Les dossiers de la discothèque idéale

 

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Neil Young

 


 

        Pour certains artistes, une petite place dans la discothèque idéale ne suffit pas. Et la discographie complète et commentée s'avère soit inutile, soit fastidieuse. Donc voici les dossiers de l'humble ébauche de discothèque idéale. C'est le loner qui inaugure la chose en attendant d'autres personnalités tout aussi prestigieuses. Je rappelle au passage que l'on peut considérer comme étant des dossiers du même type les bonnes vieilles pages de ce site dédiées aux Pixies, à Frank Black, au Clash, à Eels, à Pulp, à KLF, à Faye Wong, à Aphex Twin...

        Et pour l'occasion j'introduis un nouveau système de notation moins brutal que des chiffres à la con. Un système en vase-clos, qui ne vaut qu'au sein d'un même dossier (allez pas me faire dire par exemple que Zuma de Neil Young est moins bien que Aquarius d'Aqua, non, je précise, on ne sait jamais...). Un système de notation qui s'étendra peut-être à d'autres pages, allez savoir...

 


       

        On s'accroche à sa souris, ce n'est pas un petit morceau qui nous attends, car si l'on peut au minimum se contenter de 5 ou 6 albums de Neil Young, on remarquera en s'arrêtant suffisamment longtemps sur son imposante discographie qu'il y a ni plus ni moins qu'une vingtaine de chefs-d'œuvre que la discothèque idéale se doit de comporter en son sein. Ce qui fait beaucoup, il faut l'avouer et ce qui n'est pas loin d'être un cas unique, étant donné que Neil Young cumule une carrière de plus de 30 ans avec une qualité artistique exceptionnelle. Il anticipe les modes, expérimente, botte les fesses de la country, du rock, du hard rock, de la pop, du folk, arrivant par instant à tout mélanger pour délivrer des albums qui ne ressemblent à rien, sauf à du Neil Young (qui est presque un genre en soi, un genre qui réussit à dépasser le maître Dylan).

 


 

- Buffalo Springfield

        Trois albums et puis s'en vont. Le duo Stills/Young n'a jamais pu se supporter plus d'une semaine d'affilée de toute façon. Il faut bien l'avouer, ces trois disques (Buffalo Springfield, Again et Last Time Around) sont inégaux. Le premier album contient le mythique For What It's Worth de Stills et a plutôt bien supporté le poids des ans (nous sommes en 66, ne l'oublions pas) en offrant déjà de belles perspectives de mélanges entre les genres à la mode dans les 60's (pop, folk, country, rock...). Neil Young nous gratifie d'une pure perle : Out Of My Mind. Buffalo Springfield Again est encore plus réussi, c'est même à proprement parler le premier indispensable d'une discothèque Youngienne. Le futur loner ne compose que 3 titres, mais quels titres ! Placés en début, en milieu et en fin d'album, ils volent la vedette à tous les autres. Ouverture sur Mr. Soul (qu'on ne présente plus). Instant de grâce peu après avec l'une des plus belles chansons du monde (Expecting To Fly). Et final hallucinant avec les 6 minutes de Broken Arrow. Ces trois chansons sont presque une bande annonce de l'imminente carrière solo de Young. Les sept autres chansons, dont une poignée de perles, ne sont finalement que du "bonus". Ou comment un album se transforme en chef-d'œuvre pour à peine plus de 10 minutes extraordinaires. L'ultime album du groupe, qui n'en est déjà plus un, Last Time Around, n'est pas du tout du même niveau. Même si l'on y trouve son compte au final. Neil Young ne compose plus que deux titres (On The Way Home et I Am A Child), excellents au demeurant. Bref, celui-ci n'est pas un indispensable.

 

young-buffalo.jpg (13354 octets)    Buffalo Springfield (1966)

                   

young-again.jpg (12709 octets)     Again (1967)

                   

young-last-time.jpg (13150 octets)    Last Time Around (1968)

                   

 

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        La carrière solo de Young est déjà entamée lorsqu'il rejoint Crosby, Stills & Nash pour cet album. Comme d'habitude, l'entente ne dura qu'un temps, mais le résultat de cette trêve est splendide (Everybody I Love, co-signée Stills & Young). Neil Young se fend du génial Helpless. Et le sommet de l'album revient au grand Crosby et à Deja Vu (la chanson), qui à elle seule justifie la place de l'album dans la discothèque Youngienne essentielle. Le live, Four Way Street, n'est pas à déconseiller, non plus, loin de là !

 

 


 

young-everybody-knows.jpg (8860 octets)    - Everybody Knows This Is Nowhere (1969)

                   

        Deuxième album solo et premier chef-d'œuvre absolu pour Neil Young. Que dire ? Tout est déjà là, en sept chansons et 40 minutes. La country est à son apogée avec Round and Round et The Losing End, mais cet album est surtout l'acte de naissance du rock "à la Young" avec les deux plats de résistance que sont Down By The River et surtout Cowgirl In The Sand. La formule magique est dévoilée, désormais le loner œuvrera dans les alentours de ce territoire. Un territoire, fort heureusement, immense et offrant toujours de nouvelles zones à défricher.

 

 

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        Chef-d'Œuvre absolu, vital à toutes les discothèques, After The Gold Rush est parfait d'un bout à l'autre. De Tell Me Why au délicat Cripple Creek Ferry, After The Gold Rush est l'un des points d'orgue de la musique de la seconde moitié du 20e siècle. Pour bien s'en convaincre on retiendra en particulier la sublime chanson titre, le clouant Southern Man, le tendu comme un arc Don't Let It Bring You Down et le magique Birds.

 

After The Gold Rush en real audio

 

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        Bon, bien, celui-là tout le monde le connaît, tout le monde l'a. Tout le monde s'accorde aujourd'hui pour dire que ce n'est pas le chef-d'œuvre de Young, loin de là. C'est même plutôt la photocopie de After The Gold Rush, à la fois aussi bien et forcément moins intéressante. Mais bon, ne faisons pas la fine bouche, surtout pas ! Parce que sur Harvest, attention les yeux, il y a Heart Of Gold (le "tube"), The Needle and the Damage is Done (le sommet émotionnel) et les deux "masterpieces" orchestrés par le bras droit de Phil "Dieu le Père" Spector, Jack Nitzsche, A Man Needs A Maid et There's A World. Le vrai problème de Harvest étant effectivement la comparaison avec les deux albums qui le précédent et ceux qui vont bientôt le suivre (sans parler de textes pas fameux dans l'ensemble). Mouais... Mais la musique est au top.

 

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        Après une compilation bizarre (Journey Through The Past) et un album-live encore plus bizarre (Time Fades Away, qui ouvrait la voie du son "live en studio" qui transcendera On The Beach et Tonight's The Night), Neil Young, au bord de la rupture, qui donnera naissance au monstrueux Tonight's The Night, délivre ce qui est, suivant les écoutes, peut-être son plus grand disque (trois fois rien, quoi...). Et paradoxalement, On The Beach n'a jamais été réédité en CD. Bien que tous ceux qui sont en possession du vinyle (ou d'une copie, au point où nous en sommes), s'accordent pour clamer que c'est au minimum l'un des plus grands chefs-d'œuvre de Young. Quitte à être cruel envers tous ceux qui en sont encore à chercher On The Beach (un conseil : utilisez le web au mieux de ses possibilités, votre calvaire ne devrait pas durer très longtemps), On The Beach n'usurpe pas sa réputation de pierre philosophale (transformant en or les conduits auditifs qu'elle touche). 8 chansons qui sont autant de monuments. Et les sommets sont à pleurer de bonheur. See The Sky About To Rain (divin), Revolution Blues (terrassant), Vampire Blues (je n'ai plus assez de superlatifs, écoutez moi cette guitare !), On The Beach (préparez les mouchoirs), Ambulance Blues (mythique). Et les autres chansons aussi, de toute façon, tout est génial, gigantesque, épastrouillant, l'un des disques favoris des gars de Mercury Rev (je ne sais pas pourquoi je dis ça, mais je le dis quand même), etc... Prenez en otage votre disquaire, rejoignez Napster, passez vos vacances sur Altavista, demandez m'en une copie (là vous rêvez, y a pas marqué La Samaritaine, là), envoyez des pétitions à Reprise, écrivez à Neil Young, etc... Mais vous ne pouvez pas vivre sans On The Beach.

 

On The Beach - la chanson - en real audio

 

young-tonight-the-night2.jpg (7415 octets)     - Tonight's The Night (1975)

                   

        Cela ne pouvait pas durer. Il fallait que ça explose. On The Beach était un album dépressif, rongé par des tourments palpables. Il manquait juste un élément déclencheur pour que Neil Young plonge au plus profond du gouffre, soit pour y rester pour de bon et y perdre tout son génie, soit pour en ramener des diamants noirs comme personne n'en avait jamais aperçu. Confronté à la mort, et à une douloureuse prise de conscience de ses responsabilités face à la drogue et envers autrui. Neil Young enchaîne l'introspection de On The Beach avec un monument altruiste, entièrement dédié aux absents (Tonight's The Night) et aux auditeurs (Tired Eyes). Il pousse encore plus loin l'idée d'enregistrer en conditions "live" en studio, et les imperfections qui donnaient l'humanité troublante de On The Beach sont poussées à leur point limite (Young y reviendra avec Rust Never Sleeps, album "live" mais sur scène). Le résultat est tout simplement brutal, à tout niveau. Et pourtant les compositions sont parmi les plus riches de l'œuvre de Young (Roll Another Number, Tired Eyes...). Tonight's The Night est presque un "best of" ravagé par une guerre intérieure. Du rock au pub rock en passant par la ballade folk, tout Neil Young est dans Tonight's The Night. Mais ce raccourci passe par les bas quartiers, par les ruines, par les bars enfumés, par les territoires recouverts par les ténèbres. Le sommet émotionnel de la carrière de Young est un disque difficile d'accès (quoique...) mais qui une fois apprivoisé peut légitimement acquérir la place d'honneur de votre discothèque idéale Yougienne (en fait il faut les classer chronologiquement, Tonight's The Night entre On The Beach et Zuma, c'est parfait).

 


 

young-zuma.jpg (12188 octets)     - Zuma (1975)

                   

        Zuma est le retour du Young de la ruée vers l'or et de la moisson. Tonight's The Night a exorcisé les peurs et les regrets (mais les enseignements sont présents, forcément) et revoici le loner en pleine forme avec un album certes prévisible mais surtout proche de la perfection. Toutes les chansons sont accrocheuses, elles ont toutes le petit truc qui les rend terriblement efficace. Et Zuma culmine sur le légendaire Cortez The Killer (vous savez, 1/3 d'intro, 2/3 de chanson en elle-même). Mais il ne faudrait pas oublier le bon vieux Pardon My Heart (ironique comme il le faut), l'entraînant Lookin' For A Love ou le splendide Through My Sails (avec Crosby, Nash ET Stills).

 

young-comesatime.jpg (7539 octets)    - Comes A Time (1978)

                   

        Après Zuma, Young creuse le même trou qui est (déjà) en passe de devenir son tombeau. Deux albums dispensables en résultent, Long May You Run et American Stars 'n' Bars (ce dernier cachant néanmoins en son sein le sublime Like A Hurricane que l'on retrouvera néanmoins magnifié dans les futurs concerts). Comes A Time peut être considéré comme une pause dans l'œuvre foisonante du Young des 70's. C'est un retour au country-rock des débuts. Sans surprises, mais impeccable, à recommander en particulier aux fans (nombreux) de Harvest.

 

young-rust-never-sleeps2.jpg (7157 octets)     - Rust Never Sleeps (1979)

                   

        Neil Young avait ouvert les années 70 avec une série de Chefs-d'Œuvre, il va conclure la décennie avec de nouveau l'un de ses plus grands disques. Enregistré live, une face acoustique, une face électrique, un thème principal tournant autour des notions d'intégrité, d'engagement et d'art. Rust Never Sleeps est un monument qu'on visite encore aujourd'hui (et peut-être encore plus aujourd'hui) avec respect et admiration. Le mythe Neil Young doit beaucoup à ce disque et à la tournée qui l'a accompagné, et c'est grâce à cet album qu'il survivra aux années 80. Toutes les chansons sont des merveilles. Et si l'on retiendra en particulier les deux versions de My My Hey Hey, l'incroyable Thrasher, Pocahontas, le génial Powderfinger (qui prouve que tout ce que touche la voix de Young se transforme en or) et le brutal Sedan Delivery, c'est sans doute parce que ces chansons font partie des meilleures de l'œuvre du loner. Toute sa carrière est d'ailleurs résumée dans ce disque, de la perfection acoustique au déluge électrique en passant par les paroles engagées et un inimitable talent pour les petites phrases qui font les grands hymnes. Rust Never Sleeps est un album ambitieux et entièrement réussi, c'est dire s'il est primordial à toutes les discothèques.

 

young-live-rust.jpg (7304 octets)    - Live Rust (1979)

                   

        La bande son de la tournée Rust Never Sleeps vaut bien évidemment son pesant d'or et de diamants. Non seulement on retrouve les récents chefs-d'œuvre (Hey Hey My My, dans ses deux versions, Powderfinger, Sedan Delivery) mais aussi le parti-pris de séparer acoustique et électrique en deux sets distincts. La première partie du concert est donc centrée sur les merveilles country-folk. Et il y en a des perles ! I Am A Child, After The Gold Rush, When You Dance You Can Really Love, The Loner, The Needle... Et sur la face électrique c'est tout aussi épastrouillant avec notamment trois versions monstrueuses de trois de ses plus beaux hymnes : Cortez The Killer, Like A Hurricane et Tonight's The Night (en clôture). Plus de dix ans avant le triple live que constituera Weld + Unplugged (2 faces électriques / 1 face acoustique, en quelque sorte), ce Live Rust est un pur indispensable.

 

 


 

young-freedom2.jpg (9817 octets)    - Freedom (1989)

                   

        Si Harvest était une photocopie de After The Gold Rush, Freedom peut rappeler par instant Rust Never Sleeps (le son live, l'hymne acoustique en ouverture, électrique en conclusion, le mélange folk-hard rock, la rage et la délicatesse entremêlées). Mais on peut tout pardonner à Freedom, tout ! Car cet album nous venge enfin des années 80, période sombre pour Neil Young mais aussi pour la majorité des vieux de la vieilles. La même année c'est Lou Reed qui fait retour avec son New York, lui aussi après avoir vécu une décennie plus que creuse. Avouons-le, Neil Young s'en est toujours mieux sorti que le Lou, en particulier dans les moments difficiles. Non, c'est vrai, si aucun album de la période Geffen n'est un indispensable, ils sont dans l'ensemble écoutable (en particulier Old Ways) et la déchéance était déjà entamée chez Reprise (avec les pas très enthousiasmants Hawks & Doves et Re-Ac-Tor). Mais la résurrection est aussi annoncée avec le retour chez Reprise et le sous-estimé This Note's For You (à redécouvrir). Mais si dans l'ensemble on pouvait très bien s'attendre à ce retour en grâce, Freedom n'en est pas moins un disque hallucinant. Cela débute avec un hymne acoustique qui fait immédiatement penser à My My Hey Hey, Rockin' In The Free World. Tout de suite on est (re)conquis. Et avec la grande pièce narrative Crime In The City, on retrouve le Neil Young de Zuma et de Rust Never Sleeps. Mais c'est avec Don't Cry que Neil Young nous rappelle que sa longévité et la qualité de son œuvre tiennent avant tout à sa faculté de renouvellement. Don't Cry est un rock torturé, étrange, traversé par des éclairs de larsens violents et des bruitages industriels effrayants. Neil Young vient nous mettre une baffe du niveau de Cowgirl In The Sand ou de Tonight's The Night. Et on enchaîne sur une ballade acoustique sophistiquée, émouvante, légère et sublime, Hangin' On A Limb. Cette perle digne du Gold Rush s'offre des chœurs murmurés par Linda Rondstadt, rien que ça. En quatre chansons, Freedom est déjà un chef-d'œuvre et il fait oublier toute la discographie chancelante des années 80. Ah si, tant que j'y suis, il faut redécouvrir le vaste happening qu'est Everybody's Rockin', quand Neil Young se prend pour les Rutles et fait œuvre parodique pour emmerder Geffen et amuser la galerie (à écouter mais pas à investir, of course). Revenons à Freedom avec un morceau discutable, Eldorado. Excellente chanson, dotée d'une belle ambiance, mais qui sent un peu le procédé Southern Man/Alabama/Cortez The Killer. Mais ne chipotons pas, les recherches sonores aident à donner une vraie personnalité à Eldorado. La suite de l'album est toujours du niveau chef-d'œuvre (en particulier la reprise de On Broadway, monstrueuse, les magiques Wrecking Ball et Too Far Gone et le retour irrésistible de Rockin' In The Free World les doigts dans la prise). Il fallait le rappeler en détails, Freedom est l'un des plus grands disques de Neil Young. Ne vous fiez pas à sa pochette, ni à sa date de parution, ni même aux rumeurs stupides qualifiant l'album de "commercial", Freedom c'est du tout bon. Et c'est aussi l'un de ses disques les plus accessibles pour ceux que les grandes fresques telles que Tonight's The Night ou Ragged Glory effraient.

 

Don't Cry en real audio

 

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        Le grand Neil est de retour, il va montrer aux années 90 qui est le véritable "loner" (et accessoirement : montrer au "grunges" en devenir ce que l'on peut faire avec des guitares). Ragged Glory est un monument dédié aux guitares électriques. Nous sommes dans l'épique, le grandiose, voire le brutal (Fuckin' Up). Nous sommes dans une logique effectivement enragée qui trouvera son apogée avec Weld, le point de non retour du Young de nouveau (enfin) débordant de créativité et de virulence. Ragged Glory est un disque difficile, aussi riche qu'hermétique aux écoutes superficielles. Avec l'aide d'un Crazy Horse ressuscité, Young joue live, improvise, part dans tous les sens sans jamais se perdre, s'amuse avec le passé pour mieux appréhender le futur. L'échec artistique des tentatives techno-pop des années 80, lui prouve que le futur se situe dans sa six cordes et nulle part ailleurs. Le résultat est phénoménal et l'un des points d'orgue de la discographie idéale Yougienne (Ragged Glory est en particulier indispensable pour comprendre pourquoi Neil Young est toujours autant cité en référence et toujours aussi "crédible").

 

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        Le double live accompagnant la rage retrouvée. Petits joueurs s'abstenir ! C'est du costaud, du heavy, de l'épique. Presque pas de morceau en dessous de 6 minutes, beaucoup flirtent avec les dix. Ca décanille, et il n'y a (presque) que des chefs-d'œuvre. Hey Hey My My (en ouverture, on annonce la couleur), Crime In The City, une reprise délirante de Blowin' In The Wind (le contexte de la guerre du Golfe a son importance), Love To Burn, Cinnamon Girl, une fin de premier disque sur Fuckin' Up et un début de second avec en enchaînement Cortez The Killer et Powderfinger (une paille...), un Rockin' In The Free World guerrier, 13 minutes de Like A Hurricane (lyrique), et un final sur Tonight's The Night et Roll Another Number tout simplement sublime. Bon, les intégristes du Young folk/country (ça existe, le loner a touché a tellement de style qu'il ne peut pas séduire tout le monde), passeront volontiers leur chemin. Les autres, tous les autres et en particulier les amateurs du Neil Young engagé et enragé, de ses solos de guitare de Ragged Glory et de la virulence de ses grands hymnes, tous ceux là, donc, se doivent impérativement de faire l'acquisition de ce Weld épastrouillant.

 

Hey Hey My My (into the black) en real audio

 

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        Après l'explosion de violence et d'électricité de Ragged Glory et de Weld. Neil Young est revenu à la country-folk pour une suite/remake à Harvest, Harvest Moon, bon petit album un peu facile possédant quand même quelques bien jolis moments. Et chose merveilleuse, ces biens jolis moments se retrouvent sur cet Unplugged célèbre et célébré qui est un peu la réponse acoustique à Weld (comme ça tout le monde est content, en particulier les fans de toute l'œuvre de Young qui feront l'acquisition des deux). Il n'y a que des merveilles, et il y a surtout un étonnant voyage temporel avec quelques vieux et excellents morceaux (The Old Laughing Lady, Mr. Soul, Helpless) et les meilleurs instants de Harvest Moon (la chanson titre, Unknown Legend, From Hank To Hendrix). Avec aussi quelques vestiges plus ou moins oubliés d'albums plus ou moins dispensables (Stringman, Transformer Man, Long May You Run...). Et de grands classiques toujours aussi sublimes (World On A String, Pocahontas, The Needle et surtout l'hallucinante version de Like A Hurricane à l'orgue qui justifie à elle seule l'achat de ce disque). Oui, d'ailleurs ce sera la conclusion, sur cet Unplugged il y a Like A Hurricane et le reste c'est du bonus, il vous le faut, donc, évidemment.

 

Like A Hurricane (acoustique) en real audio

 


 

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        Neil Young est devenu le "parrain" du grunge. Pour le meilleur et surtout pour le pire. Kurt Cobain s'est suicidé en impliquant malheureusement le loner dans son acte (dans sa dernière lettre, une citation de My My Hey Hey, "it's better to burn out than to fade away"). En cela Cobain a surtout symbolisé ce que Young dénonçait dans Rust Never Sleeps, la manipulation de la musique par le business et la perte de l'innocence doublée de la perte de l'intégrité artistique. "Once you're gone you can never come back...". Mais "hey hey my my, rock'n'roll can never die !" Sleeps With Angels rappelle Tonight's The Night, évidemment. En moins riche cependant, et en moins violent émotionellement (sauf sur la chanson titre, tétanisante). Et une nouvelle fois Young réussit le mélange entre pub rock, folk, rock sans oublier les leçons des disques précédents et sans oublier non plus l'urgence du propos et des émotions. L'album s'écoute d'une traite (avec une rupture bien venue à la fin avec Piece Of Crap) et se savoure d'un bout à l'autre. Indéniablement, les années 90 furent aussi brillantes pour Young que le furent les années 70.

 

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        Neil Young redevient violemment électrique, soit... Mais sans le Crazy Horse ??? Qui donc osera assurer l'intérim ? La réponse en a surpris plus d'un à l'époque. C'est Pearl Jam, groupe en marge de la scène "grunge", mal aimé depuis le succès monstrueux de son pâteux Ten et de son poilant Vitalogy, qui s'y colle. On muselle Eddie Vedder (qui co-signe un titre amusant, Peace And Love (il a signé le titre ?)), on joue "live en studio" comme d'habitude et on essaie de refaire Ragged Glory. Bon, c'est moins bien, même si le deuil par procuration qui habitait Sleeps With Angels plane aussi par instant sur ce grand disque électrique (What Happened Yesterday et la sublime minute de Fallen Angel). Le premier titre de l'album, le génial Song X, annonce la couleur, c'est un hymne de marin et c'est l'une des meilleures chansons de Young dans les années 90. Act Of Love est un rock très classique et très séduisant, mais c'est I'm The Ocean (encore la mer...) qui nous conquiert définitivement. A la fois entraînante, franchement hard tout en restant très gracieuse (la voix de Young fait beaucoup, comme d'habitude), cette chanson permet à l'album de prendre son essor. Et on n'est pas déçu, car un nouveau monument nous attend au tournant, Big Green Country, dopé par un refrain de toute beauté (gorgé d'écho de surcroît) et un solo de guitare digne de On The Beach, on est largement au niveau de Ragged Glory (sans en avoir l'originalité, certes). Truth Be Known est un rock lent, comme seul Young sait les réussir. Oui, on connaît déjà tout cela, mais dans le style on ne fait pas mieux. De même avec le bon gros rock de Downtown (pas le même que sur Tonight's The Night, celui de Mirror Ball est quand même nettement moins bien). Et la suite de l'album suit le bon chemin (en particulier Throw Your Hatred Down et le "guitar epic" Scenery) avant de s'achever, donc, sur Fallen Angel. Et c'est beau...

 

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        S'il est encore un peu trop tôt pour juger cet album à sa vraie valeur, ce retour délicat au country-rock des débuts est un choix artistique aussi courageux que bien venu. Album introspectif mais sans la dépression de On The Beach ou le deuil de Sleeps With Angels, Silver and Gold rappelle After The Gold Rush mais 30 ans plus tard. Ce qui permet à Young de regarder le passé avec bienveillance (Buffalo Springfield Again) ou détachement (Daddy Went Walking) et d'appréhender le futur à la lumière de la sagesse (le sublime Silver and Gold). Musicalement c'est du tout bon, du classique, du carré, du poétique (The Great Divide, Red Sun, le magnifique Without Rings). On ne souhaite qu'une chose, si Young avait su capter la désillusion des années 70, l'explosion du punk et la violence des années 90, on espère que Silver and Gold annonce les années 2000 sous le signe d'un apaisement ne nuisant en rien à une création artistique, en particulier musicale, toujours dominée par un loner qui près de 35 ans après le début de sa carrière ne semble toujours pas prêt à perdre la moindre parcelle de son talent généreux et surprenant (oser un disque country en l'an 2000 et en faire l'une des plus grandes réussites du millénaire naissant, ma foi, c'est aussi fort que Ragged Glory).

 


Liens :

HyperRust Never Sleeps

Human Highway - a Neil Young web site and mailing list

Depression blues



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