Edwood ne se remettra jamais de

 

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    Back To Mono

     Phil Spector

 

 

 

 

        Une pièce de collectionneur, une perle de discothèque, un cadeau luxueux, on pourra qualifier de mille et une façons le coffret Back To Mono, mais il n'y a finalement qu'une seule définition qui lui convienne : l'essence de la musique populaire de la seconde moitié du 20e siècle. Rien que ça. Sur 4 CDs, accompagnées d'un livret hallucinant bourré d'infos, de photos sublimes et des paroles de toutes les chansons, se trouvent regroupé 10 années de musique pop qui ont changé l'histoire. Du très American Graffiti, To Know Him Is To Love Him de 1958, jusqu'au bouleversant et indémodable Love Is All I Have To Give de 1969, le parcours du Phil Spector producteur de hits, est condensé avec intelligence. En ce qui concerne la vie et la "petite histoire" du bonhomme (génial mais complètement timbré), je voudrais vous renvoyer à l'excellent article paru dans le n°404 de Rock'n'Folk, tout y est raconté dans les moindres détails croustillants. Et tant que j'y suis je rends hommage au regretté Jack Nitzsche sans qui cette musique n'existerait pas.

 

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        Parce que nous, ce que l'on veut, c'est la musique. On veut les Crystals, on veut les Ronettes, on veut Darlene Love, on veut les Righteous Brothers, on veut Tina Turner, on veut les Checkmates... Et dans ce Back To Mono, on a tout cela et même plus. Trois CDs plein à ras-bord des tubes spectorien, et en bonus le fameux Christmas Album. Alors ? Alors c'est bien l'essence de la musique de la seconde moitié du 20e siècle qui se trouve condensée dans ce débordement de "wall of sound". Les petites perles pop jetables deviennent de grandioses symphonies vivantes, émouvantes... On se sent transporté, conquis, dépassé, écrasé, émerveillé.

        Des exemples ? Da Doo Ron Ron, et son rythme inégalé. Be My Baby, la chanson qui a rendu fou Brian Wilson, et son intro "poum... tchak tchak. poum... tchak tchak". Baby I Love You, la suite du précédent, la même recette, le même plaisir. Soldier Baby Of Mine, quand Spector offre l'éternité à Ronnie (oui mais à quel prix, c'est Phantom Of The Paradise bien sûr, Swan c'est Spector). Les frères siamois que sont Do I Love You ? et You, Baby, deux perles en apesanteur, la voix de Ronnie sublime, et puis ces mélodies, ces progression rythmiques, Dieu existe, sinon, Do I Love You n'existerait pas et nous ne pourrions pas retrouver l'Eden sur You, Baby. Walking In The Rain, qui donne à tout instant envie d'aller marcher sous la pluie avec l'être aimé. You've Lost That Lovin' Feelin', pour pleurer, encore, et encore, et encore, jusqu'à devenir plus sec que le plus sec des déserts. Born To Be Together, pour sécher les larmes. Unchained Melody, pour rêver jusqu'au bout de la vie. Ebb Tide, pour comprendre pourquoi Spector se prenait pour le nouveau Wagner. Paradise, pour voyager sans quitter son fauteuil. River Deep Mountain High, parce que c'est bien la véritable plus grande chanson de tous les temps, chaque seconde provoquant une crise cardiaque, chaque note faisant frissonner tout notre être, l'apothéose d'une civilisation, l'Idée du rock, de la musique populaire. I Wish I Never Saw The Sunshine, la plus triste chanson du monde, pour se faire mal, pour se faire très mal, encore plus mal, et se sentir plus libre qu'on ne l'a jamais été. You Came You Saw You Conquered, pour la perfection. Black Pearl pour la grâce. Et bien sûr Love Is All I Have To Give, pour hurler toute la douleur de l'univers en karaoké.

 

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        Il y a aussi le Christmas Gift For You. Pour découvrir comment Spector réussit à faire de Parade Of The Wooden Soldier le plus grand morceau pop de l'histoire de l'humanité. On reste cloué, bouche bée, on ne comprend plus. C'est en mono, ça date de 1963, c'est chanté par les Crystals, et c'est plus intense, passionné, grandiose, que tout ce que l'on a pu entendre ces 20 dernières années. A peine écouté White Christmas, Frosty The Snowman et Santa Claus Is Coming To Town, on jette toute sa discothèque par la fenêtre. On a été floué, on nous a menti. On ne va garder que Back To Mono, parce que l'on n'a pas besoin du reste. Dans ces disques, il y a tout. La force, la douceur, le rire, l'émotion, la nostalgie, l'énergie, l'amour, la souffrance, la poésie, le rock, le punk, la pop, la soul, les rêves, le plaisir, les larmes, l'originalité, le cœur, l'âme, les tripes, les silences, le bruit, la fureur, la paix, la grâce... Zut, fichtre, diantre, mazette, palsembleu ! On ne peut pas y croire, et pourtant, on passe et on repasse ces disques. On sélectionne les morceaux favoris pour se rendre compte, peu à peu, qu'on les aime tous.

 

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        River Deep Mountain High, n'est-ce pas tout ce que l'on a toujours cherché dans la musique ? I Wish I Never Saw The Sunshine, est-ce que ce n'est pas là notre plus grand souffrance et notre plus grand bonheur ? You, Baby, n'est-ce pas ce que l'on a toujours eu envie d'entendre ? Be My Baby, que peut-on faire après cela, à part devenir fou, oui, justement ? Back To Mono est un coffret dangereux. Il met en l'air toutes vos certitudes, dès la première écoute, tout est balayé,  il va désormais falloir reconstruire votre monde autour de ces chansons. Vous allez être amoureux comme vous ne l'avez jamais été. Vous allez vous sentir vivre comme vous n'avez jamais vécu. Pas besoin de drogues, de pilules bleues, le Wall Of Sound suffira à vous faire découvrir le "real world". Une extase mystique peut-être, une expérience cathartique totale, sans doute, l'essence de la musique, oui, tout simplement. Les mots sont inutiles, je les jette par la fenêtre avec le reste de ma discothèque et je me remets I'll Never Need More Than This.

 

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Be My Baby en real audio

 

Back To Mono - 1991, Phil Spector Records

 

Phil Spector`s Wall Of Sound