquente d'une langue inventée permettant de conter les légendes d'un pays chimérique n'appartenant qu'au seul Nosfell.

        Pour sûr, cet artiste est un cas à part, en particulier dans le rock français. Nosfell est perdu dans son monde déglingué, où se mêlent les influences les plus diverses (rock, folk, Afrique, Moyen-Orient, Asie...), avec une cohérence pourtant sans faille. Passant de la comptine au folk acide, tout en faisant de l'oeil aux chants traditionnels des quatre coins de la planète, Nosfell, bien plus que la frileuse Bjork, aura remis la voix et la chair au coeur de la musique pop de 2004. Moins immédiatement sublimes sur disque qu'en concert, les chansons de Nosfell n'en viennent pas moins hanter l'esprit de l'auditeur et fasciner par leur étrangeté, leur poésie surréaliste et leur sensualité enivrante.