Big Fish - Vos Avis
Fanny
Salvor
hello, j'avais juste envie de dire que c'est un
des plus beau film que j'ai eu la chance de voir. J'aimerai plonger dans ce
monde extraordinaire et tellement magique. En résumer ce film ma absorbé,
c'est très dure de retourner dans notre dure réalité, ce qui m'arrive souvent
après un très bon film.
Big up pour l'analyse.
Diego
Big fish,
Un film qui raconte l'histoire d'un homme qui par des histoires essaie de sortir
d'une vie terriblement ordinaire, horriblement ordinaire.
Big fish,
C'est l'histoire d'un homme qui travestit une terrible réalité, un homme
ordinaire qui se dit qu'il n'a pas gâché sa vie, qui trouve un échappatoire
à cette banalité en inventant des histoires.
Big fish,
C'est justement un film dénigrant cette amerique « way of life » et non un
film en faisant l'apologie.
Je tiens à finir en disant que les 110 premières minutes n'ont un sens que
lorsque l'on voit la fin du film ; d'une émotion rare, forte et remarquable.
Ainsi ces 110 minutes ne sont juste un prétexte (de mon point de vue ) à la
fin superbe, rappelant fellini.
Excusez la brièveté de cet avis, j'estime avoir dit le plus important.
Cet avis est bien sûr purement subjectif.
Jerôme.
Avant de commencer la critique du film proprement
dite, je vais me permettre un parallèle avec un autre cinéaste polémique
depuis quelques temps : John Woo. En effet, ces deux auteurs ont un noyau de
fans, qui, souvent voient les changements de cap.
Mais, depuis quelque temps (son arrivée aux USA pour l'un, l'après Mars
Attacks pour l'autre), la critique les a "lachés" dans la mesure où
ils font des films différents et reprennent leurs thèmes fétiches d'un autre
point de vue, d'où incompréhension (certes Mi2 est un insondable navet -je pèse
mes mots-) mais depuis J.W a réussi a enchainé 2 excellents films loin de HK
et montre qu'il s'est adapté à la mentalité hollywoodienne.
Qaunt à Burton, après sa "crise d'adolescence" de Mars Attacks (où
tout le monde s'attarde plus sur le coté "comic book" du film que la
charge politique aussi virulente que Starship Troopers), il semble qu'il se soit
gardé un brin de critique dans Sleepy Hollow et Planet Of The Apes (caché sous
les décors et la bestialité respectives des films). Cependant, il serait intérressant
de prendre la vision inverse et voir que la critique les auraient lacé quand
bien même ils auraient continués à faire des Edward Scissorhands, Hard
Boiled, .....sous le prétexte de ne pas se renouveller ! Le fameux
"double-bind" de Watzalwick en sorte...
Pour Big Fish, le "problème" est plus complexe puisque Burton semble
vouloir retrouver l'onirisme de ces précédentes productions (mais en moins
"macabres"), pourquoi pas ?
Mais voilà le premier point négatif de Big Fish, où est la
"critique" de l'amrican way of life, pourtant présent dans Ewdward
Scissorhands et Beetlejuice ? Car dans ces 2 films Burton faisait
"comme" Lynch et l'onirisme de Blue Velvet, quelque de sombre,
symbolique (parfois un peu trop), sur le thème de la dualité.
De plus, où est la magie "noire" de ces films avec ces parias si
humain ? Certes, il y a bien un Géant (plutôt pas mal), des siamoises (leur scène
est excellente), un cirque extraordinaires, ....mais on ne voit que le coté
"spectaculaire" de leur différence. Par exemple, les siamoises ont un
caractèe différent mais on ne peut s'attacher à elles, vu que l'on repasse
tout de suite du point de vue de Sandra. De ce fait, on semble assister à une
suite de sketchs inégaux plus qu'un ensemble cohérent.
J'en viens -enfin !- à la forme et là, ça coince un peu plus...
D'abord les interprètes sont en dessous de leurs capacités (McGegor est bof,
Albert Finney en fait trop, Jessica Lange et Marion Cotillard ont un second rôle
trop fantomatique et Bill Crudup est transparent), la musique est très moyenne
(on est loin de Sleepy Hollow et de la Fureur de Planet Of The Apes) et les décors
sont pas terribles (là aussi on est loin des démentiels production design des
Batman -qui m'ont traumatisé quand j'avais un dizaine d'années-), en effet,
Burton semble vouloir en faire "trop" avec son histoire (si bien qu'on
ne se demande jamais si il ment ou pas) et ne soigne pas son coté formel (un
comble, lui qui est dessinateur de formation !).
De plus, sur le thème du père, il me semble que j'aurai plutôt vu....Steven
Spielberg dont l'image est présente dans à peu près toute la filmo (cf.
John Malkovich dans Empire Of The Sun, Max Von Sydow dans Minority Report,
Christopher Walken dans Catch Me...)...mais peut-être qu'il est encor
"trop jeune" et qu'il faudr attendre le prochain film pour avoir une
vraie réflexion sur la mort, la paternité, ... ?
Bref, Big Fish est un bon film "premier film", mais un Burton qui ne
convanc qu'a moitié (le final est très beau, la séquences des siamoises
aussi, le personnage de Jenny Hill est très attachant et les scènes où Edward
retrouve sa bien-aimé à l'université sont très touchantes).
En espérant qu'il retrouve sa verve critique pour son prochain film...
François
Sam Lowry.
Salut à toi!
Je suis pareillement fan de Tim Burton, peut être au même point que toi. Ça
doit remonter à quelque chose comme Beettlejuice, Batman ou edward. C'est peut
être même lui, avec Terry Gilliam et Stanley Kubrick qui m'a donné envie de
me mettre au cinéma. D'ailleurs c'est bien simple, la scène lors de laquelle
Ed-Wood s'assoit à la table d'Orson Welles m'a carrément donné la foi un beau
matin et m'a décidé à me lancer dans le concret, vers ce qui sera je l'espère
mon premier long métrage. C'est d'ailleurs une anecdote qui ne manque pas de
piquant...
J'ai beaucoup de respect pour ton site. Le cinéma est à mon sens,
affaire de passionné(s) et, de "Vincent" jusqu'à "Charlie et la
chocolaterie" (dont j'attends des nouvelles avec impatience), j'ai toujours
apprécié consulter ton site pour ses informations et analyses pertinentes.
Toutefois, à la lecture de tes critiques de Big Fish, faisant écho au désarroi
d'un fan déçu, je voulais faire part de mon op inion. Moi même je n'ai vu Big
Fish qu'une fois pour l'instant et c'est partagé entre doute, crainte et
excitation que j'appréhendais ce film. Mais bon. Malgré mon opinion mitigée
pour "la planète des singes" je me suis résolu à y aller, confiant
bon gré mal gré.
J'en avais entendu de belles déjà. Un ami (qui s'étais
endormis au cours du film) m'avais annoncé l'horreur, d'un ton résolus
avec des airs de prophète: C'est fait! Tim Burton a fait son Amélie Poulain...
La bande annonce se voulait tout aussi pessimiste.
Un autre ami a vu le film deux jours plus tard, m'annonçant que Big Fish étais
le film de la maturité, que le début était des plus typiques et que la plongée
dans le monde Burtonnien se faisait subtilement mais sûrement avec une beauté
inouïe; enfin, que ceux qui avaient étés horrifiés par "La planète des
singes" pouvaient tout pardonner et qu'une fois de plus, le héros
s'appelait Edward.
"Burton a ressuscité une bonne fois pour toutes les principes fondateurs du cinéma: l'usine à rêves"
Devant tant de paradoxe et d'abnégation, la curiosité l'a vite emporté. Je voulais savoir ce qu'il advenait de l'alter ego de Tim Burton dans ce dernier volet paru de la saga Edward. On a eus le tort, mes amis et moi, de se rendre dans ce cinéma de carton de Disney Village. La dernière fois, c’était pour Amélie Poulain et, après m'en être rendu compte, (au dernier moment naturellement), je frissonnais.
Big Fish à effectivement quelque chose de gênant, bien que l'avouer me contrarie. Il est emprunt d'une ambiguïté en totale contradiction avec Mr Burton: le rêve Américain.
Edward Bloom pourrait être l'antithèse de son homologue aux
mains d'argent. Par son insupportable sociabilité, son ambition à la mesure de
son ego démesuré, il a tout pour déplaire aux adepte des personnages
Burtonniens d'antan, toujours en marge, déjantés, parfois subversifs (Mars
Attack), parfois seuls, mélancoliques et désespérément associables malgré
eux: Edward aux mains d'argent, Vincent, Bruce Wayne...
Le personnage Burtonnien se voulais à part, c'est un fait étant qu'il le
veuille ou non en opposition complète avec la réalité: le monde des vivants
dans Beettlejuice, la réussite sociale dans Edward aux mains d'argent, la Terre
entière dans Mars Attack, le monde des hommes dans "La planète des
Singes" etc...
En tous les cas, Tim Burton tissait son univers poétique en contradiction avec
"un monde de plouks" dont il dressait le portrait de façons
cinglantes. Qu'il s'agisse d'une métaphysique superficialité (Edward aux mains
d'argent, Beettlejuice, Mars Attack... ) ou autres, on retrouve bien
souvent ces personnages bêtes et grossiers, croyants, prompts aux idéologies
les plus tenaces et dont le réalisateur se moquais ouvertement.
De ses influences d'origines punk entres autres, il en aura résulté chez Tim
Burton un gigantesque bras d'honneur au rêve Américain.
Il est vrai, la situation semble se retourner dans Big fish
mais "le pire des vices se cache parfois derrière le masque de la
vertu" (cf. à peu de choses près: Sleepy Hollow).
Tim Burton semble avoir réussi le pari le plus fou de sa vie dans Big Fish,
puisque celui ci semble avoir fusionné les deux mondes, ce qui peut apparaître
à première vue comme une catastrophe pour ceux qui le qualifient de "Cinéaste
filmant en noir et bleu".
Edward Bloom est assoiffé par la réussite, le travail
(travailler dur, faire croître son capital pour...)... la famille (avoir LA
femme de sa vie), la patrie (la guerre du Vietnam).
De quoi grincer des dents jusqu'à la moelle. Le film en soi se prête à
merveille à cette reconversion de par ses effets de style, lui donnant un ton
naïf et léger, perdu quelque part entre Amélie Poulain et une comédie
romantique Hollywoodienne.
Après avoir opté pour le bras d'honneur adressé au monde des vivants, au rêve américain, à Hollywood et ses producteurs puis au monde entier, Tim Burton aurait-il trahis?
C'est en cela que la fusion des deux mondes a quelque chose de magique: chacun reste fidèle à lui même. Edward Bloom est aimé de tous et terriblement social sans pour autant adhérer à l'archétype de l'homme lambda, bien au contraire. C'est son ambition, de prime abord si agaçante qui le mène aux pieds du géant et l'éloigne de "plouk ville". Edward Bloom, audacieux et courageux ne correspond plus à l'antihéros Burtonnien, mais cela le mène loin; ce qui ne l'empêche pas de proférer quelques répliques grinçantes ("jamais les perroquets du Congo ne traitent de religion. C'est vulgaire, on ne sait jamais qui l'on peut offenser" parmi d'autres ; typiques de Burton, on dirait cette réplique sortie tout droit de « La triste fin du petit enfant huître »). De plus, le personnage d'Edward Bloom doit sa réussite à des personnages typiquement Burtonniens: la forêt hantée, le cirque à la Tod Browning, le géant tout droit sortis d'Hansel et Grettel qu'il ne craint pas et ose défier pour ensuite comprendre qu'il sont comme autant de bienfaiteurs bienveillants. La force de Edward Bloom réside donc dans sa capacité à voir plus loin que les autres et de façon plus lucide puisque cela lui ouvre les portes d'un autre monde onirique. On pourrait aisément faire le rapprochement avec un certain Tim Burton lorsque celui ci s'arrachait de son ennuyeux Burbank d’enfance vers le monde du cinéma.
Mais... "La réalité est là, et il faut faire avec pas vrais?" Il y a les impondérables de la vie. Certaines choses que l'on ne peut ignorer. La guerre du Vietnam est l'un de ses éléments, qui ramène Edward aux réalités (patrie). C'est le moment le plus effrayant du film, pendant lequel on a peur de sombrer de l'autre côté. J'en ai grincé des dents, j'ai beaucoup douté. C'est ici que pouvait se trouver le virage dangereux vers le Spielberg du "Soldat Ryan", le pro américanisme ou encore Le Forrest gump... Mais une fois encore, le héros contourne cet impondérable et en fais son avantage. Il faut le rappeler; Edward Bloom ne se bat pas pour un drapeau. Comme le reste de son pays, il ne sait pas pourquoi il se bat. Au moins, il n'a pas de valeur à défendre. Son unique objectif: revoir sa femme au plus vite. La guerre est ici traitée comme d'une menue corvée et il est au dessus de ça (il choisis le moment de sauter de l'avion). C'est d'ailleurs une fois de plus une Burtonnerie (en outre les soeurs siamoise) qui le fera s'échapper. Il eu été contradictoire que Burton vienne à prendre partis après avoir génialement insulté le monde entier (l'Amérique à plus forte raison) dans Mars Attack. En bref, il s'accommode comme il peut de ce qui n'est en somme qu'un contre temps et s'en sort bien puisqu'il trouve son compte et s'en sort grâce/avec les soeurs Siamoises. Ni Viêt-Cong, ni pro Américaines, celles ci sont, en marge ou plutôt, au dessus, sous le feu des projecteurs, elles sont Burtonniens. Une contradictions subsiste malgré tout (semble il) puisque celles-ci se précipitent sous le feu des projecteurs hollywoodiens...
L'histoire d'amour traitée à l'eau de rose a elle aussi de quoi rebuter les plus avertis. Cet aspect atteint son paroxysme lorsque Edward retrouve sa muse après la guerre. On a alors droit à l'effet "eau de rose", ce genre de lumière et de flou que l'on retrouve dans les feux de l'amour. On se croirait presque dans un film en technicolor lorsque le personnage fait ses déclarations. Mais une fois de plus, Tim Burton reste fidèle à lui même car ce n'est qu'après avoir traversé l'épisode indispensable du cirque à la "Tod Browning" et après avoir affronté son plouk de rival (dont la mort il est vrai, aussi cruelle que ridicule, entre dans les annales). Tim Burton retrace là une histoire d'amour à la naïveté assumée d'une beauté incroyable. Edward Bloom est un amant parfait et fidèle jusqu'au bout, à l'inverse des autres, ce qui fait de lui un être à part. Il faut cependant accepter l'optimisme et le climat chatoyant de cet épisode non moins onirique et poétique mais simplement nouveaux dans le registre du cinéaste.
Edward Bloom est confronté au monde du travail avec un entrain digne d'un captain américa. On en vient presque à être horrifié que celui ci soit associé avec un pilleur de banque le temps d'un braquage hilarant. Mais cet épisode se finis par une phrase aussi furtive que cinglante, lorsque Edward Bloom parlant de son ami, le poète en route pour wall street qui « entame seulement sa carrière de voleur ». Eh oui, Tim Burton a de jolis restes; furtifs, mais présents. Il est intégré au monde réel sans pour autant être en contradiction avec lui même. L'épisode de la maison de la sorcière est l'exemple le plus flagrant. Edward Bloom tente de la restaurer à l'aide du géant. Celle ci finis par se transformer pour redevenir la jolie petite maison dans la prairie d'entant. Mais lorsque le héros rejette l'amour de la jeune femme (génialement interprétée par Helena Bohnam Carter), sur ce magnifique point d'orgue lors duquel celle ci rappelle carrément qu'elle n'est qu'un personnage fictif, la maison retourne "au sinistre état de maison à la sorcière du début". Car effectivement, tout ne saurait être radieux et ensoleillé. Certaines Burtonneries demeurent à jamais ce qu'elles sont, certains personnages imaginaires le restent. Les histoires survivront à Tim Burton mais seront à jamais fictive. C'est là l'un des points les plus magnifiques du film.
Et c'est bien cela dont traite Big Fish: De pages qui se tournent, de personnages qui grandissent, un univers immortel mais à jamais imaginaire. Ce que l’on voit dans Big Fish n’est ni plus ni moins, à travers une multitude de clins d’oeils à ses propres films, l’évolution de Tim Burton dans son propre monde (les frères Prices, la forêt hantée, Le Pingouin, Les personnages tout droits sortis de « La triste fin du petit enfant huître » et bien d’autres). Cependant, celui-ci marque une frontière entre un imaginaire poétique, torturé et profond au point que l’on perd parfois pieds (ou là tête si l’on se trouve dans les bois du ponant) et une réalité heureuse. Big Fish est en somme "une aventure aussi grande que la vie elle même".
"Tout ce que je veux, c'est raconter des histoires qui
m'intéressent" (cf.: Ed-Wood)
Vincent
Réponse d'Edwood :
Ton interprétation se défend et tu essaies bravement de retourner les principaux défauts (à mes yeux) du film en qualités. J'avoue ne pas être vraiment convaincu. Par exemple, très trivialement, la phrase sur la carrière de "voleur" que choisir Steve Buscemi est plutôt dans un esprit démagogique "beauf" pas très brillant (on est bien loin du Max Shreck de Batman Returns qui, même s'il était parfois caricatural, était bourré de nuances), on est plus proche du De Vito de Mars Attacks (pas ce qu'il y avait de plus fin et drôle dans le film, d'ailleurs). De plus je n'accroche vraiment pas à l'histoire d'amour de Big Fish, ni à la scène de l'armée, qui peut être lue comme tu le fais, mais prise directement, elle n'a rien d'un pied de nez à la manière de Mars Attacks. Oui, Burton, avec Big Fish, essaie de rapprocher son univers féérique et tourmenté d'une réalité bien plus réelle. Mais n'est-ce pas déjà ce qu'il a presque toujours fait auparavant ? Si on y réfléchit ses films précédents ont un peu la même thématique et Beetlejuice se conclut sur une note proche de celle Big Fish (après tout Lydia, l'adolescente suicidaire, devient une jeune fille heureuse de vivre (grâce aux morts, là est toute la saveur de ce final). Mais le ton était vraiment tout différent du temps de Beetlejuice et d'Ed Wood. Thématiquement Big Fish n'est pas très nouveau pour Burton, mais plus lourd, moins gracieux, plus englué dans ce que l'on attend de ce genre de mélodrame. Et c'est tellement dommage, Burton ne parvient pas à renouveler le genre. Sans doute lui en demandais-je trop ? En même temps sa Planète des Singes continue à me plaire. Enfin, je te remercie en tout cas pour cette longue chronique des plus intéressantes à laquelle je n'ai pas le temps de répondre au mieux pour l'instant.
Big Fish est le retournement de veste thématique . Ni plus ni moins.
Tu mets en avant que "Le processus est exactement le contraire de celui qui transformait Selina Kyle en Catwoman ". Avec cette image, tu cristallises la problématique du film.
C'est Catwoman qui trouve un job de secrétaire au sein d'une grande entreprise, mets des sous de côté pour la retraite, et organise un bon barbecue le week end.
Alors on m'a déjà sorti le sempiternel " Tu n'acceptes pas l'évolution d'un réalisateur".
Je aussi à fond pour des films différents, si on remets Ed Wood à son époque, le film détonnait dans sa filmographie: une biopic en noir et blanc sans intrusion du fantastique. Mais il poursuit les obsessions du réalisateur, la frontière entre la marginalité et la norme, ces personnages qui cherchent à s'integrer mais dont le parcours est semé d'embûches.
Et surtout un amour certains pour ses personnages , extrement attachants.
Il m'a fallut aussi deux trois visions d'Ed Wood, il a fallut que je vois Edward aux mains d'argent au cinéma pour être tétanisé, bref, Burton n'a jamais fait preuve d'un grand sens du rythme et de l'efficacité. Comme son cinéma joue sur le ressenti, il y a une part de mélancolie, de nostalgie qui s'acheminent au fil des visions.
(Pee Wee'Big Adventure , finit par être émouvant!).
En fait le plaisir immédiat chez Burton , je l'ai eu à mes 7 ans pour la sortie du premier Batman. Transcendé par sa suite. Et Pour la Planètre des singes, j'ai retrouvé à plusieurs moments ( le générique, certaines rixes avec Thade) cette fascination pour un Burton plus viscéral . (Il est vrai aidé par Elfman qui s'est surpassé sur La Planète...). D'ailleurs POTA et Batman sont comparables à plusieurs niveaux. Des blockbusters malades mais fascinants.
(Et puis un regard de gorille en scope, avec un thème martial, c'est déjà du cinéma!).
En fait j'aime peu quand Burton fait du Burton, l'animal ponds Sleepy Hollow, jouissif, mais l'impact est dans les mirettes pas dans les tripes.
Je m'étais réjouis de sa capacité à s'améliorer dans se scènes d'action, plus efficaces et inventives qu'à ses débuts ( Batman et sa suite: mais bon ce n'est pas pour ça qu'on aime les Batman).
Big Fish est pesant. Dès l'ouverture du film. Omniprésence de la voix off, lourdeur des symboles.
Pas de générique Burtonien. A mon avis le départ de Rick Heinricks y est pour beaucoup. D'ailleurs j'ai lu que ce dernier ne travaillera pas non plus pour Charlie et la chocolaterie. Heinricks, qui s'est occuppé d'une unité artistique de tous les Burton depuis Vincent... on lui doit beaucoup L'impact visuelle de ses films.
Aussi primordiale que son association avec Elfman. Voire même plus, car Ed Wood a pu s'en passer.
Donc, je suis beaucoup poins optimiste pour la suite de sa carrière. Il fera de bons films, mais la pauvreté évocatrice des images, la vulgarité de certaines situations ne feront que s'accroitre.
J'ai pris du recul à la seconde vision, les valeurs prônées par Big Fish, à priori réac, sont des valeurs simples, l'amour du foyer, le travail etc... des repères qu'on tente de construire, mais alignées dans ce film avec tellement de lourdeurs.
J'ai été très ému par la fin, par ses personnages retrouvés, et on a des réminescences de ce que j'aime chez Burton: l'amour pour ses personnages, la nostalgie.
Ne vous moquez pas, mais là où j'ai été vraiment ému c'est l'apparition de Steve Buscemi vieux à l'enterrement.
D'abord, c'est le personnage le plus sympathique du film. Bon il devient un riche actionnaire, mais il m'a bien fait rire ( le plan où la caméra effectue un panoramique au sein de la ronde, dans laquelle Buscemi tente de s'engouffrer est hilarant.)
Reminescences d'Ed Wood, avec une fin rêvée , on transcende le réel: la projection à succés de l'un est ici la mort poétique de l'autre. Comme dans Ed Wood, Big Fish revient in extremis sur un constat réel.
Dans le premier cas, on revenait sur ce qu'allait devenir les personnages à travers une série de textes. La déchéance d'Ed Wood est évoquée.
Dans Big Fish , nous terminons dans le jardin de Billy Crudup huit années plus tard.
Il fait un barbecue tandis que son fils, évoque les exploits de feu son grand père , dans une luxueuse piscine avec des enfants de son âge.
Inutile , et gachant le potentiel dramatique.
Et puis tout me parait superficiel: les milliers de fleurs pour Jenny, le cirque ( j'adore Devitto, mais son apparition nue, c'est n'importe quoi, gênant, manque total de classe)...
Je vais arrêter là et conclure par le sms envoyé par un pote récemment " ... Parce que tu vois, Burton me donne envie d'aller me coucher."
Bonne continuation!
Rorschach
Réponse d'Edwood :
Bien sûr je suis entièrement d'accord avec toi, ou peu s'en faut (air connu). J'avais oublié de noter l'absence de Rick Heinricks. Elle explique effectivement beaucoup de choses... Je rappelle, pour ceux qui ne le sauraient pas, que monsieur Heinricks a collaboré sur le visuel de tous les films de Burton depuis... Vincent. Son absence sur Big Fish doit effectivement jouer un grand rôle dans l'aspect télévisuel du film.
J'avoue rester optimiste sur la suite de la carrière de Burton, comme ça, par pure innocence. Une bonne surprise est toujours susceptible de surgir. Même de la part de très mauvais cinéastes. Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc, c'est ce qu'essaie de nous dire Big Fish, mais bon sang que Ed Wood y parvenait mieux ! Par contre, c'est vrai que Steve Buscemi est vraiment bien dans Big Fish, mais c'est loin de nous préserver de la débâcle...
Alizé
Réponse d'Edwood :
Ce que tu dis là à propos de Big Fish correspond à peu près à ce que je pourrais encore dire aujourd'hui d'un film comme Ed Wood... Je crois que les rêves qui sont présentés dans Big Fish, à quelques exceptions près, ne me touchent pas du tout. Alors que les "rêves" précédents de Tim Burton me bouleversaient au plus intime de ma personne (Edward sculptant la glace, la résurrection de Selina Kyle, Sally qui chante, Ed Wood qui met en scène...). Et Big Fish est sans doute moins "impossible" que les précédents Burton. Il se situe dans un "entre-deux" qui pourrait me toucher, mais qui me déçoit. Mais tant mieux, oui, tant mieux, si tu y as trouvé tout cela !
Mad Dog
Réponse de Edwood :
Ah mais ça fait toujours plaisir de te lire, en tout cas. Surtout qu'une fois encore ton avis est des plus intéressants, en tout cas il sort du lot et il a le mérite de présenter une interprétation étonnante de Big Fish. J'avoue que ta vision de l'œuvre se conçoit, même si elle demande d'aller fouiller fort loin dans les entrailles du gros poisson. J'avoue que je n'en ai pas eu le courage. Courage que j'avais pourtant trouvé immédiatement devant la Planète des Singes. Comme quoi... Malheureusement, dans Big Fish, les scènes "magiques" m'ont laissé un arrière-goût très désagréable et les scènes "réalistes" m'ont paru fort maladroites et souvent très lourdes. Quant à la fin, non décidément, son propos me laisse perplexe. Car, après tout, l'existence d'Edward Bloom est effectivement exceptionnelle sans avoir recours aux "histoires" pour l'enjoliver. Il a connu un géant (un peu moins grand, certes), des sœurs jumelles avec lesquelles il a fui le Viet Nam, les gens du cirque, une "sorcière", etc... Le film voudrait évoquer le problème du point de vue, mais ne cesse de se prendre les pieds dans le tapis. Par exemple, lorsque Jenny prend le relais d'Edward Bloom pour raconter le passé, et bien c'est encore le point de vue de Bloom qui est en partie adopté, puis soudain abandonné (vu qu'il n'a de toute façon jamais raconté ce passage de son existence). En clair, au sein de la tentation adultère d'Edward Bloom apparaît soudainement un géant de cinq mètres de haut. Si on ne creuse pas trop le film, on ne fait pas attention à ce genre de détails. Mais si on cherche un sens profond et notamment mélancolique à tout cela, il y a de quoi rester perplexe devant une oeuvre finalement aussi bâclée. Alors, certes, si tu compares Big Fish à la majorité des mélos Hollywoodiens (Cold Mountain & co), forcément, c'est mieux, quand même. Mais en même temps, je ne peux pas juger, j'évite la majorité des films hollywoodiens (parfois à tort, souvent à raison). Je juge par rapport au Burton que je connais et par rapport à ce que j'aime actuellement au cinéma. Et non, franchement, non. Il y a plus de mélancolie dans Le Monde de Nemo ou même dans le Retour du Roi, que dans tout Big Fish. Et ça, c'est bien une déception douloureuse.
Pony.
Réponse d'Edwood :
Ah, moi je ne dis rien sur Brazil, c'est intouchable Brazil, on est dans un univers tellement différent de celui de Big Fish. Là, tenez, Terry Gilliam, bah moi, ce type-là, il ne m'a jamais déçu comme Burton vient de le faire. Je veux dire, même Jabberwocky ou Fisher King, le premier pour ses maladresses de première oeuvre et le second pour ses concessions hollywoodiennes, et bien, même ces deux films, je les aime, vraiment, et je les trouve bourrés de qualités (les visions médiévales de Robin Williams et la scène de danse dans le hall de gare de Fisher King sont sublimes, par exemple). Enfin, je m'égare, mais comme je n'ai pas envie de parler beaucoup plus de Big Fish, je préfère parler de ce qui me fait plaisir.
Tiens, non seulement tu me lances sur Gilliam, mais en plus tu évoques Final Fantasy 7, ah là, c'est sûr, Big Fish, je n'y pense même plus. Mais la complexité de FF7 est malheureusement intraduisible en film. Juste en littérature, et encore. Voilà une oeuvre d'art totale, immense, géniale, sans doute follement novatrice, que l'on ne peut vivre que dans son format d'origine. En même temps, on ne pourrait pas faire d'Edward Aux Mains d'Argent un jeu vidéo... Mais bon, je ne vais pas entrer dans les détails de FF7 pour le comparer à Big Fish, d'une part parce que c'est incomparable et d'autre part parce que cela me forcerait à révéler quelques uns des points essentiels de l'histoire. Et, sait-on jamais, il y a peut-être des lecteurs qui n'ont pas joué à Final Fantasy 7 ? C'est invraisemblable, mais qui sait ?
Et dans nos temps plus que troublés, effectivement, un film un peu (trop ?) critique vis à vis de la norme "occidentale" serait très mal perçu. On ne peut plus faire de Fight Club aujourd'hui, c'est tout vous dire. On ne peut même plus faire d'Ed Wood, mais déjà, à l'époque, personne aux USA n'était allé voir le film... Alors je ne vous parle même pas de Battle Royale, parce que bon, là c'est carrément un autre extrême et les américains en avaleraient leur chapeau (apparemment la technique pour discréditer BR2 c'est de raconter partout que c'est un "nanar", une manière comme une autre d'essayer de désamorcer la bombe...).
Enfin, tout cela pour dire que les personnes qui s'expriment en ces lieux sont pour l'instant majoritairement déçues par Big Fish. J'avoue que cela me surprend un peu, car je croyais que le film était assez apprécié. Mais en même temps cela me rassure, je ne suis pas fou !
Tristan Storme.
Réponse d'Edwood :
Et bien décidément, je suis loin d'être le seul à ne pas apprécier du tout Big Fish. Heureux de constater que l'on s'entend sur les principaux défauts du film. Que ce soit les personnages et situations inexploités, les scènes vulgaires, la mise en scène maladroite (le montage n'a jamais été une grande force de l'œuvre de Burton, il faut bien le reconnaître, déjà dans Sleepy Hollow et la Planète des Singes, c'était n'importe quoi par moments), etc... Bref, rien à ajouter encore une fois, nous sommes d'accord. Les défauts latents du cinéma de Burton sont flagrants dans Big Fish. L'anti-climax de la bataille finale de la Planète des Singes est ici étendu à l'ensemble du métrage (ou peu s'en faut, en effet, la Sirène et les Soeurs Siamoises ne servent à rien, sauf à donner un peu de magie dans un film qui en manque incroyablement).
A.P
Réponse d'Edwood :
Le nouveau style de Burton m'échappe assez largement. La création avec le coeur, elle est tellement plus présente dans Edward et dans Ed Wood, que je n'ose même plus le démontrer.
Salut Edwood, voici une critique de "Big
fish" qui ne fera pas que des heureux.
La grande particularite de Burton dans le cinema Hollywoodien (voir mondial)
c'est qu'il est un grand auteur reconnu, a l'esprit independant et l'imagination
fertile, qui opere au sein d'un systeme tres controle : celui des blockbusters
americains. Si l'on excepte Spielberg (qui fait partie integrante de ce systeme)
Burton et le seul cineaste a l'univers si singulier, qui ait pu s'epanouir
cinematographiquement au milieu des millions de dollars, des images de synthese
et des stars couteuses. Lynch, Carpenter, McTiernan... tous se sont casses les
dent la ou Burton a livre ses plus belles performances ("Batman Returns",
"Mars Attacks !" etc...).
L'ere politiquement correct et conservatrice dans laquelle nous baignons depuis
une petite demi-douzaine d'annees maintenant a change la donne. On lui retire
"Superman", on le laisse faire un "Sleepy Hallow" bien peu dérangeant
et on le brime tout le long de "La planete des singes". Ce dernier
film fait d'ailleur figure d'acte de resistance. On sent une vrai implication du
cineaste dans les thematiques, une ambiance étrange et malsaine s'installe tout
le long du film qui n'hesite d'ailleur jamais a donne dans l'ironie. C'est du
vrai Burton. Mais si il n'est pas complètement a l'aise, meme s'il délaisse complètement
les heros "positifs" (et devie ainsi le sens du film) on sent une vrai
implication artistique de sa part. Certes le film et bancal, certes il est
difficile d'y adherer tant les repaires sont fausse, ca n'en reste pas moins un
formidable brulot anti-hollywoodien.
On aurait pu croire alors que son cinema prendrait ce chemin de resistance. Une
longue croisade artistique au sein d'une institution qui brise les marginaux.
Mais avec "Big Fish" on constate qu'il en va tout autrement.
Le moins que l'on puisse dire de "Big fish" c'est qu'il est une
trahison complete de son cinema. Le film est consensuel, primaire, larmoyant au
lieu d'emouvant (sacree difference) et surtout plat et peu engage (dans un sens
artistique).
La premiere horreur que l'on peut relever dans ce film c'est que si on y
retrouve toutes les figures de style et les motifis du cinema de Burton, elles
ne sont jamais, a aucun moment utilise a bonne escient. Elles n'impliqent rien,
n'apportent rien si ce n'est la veine signature de leur auteur, dans une optique
de demarcation purement gratuite. C'est du Burton mais ca s'arrete la ! Rien ne
ressort de cette main metalique et gadget, de ses freaks decales et marginaux,
de cette vielle fille isole vivant dans une maison delabre, de ces siamoises
querelleuses, du directeur de cirque garou, de cette caravanne qui tremblotte,
de cette sorciere borgne, de ces nains, ces geants etc... Autant d'element qui
identifie le film sans jamais lui donne un sens, une raison d'etre. Comme si
Burton, ne se retrouvant pas dans le sujet avait voulu marquer de son empreinte
un film qui ne lui correspond pas sans pour autant le transformer et en changer
le sens primaire pour l'inscrire dans sa filmographie. Pire ! Il semblerai meme
que Burton vende du Burton comme Dali faisait du Dali. Vous voulez des montres
qui fondent et des elephants giraffes ? Bah je vais vous en donner moi !
L'autre point important (qui decoule directement du precedent) c'est qu'en
n'abordant le film de maniere si maladroite jamais Burton ne surmonte les
odieuses facilites de scenario. Je n'ai pas lu le livre personnellement mais la,
c'est assez catastrophique. Pire encore !!! Burton va dans le sens de ces
facilites en les faisant passe pour une certaine naivete feerique. Ainsi on voit
que pour ce debarrasser d'un loup garou enrage il suffit de lui balance un bout
de bois, pour conquerir la femme de sa vie et de se debarrasser de son conjoint
benet il suffit de se faire etaler par celui-ci sur un tas de fleur, pour
aprivoiser un geant sauvage il suffit de lui dire : "vient on va en
ville", fuir du paradie : "bon bah je m'en vais"... la naivete au
cinema est difficile a retranscrir car, pour etre efficace et realiste, elle
doit s'inscrir dans un contexte complexe et le faire paser pour simple. La, en
l'occurence, ce n'est ni plus ni moins que de la pauvrete scenaristique dans
laquelle Burton se complait assez lamentablement.
Autre probleme : le manque de parti pris sur le propos du film. Qu'est-ce qui
est mieux ? le fantasme : refuge d'une vie ennuyeuse, banale et assomante. Ou la
realite : assumer ses responsabilites, aimer ses proches et les proteger... Du
coup nous somme dans un vague croisement batard entre "Forrest Gump et
"les aventures du baron de Munchaaussen" dont on pourrait deduire que
l'american way of life a quelque chose d'ideal et que le fantasme en souligne
les points positifs. Ce qui rend tout a fait le film detestable !
Car c'est une vision tellement positive du monde que ce film nous exibe que ca
en devient genant. Le seul vrai mauvais personnage n'est rien d'autre qu'une
grosse brute epaisse qui se fait ridiculiser par le hero tout le long du film.
Burton nous avait habitue a des mechants, pervers, profond, cruel et stylise.
D'eux provenait un monde empli de tares, de degeneressence, de malaise. Le
mechant chez Burton n'etait pas utilise a des fins manicheenne mais pour donne
un contre point, une nuance a tout propos, a la realite du monde. Son absence
ici manque cruellement au film qui en devient beatement niais.
Comme tout le monde sur ce site je suis un fan de Burton depuis la premiere
heure ("Beetlejuice"), j'ai suivit sa carriere avec passion et
devoument, c'est grace a lui que je realise des films aujourd'hui. Mais
pourrai-je lui pardonner cette abjection demagogique, ce retournement de veste,
ce coup de poignard qu'est "Big fish". Seul l'avenir nous le dira.
D'ici la, il n'y a plus qu'a espere que ce gros poisson ne fut qu'un faux pas.
Le premier de toute sa carriere, il fallait bien que ca arrive un jour...
Matthieu Santelli
Réponse d'Edwood :
Pas grand chose à ajouter, je vois que le rang des déçus est sans cesse grandissant. Je suis d'accord sur tout, ou peu s'en faut. Pour ce qui est du roman Big Fish, il paraît qu'il est plus sombre et ambigu que le film. Je le lirais, à l'occasion, mais rien ne presse.
Jeddy3
Réponse d'Edwood :
Déjà je suis tout à fait d'accord sur ce que tu constates sur... Amélie Poulain. Ensuite, j'avoue que à la fois je te trouve un peu trop dur avec Big Fish et en même temps trop gentil. C'est que d'une part j'ai préféré Big Fish à Amélie Poulain. Mais d'autre part un bon film qui plaît à tout le monde peut tout à fait être détestable. Je suis loin de dire que Big Fish est détestable, même si je déteste vraiment certains moments du film, dans son ensemble je le trouve plutôt réussi dans son genre, mais juste moyen sur une échelle burtonienne (disons que pour moi il est plus proche des concessions de Batman et de la Planète des Singes que de la sincérité absolue d'Ed Wood). En même temps, Big Fish respire la sincérité à foison. Une sincérité qui se serait vraiment adaptée aux normes qui plaisent au plus grand nombre. Tant mieux... tant mieux...
Mais comme tu le dis, c'est le genre de films qui touchent beaucoup de prime abord, qui marquent pendant une année, dont on garde un vague bon souvenir, mais qui disparaissent peu à peu, que l'on range sagement dans la catégorie des jolis films que l'on a bien aimé à l'époque, mais bon, voilà, voilà... (Le Cercle des Poètes Disparus ? Quelqu'un ?). Je suis désolé, mais une oeuvre moins consensuelle, au moins dans son détail, aurait sans doute eu un impact plus durable. En même temps je souhaite que Big Fish marque les esprits pour le mieux. C'est toujours cela de pris. Mais qu'il ne vienne pas remplacer Edward Aux Mains d'Argent dans les cœurs, sinon, là, je ferme boutique...
J'avoue, certes, avoir lu avec un grand sentiment
d'inquiétude ta critique sur Big Fish, mon cher Ed. Je me disais, oui, j'avoue,
notre cher Ed qui nous a fait découvrir Pulp et les Pixies et qui savait parler
aux fans de Burton que nous étions - car oui, si certes je suis loin de t'égaler
en la matière, je fus tout de même sévèrement traumatisé lors de ma tendre
enfance par 'Edward Scissorhands et de Batman Returns, et ce genre de choses
compte - en bref, je me disais et je ne sais plus finir mes phrases :
notre Ed nous abandonne.
Car j'avais vu Big Fish - et j'avais énormément aimé. Maintenant, hélas,
certes l'enthousiasme est un peu retombé, et après seconde vision je pense
pouvoir donner mon avis. Peut-on appeler Big Fish un mélo bien-pensant ? Moi je
dis : non ! Oui, certes c'est consensuel, mais est-ce une tare ? Et puis au
passage, Edward Scissorhands, ce n'était pas un peu consensuel ? Big Fish est
plein de bon sentiments certes, mais tout de même pour le meilleur : on y
retrouve cette émotion qui manquait un peu (oh, pas beaucoup, mais tout de même)
à Mars Attacks et Sleepy Hollow.
Et je ne peux m'empêcher de crier mon enthousiasme pour toutes les histoires d'Edward
Bloom, son enfance hallucinante, le cirque (Danny De Vito forcément génial),
Edward Bloom et Sandra Templeton (comment ça c'est une histoire à la rose ?
Oui, d'accord, mais c'est génial !), Edward Bloom et Norther Winslow (une
performance incroyable de Steve Buscemi), Edward Bloom et les
soeurs siamoises (oui, je renchéris, la meilleure séquence du film) Et
n'oublions pas la vision de la ville de Spectre , mi enchanteresse, mi
effrayante - le sourire idiot du maire, s'il n'y avait qu'une scène à retenir,
et bien entendu l'histoire de Jennifer Hill - dont le sort est au fond assez
semblable à celui des autres personnages burtoniens - à mon sens, l'un des
meilleurs passages du film.
Le personnage d'Edward Bloom, interprété magistralement par Ewan McGregor,
exaspérant mais adorable avec son enthousiasme naïf et sa sympathie immédiate
envers tous et toutes, et en particulier envers les mal-aimés. Le jeune Ed
Bloom est une parodie réjouissante du rêve américain - car l'humour est très
présent et l'on soupçonne très fortement que cet homme n'est pas tout à fait
sérieux.
Car avec ces formidables séquences, Tim Burton réussit à nous faire rire et
à nous faire pleurer, maîtrisant parfaitement le bon goût et le mauvais, le
trivial et l'émotion. Et n'est-ce pas au fond ce que l'on attendait de lui
depuis Beetlejuice et Edward Scissorhands et depuis Ed Wood et Mars Attacks ?
Mais il est vrai qu'après quelques jours et une seconde vision, les failles
apparaissent, c'est à dire, essentiellement, l'histoire de Will Bloom qui peine
à nous convaincre, et dont la qualité de faire-valoir aux histoires d'Edward
n'est que trop apparente. Si pour commencer, l'histoire de Will n'a en elle-même
rien d'exaltant, s'y rajoute les acteurs relativement peu convaincants. Mais
surtout, on sent bien que Burton traite cet élément du livre en passage obligé;
Burton n'est pas à son aise dans cette histoire de gens très ordinaires qui
peine à nous émouvoir. Et, hélas, il n'hésite pas à recourir à l'effet
facile pour nous y émouvoir -surtout vers la fin. Je me suis surpris bien des
fois au cours de la seconde vision à attendre avec grande impatience les
histoires de Bloom.
Burton n'a jamais montré autant de talent que pour les histoires imaginaires d'Ed
Bloom, ces aventures d'un homme "bigger than life" et de ses
compagnons de route, cette histoire de freak à l'envers, tandis que la partie
"ordinaire" du film semble incroyablement déplacée. Quant au final,
eh bien, même si comme tu l'as souligné fort justement, Burton n'y recule
devant aucun effet facile, on ne peut s'empêcher d'être extraordinairement ému
par la scène d'entraînement final, là où le mythe rejoint définitivement la
réalité, une victoire du rêve que je ne peux m'empêcher de comparer au final
de Brazil.
On peine par moment à reconnaître notre Burton, qui expérimente en
permanence, explorant des thèmes qui ne lui furent jamais familiers, et
revisitant sa propre oeuvre avec bonheur. S'il se laisse par moments surprendre
par des fautes de goût dont on ne le savait pas coutumier, elles sont fort
heureusement compensées par quelques unes de ses plus belles scènes.
Au final ? Un grand film, qui trouve sa digne place au rang des Burton des plus
émouvants, notre réalisateur fétiche qui se renouvelle spectaculairement, et
il faut le dire, avec toujours autant de talent, ce qui nous promet de bien
belles choses pour l'avenir. Et surtout, sans oublier la toujours extraordinaire
Helena Bonham Carter.
vradsvoui vradsvoui
Réponse d'Edwood :
Alors, non, certes, je n'ai pas abandonné les fans de Tim Burton. Je reste moi-même incroyablement admiratif devant l'homme et son oeuvre. Disons que je provoque un schisme purement subjectif. Non, les nouvelles orientations de Burton ne me conviennent pas et j'en suis le premier désolé. Oui, il n'a rien perdu de son talent de cinéaste, il l'a peut-être même amélioré. Mais, je ne m'y retrouve plus dans son Big Fish. Et je ne peux pas me forcer à aimer le film sous prétexte que c'est Tim Burton (on m'a suffisamment reprocher cela, à tort, pour la Planète des Singes, film que j'aime avec toute la sincérité possible).
Oui, Big Fish est un mélodrame bien pensant. Ce qui n'est pas forcément un mal. Dans le genre, Forrest Gump était tout à fait réussi. De même que certains Spielberg. Et si Edward se présentait comme un film "consensuel" dans son message principal (la tolérance avant tout), il était loin d'être consensuel dans son déroulement. Notamment dans sa violence latente et sa morbidité permanente. Le film est en ce sens un conte de fée définitivement bien plus accomplit que Big Fish. Oui, l'émotion s'est fait absente des derniers Burton (à part les quelques flashbacks de Sleepy Hollow), mais elle revient ici dans un délire guimauve assez éloigné de la retenue d'Ed Wood.
Les histoires d'Ed Bloom sont très inégales. Son enfance n'est pas particulièrement passionnante (à part la scène de la sorcière) et empreinte franchement à Forrest Gump (le coup du problème de croissance, ça ne vous rappelle rien ?). Mais ce n'est pas la faute de Burton. Le cirque sonne un peu comme un passage obligé du film et même si, à première vue, la scène du temps qui se fige est très belle, elle ne peut en rien effacer la Ice Dance d'Edward. Trop d'effets spéciaux qui détournent l'attention du cœur de la scène sans doute (on est plus ému par le chat suspendu en plein saut que par l'amour naissant). Et Dany De Vito nous refait le Pingouin. L'histoire d'amour est donc très à l'eau de rose et est surtout expédiée assez maladroitement (la confrontation entre les rivaux est inexistante), on est bien loin de la violence d'Edward Scissorhands ou du décalage facétieux d'Ed Wood. Et même de la grâce toute simple du Nightmare. Sandra n'est pas Sally, bon sang ! Kim à la rigueur, d'accord, mais là, ça se finit bien. Quant à la ville de Spectre, la position de Burton est paradoxale. On sent que l'endroit le gêne et que comme Ed Bloom il n'y est pas à l'aise. Pourtant, c'est le paradis. C'est un lieu où l'on ne peut s'empêcher de revenir, que l'on ne peut s'empêcher de vouloir sauver. C'est le lieu où l'on dépose les armes (et les chaussures), la fin du chemin. Et Jenny... Ah... Jenny... Bien sûr elle est le coeur du film. Mais Burton la traite avec goujaterie. Burton la met au placard. C'est bien sûr elle qui sauve le film de la débâcle totale. Et sa solitude ténébreuse est la seule réminiscence du Burton que j'aime. Mais voilà, ce "censuré" d'Ed Bloom l'envoie balader. Et ça, c'est impardonnable. Et c'est à cet instant que j'ai faillit quitter la salle. Et pour moi Ed Bloom jeune est absolument antipathique.
Je préfère son fils. Voilà, c'est dit. Et je trouve que la nouveauté la plus intéressante de Big Fish, paradoxalement, c'est la manière dont Burton filme certaines scènes "intimes" et réalistes. Certaines séquences entre Crudup et Cottillard sont étonnantes de la part de Burton et sonnent très juste. Je crois en fait que si Burton avait totalement épuré son cinéma de la féerie un peu gluante, s'il avait misé sur un mélodrame plus âpre, plus intime, son film aurait été mille fois plus réussi, du moins il m'aurait beaucoup plus touché.
Brazil ? Oui, on pourrait y penser. Mais bon, je n'irais pas faire remarquer pourquoi on est très loin du chef-d'œuvre de Gilliam. Bientôt je vais évoquer Millenium Actress de Satoshi Kon, la merveille absolue qui fait exploser les limites narratives et esthétiques du mélodrame "historique". L'occasion sans doute de l'opposer, malheureusement, à Big Fish.
Les fautes de goût sont assez impardonnables. La mort du rival, gag ignoble, répété plusieurs fois dans le film. Le lancer de bâton au loup-garou. Le combat de kung fu avorté. Le très banal gag du coffre vide. Bref, plein de petites choses que je ne trouve pas particulièrement réjouissante. De même, tous ces personnages inexploités sont regrettables. Les soeurs siamoises, la sirène, et dans une moindre mesure Jenny. Tous passent à la trappe au profit d'un Ed Bloom qui me sort par les yeux. Donc oui, Burton évolue, mais non, moi je n'y suis plus. Je suis avec May et la Millenium Actress. Et j'en suis le premier désolé.