Big Fish - Vos Avis

 

 

 


 

Je ferais beaucoup plus court et peut etre moins interessant ou sujet à debats :
 
Le film m'a plu, bien davantage que la planetes de Singes et son côté remake, mais moins que Edward aux mains d'Argent ou Beetlejuice.
 
Il nous a livré un film, je l'aime dans son ensemble, avec ses defauts et ses qualités, que vous avez si bien détaillés, et j'attends le prochain...
 
Parce que après tout, ce film est à relier  à la naissance de son fils et à la mort de son père... Quand c'est trop intime ou trop douloureux, ca devient souvent niais, tout comme la féerie  elle même...
 
ah! si : Je m'oppose fermement à ce démantelement du film en sequences personnages, ambiance  etc ... qui vous ont plu ou déplu.
pour memoires : le texte de Edwood sur les cinephiles
 

Fanny

 


 

Etant un énorme fan de Burton, je ne peux m'empêcher d'être légèrement déçu par Big Fish... Ce film n'est certainement pas "sortit tout droit de l'imaginaire de Tim Burton" comme l'affiche le prétendait ! Ce film n'est certainement pas raté non plus. Ce film est JUSTE un bon film, et c'est bien ça qui fait mal. Burton semble plus s'attacher à faire de Big Fish une production limpide et grand publique plutot qu'un chef-d'oeuvre burtonien (si tant est que la démarche soit possible !). Sans doute un Spielberg aurait été meilleur aux commandes... surtout dans la catégorie "narration" que Burton ne peut aborder que d'une façon complètement abstraite et artistique. Et lorsque le cahier des charges demande simplicité et réalisme, le grand Tim devient un simple réalisateur "inspiré". Toute la magie et l'onirsime du film est entâché - ou plutot amoindri - par la volonté d'être clair et... professionnel ! Et oui : le seul point que je pouvais repprocher à mon Burton de la grande époque était son manque de "connaissance" à la réalisation ciné, qui était largement compensé par son amour du média, son apétit artistique et son sub-conscient d'artiste torturé. Tim Burton vieillit donc... Mais il n'est pas mort, alors attendons de voir un scénar original du nouveau Burton pour l'enterrer comme un Grand ou l'encenser comme toujours l'un des Meilleurs !!
PS : Tim, je t'aime toujours...

Salvor

 


 

hello, j'avais juste envie de dire que c'est un des plus beau film que j'ai eu la chance de voir. J'aimerai plonger dans ce monde extraordinaire et tellement magique. En résumer ce film ma absorbé,  c'est très dure de retourner dans notre dure réalité, ce qui m'arrive souvent après un très bon film.
Big up pour l'analyse.

Diego


Big fish,
Un film qui raconte l'histoire d'un homme qui par des histoires essaie de sortir d'une vie terriblement ordinaire, horriblement ordinaire.
Big fish,
C'est l'histoire d'un homme qui travestit une terrible réalité, un homme ordinaire qui se dit qu'il n'a pas gâché sa vie, qui trouve un échappatoire à cette banalité en inventant des histoires.
Big fish,
C'est justement un film dénigrant cette amerique « way of life » et non un film en faisant l'apologie.
Je tiens à finir en disant que les 110 premières minutes n'ont un sens que lorsque l'on voit la fin du film ; d'une émotion rare, forte et remarquable.
Ainsi ces 110 minutes ne sont juste un prétexte (de mon point de vue ) à la fin superbe, rappelant fellini.
Excusez la brièveté de cet avis,  j'estime avoir dit le plus important. Cet avis est bien sûr purement subjectif.
                             

                                               
                                                                            
     Jerôme.


 

Avant de commencer la critique du film proprement dite, je vais me permettre un parallèle avec un autre cinéaste polémique depuis quelques temps : John Woo. En effet, ces deux auteurs ont un noyau de fans, qui, souvent voient les changements de cap.
Mais, depuis quelque temps (son arrivée aux USA pour l'un, l'après Mars Attacks pour l'autre), la critique les a "lachés" dans la mesure où ils font des films différents et reprennent leurs thèmes fétiches d'un autre point de vue, d'où incompréhension (certes Mi2 est un insondable navet -je pèse mes mots-) mais depuis J.W a réussi a enchainé 2 excellents films loin de HK et montre qu'il s'est adapté à la mentalité hollywoodienne.
Qaunt à Burton, après sa "crise d'adolescence" de Mars Attacks (où tout le monde s'attarde plus sur le coté "comic book" du film que la charge politique aussi virulente que Starship Troopers), il semble qu'il se soit gardé un brin de critique dans Sleepy Hollow et Planet Of The Apes (caché sous les décors et la bestialité respectives des films). Cependant, il serait intérressant de prendre la vision inverse et voir que la critique les auraient lacé quand bien même ils auraient continués à faire des Edward Scissorhands, Hard Boiled, .....sous le prétexte de ne pas se renouveller ! Le fameux "double-bind" de Watzalwick en sorte...
Pour Big Fish, le "problème" est plus complexe puisque Burton semble vouloir retrouver l'onirisme de ces précédentes productions (mais en moins "macabres"), pourquoi pas ?
Mais voilà le premier point négatif de Big Fish, où est la "critique" de l'amrican way of life, pourtant présent dans Ewdward Scissorhands et Beetlejuice ? Car dans ces 2 films Burton faisait "comme" Lynch et l'onirisme de Blue Velvet, quelque de sombre, symbolique (parfois un peu trop), sur le thème de la dualité.
De plus, où est la magie "noire" de ces films avec ces parias si humain ? Certes, il y a bien un Géant (plutôt pas mal), des siamoises (leur scène est excellente), un cirque extraordinaires, ....mais on ne voit que le coté "spectaculaire" de leur différence. Par exemple, les siamoises ont un caractèe différent mais on ne peut s'attacher à elles, vu que l'on repasse tout de suite du point de vue de Sandra. De ce fait, on semble assister à une suite de sketchs inégaux plus qu'un ensemble cohérent.

J'en viens -enfin !- à la forme et là, ça coince un peu plus...

D'abord les interprètes sont en dessous de leurs capacités (McGegor est bof, Albert Finney en fait trop, Jessica Lange et Marion Cotillard ont un second rôle trop fantomatique et Bill Crudup est transparent), la musique est très moyenne (on est loin de Sleepy Hollow et de la Fureur de Planet Of The Apes) et les décors sont pas terribles (là aussi on est loin des démentiels production design des Batman -qui m'ont traumatisé quand j'avais un dizaine d'années-), en effet, Burton semble vouloir en faire "trop" avec son histoire (si bien qu'on ne se demande jamais si il ment ou pas) et ne soigne pas son coté formel (un comble, lui qui est dessinateur de formation !).
De plus, sur le thème du père, il me semble que j'aurai plutôt vu....Steven Spielberg dont l'image est présente dans  à peu près toute la filmo (cf. John Malkovich dans Empire Of The Sun, Max Von Sydow dans Minority Report, Christopher Walken dans Catch Me...)...mais peut-être qu'il est encor "trop jeune" et qu'il faudr attendre le prochain film pour avoir une vraie réflexion sur la mort, la paternité, ... ?
Bref, Big Fish est un bon film "premier film", mais un Burton qui ne convanc qu'a moitié (le final est très beau, la séquences des siamoises aussi, le personnage de Jenny Hill est très attachant et les scènes où Edward retrouve sa bien-aimé à l'université sont très touchantes).
En espérant qu'il retrouve sa verve critique pour son prochain film...

    

François

 

 


 

Salut,
 
(desole, j'ecris de HK, sur un clavier qwerty, et je n'ai pas de ponctuation a disposition...)
 
 
Tout d'abord, comme c'est la premiere fois que je t'ecris, et que je viens juste de decouvrir ton site (en faisant une recherche sur Big Fish justement), je voudrais te dire combien j'ai apprecie me plonger dans la lecture de celui ci, et surtout combien je me suis beaucoup reconnu dans tes gouts cinematographiques (un peu moins musicaux, encore que quelqu'un qui aime autant Bone Machine et On the Beach ne peut definitivement pas avoir de mauvais gouts :)). Etant un grand admirateur de Burton depuis ma plus tendre enfance (en gros depuis Batman Returns, choc sans retour au cinema, et Pee Wee, decouvert un beau matin sur Canal + il y a fort longtemps...), cela m'a fait extremement plaisir de decouvrir ton site. Et ce qui est assez troublant, c'est de voir combien l'appreciation que j'ai de chaque film de Burton est finalement assez semblable de la tienne. Il semblerait que son cinema eveille en nous les meme plaisirs, les memes emotions, les memes joies...mais aussi les memes deceptions en ce qui concerne la derniere oeuvre du monsieur.
Pour moi, Edward est sans aucun doute un des plus beau film au monde (avec La ligne rouge, La vie est belle de Capra, et le Chateau dans le ciel...et Batman returns c'est vrai), et tout les films de Burton m'ont toujours profondement marques pour des raisons differentes (parce que vu a des ages differents) mais toujours parce qu'ils representaient pour moi un cinema absolu, magique, drole, intelligent, sincere dans lequel j'aime me plonger sans relache depuis toujours. Je continue de revoir ses films regulierement avec le meme plaisir en pleurant a chaque fois sur la danse de Winona, ou en restant en extase devant la beaute irreelle de Batman Returns...J'aime tout les films de Burton, et aujourd'hui je me retrouve un peu demuni apres avoir vu Big Fish.
Je n'ose pas encore retourner le voir, et j'essaye encore de comprendre pourquoi le film m'a laisse sur le bord de la route Burtonienne pour la premiere fois.
Alors je vais quand meme essayer en quelques points de mettre en lumiere ma deception.
 
Premierement, et c'est tres imporant, Big Fish n'est pas un mauvais film, il est meme loin devant la majeure partie de la production hollywoodienne actuelle (puisqu'au fond il s'agit bien de ca, d'un film hollywoodien dans tous les sens du terme), mais est ce bien cela qu'on attend de la part d'un film de Burton. J'en doute fort.
 
Deuxiemement, je dois avouer que je me suis fortement ennuye, un ennui poli parce que c'est un film Tim, mais un ennui quand meme. Mais ca m'a gene de ressentir cela, parce que j'admire tellement l'oeuvre de cet homme. Alors c'est vrai que les films de Burton n'ont pas forcement toujours ete tres bien rythmes, mais au moins, il y avait toujours a l'interieur suffisamment de substance pour palier a se leger defaut. Alors que dans le cas present, on n'accroche jamais le wagon, il n'y a pas d'emerveillement prolonge, pas de formule magique qui prend le spectateur par la main pour ne plus le lacher, tout est esquisse, voire platement illustre (comment s'interesser un instant a l'histoire contemporaine, filme comme un vulgaire telefilm...desole Philippe Rousselot, mais la photo est vraiment moche dans cette partie du film). En fait, on a plutot l'impression de suivre une suite de sketches realise sans trop d'insparation, meme si on decele ca et la quelques eclairs de genie qui nous rappelle qu'on est quand meme bien dans un film de Burton, et pas chez Chris Columbus (aih, j'exagere quand meme, desole Tim !).
 
Troisiemement, j'ai eu beaucoup de mal a m'interesser au personnage d'Edward, qui est exaperant de bonne volonte et de confiance en soi. Et si la comparaison avec Forrest Gump n'est pas vraiment justifiee a mon gout (Forrest lui ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive ou tout du moins il n'en est pas conscient), elle ne fait que refleter a quel point Burton semble s'etre perdu dans un conformisme assez deprimant. C'est quand meme triste que dans ce film, on ne s'attache vraiment a aucun personnage en particulier (si ce n'est peut etre la sorciere, qui devient malheureusement par la suite une vieille fille qui se laisse faire "ravaler la facade" par le belle Edward). Moi je suis reste desarmais devant autant de bons sentiments. Alors bien sur, on est emu a la fin, mais c'est amene de facon tellement "enorme" qu'on ne se laisse pas vraiment emporte par l'emotion.
 
Quatriemement, ce qui m'a le plus atriste, c'est de voir combien Burton semble avoir fait une croix sur ces visions passees. Je suis d'accord avec toi pour dire que ca fait plaisir de voir que ce dernier semble avoir triomphe de ses demons, et qu'il est un homme heureux a present, et on ne va surtout pas lui demande de retourner se plonger dans les meandres de ses noires annees, mais il est clair que c'etait tout cela qui faisait la force du cinema du Burton qu'on aime, et qu'on aimera toujours. Faut il pour autant se resigner, et se faire a l'idee que ce Burton la ait disparu (ou ait evolue plutot) ?
Moi je veux continuer d'y croire, et je souhaite que la reunion prochaine du realisateur et de son acteur fetiche fasse resonner de nouveau les clairons des grandes heures burtoniennes.
 
Enfin, je voulais dire que c'etait le film de Burton qui m'avait le plus decu visuellement (et musicalement quand meme car le petit Danny n'a pas beaucoup surpris cete fois). Que ceux qui n'ont pas aime La planete des singes y retourne en pleurant car il y a dans ce film plus de beaute burtonienne que dans Big Fish (remember le sublime generique de la PDS). Ou alors c'est simplement moi qui est ete un peu ecoeure par cette vision rose bonbon de la vie (heureusement le passage dans la foret, et celui sous l'eau sauve le film).
 
Pour terminer, je dirais que c'est surtout le manque de prise de risque, et la relative platitude de l'ensemble qui m'a le plus desole. Je n'ai pas ressenti de frisson, d'emerveillement comparable aux autres films de burton. Pour la premiere fois, je n'ai pas une envie irresistible de me replonger dans ce film. Les differents personnages ne me manquent pas plus que ca, et surtout je n'ecoute pas la musique du film en boucle pour prolonger le plaisir (ce qui ne va pas plaire a mon CD d'Edward qui va devoir reprendre du service au plus vite :))). Mais qu'on ne se trompe pas, j'attendrais le prochain film de Burton avaec toujours la meme impatience, seulement il y aura sans doute un peu d'apprehension a present (quoi que dans le cas de Big Fish, voir autant de critiques s'extasier sur le film avant sa sortie m'avait un peu fait peur, surtout apres le flinguage reglementaire qu'avait subi le precedent film).
 
J'aimerai en ecrire plus (et je le ferais sans doute par la suite, car j'ai envie de partager avec toi ma passion pour Burton) mais je trouve que mon message est deja assez long comme ca.
Ah si, je voulais finir en disant que pour moi, le maitre a rever s'appelle maintenant Peter Jackson (et ca depuis Creatures Celestes vu une petite dizaine de fois depuis ca decouverte il y a quelques annees) et que "Le retour du roi" constituait une de mes plus grosses (la plus grosse en englobant les trois films ?) cinematographique de ma vie. Vivement King Kong ! et Bilbo le hobbit ?
 
Voila, sinon, pour cerner mes gouts cinematographiques, je dirais que parmis mes films preferes se trouvent (en plus de ceux de Burton)
Barry Lyndon (le chef d'oeuvre des chef d''oeuvre de Kubrick)
La Ligne rouge (et les deux autres Malick tant qu'a faire)
Brazil (le film culte qui me donne une furieuse envie de faire du cinema a chaque vision)
Tous les Myasaki
Rio Bravo (le film parfait)
Chantons sous la pluie
Titanic (et je suis pret a le defendre envers et contre tous ce film)
Il etait une fois en Amerique (euh oui...parfait aussi...)
A.I (j'en pleure a chaque tellement c beau)
Et puis Carpenter, Ford, Capra...
 
Longue vie a toi Ed,
 

Sam Lowry.

 

 


 

Salut à toi!
Je suis pareillement fan de Tim Burton, peut être au même point que toi. Ça doit remonter à quelque chose comme Beettlejuice, Batman ou edward. C'est peut être même lui, avec Terry Gilliam et Stanley Kubrick qui m'a donné envie de me mettre au cinéma. D'ailleurs c'est bien simple, la scène lors de laquelle Ed-Wood s'assoit à la table d'Orson Welles m'a carrément donné la foi un beau matin et m'a décidé à me lancer dans le concret, vers ce qui sera je l'espère mon premier long métrage. C'est d'ailleurs une anecdote qui ne manque pas de piquant...
 J'ai beaucoup de respect pour ton site. Le cinéma est à mon sens, affaire de passionné(s) et, de "Vincent" jusqu'à "Charlie et la chocolaterie" (dont j'attends des nouvelles avec impatience), j'ai toujours apprécié consulter ton site pour ses informations et analyses pertinentes. Toutefois, à la lecture de tes critiques de Big Fish, faisant écho au désarroi d'un fan déçu, je voulais faire part de mon op inion. Moi même je n'ai vu Big Fish qu'une fois pour l'instant et c'est partagé entre doute, crainte et excitation que j'appréhendais ce film. Mais bon. Malgré mon opinion mitigée pour "la planète des singes" je me suis résolu à y aller, confiant bon gré mal gré.

J'en avais entendu de belles déjà. Un ami (qui s'étais endormis au cours du film) m'avais annoncé  l'horreur, d'un ton résolus avec des airs de prophète: C'est fait! Tim Burton a fait son Amélie Poulain...
La bande annonce se voulait tout aussi pessimiste.
Un autre ami a vu le film deux jours plus tard, m'annonçant que Big Fish étais le film de la maturité, que le début était des plus typiques et que la plongée dans le monde Burtonnien se faisait subtilement mais sûrement avec une beauté inouïe; enfin, que ceux qui avaient étés horrifiés par "La planète des singes" pouvaient tout pardonner et qu'une fois de plus, le héros s'appelait Edward.

"Burton a ressuscité une bonne fois pour toutes les principes fondateurs du cinéma: l'usine à rêves"

Devant tant de paradoxe et d'abnégation, la curiosité l'a vite emporté. Je voulais savoir ce qu'il advenait de l'alter ego de Tim Burton dans ce dernier volet paru de la saga Edward. On a eus  le tort, mes amis et moi, de se rendre dans ce cinéma de carton de Disney Village. La dernière fois, c’était pour Amélie Poulain et, après m'en être rendu compte, (au dernier moment naturellement), je frissonnais.

Big Fish à effectivement quelque chose de gênant, bien que l'avouer me contrarie. Il est emprunt d'une ambiguïté en totale contradiction avec Mr Burton: le rêve Américain.

Edward Bloom pourrait être l'antithèse de son homologue aux mains d'argent. Par son insupportable sociabilité, son ambition à la mesure de son ego démesuré, il a tout pour déplaire aux adepte des personnages Burtonniens d'antan, toujours en marge, déjantés, parfois subversifs (Mars Attack), parfois seuls, mélancoliques et désespérément associables malgré eux: Edward aux mains d'argent, Vincent, Bruce Wayne...
Le personnage Burtonnien se voulais à part, c'est un fait étant qu'il le veuille ou non en opposition complète avec la réalité: le monde des vivants dans Beettlejuice, la réussite sociale dans Edward aux mains d'argent, la Terre entière dans Mars Attack, le monde des hommes dans "La planète des Singes" etc...
En tous les cas, Tim Burton tissait son univers poétique en contradiction avec "un monde de plouks" dont il dressait le portrait de façons cinglantes. Qu'il s'agisse d'une métaphysique superficialité (Edward aux mains d'argent, Beettlejuice, Mars Attack... ) ou autres,  on retrouve bien souvent ces personnages bêtes et grossiers, croyants, prompts aux idéologies les plus tenaces et dont le réalisateur se moquais ouvertement.
De ses influences d'origines punk entres autres, il en aura résulté chez Tim Burton un gigantesque bras d'honneur au rêve Américain.

Il est vrai, la situation semble se retourner dans Big fish mais "le pire des vices se cache parfois derrière le masque de la vertu" (cf. à peu de choses près: Sleepy Hollow).
Tim Burton semble avoir réussi le pari le plus fou de sa vie dans Big Fish, puisque celui ci semble avoir fusionné les deux mondes, ce qui peut apparaître à première vue comme une catastrophe pour ceux qui le qualifient de "Cinéaste filmant en noir et bleu".

Edward Bloom est assoiffé par la réussite, le travail (travailler dur, faire croître son capital pour...)... la famille (avoir LA femme de sa vie), la patrie (la guerre du Vietnam).
De quoi grincer des dents jusqu'à la moelle. Le film en soi se prête à merveille à cette reconversion de par ses effets de style, lui donnant un ton naïf et léger, perdu quelque part entre Amélie Poulain et une comédie romantique Hollywoodienne.

Après avoir opté pour le bras d'honneur adressé au monde des vivants, au rêve américain, à Hollywood et ses producteurs puis au monde entier, Tim Burton aurait-il trahis?

C'est en cela que la fusion des deux mondes a quelque chose de magique: chacun reste fidèle à lui même. Edward Bloom est aimé de tous et terriblement social sans pour autant adhérer à l'archétype de l'homme lambda, bien au contraire. C'est son ambition, de prime abord si agaçante qui le mène aux pieds du géant et l'éloigne de "plouk ville". Edward Bloom, audacieux et courageux ne correspond plus à l'antihéros Burtonnien, mais cela le mène loin; ce qui ne l'empêche pas de proférer quelques répliques grinçantes ("jamais les perroquets du Congo ne traitent de religion. C'est vulgaire, on ne sait jamais qui l'on peut offenser" parmi d'autres ; typiques de Burton, on dirait cette réplique sortie tout droit de « La triste fin du petit enfant huître »). De plus, le personnage d'Edward Bloom doit sa réussite à des personnages typiquement Burtonniens: la forêt hantée, le cirque à la Tod Browning, le géant tout droit sortis d'Hansel et Grettel qu'il ne craint pas et ose défier pour ensuite comprendre qu'il sont comme autant de bienfaiteurs bienveillants. La force de Edward Bloom réside donc dans sa capacité à voir plus loin que les autres et de façon plus lucide puisque cela lui ouvre les portes d'un autre monde onirique. On pourrait aisément faire le rapprochement avec un certain Tim Burton lorsque celui ci s'arrachait de son ennuyeux Burbank d’enfance vers le monde du cinéma.

Mais... "La réalité est là, et il faut faire avec pas vrais?" Il y a les impondérables de la vie. Certaines choses que l'on ne peut ignorer. La guerre du Vietnam est l'un de ses éléments, qui ramène Edward aux réalités (patrie). C'est le moment le plus effrayant du film, pendant lequel on a peur de sombrer de l'autre côté. J'en ai grincé des dents, j'ai beaucoup douté. C'est ici que pouvait se trouver le virage dangereux vers le Spielberg du "Soldat Ryan", le pro américanisme ou encore Le Forrest gump... Mais une fois encore, le héros contourne cet impondérable et en fais son avantage. Il faut le rappeler; Edward Bloom ne se bat pas pour un drapeau. Comme le reste de son pays, il ne sait pas pourquoi il se bat. Au moins, il n'a pas de valeur à défendre. Son unique objectif: revoir sa femme au plus vite. La guerre est ici traitée comme d'une menue corvée et il est au dessus de ça (il choisis le moment de sauter de l'avion). C'est d'ailleurs une fois de plus une Burtonnerie (en outre les soeurs siamoise) qui le fera s'échapper. Il eu été contradictoire que Burton vienne à prendre partis après avoir génialement insulté le monde entier (l'Amérique à plus forte raison) dans Mars Attack. En bref, il s'accommode comme il peut de ce qui n'est en somme qu'un contre temps et s'en sort bien puisqu'il trouve son compte et s'en sort grâce/avec les soeurs Siamoises. Ni Viêt-Cong, ni pro Américaines, celles ci sont, en marge ou plutôt, au dessus, sous le feu des projecteurs, elles sont Burtonniens. Une contradictions subsiste malgré tout (semble il) puisque celles-ci se précipitent sous le feu des projecteurs hollywoodiens...

L'histoire d'amour traitée à l'eau de rose a elle aussi de quoi rebuter les plus avertis. Cet aspect atteint son paroxysme lorsque Edward retrouve sa muse après la guerre. On a alors droit à l'effet "eau de rose", ce genre de lumière et de flou que l'on retrouve dans les feux de l'amour. On se croirait presque dans un film en technicolor lorsque le personnage fait ses déclarations. Mais une fois de plus, Tim Burton reste fidèle à lui même car ce n'est qu'après avoir traversé l'épisode indispensable du cirque  à la "Tod Browning" et après avoir affronté son plouk de rival (dont la mort il est vrai, aussi cruelle que ridicule, entre dans les annales). Tim Burton retrace là une histoire d'amour à la naïveté assumée d'une beauté incroyable. Edward Bloom est un amant parfait et fidèle jusqu'au bout, à l'inverse des autres, ce qui fait de lui un être à part. Il faut cependant accepter l'optimisme et le climat chatoyant de cet épisode non moins onirique et poétique mais simplement nouveaux dans le registre du cinéaste.

 Edward Bloom est confronté au monde du travail avec un entrain digne d'un captain américa. On en vient presque à être horrifié que celui ci soit associé avec un pilleur de banque le temps d'un braquage hilarant. Mais cet épisode se finis par une phrase aussi furtive que cinglante,  lorsque Edward Bloom parlant de son ami, le poète en route pour wall street qui « entame seulement sa carrière de voleur ». Eh oui, Tim Burton a de jolis restes; furtifs, mais présents. Il est intégré au monde réel sans pour autant être en contradiction avec lui même. L'épisode de la maison de la sorcière est l'exemple le plus flagrant. Edward Bloom tente de la restaurer à l'aide du géant. Celle ci finis par se transformer pour redevenir la jolie petite maison dans la prairie d'entant. Mais lorsque le héros rejette l'amour de la jeune femme (génialement interprétée par Helena Bohnam Carter), sur ce magnifique point d'orgue lors duquel celle ci rappelle carrément qu'elle n'est qu'un personnage fictif, la maison retourne "au sinistre état de maison à la sorcière du début". Car effectivement, tout ne saurait être radieux et ensoleillé. Certaines Burtonneries demeurent à jamais ce qu'elles sont, certains personnages imaginaires le restent. Les histoires survivront à Tim Burton mais seront à jamais fictive. C'est là l'un des points les plus magnifiques du film.

Et c'est bien cela dont traite Big Fish: De pages qui se tournent, de personnages qui grandissent, un univers immortel mais à jamais imaginaire. Ce que l’on voit dans Big Fish n’est ni plus ni moins, à travers une multitude de clins d’oeils à ses propres films, l’évolution de Tim Burton dans son propre monde (les frères Prices, la forêt hantée, Le Pingouin, Les personnages tout droits sortis de « La triste fin du petit enfant huître » et bien d’autres). Cependant, celui-ci marque une frontière entre un imaginaire poétique, torturé et profond au point que l’on perd parfois pieds (ou là tête si l’on se trouve dans les bois du ponant) et une réalité heureuse. Big Fish est en somme "une aventure aussi grande que la vie elle même".

"Tout ce que je veux, c'est raconter des histoires qui m'intéressent" (cf.: Ed-Wood)

Vincent

 

Réponse d'Edwood :

        Ton interprétation se défend et tu essaies bravement de retourner les principaux défauts (à mes yeux) du film en qualités. J'avoue ne pas être vraiment convaincu. Par exemple, très trivialement, la phrase sur la carrière de "voleur" que choisir Steve Buscemi est plutôt dans un esprit démagogique "beauf" pas très brillant (on est bien loin du Max Shreck de Batman Returns qui, même s'il était parfois caricatural, était bourré de nuances), on est plus proche du De Vito de Mars Attacks (pas ce qu'il y avait de plus fin et drôle dans le film, d'ailleurs). De plus je n'accroche vraiment pas à l'histoire d'amour de Big Fish, ni à la scène de l'armée, qui peut être lue comme tu le fais, mais prise directement, elle n'a rien d'un pied de nez à la manière de Mars Attacks. Oui, Burton, avec Big Fish, essaie de rapprocher son univers féérique et tourmenté d'une réalité bien plus réelle. Mais n'est-ce pas déjà ce qu'il a presque toujours fait auparavant ? Si on y réfléchit ses films précédents ont un peu la même thématique et Beetlejuice se conclut sur une note proche de celle Big Fish (après tout Lydia, l'adolescente suicidaire, devient une jeune fille heureuse de vivre (grâce aux morts, là est toute la saveur de ce final). Mais le ton était vraiment tout différent du temps de Beetlejuice et d'Ed Wood. Thématiquement Big Fish n'est pas très nouveau pour Burton, mais plus lourd, moins gracieux, plus englué dans ce que l'on attend de ce genre de mélodrame. Et c'est tellement dommage, Burton ne parvient pas à renouveler le genre. Sans doute lui en demandais-je trop ? En même temps sa Planète des Singes continue à me plaire. Enfin, je te remercie en tout cas pour cette longue chronique des plus intéressantes à laquelle je n'ai pas le temps de répondre au mieux pour l'instant.

 


 

Big Fish est le retournement de veste thématique . Ni plus ni moins.

Tu mets en avant que "Le processus est exactement le contraire de celui qui transformait Selina Kyle en Catwoman ". Avec cette image, tu cristallises la problématique du film.

C'est Catwoman qui trouve un job de secrétaire au sein d'une grande entreprise, mets des sous de côté pour la retraite, et organise un bon barbecue le week end.

Alors on m'a déjà sorti le sempiternel " Tu n'acceptes pas l'évolution d'un réalisateur".

Je aussi à fond pour des films différents, si on remets Ed Wood à son époque, le film détonnait dans sa filmographie: une biopic en noir et blanc sans intrusion du fantastique. Mais il poursuit les obsessions du réalisateur, la frontière entre la marginalité et la norme, ces personnages qui cherchent à s'integrer mais dont le parcours est semé d'embûches.

Et surtout un amour certains pour ses personnages , extrement attachants.

Il m'a fallut aussi deux trois visions d'Ed Wood, il a fallut que je vois Edward aux mains d'argent au cinéma pour être tétanisé, bref, Burton n'a jamais fait preuve d'un grand sens du rythme et de l'efficacité. Comme son cinéma joue sur le ressenti, il y a une part de mélancolie, de nostalgie qui s'acheminent au fil des visions.

(Pee Wee'Big Adventure , finit par être émouvant!).

En fait le plaisir immédiat chez Burton , je l'ai eu à mes 7 ans pour la sortie du premier Batman. Transcendé par sa suite. Et Pour la Planètre des singes, j'ai retrouvé à plusieurs moments ( le générique, certaines rixes avec Thade) cette fascination pour un Burton plus viscéral . (Il est vrai aidé par Elfman qui s'est surpassé sur La Planète...). D'ailleurs POTA et Batman sont comparables à plusieurs niveaux. Des blockbusters malades mais fascinants.

(Et puis un regard de gorille en scope, avec un thème martial, c'est déjà du cinéma!).

En fait j'aime peu quand Burton fait du Burton, l'animal ponds Sleepy Hollow, jouissif, mais l'impact est dans les mirettes pas dans les tripes.

Je m'étais réjouis de sa capacité à s'améliorer dans se scènes d'action, plus efficaces et inventives qu'à ses débuts ( Batman et sa suite: mais bon ce n'est pas pour ça qu'on aime les Batman).

Big Fish est pesant. Dès l'ouverture du film. Omniprésence de la voix off, lourdeur des symboles.

Pas de générique Burtonien. A mon avis le départ de Rick Heinricks y est pour beaucoup. D'ailleurs j'ai lu que ce dernier ne travaillera pas non plus pour Charlie et la chocolaterie. Heinricks, qui s'est occuppé d'une unité artistique de tous les Burton depuis Vincent... on lui doit beaucoup L'impact visuelle de ses films.

Aussi primordiale que son association avec Elfman. Voire même plus, car Ed Wood a pu s'en passer.

Donc, je suis beaucoup poins optimiste pour la suite de sa carrière. Il fera de bons films, mais la pauvreté évocatrice des images, la vulgarité de certaines situations ne feront que s'accroitre.

J'ai pris du recul à la seconde vision, les valeurs prônées par Big Fish, à priori réac, sont des valeurs simples, l'amour du foyer, le travail etc... des repères qu'on tente de construire, mais alignées dans ce film avec tellement de lourdeurs.

J'ai été très ému par la fin, par ses personnages retrouvés, et on a des réminescences de ce que j'aime chez Burton: l'amour pour ses personnages, la nostalgie.

Ne vous moquez pas, mais là où j'ai été vraiment ému c'est l'apparition de Steve Buscemi vieux à l'enterrement.

D'abord, c'est le personnage le plus sympathique du film. Bon il devient un riche actionnaire, mais il m'a bien fait rire ( le plan où la caméra effectue un panoramique au sein de la ronde, dans laquelle Buscemi tente de s'engouffrer est hilarant.)

Reminescences d'Ed Wood, avec une fin rêvée , on transcende le réel: la projection à succés de l'un est ici la mort poétique de l'autre. Comme dans Ed Wood, Big Fish revient in extremis sur un constat réel.

Dans le premier cas, on revenait sur ce qu'allait devenir les personnages à travers une série de textes. La déchéance d'Ed Wood est évoquée.

Dans Big Fish , nous terminons dans le jardin de Billy Crudup huit années plus tard.

Il fait un barbecue tandis que son fils, évoque les exploits de feu son grand père , dans une luxueuse piscine avec des enfants de son âge.

Inutile , et gachant le potentiel dramatique.

Et puis tout me parait superficiel: les milliers de fleurs pour Jenny, le cirque ( j'adore Devitto, mais son apparition nue, c'est n'importe quoi, gênant, manque total de classe)...

Je vais arrêter là et conclure par le sms envoyé par un pote récemment " ... Parce que tu vois, Burton me donne envie d'aller me coucher."

Bonne continuation!

Rorschach

 

Réponse d'Edwood :

Bien sûr je suis entièrement d'accord avec toi, ou peu s'en faut (air connu). J'avais oublié de noter l'absence de Rick Heinricks. Elle explique effectivement beaucoup de choses... Je rappelle, pour ceux qui ne le sauraient pas, que monsieur Heinricks a collaboré sur le visuel de tous les films de Burton depuis... Vincent. Son absence sur Big Fish doit effectivement jouer un grand rôle dans l'aspect télévisuel du film. 

J'avoue rester optimiste sur la suite de la carrière de Burton, comme ça, par pure innocence. Une bonne surprise est toujours susceptible de surgir. Même de la part de très mauvais cinéastes. Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc, c'est ce qu'essaie de nous dire Big Fish, mais bon sang que Ed Wood y parvenait mieux ! Par contre, c'est vrai que Steve Buscemi est vraiment bien dans Big Fish, mais c'est loin de nous préserver de la débâcle...

 


 

Je sors à l'instant du cinéma... et je dois avouer qu'il faut vraiment avoir un état d'esprit spécial pour aimer ce film... je pense qu'il faut avoir mon état d'esprit... je suis une fille qui vit dans ses rêves, je trouve que c'est la plus belle des choses, les rêves... et je me sentais tellement bien, en face de cet écran à regarder ce film...
Je trouve que c'est une histoire fabuleuse, il fallait en trouver l'idée !
Comme le dit le dicton : "les vrais rêveurs sont ceux qui rêvent de l'impossible"... et les rêves qui sont décrits dans le films sont ces impossibilités, qu'on aimerait tellement vraies...
Bref, je comprends que certaines personnes n'aient pas aimé ce film, mais pour ma part j'ai plus qu'adoré...

Alizé

 

Réponse d'Edwood :

Ce que tu dis là à propos de Big Fish correspond à peu près à ce que je pourrais encore dire aujourd'hui d'un film comme Ed Wood... Je crois que les rêves qui sont présentés dans Big Fish, à quelques exceptions près, ne me touchent pas du tout. Alors que les "rêves" précédents de Tim Burton me bouleversaient au plus intime de ma personne (Edward sculptant la glace, la résurrection de Selina Kyle, Sally qui chante, Ed Wood qui met en scène...). Et Big Fish est sans doute moins "impossible" que les précédents Burton. Il se situe dans un "entre-deux" qui pourrait me toucher, mais qui me déçoit. Mais tant mieux, oui, tant mieux, si tu y as trouvé tout cela !

 


 

Aaah ! Comme tu le vois mon cher Eddy, je refais une percée à raison d'une à deux fois par an, pour les grandes occasions dira-t-on. La dernière fois, si je me souviens bien, c'était pour Le Voyage de Chihiro (que je considère à l'heure actuelle comme un équivalent d'Edward en termes de poésie, de perfection, d'émotions, de tout...). Et je me porte à croire que si c'est aujourd'hui la sortie de Big Fish qui me fait ressurgir du néant, eh bien là-dedans, le hasard n'y est pour rien du tout.
On a tous été secoués par ce film, et à vrai dire, quiconque ne l'a pas été ne s'affirme pas comme un vrai fan de Burton. On peut donc le voir comme un test, et le coût s'en révèle très, très élevé à en juger l'impondérable tristesse avec laquelle tu as écrit ces chroniques "à chaud" (et la deuxième plus encore que la première). J'avoue que j'ai moi-même été terriblement déconcerté par l'incroyable conformisme que revête de façade le film. Je dis bien de façade, car en profondeur, et après une seconde vision assez révélatrice, il est évident que Big Fish vibre d'une complexité faramineuse.
 
Dans tout ce que tu as évoqué, je suis à 100% d'accord avec une chose : Big Fish est une oeuvre malade. C'est indéniable, et pas forcément à cause d'un éventuel échec artistique qui s'expliquerait idéalement par la perte paternelle. Si le nouveau Burton est malade de quelque chose, c'est bien de désillusions. Il en est même rempli à ras-bords. Tu as taxé le propos tenu de consensuel, et on t'a répondu qu'Edward aussi, dans toute sa beauté, reste consensuel. J'irai quant à moi plus loin dans le débat en avançant que Big Fish reste bien moins "consensuel" et "rassurant" dans sa vision du monde qu'Edward aux mains d'argent. Moins touchant aussi, moins émouvant forcément, moins beau, sans doute. Mais la réalité n'est pas aussi belle que le suggère la sublime conclusion d'Edward, et surtout, pas aussi évidente. Et Big Fish, pour la première fois chez Burton, nous rappelle que le monde n'est pas tout blanc, pas plus qu'il n'est tout noir (façon de parler bien sûr, mais la nuance est énorme). Les business-men égoïstes aussi ont le droit de rêver d'une vie qu'ils n'ont pas eu. Ce sont des humains, eux aussi (comme Bruce Wayne, non ?).
 
Après, c'est vrai qu'on attend d'un film qu'il soit clair dans ce qu'il raconte, qu'il expose sa vision en toute pureté, car cela reste de la fiction et que l'on n'a pas particulièrement envie d'être déçu des êtres et des choses autant que dans la vie réelle. Mais là encore, justement, toute la révolution de Big Fish est bien ici : dans le réel. Tim Burton s'est rendu compte de quelque chose, il a voulu nous en faire part, et la clé de voûte de son discours se situe dans les scènes "réalistes" plus que nulle part ailleurs. Et je m'excuse, mais Billy Crudup et Albert Finney sont éblouissants. Leurs dialogues sont beaux et banalement mélancoliques, bien plus forts que le 3/4 des films supposés hollywoodiens. Je ne vais pas non plus m'éterniser (ah oui, c'est déjà fait !), mais j'espère vraiment que les gens réviseront leur avis sur Big Fish (même toi Ed, même toi !) et lui reconnaîtront sa complexité ainsi que la justesse très délicate qui lui appartient. J'espère aussi avoir été éloquent, si ce n'est pas le cas, il y a toujours la dernière mise à jour de mon site (nosurprises.free.fr)... bien, je te dis à la prochaine Eddy, dieu sait quand...
 

Mad Dog

 

Réponse de Edwood :

Ah mais ça fait toujours plaisir de te lire, en tout cas. Surtout qu'une fois encore ton avis est des plus intéressants, en tout cas il sort du lot et il a le mérite de présenter une interprétation étonnante de Big Fish. J'avoue que ta vision de l'œuvre se conçoit, même si elle demande d'aller fouiller fort loin dans les entrailles du gros poisson. J'avoue que je n'en ai pas eu le courage. Courage que j'avais pourtant trouvé immédiatement devant la Planète des Singes. Comme quoi... Malheureusement, dans Big Fish, les scènes "magiques" m'ont laissé un arrière-goût très désagréable et les scènes "réalistes" m'ont paru fort maladroites et souvent très lourdes. Quant à la fin, non décidément, son propos me laisse perplexe. Car, après tout, l'existence d'Edward Bloom est effectivement exceptionnelle sans avoir recours aux "histoires" pour l'enjoliver. Il a connu un géant (un peu moins grand, certes), des sœurs jumelles avec lesquelles il a fui le Viet Nam, les gens du cirque, une "sorcière", etc... Le film voudrait évoquer le problème du point de vue, mais ne cesse de se prendre les pieds dans le tapis. Par exemple, lorsque Jenny prend le relais d'Edward Bloom  pour raconter le passé, et bien c'est encore le point de vue de Bloom qui est en partie adopté, puis soudain abandonné (vu qu'il n'a de toute façon jamais raconté ce passage de son existence). En clair, au sein de la tentation adultère d'Edward Bloom apparaît soudainement un géant de cinq mètres de haut. Si on ne creuse pas trop le film, on ne fait pas attention à ce genre de détails. Mais si on cherche un sens profond et notamment mélancolique à tout cela, il y a de quoi rester perplexe devant une oeuvre finalement aussi bâclée. Alors, certes, si tu compares Big Fish à la majorité des mélos Hollywoodiens (Cold Mountain & co), forcément, c'est mieux, quand même. Mais en même temps, je ne peux pas juger, j'évite la majorité des films hollywoodiens (parfois à tort, souvent à raison). Je juge par rapport au Burton que je connais et par rapport à ce que j'aime actuellement au cinéma. Et non, franchement, non. Il y a plus de mélancolie dans Le Monde de Nemo ou même dans le Retour du Roi, que dans tout Big Fish. Et ça, c'est bien une déception douloureuse.

 


 

Bon, autant le dire tout de suite : je n'ai pas vraiment aimé Big Fish. 
je n'avais pas compris pourquoi tu disais "tim burton n'est plus", mais après avoir vu le film je comprends pourquoi... Bien que je n'irais pas jusqu'à dire ça, Tim Burton peut developper des choses tout à fait différentes dans ses prochains films.
Big Fish est une histoire qui parle d'histoires et ce qui est désolant c'est que l'histoire comme les "histoires dans l'histoire" se passent bien du début jusqu'à la fin.
on en vient à chercher la note de desespoir, alors que dans Edward aux mains d'argent on cherchait la note d'espoir.
 
Ce film dégouline de bons sentiments, il faut bien le dire !!
je ne suis pas fan de Tim Burton, donc j'ai peut etre un avis moins nuancé et je n'ai vu le film qu'une fois, donc j'ai peut etre manqué certaines subtilités mais j'ai surtout vu les grosses ficelles.  il ya certains points qui personnellement, pour moi, on vraiment du mal à passer.
par exemple, les retrouvailles entre bloom et sa femme après la guerre , qui sont larmoyantes comme il faut, alors qu'il ne se sont séparés que depuis 5 minutes à l'écran, sont ridicules. On n'arrive pas une seconde à y croire. en tout cas c'est mon avis.
et d'ailleurs c'est bien dommage car en effet la séquence avec les soeurs siamoises est d'une "saine bizarrerie" et rappelle quand meme que , quelque part, Burton is Burton et que Big Fish n'est pas un autre blockbuster hollywoodien sans âme. le combat de Kung Fu avec les vietnamiens est plutot drole, mais bon pourquoi ne pas avoir caricaturé de la meme façons les américains? trop risqué par les temps qui courent ?
Et que penser de la formidable sorcière à l'oeil de verre? c'est du grand art, tout bonnement. mais de la retrouver plus tard sous les traits de jenny adulte a personnellement achevé de me faire décrocher au film.
Burton a peut etre voulu tenter une plongée dans l'imaginaire à la "alice aux pays des merveilles" ;  mais pour moi le fait que retrouver tous ces personnages à la fin casse toute la magie.
c'est meme grotesque, pourquoi céder à ce genre d'effets digne des studios walt disney??
... damned, c'est vrai que Burton a commencé chez Disney, peut etre que tout s'explique.
 
c'est bien simple ,à plusieurs reprises tout au long du film je ne voulais pas croire à ce que je voyais à l'écran. par exemple dans la séquence du début que j'appellerai "le fabuleux destin de Edward Bloom, citoyen modèle de Ashton"... j'avais tellement du mal à y croire que j'étais sur que le vrai Edward Bloom était le mec un peu gros qu'on voyait toujours en retrait dans chaque scène, et je m'était imaginé que Bloom avait passé sa vie à la rater et qu'il s'était inventé un personnage de winner pour ne pas décevoir son fils et lui donner confiance en lui. je croyais avoir capté tout le film d'avance et je commencait à penser que Burton avait réussi un truc énorme.
et puis quand j'ai vu que le gros était seulement le boyfriend de Sandra (ce nom, ce nom... ) j'ai pensé que Burton venait de louper ce qui aurait pu etre le plus beau film du monde.
mais j'ai du trop jouer à FF7...
 
sinon, Big Fish reste un très beau film sur l'amour filial, je trouve la prestation de Mario Cotillard excellente en petite française toute mimi... mais bon, tout ça manque un peu d'aspérités et de profondeur.
ou est le doute ?? ce n'est pas que je vais voir un film de Burton en attendant systématiquement du doute ou de la tristesse, mais avec un slogan comme "une histoire plus grande que la vie elle-même", on etait en droit d'attendre autre chose.
de plus, point de vue encore plus subjectif, je trouve que le monde a vraiment besoin d'autre chose en ce moment.
les personnages de ce film, à l'exception de Jenny, sont tous bien peu travaillés et ne se posent que peu de questions.
Edward Bloom est catastrophique, il réussit tout ce qu'il entreprend, il saute en parachute sans hésiter une seule seconde,  il se lance dans une grande toile d'araignées sauteuses presque avec le sourire, qui va s'identifier avec ce premier de la classe?? Je m'identifie plus à Indiana Jones, il réussit tout mais au moins il a l'air de faire des efforts pour ça. (il a toujours la bouche à moitié ouverte en signe d'angoisse et les gouttes de sueur qui tombent du chapeau)
et ce detestable cliché "je rêve d'une maison avec une cloture blanche", comment, mais comment ne pas faire le vieux raleur en comparant avec Edward au mains d'argent, ou les clotures blanches représentaient justement la norme des banlieues américaines ?
 
 
et puis aussi, pourquoi faire vivre toutes ces aventures à un personnage si tout ce qu'il désire c'est de se faire accepter dans la norme ?? quand il dit "je suis trop ambitieux pour cette ville" , ou veux-t-il en venir?? non, décidément, quelque chose à du m'échapper... ou alors ce film est un authentique film raté.
un bon film, pour sur, mais un film gigantesque raté.
 
et pitié ne le comparez pas à Brazil, Brazil est un film mille fois plus ancré dans l'actualité que Big Fish. 
la séquence de fin de Brazil est plutot amère je trouve. de toutes façons je fais partie des personnes qui pensent que le rêve cesse d'en être un à partir du moment où il se réalise, mais bon, c'est un autre débat.
 
 

Pony.

 

Réponse d'Edwood :

Ah, moi je ne dis rien sur Brazil, c'est intouchable Brazil, on est dans un univers tellement différent de celui de Big Fish. Là, tenez, Terry Gilliam, bah moi, ce type-là, il ne m'a jamais déçu comme Burton vient de le faire. Je veux dire, même Jabberwocky ou Fisher King, le premier pour ses maladresses de première oeuvre et le second pour ses concessions hollywoodiennes, et bien, même ces deux films, je les aime, vraiment, et je les trouve bourrés de qualités (les visions médiévales de Robin Williams et la scène de danse dans le hall de gare de Fisher King sont sublimes, par exemple). Enfin, je m'égare, mais comme je n'ai pas envie de parler beaucoup plus de Big Fish, je préfère parler de ce qui me fait plaisir.

Tiens, non seulement tu me lances sur Gilliam, mais en plus tu évoques Final Fantasy 7, ah là, c'est sûr, Big Fish, je n'y pense même plus. Mais la complexité de FF7 est malheureusement intraduisible en film. Juste en littérature, et encore. Voilà une oeuvre d'art totale, immense, géniale, sans doute follement novatrice, que l'on ne peut vivre que dans son format d'origine. En même temps, on ne pourrait pas faire d'Edward Aux Mains d'Argent un jeu vidéo... Mais bon, je ne vais pas entrer dans les détails de FF7 pour le comparer à Big Fish, d'une part parce que c'est incomparable et d'autre part parce que cela me forcerait à révéler quelques uns des points essentiels de l'histoire. Et, sait-on jamais, il y a peut-être des lecteurs qui n'ont pas joué à Final Fantasy 7 ? C'est invraisemblable, mais qui sait ?

Et dans nos temps plus que troublés, effectivement, un film un peu (trop ?) critique vis à vis de la norme "occidentale" serait très mal perçu. On ne peut plus faire de Fight Club aujourd'hui, c'est tout vous dire. On ne peut même plus faire d'Ed Wood, mais déjà, à l'époque, personne aux USA n'était allé voir le film... Alors je ne vous parle même pas de Battle Royale, parce que bon, là c'est carrément un autre extrême et les américains en avaleraient leur chapeau (apparemment la technique pour discréditer BR2 c'est de raconter partout que c'est un "nanar", une manière comme une autre d'essayer de désamorcer la bombe...).

Enfin, tout cela pour dire que les personnes qui s'expriment en ces lieux sont pour l'instant majoritairement déçues par Big Fish. J'avoue que cela me surprend un peu, car je croyais que le film était assez apprécié. Mais en même temps cela me rassure, je ne suis pas fou !

 


 

Bonjour,
 
Cela fait maintenant quelques jours que j'ai vu Big Fish pour la première fois. Ma rage fut telle que j'en ai presque pleuré. En tant qu'adorateur inconditionnel du "jeune" Tim Burton (cette dénomination va s'imposer d'elle-même), je ne peux que faire part de ma colère après un tel massacre: un scénario gruyère sans queue ni tête, un excès poussé à la mascarade, un humour potache,... Edward est mort. Johnny est Ewan.
Par où commencer ma critique? Les choix de réalisation m'étonnent: A peine commencé de cinq minutes, Big Fish s'enchaîne par un flashback de vingt minutes; et c'est l'intrigue qui est noyée dans une pléiade exaspérante de lieux et d'individus faussement magiques. Le flashback a pour but, en début de film, d'étayer la personnalité ou l'histoire des personnages, afin de familiariser le spectateur avec les "héros" nouvellement présentés. Conclusion: aucun processus d'attachement ne lie le spectateur aux personnages, l'intrigue se passe ailleurs. Mais cela dans quel but? Ewan McGregor perd la vedette au profit d'un béstiaire pathétique. Bref, c'est le cirque! (c'est le cas de le dire!) Les récits s'enchaînent les uns les autres, histoire après histoire. Ils s'emboîtent trivialement suivant un classisisme honteux: un personnage, un fait et (plus rarement) un objet devient la condition de l'enchaînement, l'unique rapport entre deux scènes. Montage hollywoodien.
Pourquoi Edward Scissorhands est un chef-d'oeuvre de réalisation? Ce qui engendre la magie est son potentiel à être réel. Si Edward est inquiétant c'est parce qu'il évolue dans un univers qui est notre; certes caricatural, mais nous l'imaginons pleinement, un attachement se crée. L'attente est ici un sentiment essentiel. Edward est reclu dans l'ombre, la scène initiale du château dure plusieurs minutes... La sauce prend et Burton crée de la magie. Big Fish est tout sauf magique. Les personnages sont décuplés sans n'avoir aucune raison d'être: Pourquoi la sorcière qui surgit si rapidement sans même nous faire peur? On pourrait parier en un personnage clé vu le secret qu'elle renferme (son oeil). Erreur, c'est un leurre! Son oeil est une excuse pour un raccord futur... Bref, elle est inutile. Les scènes prétendument belles ne durent que 15 secondes et s'enchaînent dans une cadence qui ne ressemble pas à son réalisateur.
Ne parlons pas du scénario. Gros plan sur la clé qui semble être déterminante! Mais elle ne sert à rien!! Une voiture dans un arbre sans raison (la voiture se trouvait sur le sol avant que l'eau ne s'évacue). Burton abuse de l'ellipse, se sert de ses personnages comme un débutant: ils ne sont que l'excuse d'un détail à venir (le géant pousse une voiture pour créer un passage). L'abus de féérie est un supplice indigne de Tim. Sans parler de cet humour grossier et malvenu: DeVito se gratte le visage avec "la patte", deux soldats chinois jouent à Matrix (Burton n'est pas Tarantino), .. Les seuls personnages intéressants sont à peine esquissés: la sirène (qui au final, ne sert à rien. Son rôle est une excuse au beau. Que détermine-t-elle?), les siamoises.
Je vais m'arrêter là. Big Fish est un mauvais film. Autant par les faiblesses de son scénario (une intrigue qui ne tient pas la route, des personnages décuplés par plaisir, aucune teneur en conséquence,...), que par ses erreurs de réalisation (un montage de débutant, des scénes redondantes, ...). En plaçant ses "héros" rigolos et "magiques" au centre de son film, il a tué l'intrigue, le coeur d'un scénario. De plus, ces personnages ne sont que l'excuse ontologique à l'existence du film. Tautologie honteuse. Big Fish est odieux! D'ailleurs, il a poussé l'ironie jusq'au prénom d'Ewan: EDWARD.
Ce film est un blasphème.
 

Tristan Storme.

 

Réponse d'Edwood :

Et bien décidément, je suis loin d'être le seul à ne pas apprécier du tout Big Fish. Heureux de constater que l'on s'entend sur les principaux défauts du film. Que ce soit les personnages et situations inexploités, les scènes vulgaires, la mise en scène maladroite (le montage n'a jamais été une grande force de l'œuvre de Burton, il faut bien le reconnaître, déjà dans Sleepy Hollow et la Planète des Singes, c'était n'importe quoi par moments), etc... Bref, rien à ajouter encore une fois, nous sommes d'accord. Les défauts latents du cinéma de Burton sont flagrants dans Big Fish. L'anti-climax de la bataille finale de la Planète des Singes est ici étendu à l'ensemble du métrage (ou peu s'en faut, en effet, la Sirène et les Soeurs Siamoises ne servent à rien, sauf à donner un peu de magie dans un film qui en manque incroyablement).

 


 

Oui, pourquoi pas ce point de vue. A mon strict avis d'élèves en cinématographie, il me semble que le processus " burtonnien " ne devrait pas être dit de telle manière. Film politique, sur la société qui ne peut plus créer des histoires comme big fish, burton s'efforce de convaincre le jeune public d'un re-nouveau avec ce cinéma, ce nouveau cinéma, fantastique. Malgré, il est vrai, une deception, mais avec un nouveau style dans le cinéma de Burton, la création avec le coeur.

                                                A.P

Réponse d'Edwood :

Le nouveau style de Burton m'échappe assez largement. La création avec le coeur, elle est tellement plus présente dans Edward et dans Ed Wood, que je n'ose même plus le démontrer.

 


 

Salut Edwood, voici une critique de "Big fish" qui ne fera pas que des heureux.

La grande particularite de Burton dans le cinema Hollywoodien (voir mondial) c'est qu'il est un grand auteur reconnu, a l'esprit independant et l'imagination fertile, qui opere au sein d'un systeme tres controle : celui des blockbusters americains. Si l'on excepte Spielberg (qui fait partie integrante de ce systeme) Burton et le seul cineaste a l'univers si singulier, qui ait pu s'epanouir cinematographiquement au milieu des millions de dollars, des images de synthese et des stars couteuses. Lynch, Carpenter, McTiernan... tous se sont casses les dent la ou Burton a livre ses plus belles performances ("Batman Returns", "Mars Attacks !" etc...).
L'ere politiquement correct et conservatrice dans laquelle nous baignons depuis une petite demi-douzaine d'annees maintenant a change la donne. On lui retire "Superman", on le laisse faire un "Sleepy Hallow" bien peu dérangeant et on le brime tout le long de "La planete des singes". Ce dernier film fait d'ailleur figure d'acte de resistance. On sent une vrai implication du cineaste dans les thematiques, une ambiance étrange et malsaine s'installe tout le long du film qui n'hesite d'ailleur jamais a donne dans l'ironie. C'est du vrai Burton. Mais si il n'est pas complètement a l'aise, meme s'il délaisse complètement les heros "positifs" (et devie ainsi le sens du film) on sent une vrai implication artistique de sa part. Certes le film et bancal, certes il est difficile d'y adherer tant les repaires sont fausse, ca n'en reste pas moins un formidable brulot anti-hollywoodien.

On aurait pu croire alors que son cinema prendrait ce chemin de resistance. Une longue croisade artistique au sein d'une institution qui brise les marginaux. Mais avec "Big Fish" on constate qu'il en va tout autrement.

Le moins que l'on puisse dire de "Big fish" c'est qu'il est une trahison complete de son cinema. Le film est consensuel, primaire, larmoyant au lieu d'emouvant (sacree difference) et surtout plat et peu engage (dans un sens artistique).
La premiere horreur que l'on peut relever dans ce film c'est que si on y retrouve toutes les figures de style et les motifis du cinema de Burton, elles ne sont jamais, a aucun moment utilise a bonne escient. Elles n'impliqent rien, n'apportent rien si ce n'est la veine signature de leur auteur, dans une optique de demarcation purement gratuite. C'est du Burton mais ca s'arrete la ! Rien ne ressort de cette main metalique et gadget, de ses freaks decales et marginaux, de cette vielle fille isole vivant dans une maison delabre, de ces siamoises querelleuses, du directeur de cirque garou, de cette caravanne qui tremblotte, de cette sorciere borgne, de ces nains, ces geants etc... Autant d'element qui identifie le film sans jamais lui donne un sens, une raison d'etre. Comme si Burton, ne se retrouvant pas dans le sujet avait voulu marquer de son empreinte un film qui ne lui correspond pas sans pour autant le transformer et en changer le sens primaire pour l'inscrire dans sa filmographie. Pire ! Il semblerai meme que Burton vende du Burton comme Dali faisait du Dali. Vous voulez des montres qui fondent et des elephants giraffes ? Bah je vais vous en donner moi !
L'autre point important (qui decoule directement du precedent) c'est qu'en n'abordant le film de maniere si maladroite jamais Burton ne surmonte les odieuses facilites de scenario. Je n'ai pas lu le livre personnellement mais la, c'est assez catastrophique. Pire encore !!! Burton va dans le sens de ces facilites en les faisant passe pour une certaine naivete feerique. Ainsi on voit que pour ce debarrasser d'un loup garou enrage il suffit de lui balance un bout de bois, pour conquerir la femme de sa vie et de se debarrasser de son conjoint benet il suffit de se faire etaler par celui-ci sur un tas de fleur, pour aprivoiser un geant sauvage il suffit de lui dire : "vient on va en ville", fuir du paradie : "bon bah je m'en vais"... la naivete au cinema est difficile a retranscrir car, pour etre efficace et realiste, elle doit s'inscrir dans un contexte complexe et le faire paser pour simple. La, en l'occurence, ce n'est ni plus ni moins que de la pauvrete scenaristique dans laquelle Burton se complait assez lamentablement.
Autre probleme : le manque de parti pris sur le propos du film. Qu'est-ce qui est mieux ? le fantasme : refuge d'une vie ennuyeuse, banale et assomante. Ou la realite : assumer ses responsabilites, aimer ses proches et les proteger... Du coup nous somme dans un vague croisement batard entre "Forrest Gump et "les aventures du baron de Munchaaussen" dont on pourrait deduire que l'american way of life a quelque chose d'ideal et que le fantasme en souligne les points positifs. Ce qui rend tout a fait le film detestable !
Car c'est une vision tellement positive du monde que ce film nous exibe que ca en devient genant. Le seul vrai mauvais personnage n'est rien d'autre qu'une grosse brute epaisse qui se fait ridiculiser par le hero tout le long du film. Burton nous avait habitue a des mechants, pervers, profond, cruel et stylise. D'eux provenait un monde empli de tares, de degeneressence, de malaise. Le mechant chez Burton n'etait pas utilise a des fins manicheenne mais pour donne un contre point, une nuance a tout propos, a la realite du monde. Son absence ici manque cruellement au film qui en devient beatement niais.

Comme tout le monde sur ce site je suis un fan de Burton depuis la premiere heure ("Beetlejuice"), j'ai suivit sa carriere avec passion et devoument, c'est grace a lui que je realise des films aujourd'hui. Mais pourrai-je lui pardonner cette abjection demagogique, ce retournement de veste, ce coup de poignard qu'est "Big fish". Seul l'avenir nous le dira. D'ici la, il n'y a plus qu'a espere que ce gros poisson ne fut qu'un faux pas. Le premier de toute sa carriere, il fallait bien que ca arrive un jour...


Matthieu Santelli


Réponse d'Edwood :

Pas grand chose à ajouter, je vois que le rang des déçus est sans cesse grandissant. Je suis d'accord sur tout, ou peu s'en faut. Pour ce qui est du roman Big Fish, il paraît qu'il est plus sombre et ambigu que le film. Je le lirais, à l'occasion, mais rien ne presse.

 


 

A mon tour de donner mon avis très subjectif.
 
Sans être un grand admirateur de Burton, j'ai trouvé le film bon, mais sans plus.
Sans faire offense à Mr Burton, j'ai eu l'impression de voir un Amélie Poulain bis...
Tout comme son homologue français, on retrouve une histoire légère, une mise en scène plutôt inspirée, des gags qui font légèrement sourire, un héros tête à claques..
 
Pire même, le film de Burton souffre véritablement d'un manque d'ambiance et d'unité sur la première demi-heure. J'avoue avoir eu du mal à rentrer dans le film, le fait que la vie d'Edward Bloom ne soit qu'anecdote, nous empêche vraiment de ressentir quelque chose à son égard. De plus une forte sensation de déjà vu m'a envahi  plus d'une fois.
A l'instar d'Amélie Poulain, on se trouve devant un film léger, dont le plus grand défaut est justement sa légèreté. Certes on peut trouver des scènes plus fortes, mais comme tu le soulignes très bien, on revient toujours à un gag, un clin d'oeil etc.
Faire un film d'anecdotes rigolotes (mais pas trop), cela plait au grand public, mais qui se souvient encore d'Audrey Tautou et de son Amélie Poulain aujourd'hui?
On en parle pendant 1 semaine, 1 mois, voire même un an, mais maintenant, on ne se rappelle même plus de l'histoire...
Pour en revenir à Big Fish, c'est un bon film qui plaira à tous, qu'on ne peut pas détester, mais qui ne laissera pas un souvenir impérissable. Alors que Batman Returns...

Jeddy3

 

 

Réponse d'Edwood :

Déjà je suis tout à fait d'accord sur ce que tu constates sur... Amélie Poulain. Ensuite, j'avoue que à la fois je te trouve un peu trop dur avec Big Fish et en même temps trop gentil. C'est que d'une part j'ai préféré Big Fish à Amélie Poulain. Mais d'autre part un bon film qui plaît à tout le monde peut tout à fait être détestable. Je suis loin de dire que Big Fish est détestable, même si je déteste vraiment certains moments du film, dans son ensemble je le trouve plutôt réussi dans son genre, mais juste moyen sur une échelle burtonienne (disons que pour moi il est plus proche des concessions de Batman et de la Planète des Singes que de la sincérité absolue d'Ed Wood). En même temps, Big Fish respire la sincérité à foison. Une sincérité qui se serait vraiment adaptée aux normes qui plaisent au plus grand nombre. Tant mieux... tant mieux... 

Mais comme tu le dis, c'est le genre de films qui touchent beaucoup de prime abord, qui marquent pendant une année, dont on garde un vague bon souvenir, mais qui disparaissent peu à peu, que l'on range sagement dans la catégorie des jolis films que l'on a bien aimé à l'époque, mais bon, voilà, voilà... (Le Cercle des Poètes Disparus ? Quelqu'un ?). Je suis désolé, mais une oeuvre moins consensuelle, au moins dans son détail, aurait sans doute eu un impact plus durable. En même temps je souhaite que Big Fish marque les esprits pour le mieux. C'est toujours cela de pris. Mais qu'il ne vienne pas remplacer Edward Aux Mains d'Argent dans les cœurs, sinon, là, je ferme boutique...

 

 


 

 

J'avoue, certes, avoir lu avec un grand sentiment d'inquiétude ta critique sur Big Fish, mon cher Ed. Je me disais, oui, j'avoue, notre cher Ed qui nous a fait découvrir Pulp et les Pixies et qui savait parler aux fans de Burton que nous étions - car oui, si certes je suis loin de t'égaler en la matière, je fus tout de même sévèrement traumatisé lors de ma tendre enfance par 'Edward Scissorhands et de Batman Returns, et ce genre de choses compte  - en bref, je me disais et je ne sais plus finir mes phrases : notre Ed nous abandonne.

Car j'avais vu Big Fish - et j'avais énormément aimé. Maintenant, hélas, certes l'enthousiasme est un peu retombé, et après seconde vision je pense pouvoir donner mon avis. Peut-on appeler Big Fish un mélo bien-pensant ? Moi je dis : non ! Oui, certes c'est consensuel, mais est-ce une tare ? Et puis au passage, Edward Scissorhands, ce n'était pas un peu consensuel ? Big Fish est plein de bon sentiments certes, mais tout de même pour le meilleur : on y retrouve cette émotion qui manquait un peu (oh, pas beaucoup, mais tout de même) à Mars Attacks et Sleepy Hollow.

Et je ne peux m'empêcher de crier mon enthousiasme pour toutes les histoires d'Edward Bloom, son enfance hallucinante, le cirque (Danny De Vito forcément génial), Edward Bloom et Sandra Templeton (comment ça c'est une histoire à la rose ? Oui, d'accord, mais c'est génial !), Edward Bloom et Norther Winslow (une performance incroyable de Steve Buscemi), Edward Bloom et les
soeurs siamoises (oui, je renchéris, la meilleure séquence du film) Et n'oublions pas la vision de la ville de Spectre , mi enchanteresse, mi effrayante - le sourire idiot du maire, s'il n'y avait qu'une scène à retenir, et bien entendu l'histoire de Jennifer Hill - dont le sort est au fond assez semblable à celui des autres personnages burtoniens - à mon sens, l'un des meilleurs passages du film.

Le personnage d'Edward Bloom, interprété magistralement par Ewan McGregor, exaspérant mais adorable avec son enthousiasme naïf et sa sympathie immédiate envers tous et toutes, et en particulier envers les mal-aimés. Le jeune Ed Bloom est une parodie réjouissante du rêve américain - car l'humour est très présent et l'on soupçonne très fortement que cet homme n'est pas tout à fait sérieux.

Car avec ces formidables séquences, Tim Burton réussit à nous faire rire et à nous faire pleurer, maîtrisant parfaitement le bon goût et le mauvais, le trivial et l'émotion. Et n'est-ce pas au fond ce que l'on attendait de lui depuis Beetlejuice et Edward Scissorhands et depuis Ed Wood et Mars Attacks ?

Mais il est vrai qu'après quelques jours et une seconde vision, les failles apparaissent, c'est à dire, essentiellement, l'histoire de Will Bloom qui peine à nous convaincre, et dont la qualité de faire-valoir aux histoires d'Edward n'est que trop apparente. Si pour commencer, l'histoire de Will n'a en elle-même rien d'exaltant, s'y rajoute les acteurs relativement peu convaincants. Mais surtout, on sent bien que Burton traite cet élément du livre en passage obligé; Burton n'est pas à son aise dans cette histoire de gens très ordinaires qui peine à nous émouvoir. Et, hélas, il n'hésite pas à recourir à l'effet facile pour nous y émouvoir -surtout vers la fin. Je me suis surpris bien des fois au cours de la seconde vision à attendre avec grande impatience les histoires de Bloom.

Burton n'a jamais montré autant de talent que pour les histoires imaginaires d'Ed Bloom, ces aventures d'un homme "bigger than life" et de ses compagnons de route, cette histoire de freak à l'envers, tandis que la partie "ordinaire" du film semble incroyablement déplacée. Quant au final, eh bien, même si comme tu l'as souligné fort justement, Burton n'y recule devant aucun effet facile, on ne peut s'empêcher d'être extraordinairement ému par la scène d'entraînement final, là où le mythe rejoint définitivement la réalité, une victoire du rêve que je ne peux m'empêcher de comparer au final de Brazil.

On peine par moment à reconnaître notre Burton, qui expérimente en permanence, explorant des thèmes qui ne lui furent jamais familiers, et revisitant sa propre oeuvre avec bonheur. S'il se laisse par moments surprendre par des fautes de goût dont on ne le savait pas coutumier, elles sont fort heureusement compensées par quelques unes de ses plus belles scènes.

Au final ? Un grand film, qui trouve sa digne place au rang des Burton des plus émouvants, notre réalisateur fétiche qui se renouvelle spectaculairement, et il faut le dire, avec toujours autant de talent, ce qui nous promet de bien belles choses pour l'avenir. Et surtout, sans oublier la toujours extraordinaire Helena Bonham Carter.


vradsvoui vradsvoui

 

Réponse d'Edwood :

Alors, non, certes, je n'ai pas abandonné les fans de Tim Burton. Je reste moi-même incroyablement admiratif devant l'homme et son oeuvre. Disons que je provoque un schisme purement subjectif. Non, les nouvelles orientations de Burton ne me conviennent pas et j'en suis le premier désolé. Oui, il n'a rien perdu de son talent de cinéaste, il l'a peut-être même amélioré. Mais, je ne m'y retrouve plus dans son Big Fish. Et je ne peux pas me forcer à aimer le film sous prétexte que c'est Tim Burton (on m'a suffisamment reprocher cela, à tort, pour la Planète des Singes, film que j'aime avec toute la sincérité possible).

Oui, Big Fish est un mélodrame bien pensant. Ce qui n'est pas forcément un mal. Dans le genre, Forrest Gump était tout à fait réussi. De même que certains Spielberg. Et si Edward se présentait comme un film "consensuel" dans son message principal (la tolérance avant tout), il était loin d'être consensuel dans son déroulement. Notamment dans sa violence latente et sa morbidité permanente. Le film est en ce sens un conte de fée définitivement bien plus accomplit que Big Fish. Oui, l'émotion s'est fait absente des derniers Burton (à part les quelques flashbacks de Sleepy Hollow), mais elle revient ici dans un délire guimauve assez éloigné de la retenue d'Ed Wood.

Les histoires d'Ed Bloom sont très inégales. Son enfance n'est pas particulièrement passionnante (à part la scène de la sorcière) et empreinte franchement à Forrest Gump (le coup du problème de croissance, ça ne vous rappelle rien ?). Mais ce n'est pas la faute de Burton. Le cirque sonne un peu comme un passage obligé du film et même si, à première vue, la scène du temps qui se fige est très belle, elle ne peut en rien effacer la Ice Dance d'Edward. Trop d'effets spéciaux qui détournent l'attention du cœur de la scène sans doute (on est plus ému par le chat suspendu en plein saut que par l'amour naissant). Et Dany De Vito nous refait le Pingouin. L'histoire d'amour est donc très à l'eau de rose et est surtout expédiée assez maladroitement (la confrontation entre les rivaux est inexistante), on est bien loin de la violence d'Edward Scissorhands ou du décalage facétieux d'Ed Wood. Et même de la grâce toute simple du Nightmare. Sandra n'est pas Sally, bon sang ! Kim à la rigueur, d'accord, mais là, ça se finit bien. Quant à la ville de Spectre, la position de Burton est paradoxale. On sent que l'endroit le gêne et que comme Ed Bloom il n'y est pas à l'aise. Pourtant, c'est le paradis. C'est un lieu où l'on ne peut s'empêcher de revenir, que l'on ne peut s'empêcher de vouloir sauver. C'est le lieu où l'on dépose les armes (et les chaussures), la fin du chemin. Et Jenny... Ah... Jenny... Bien sûr elle est le coeur du film. Mais Burton la traite avec goujaterie. Burton la met au placard. C'est bien sûr elle qui sauve le film de la débâcle totale. Et sa solitude ténébreuse est la seule réminiscence du Burton que j'aime. Mais voilà, ce "censuré" d'Ed Bloom l'envoie balader. Et ça, c'est impardonnable. Et c'est à cet instant que j'ai faillit quitter la salle. Et pour moi Ed Bloom jeune est absolument antipathique.

Je préfère son fils. Voilà, c'est dit. Et je trouve que la nouveauté la plus intéressante de Big Fish, paradoxalement, c'est la manière dont Burton filme certaines scènes "intimes" et réalistes. Certaines séquences entre Crudup et Cottillard sont étonnantes de la part de Burton et sonnent très juste. Je crois en fait que si Burton avait totalement épuré son cinéma de la féerie un peu gluante, s'il avait misé sur un mélodrame plus âpre, plus intime, son film aurait été mille fois plus réussi, du moins il m'aurait beaucoup plus touché. 

Brazil ? Oui, on pourrait y penser. Mais bon, je n'irais pas faire remarquer pourquoi on est très loin du chef-d'œuvre de Gilliam. Bientôt je vais évoquer Millenium Actress de Satoshi Kon, la merveille absolue qui fait exploser les limites narratives et esthétiques du mélodrame "historique". L'occasion sans doute de l'opposer, malheureusement, à Big Fish.

Les fautes de goût sont assez impardonnables. La mort du rival, gag ignoble, répété plusieurs fois dans le film. Le lancer de bâton au loup-garou. Le combat de kung fu avorté. Le très banal gag du coffre vide. Bref, plein de petites choses que je ne trouve pas particulièrement réjouissante. De même, tous ces personnages inexploités sont regrettables. Les soeurs siamoises, la sirène, et dans une moindre mesure Jenny. Tous passent à la trappe au profit d'un Ed Bloom qui me sort par les yeux. Donc oui, Burton évolue, mais non, moi je n'y suis plus. Je suis avec May et la Millenium Actress. Et j'en suis le premier désolé.