Edwood Vous Parle

 

 

 

 

 

Changement Universel

 

 

 

 

 

 

Etrange perspective que l’univers entier basculant sur son axe.

Supposant en cela que l’univers possède un axe et que, donc, accrochez-vous bien, mieux que cela même, qu’il n’est pas infini.

Etrange perspective que l’univers fini. Flottant dans le rien. Offrant des frontières fort claires et bien délimitées. Avec peut-être même les lignes en pointillées comme sur la carte.

        De telles pensées ne cessent de subjuguer l’esprit humain. Car parfois, l’âme s’égare et cesse pendant quelques instants de peindre en son sein des fresques d’orgies dantesques où les phallus géants s’engloutissent dans les anus étroits. Oui, parfois l’âme s’égare. S’évadant soudain vers des considérations qui la grisent et l’enivrent. Et soudain les connections synaptiques s’excitent sur les limites probables ou non de l’univers dans lequel nous errons. Vaguement.

 

        Il n’y avait même pas une heure qu’il était sorti. Le soleil de juin se voilait, surpris dans sa course par quelques fins nuages. Dans la pénombre des arbres il contemplait le rien. Le rien au-delà des choses. Là où les atomes se font vide. Son optimisme était fait main. Du sur mesures pour les journées trop longues. Un optimisme qui était presque une cosmologie. Aussi absolument libre que relativement oppressive. Une ode au vide dans lequel les mondes et les animaux mignons chutent, sans but, à part celui de chuter, de se cogner les uns et les autres, comme à la Foire du Trône. Chocs avec rebonds, chocs avec fusions. Les vides se mélangent, les vides se croisent. Et cela sans cesse. Jamais. Que tout recommence ainsi chaque jour.

        Et comme une attente. Non pas une attente de fin du monde. Car le monde continue. Il revient en seconde semaine. Il revient la saison prochaine. Comme une attente au cœur même de l’action. Presque un ralenti, voyez-vous, et même si vous ne voyez pas. C’est ainsi. Pourtant, il n’y a rien à perdre, voyez-vous, et même si vous ne le voyez pas, vous pouvez me faire confiance. C’est ainsi. Et de là à dire que nous avons tout à gagner, voilà une déduction admirable. Voyez-vous, et même si vous ne le voyez pas, vous pouvez vous vouvoyer de toute façon, ça ne me dérange pas.

        Une vie entière au soleil, nous dirait Claudine Longet qui n’était pas la moitié d’une dévergondée. Certes, mais avec un coin d’ombre dans le petit coin-coin de paradis. Et Kate Bush d’en rajouter et de chanter Braaaaazil, avec toute la grâce et la mélancolie qui la caractérisent, transformant une chanson festive en monument déchirant qui vous brise le cœur en minuscules morceaux, trop dramatique, trop beau, trop triste, trop à l’image de la plage déserte, le soir, solitaire. Ou le souvenir de la vie entière au soleil, quand il fait gris à Paris.

 

Mais il y a des jours où l’univers s’en fout.

 

        Il me nargue, mais je fais comme si de rien n’était. Heureusement il y a les Undertones et leur Teenage Kicks qui donne l’impression d’avoir 16 ans à nouveau. Voyez-vous (et même si non, allez vous faire voir), cela ne tient qu’à peu de chose une cosmologie. Voire une métaphysique. Suivant la musique que vous écoutez, l’univers est clos, ou infini. Le verre est à moitié vide ou à moitié plein et on le remplit à nouveau.

"I wanna hold her wanna hold her tight Get teenage kicks right through the night"

        Et l’univers n’est plus vide, et les êtres ne sont plus une collision d’atomes, mais un gigantesque Big Bang permanent. Un Big Bang ou plutôt un Gang Bang. Gigantesque. Irrépressible. Bigger than life, si je puis me permettre. Voyez-vous, mais vous ne pouvez pas voir. On va envisager de vous couper la tête. C’est comme ça, c’est ainsi, on pourrait faire autrement, mais en même temps non. Allons au plus simple, au plus court, forcément. La méthode a fait ses preuves. Comme les bûchers (pour les vanités), la trépanation (pour le Captain Iglo), l’empalement (pour les dames), la strangulation (pour les messieurs). Bref, la lumière est à portée de la main, suffit de trouver l’interrupteur (et sans tête c’est tellement plus simple).

 

Soudain : here comes the sun.

 

        Perturbant, troublant. La lumière s’est invitée de manière inattendue. Quand on croyait qu’il n’y avait pas d’autres solutions que la décapitation ou l’écoute en boucles de Joy Division. Mais non. C’était dimanche et il y avait du soleil. La vie venait de nous rattraper.

 

 

 

 

Edward D. Wood Jr. ("step into my office, baby")