Edwood Vous Parle

 

Les Vacances

 

 

        Des vacances, encore des vacances, encore les vacances ! Ce n'est pas au moment des anniversaires que l'on se sent vieillir, pas même au premier de l'an, non, c'est au moment où s'achèvent cette symbolique année scolaire et que se profile la langueur moite des après-midi d'août quand la chaleur de la chambre à coucher révèle combien l'été est, bien plus que le printemps, la véritable saison de la reproduction ; que l'on se rend compte que le temps passe toujours trop vite, sauf quand il s'agit de perpétuer l'espèce, et non de la perpétrer, même si c'est un peu la même chose, mais là n'est pas la question. Un an de plus et je n'aime toujours pas la plage. Ma peau blanchâtre tremble à l'évocation des rayons du soleil, mes veines verdâtres se pâment rien qu'en songeant aux ultraviolets qui rongent les cellules et transforment un être jeune et fier en une région sinistrée d'un quelconque film post-apocalyptique italien, tourné dans la foulée des Mad Max, histoire de se faire quelque sous, faut pas croire, hein ! Par peur de tomber en poussière, et par choix esthétique profond, je ne sortirais pas sans mon indice 100. Le suicide certes, mais pas de mort lente et douloureuse. Enfin, le suicide, oui ! Mais pas de mort du tout. Il vaut toujours mieux être un suicidé vivant, qu'un suicidé mort. Les suicidés vous le diront mieux que moi.

 

        Non, je ne parlerais pas des élections ! Ca suffit maintenant ! Tout le monde croit que je fais de la politique, que je suis engagé, que j'ai plein de grandes idées et de grands principes. Ah le gag ! J'ai mes idées mais ce ne sont pas les vôtres. La politique, ce n'est pas vraiment pour moi que j'en ferais. Non, ce serait pour tout le monde. Mais bon, si vous votez n'importe quoi, ce n'est pas de ma faute. Et si je ne suis pas content, je m'en vais. Là, voilà. Je n'embête personne, je suis "here today, gone tomorrow". D'ailleurs, les vacances se rapprochent à chaque impact sur les touches du clavier et je serais loin bientôt. Je ne cesserais pas de vous porter dans mon cœur. Plus ou moins. Il faut bien le dire. Même si je suis sûr que je rate bien des choses en ne faisant pas la connaissance de vous, vous qui me lisez en ce moment même. Vous si timides que vous osez à peine, oui, à peine, suivre des yeux ces phrases si compliquées qu'il y a même des points virgules, parfois. Et peut-être que derrière son écran il y a là une fille géniale, qui serait prête à vivre une histoire passionnée avec moi, mais qui n'ose pas m'écrire. Parce qu'elle se dit que je suis déjà pris et qu'elle n'a aucune chance. Et si ça se trouve tout cela a déjà eu lieu et s'est très bien terminé. Ou peut-être que non. Ah, que tout cela est bien compliqué. Et d'ailleurs si ça se trouve, vous qui me lisez, vous avez autant envie de me rencontrer que de rencontrer mon voisin Marc, celui du 3e, la porte à gauche dans le recoin, en sortant de l'ascenseur, souvent l'ampoule devant chez lui est grillée, on ne sait pas pourquoi, doit y avoir un court-circuit quelque part. Le monde est tellement injuste.

 

        Snif, snif, non je ne pleure pas devant l'injustice du monde, non, je sens les vacances. Et oui, ça sent les vacances. La bonne odeur de l'asphalte ramollie par la canicule, la bonne odeur de la transpiration partagée dans un moyen de transport quelconque, la bonne odeur des sandwichs hors de prix qu'il faut pourtant bien s'avaler quand tout a été dit et fait. Pas de doute, on respire d'ici les vacances à plein nez (de là à dire que chez Edwood ça sent le goudron, le fauve et la bouffe douteuse, il n'y a qu'un pas que vous n'avez certainement pas intérêt à franchir). Non, en ce moment, chez Edwood ça sent la peinture. Et un petit rayon de soleil surgit par la fenêtre. C'est beau, on dirait le sud. On aurait pu y vivre plus de temps qu'on l'aurait voulu. Mais ça tombe bien, ce n'est pas le sud. Et ce n'est pas tout à fait l'été. En fait c'est plutôt le bac. Ou l'appel du 18 juin. Ou c'est in your aïeseuh !!!

 

        Vous voyez cette disquette ? Là, oui, celle-là, non pas ça, ça c'est un raton-laveur de Tanzanie, non, à côté ! Vous voyez cette disquette ? Et bien ce n'est pas une disquette ! C'est un jeu de cartes ! Franchement, faut vous acheter des lunettes, mes enfants ! Donc, voilà un jeu de cartes. Et je déteste jouer aux cartes, ça tombe bien ! Quand j'étais petit, ils ont commencé à jouer aux cartes dans la cours. Et c'était triste. Chiant. Ennuyeux. Après ils ont joué aux cartes en cours. Et c'était triste, chiant, ennuyeux. Et puis ils ont joué aux cartes pendant les fêtes, soirées, réunions, rencontres, meetings, séminaires, mariages, partouzes, randonnées pédestres ou équestres, croisières, vols de longue durée, transits intestinaux, etc... Et c'était vraiment très triste, très chiant et très ennuyeux. Depuis je ne joue plus aux cartes. Mais j'achète régulièrement un jeu. Pour pouvoir brûler chaque carte l'une après l'autre en prononçant des incantations mystérieuses qui font trembler les hommes les plus courageux du monde (donc pas Enrique Iglesias, ni Angela du Loft).

 

        C'est dimanche et il est midi. J'ai faim. ASV ? Oh pardon, je me suis cru sur un chat. Enfin un tchateuh, pas un chat, le mignon félin rieur et sage qui aime à grimper aux murs et à contempler le monde s'effondrer pendant que c'est l'heure de la sieste. Non, un tchateuh, un endroit où il est très mal vu de mettre des majuscules et des ponctuations, où il est très mal vu de faire long, où il est trèèèès mal vu de ne pas faire de fautes d'orthographe, où il est trèèèèès mal vu d'écrire les mots en entier et surtout où il est très mal vu d'avoir des idées entières et des propos avec un minimum d'existence et d'exigence intellectuelles. Le tchateuh en général, pas toujours, mais à 99.98% du temps, est le lieu où l'on tue son ennui en perdant encore plus son temps qu'en zonant sur le site d'Edwood (car au moins sur le site d'Edwood on apprend enfin que Linkin Park c'est de la merde et que John Cale c'est mieux). En bref le tchateuh est au monde virtuel ce que la teboî de nuit est au monde réel : le néant. Et un coin drague encore plus glauque que les toilettes de mon ancien lycée et pourtant elles étaient glauques les toilettes de mon ancien lycée. Maintenant j'ai des toilettes extrêmement moins glauques. Tellement peu glauques, d'ailleurs, qu'on hésite à s'y délester, et on hésite même à y laisser un petit message du style : "le prof d'Esthétique Comparée en Psychanalyse Néo Lacanienne est un pédé du cul". C'est vous dire !

 

        La coupe du monde de football poursuit sa course à l'heure où je vous parle. Mon grand plaisir, ma grande joie, n'est pas tant l'élimination des bleus que la qualification du Japon, équipe que j'avais soutenu (par pur esprit de contradiction, vous vous doutez bien) lors de la précédente échéance de ballon rond à grande échelle. A part ça, vous avez du comprendre depuis longtemps que je me tamponne du foot ; et même si ma vindicte a diminué avec l'âge et l'apprentissage difficile de la tolérance vis à vis des goûts stupides de la masse idiote, je persiste à préférer le curling, sport plus proche de la réalité (faire le ménage, tout ça...). Je ne suis avec intérêt que Loft Story 2, nouvelle expérience merveilleuse de rats de laboratoire. Et c'est avec une certaine joie profonde et sage que j'ai accueilli la nouvelle que Karine était en finale. Comme quoi, parfois, la masse stupide peut prendre des décisions un peu moins stupides que l'on pourrait croire. Et arrêtez de dire que je suis méprisant à l'égard des gens stupides, c'est faux, et archifaux ! La preuve, je vous parle.

 

        Au loin un petit oiseau chante. Mais alors super loin. Ou bien est-ce un frein qui grince ? Le doute m'étreint, mais je ne suis pas celle qu'il croit. Car je suis un celui et pas une celle (de cheval, cheval de course, course à pied, pied à terre, terre de feu, feu divin, vindieu d'vindieu, ah mon Dieu qu'c'est t'embêtant d'être toujours patraque ! Ah mon Dieu qu'c'est t'embêtant j'suis pas bien portant !). Enfin, voilà, les vacances approchent, et chacun rêve de son petit coin de paradis rien qu'à lui ou elle. Un rivage sans nuage, une montagne sans margagnes, un pré sans surés, une forêt sans marais, un champ sans timents, un web sans Edwood, un monde sans fronde, un puit sans fond, un bateau sur l'eau, la rirette, la rirette... Foulala, fichtre, diantre, ça sent la fin d'activités, ça. Ca sent le surmenage, ça sent le procédé facile. Deux fois dans le même paragraphe, c'est clair, c'est vrai, c'est un aveu, la panne d'inspiration est en vue. Que nenni !

       

        Car il me reste à vous parler du temps de demain sur l'Europe. On prévoit un beau soleil sur les endroits habituellement ensoleillés, pour le reste, vous avez qu'à regarder la météo, je n'ai pas que ça à faire. En plus il fait déjà trop chaud et je crains plus la chaleur que Mister Freeze ! (Incroyable, inconcevable, pas possible, Edwood craint plus la chaleur que Mister Freeze, le glaçon friandise !!). Je peux par contre vous raconter une anecdote qui m'est arrivé l'autre jour quelque part par ici là-bas ailleurs. J'étais dans un transport public à défaut d'être gratuit (le transport, pas le public, et encore moins moi, je suis hors de prix, moi). Donc, j'étais dans un transport public, dévoré par l'œil concupiscent des mâles aux mœurs louches et des femelles de bon goût, lorsque que soudain un arrêt se présenta. Et là, n'écoutant que mon courage, je descendis. Et vous n'allez certainement pas me croire, mais je suis descendu au bon arrêt ! Là, comme ça, du premier coup, comme d'habitude, et tout ! La vie est pleine de surprises ! Et l'autre jour j'ai même traversé la rue en dehors du passage piéton ! Ohlala ! Tant que nous sommes dans le domaine des révélations inutiles, je peux maintenant vous confirmer, après de longues études et l'épreuve rigoureuse de l'expérience, que si l'homme se met en couple avec la femme, c'est pour pouvoir caresser le bras toujours frais, hiver comme été, de sa compagne. Oui, je sais, le monde est d'un coup changé. Ne me remerciez pas, je n'ai pas fait exprès.

 

        Les vacances approchent et mon ulcère s'endort doucement. Les sujets d'énervements abondent, mais il est trop tard ce soir pour parler de tout cela, surtout que c'est encore le matin. Enfin, non, il est un peu passé midi, mais pas suffisamment pour que j'ai l'impression qu'il soit déjà l'heure d'aller regarder Michel Drucker à la télé. Il est bientôt temps d'offrir à Edwood quelques instants de repos bien mérités, même s'il n'en fout pas des masses ce garçon. Et il est temps de repartir bien réellement sur la route et d'aller voir ailleurs si vous y êtes, ou pas. Quand je reviendrais, qui sait, peut-être que tout aura changé ? Ou peut-être que tout sera comme avant. L'important c'est d'avoir conscience du temps qui passe. Et comme dirait le démagogue que la masse suit sans réfléchir : c'est à vous de faire en sorte que les choses changent. Prenez votre vie en main et jetez-là par la fenêtre (c'est beau comme du Slipknot, ça).

 

        Un grand vent de liberté traverse les câbles (mais pas le satellite), la connexion se fait plus ouverte aux invitations à danser, la piste se remplit peu à peu. Une piste de danse à l'ancienne, dans une ambiance aussi légère qu'apaisante, où l'on peut encore se parler sans avoir à hurler. Non, nous ne sommes définitivement pas au Mega-Macumba de Mimizan (oui, je sais, il n'y a pas de Mega-Macumba à Mimizan). Mais bon, on peut s'accorder aussi bien une valse qu'un pogo. C'est la vraie petite discothèque idéale d'Edwood, ça. Mais vous voyez, mon petit coin danse-parlote-tout-ça idéal, ça serait bien, mais ce n'est pas possible, car cela suppose que l'homme soit naturellement bon. Et tout nous prouve que non, l'homme n'est pas naturellement bon, et la femme n'est pas naturellement bonne et avec cette affirmation je risque encore de me faire traiter de machiste, mais ce n'est pas vrai car l'homme n'a pas besoin d'être bon pour être une femme, enfin, il me semble...

 

        Ah des vacances ! Loin de l'ordinateur, loin du lecteur DVD, loin de ma grande discothèque idéale, loin de la GameCube, loin de la lessive et de la vaisselle, mais aussi loin de vous, vous sans qui rien de tout cela n'aurait été possible, mais on s'en fout. Une saison d'Edwood s'achève, c'était la quatrième. Une durée de vie assez conséquente pour juger du succès de la chose, mais pas suffisante pour dire que c'est un héros culte. Par rapport à Seinfeld et aux Simpsons, c'est pas grand chose. Et par rapport à Spirou et à Giscard, c'est carrément le néant. Un grand comique se juge aussi à sa faculté à ne pas sombrer dans la routine, l'oubli, le vide, la Guy Bedosisation. Etant donné que je n'ai jamais prétendu au statut de comique et encore moins de grand comique, je peux être routinier et vide autant que je le veux. C'est ça la LIBERTE ! Ma conception du respect du lectorat se situe quelque part entre le détroit de Béring et l'analyse sociologique de la culture du navet sans engrais dans les écoles de cinéma. Mais comme je vous aime bien quand même, je vous invite à retourner dans Lourdland, car il y a plein de dames nues dedans cachées. Evidemment on va encore me dire que je méprise une bonne partie de mon lectorat, car ce cadeau ne concerne que très peu de mes lectorates. Et bien elles ne sont pas oubliées, car dans Lourdland il y a aussi caché un Edwood Vous Parle très porté sur la chose et qui démystifie un peu plus la superbe masculine, si tant est qu'il y ait eu un jour de la superbe chez les mâles qui se tripotent devant les films X, ce qui suffit, il faut bien l'avouer, à dissoudre toute forme de superbe pour les 250 générations à venir.

 

        Mais que voulais-je ajouter à tout cela ? Bien peu de choses en vérité. Je pourrais vous noyer encore longtemps dans mes considérations fades qui ont fait dire à certains que j'étais un misanthrope éthylique. Ce qui est bien sûr faux, vu que je suis sobre comme un chameau. Je ne bois pas, je ne fume pas, pour le reste je ne dis pas, mais que serait définitivement le monde sans le capitaine Crochet ?? Il se fait tôt dans la soirée, mais on est loin d'être le soir, c'est pour cela qu'il est si tôt. Mais bientôt il sera loin de faire nuit et je voudrais achever avant ce moment là. Il me reste à mettre un fond noir et un lettrage blanc, et, avec un peu de courage, à trouver une musique rigolote, moins insupportable que l'inhumain "Lofteurs Up And Down" du Edwood Vous Parle précédent. Et voilà, c'est ainsi que l'art se crée, 'tain ! (jeu de mots nul, ouhlala, très très nul). Après il faut que je passe un petit coup de balais, un coup de chiffon sur le zinc, que je ferme les volets, que je ferme la porte, que je baisse le rideau de fer et que je passe à l'ouest. Cessez dès à présent de me lire. Et cessez donc de me suivre ! Vous n'avez pas de maison où allez ? Hein ? Si je ne résiste pas aux chats perdus, c'est tout différent lorsqu'il s'agit de "nerds" à peine majeurs. Allez, allez, ouste ! On ferme !

 

        Ce dernier paragraphe est dédié à la tortue Lulu. Merci Lulu de m'avoir tout appris. Quand je suis monté à Paris, je ne connaissais personne et j'étais tout perdu. Heureusement il y a eu toi, Lulu. Et tu m'as introduit dans les backrooms du Marais et tu m'as fait découvrir les joies du Showbizness. Grâce à toi, j'ai su qu'il n'y avait aucun bizness comme le Showbizness. Et j'ai suivi tes conseils et je me suis mis à écrire. J'ai créé un site internet et je suis devenu populaire. Le monde était à mes pieds et les groupies dans mon lit (ou sur la table de la cuisine, contre la porte, dans l'ascenseur...). Merci Lulu, désormais, je ne suis plus le même. Je suis tout autre. Je suis plus grand, plus fort, plus drôle. Je nique la gueule à Spider-Man. Je suis ici et partout. Je suis le futur. Je suis un Mythe. Je suis Batman. (euh... non... Edwood... enfin bon bref....)

 

 

Edward D. Wood Jr. ("Il suffit de passer le pont, c'est tout de suite l'aventure...")

 

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