L'exception française...

 

 

        Aussi incroyable que cela puisse paraître, les français ont donc majoritairement rejeté le projet de Constitution européenne, nous plaçant brutalement en marge de la construction européenne et de la politique mondiale en général. Ce choix est perçu comme une trahison par l'Allemagne, notre partenaire historique dans le processus européen, comme une nouvelle connerie bien digne de notre petit orgueil de roquet planétaire par nos camarades anglais, comme une terrible contradiction pour à peu près tous nos "compagnons" d'Europe. La France ayant été l'un des principaux créateur et rédacteur de ladite Constitution, la voir ainsi être rejetée, principalement pour des raisons de politique intérieure, ne nous ridiculise pas seulement, elle nous marginalise durablement. Les conséquences ne sont bien sûr pas seulement politiques, mais aussi économiques et auront une répercussion sans doute plus importante et rapide que beaucoup ne l'ont imaginé. En voulant, de manière très égocentrique et égoïste, préserver sa "différence", la France a fait brutalement chuter sa crédibilité internationale (déjà très fragilisée). Le retour de bâton ne va pas tarder à se faire durement sentir.

        Ne serait-ce que par le champ de ruines qu'est à présent le paysage politique français. Entre une droite modérée affaiblie, un PS mourrant, et des extrêmes renforcés, la situation a largement dépassé le stade du préoccupant. Mais qu'espèrent les partisans du "non" ? Que pensent-ils voir changer ? La plupart d'entre eux estimant que l'important est plutôt de rester "au point mort". Alors que c'est clairement la marche-arrière qui vient d'être enclenchée. Et 50 ans d'oeuvre européenne remise en question, sans évoquer l'amitié franco-allemande bien malmenée. Et le dégoût fait rapidement place à un terrible sentiment d'impuissance. Il est à présent trop tard pour regretter la mise en place aberrante de ce référendum, de se plaindre des débats au raz des pâquerettes, de regretter que les français aient une nouvelle fois voulu jouer les donneurs de leçon. Une fois de plus. Une fois de trop ?

        Les causes de cet échec sont multiples. On pourra bien évidemment en trouver dans le péché d'orgueil du président Chirac, faisant preuve d'une étrange technique en demandant soudainement son avis à un peuple qui n'a jamais été écouté jusqu'ici. Et il est tout aussi étonnant que ledit Jacques n'ait pas anticipé les résultats du référendum. On croirait presque revoir Marie-Antoinette, surprise de voir tout ce monde devant les portes de Versailles, qui aurait eu ce mot superbe quand on lui a dit que le peuple n'avait plus de pain: "Mais qu'on leur donne de la brioche...." Et Chirac d'abandonner à présent Jean-Pierre Raffarin, auquel il s'accrochait, contre l'avis général, depuis plus de deux ans. Donnant ainsi raison (par l'absurde) à tous ceux qui ont dit "non" à Raffarin. Car il ne faut pas oublier que la victoire de ce "non" a été assurée en grande partie par tous ceux qui ont voté pour des raisons de politique intérieure et par les extrémistes, anti-européens chroniques. La Constitution dans cela ? Victime de la démocratie, sans doute...