Edwood déclare sa flamme pour

 

 

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    Impatience

      Faye Wong

 

 

 

 

 

        Une voix, une simple voix. Quelque part entre Julee Cruise et Liz Fraser. Une voix divine, angélique, céleste. Heavenly Voice. Une voix qui se pose sur une musique délicate, riche de mille et une mélodies. Une voix qui murmure des textes tristes, si tristes, si poétiques. Une voix qui flirte avec les étoiles et les nuages. Une voix qui passe du rire aux larmes, de la gaieté la plus enfantine à la souffrance la plus adulte. Une voix qui sait tout faire et qui nous guide au fil des jours, nous rassure, nous protège et nous conduit dans des contrées où nous n'iront jamais. Une voix de l'autre bout de la planète, si lointaine et si proche, une voix qui n'appartient pas à notre univers et que rien ne peut ternir, ni le temps, ni l'argent, ni la routine, ni les autres. Une voix de statue de marbre, une voix de déesse antique ou de fée technologique. Une voix dont la fragilité est la plus grande des forces, une voix qui tremble avec assurance, une voix qui n'a pas peur d'avoir peur, une voix qui ne craint pas d'être nue, de se dévoiler au plus profond tout en restant d'une retenue et d'une pudeur émouvantes. Une voix qui, dès la première fois où on l'entend, fait revivre mille et un souvenirs. Immédiatement cette voix fait partie de nous, elle est notre amie, elle a toujours été là, elle sera toujours là. Si douce, si vivante, si surprenante.

 

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        Cette voix c'est Faye Wong. La plus grande star de la chanson asiatique. Pour comparer, on pourrait dire qu'elle est la synthèse entre Madonna-Céline Dion-Britney Spears..., je veux dire, au niveau de la popularité. Au niveau du talent et de la grâce, elle est incomparable, elle est unique. Qu'une telle personnalité, qui vend des millions de disques, qui fait des pubs à foison, qui se produit à guichets fermés lors de concerts dantesques, qui enchaîne les tubes plus vite que les Beatles en 1964, qui produit deux albums sublimes par an, qui, à peine à 30 ans, a déjà 10 ans d'une carrière incroyable derrière elle. Que cette personne incarne comme nulle autre toute la magie de la musique, tout ce qui fait le plus grand charme de la pop. Que cette star se permette de délivrer quelques uns des albums à la fois les plus inventifs et les plus directement mélodiques et agréables des ces dernières années. Que Faye Wong soit la chanteuse la plus "complète" et la plus attachante de notre époque, c'est sans aucun doute le plus grand miracle du monde de la musique de la fin du siècle et du début du tout nouveau tout beau 21e.

 

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        Choisir un album de Faye Wong ? Choisir une chanson de Faye Wong ? Totalement impossible. Si on peut bien sûr préférer ses plus grandes réussites (son début de carrière très "canto-pop" étant dispensable), difficile de faire des choix parmi ses chefs-d'œuvre. Un album ? Plutôt Sky et ses ballades bleues ? Impatience et ses expérimentations délicieuses dignes du Revolver des Beatles ? Toy, juste pour Undercurrent, la plus belle chanson du monde ? Scenic Tour, pour le choc du plus incroyable mélange de genres et d'émotions que l'on puisse entendre ? Only Love Strangers, qui porte la magie Faye Wong vers de nouvelles hauteurs ? Fable, véritable chef-d'œuvre de l'année 2000, synthèse musicale entre orient et occident ? Non, il faudrait parler de chaque disque de Faye Wong, de chaque chanson. Ou alors, on se tait, on ne dit rien, on ne réfléchit pas, on se laisse porter par la poésie vibrante de la plus délicate voix que l'on puisse imaginer.

 

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        Et pour cela, Impatience est l'album parfait. Un disque concept, d'à peine 35 minutes. 10 morceaux très courts, dont près de la moitié sont des instrumentaux ou des folies à base d'onomatopées. On n'est pas surpris d'apprendre que les Cocteau Twins ont offert deux chansons à Faye Wong. Oui, il y a du Cocteau Twins chez Faye Wong, mais celle-ci va bien plus loin. D'une part parce qu'elle est LA voix et d'autre part parce que ses ambitions, ses idées musicales (Faye est toujours bien entourée, avouons-le) sont inédites et infiniment surprenantes pour nous autres occidentaux. Surprenantes pour tout le monde, vu que cet album a totalement désarçonné le public HK, ce qui n'empêcha pas le disque de se vendre par camions (pour donner un ordre d'idées, c'est comme si Kid A de Radiohead vendait autant que le dernier Britney Spears). Plus près de nous encore, ce déjà mythique Fable, sorti à l'automne 2000, retrouve cette folie créatrice, osant aller encore plus loin pour nous offrir le véritable premier album du nouveau millénaire. Mais dès 1996, pour son dernier album chez Cinepoly (et avant l'arrivée fastueuse chez EMI), Faye Wong avait obtenu carte blanche, composant seule la quasi intégralité du disque et révélant un génie musical déjà plus ou moins discrètement à l'œuvre au coeur de ses premiers disques. Impatience est peut-être l'album pop le plus réussi des années 90. Et oui.

 

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        Pas de "track by track" pour un album concept. Surtout pour un album concept de Faye Wong. Vous entrez dans son monde avec la piste 1 et vous en sortez... et bien vous n'en sortez jamais plus... Et vous passerez des dizaines et des dizaines d'écoutes en boucles à essayer de saisir ce qui fait l'essence de cet album, de cette voix. Pourquoi tout cela est-il si fascinant ? Si indescriptible ? Cette musique échappe au mot. Quand on pense la saisir, elle nous file entre les doigts comme du sable. Faye Wong est telle son personnage dans Chungking Express de Wong Kar Wai, rêveuse, imprévisible, un peu dingue, totalement bouleversante, gamine et déterminée, elle est toutes les femmes en une. Et elle est belle comme un ange. Est-ce trop ? Faye Wong est-elle définitivement "too much" ? Oui et non. Oui, trop parfaite, trop talentueuse, trop populaire, trop sublime, Faye Wong est un être qui ne devrait pas exister dans notre monde radicalement imparfait. Non, parce que Faye Wong est une créature onirique, un mythe, une idéalisation. C'est une femme comme les autres (enfin... presque...), mariée, mère adorable, avec ses faiblesses et ses contradictions, avec ses doutes et ses coups de poker. Mais sa musique efface la réalité pour ne laisser place qu'à la légende. Faye Wong ne vieillit pas, toujours à la limite entre l'adolescente et l'adulte. Faye Wong peut tout se permettre, comme créer l'une des plus belles chansons de l'an 2000 uniquement pour accompagner une pub pour shampooing. Faye Wong n'existe pas, même sur les milliers de photos people, même après ses conférences de presse mégalomanes, après ses concerts qui font passer Mylène Farmer et Shania Twain pour des ploucs, même après avoir donné son visage pour illustrer des canettes de Pepsi, Faye Wong demeure hors du monde. En clair ? Faye Wong est la dernière Star.

 

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        Faye Wong, c'est la fragile silhouette blanche qui jouait avec le vent dans le clip de Sky. Faye Wong c'est l'éternelle enfant qui s'amuse avec tout et rien. Faye Wong c'est celle qui a offert sa voix pour le jeu vidéo le plus romantique de l'histoire, Final Fantasy VIII. Faye Wong c'est celle qui peut nous emmener où elle veut, quand elle veut. On l'attendra un an et un jour, et bien plus. On guette chacun de ses disques, en sachant qu'elle nous ouvrira la porte d'univers inconnus, que même s'il nous faudra parfois longtemps avant d'entrer dans son jeu, on sera toujours conquis, séduit, enchanté jusqu'à la fin des temps. Faye Wong n'est pas une voix magnifique parmi d'autres, Faye Wong est LA voix. La voie, serais-je tenté de dire, la voie vers le ciel, le 7e, le 8e, le 9e, au-delà des paradis et des limites de l'univers. Plus rien ne compte, il n'y a plus que Faye Wong et moi. Le rêve reste un rêve et c'est ce qui fait tout son charme. J'aime Faye Wong.

 

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Impatience - 1996, Cinepoly Records

 

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