EDWOOD VOUS PARLE DES :

 

FRUITS DE MER

 

        Imaginez un petit animal ressemblant à une morve particulièrement visqueuse, style sinusite au plus haut régime, le genre de trucs que l'on fait remonter le long du palais en se raclant la gorge et qui fait de magnifiques fils dégoulinants si on tente de s'en débarasser d'une manière ou d'une autre. Ensuite imaginez que la petite bête toute suintante et verdâtre est vivante au moment où vous la faites pénétrer dans votre bouche et qu'elle urine de terreur au moment où elle entre en contact avec votre langue, que son sang visqueux se répand sur vos gencives au moment où vos dents l'écrasent avec un glissement glauque, imaginez que vous pouvez tout aussi bien avaler la petite bête vivante ! Et bien oui, vous aurez reconnu la fameuse huître si recherchée lors des repas de fêtes. Le fameux rhume en coquille qui fait le plaisir des gourmets raffinés.

 

        Sous l'appelation fruits de mer, on range habituellement tous les coquillages et crustacés (sur la plage abandonnée) que vous pouvez acquérir plus ou moins frais chez votre poissonnier (qui vous veut du bien, malgré les apparences). D'ailleurs nous allons commencer nos investigations chez ce brave commerçant. Quel plaisir la poissonnerie ! Encore plus quand il faut faire la queue et que l'on a amplement le temps d'admirer l'étal. Entre les crabes encore vivants qui agonisent sous les néons, les poissons éventrés dont un œil pendouille lamentablement hors de son orbite, les écrevisses qui grattent le polystyrène de leur bac avec une patte maladroite, la poissonnerie est peut-être avec les abattoirs et les camps d'épuration en ex-Yougoslavie, LE lieu que tout amateur d'horreur extrême se doit de visiter. Un tel étalage de cruauté, de souffrances, de gore sans trucages, ne peut que soulever les cœurs les mieux accrochés (pour preuve les bacs à vomi sur le côté, là, cachés sous la dénomination trompeuse (qui ne trompe personne) "soupe de poisson").

        Bon c'est pas tout ça mais nous sommes là pour s'offrir un bon plateau de fruits de mer pour le repas de dimanche. Miam miam miam ! Que choisir ? Les crevettes ? Prenez en de toutes les tailles. Des bigorneaux ? Prenez aussi des bullochs, vous allez voir combien on va s'amuser un peu plus bas (je tiens d'ailleurs à prévenir les personnes sensibles, ce qui suit est particulièrement monstrueux alors s'il vous plait, éloignez les enfants). Un crabe entier me paraît une bonne idée (vérifiez qu'il soit encore vivant au moment de l'achat, facile à voir, la petite bête s'asphyxie en bavant copieusement). Vous pouvez frapper dans des choses plus classiques, style les moules, mais crues !!! surtout pas de moules cuites ! Enfin si, c'est très craignos aussi les moules cuites avec la langue pendante et les intestins verdâtres apparents, mais bon, crues vous allez voir on va plus se poiler quand même. Les coques, ces petites choses impossible à ouvrir avec oh ! surprise ! rien à l'intérieur (ou presque) sont aussi agréable à manier. Bon voyons ? C'est déjà pas mal pour une première fois non ? Bon vous me payez tout ça (attention la douloureuse, ça vaut une fortune ces animaux tout frais sortis de la plage de la Hague (à vérifier d'ailleurs, les crevettes doivent briller dans le noir et les moules dégorger du pétrole de première qualité). N'alliez-vous rien oublier ? Hein ? Hein ? Et les HUITRES ALORS !! Non mais c'est vrai quoi... pffff.... Heureusement que je suis là pour penser à tout. Bon on s'en va (que je puisse enlever mon pince-nez parce que là ça commence à gêner un petit peu).

        Une fois chez vous avec votre précieuse provision c'est là que ça commence à devenir marrant. Mais vraiment hilarant (surtout si vous êtes un serial-killer de la pire espèce). Aller, on y va ? On y va ?

 

DERNIER AVERTISSEMENT : les lignes qui suivent contiennent des scènes de violence extrêmement réalistes qui sont susceptibles de choquer les personnes sensibles voire de provoquer des nausées et des vomissements. Mature Readers Only.

 

        Pas question de passer à table tout de suite ! Il y a une certaine préparation !! Enorme préparation même !! Vous devez d'abord trouver du matériel de torture (enfin de cuisine mais c'est pareil) et transformer votre cuisine Ikéa en annexe du laboratoire du Dr Mengele. Il vous faut : un couteau à huîtres (électrique pour les fans de Texas Chainsaw Massacre), des piques de différentes tailles (ou simplement des aiguilles à coudre, mais il faut quand même aussi des ustensiles un peu plus gros, des mini-fourchettes font merveille avec les bullochs), une pince à crabes (ou une pince de bricolage (vous savez les gros trucs pour retirer les clous rouillés ou arracher les langues dans la Marque du Diable), hum... j'ai dû oublier des trucs mais on verra cela au fil de l'histoire.

        Aller hop on commence par le crabe (on est dans la cuisine, je vous le rappelle, ça va être long je vous ai prévenu !). Elle est toujours vivante la bébête là, enfin plus morte que vivante et sa souffrance et sa terreur sont inimaginables, mais bon... Préparez une grande casserole pleine d'eau achement bouillante. Et là voilà le gag qui arrive. De manière bien moyenâgeuse vous allez ébouillanter le crabe. Miam miam, ça commence à devenir intéressant non ? (excusez moi je vais gerber, je reviens). Bon vous inquiétez pas, la mort est quasi-instantanée (non vous n'avez pas besoin de le défoncer à coups de marteau ou alors ce n'est plus de mon ressort). Bon une fois la bestiole bien cuite (enfin pas trop mais ça on s'en fout), vous la ressortez et vous la disposez dans un plat. Et vavavoum on continue. Maintenant on se fait les huîtres (bien vivante elles !). Chic ! Chic ! Vous sortez votre beau couteau à huître et essayez d'en ouvrir une. Évidemment vous vous coupez la moitié de l'index gauche et vous créez une belle tâche de sang sur le carrelage. Ah c'est malin ! On n'a pas que ça à faire bon dieu ! Bon c'est moins sport mais il va falloir avoir recours au couteau électrique. Allez-y prenez vous pour Leatherface, c'est fait pour ! Regardez avec facilité la coquille explose et comment la petite bête qui s'était calfeutrée avec terreur apparaît sous vos yeux émerveillés. Miam miam !!!

 

        Bon ça me gonfle les préparations, on passe à table !! Prévoyez les serviettes, les assiettes larges, les piques, les fourchettes, les couteaux, les pinces, la perceuse et une nappe épaisse. CA VA CHARCLER !!! Prévoyez du temps aussi, car comme toute torture raffinée, cela se fait en finesse (enfin non, mais bon...). Vous avez disposé toutes vos futures victimes dans de larges plats, tout cela est luisant de fluides organiques, ça à l'air bon ! On commence par quoi ? Une huître ? Ah ! Ca fait plaisir à voir, vous, vous êtes pas une lopette, vous y allez franchement ! Ok on est parti pour l'huître ! Vous attrapez la coquille, ne perdez pas trop de temps à contempler la bête sinon vous n'y arriverez jamais. Prenez un bon couteau bien aiguisé et allez tripatouiller sous la chose dans le but de trancher de manière bien crade son attache. Bon ça y est vous en avez déjà plein les doigts, vous inquiétez pas c'est avant tout de l'eau de mer, de la bave et du sperme qui se déverse dans votre assiette, et puis ne faites pas les dégoûtés, vous allez avaler tout ça dans pas bien longtemps (excusez moi je retourne gerber). A noter que les plus cruels des gourmets aiment à verser quelques gouttes de citron (acide citrique donc) sur les plaies de l'huître, dans le simple but de rendre la douleur encore plus intolérable. Non je ne vous résume pas les 120 journées de Sodome !!! Suivez un peu !! Donc maintenant que la petite bête baigne dans son jus sans entrave, vous allez pouvoir approcher la coquille de vos lèvres avides. Allez ! Allez ! Gloups ! Vous gobez le tout ! Le mollard vivant, l'eau de mer de la Hague, le sperme et le jus de citron. Maintenant que vous avez cela dans la bouche ne réfléchissez pas ! Avalez !! Vite !!(attention ce n'est pas le moment de vomir !) Ah ! Miam miam miam !!! Un délice ! Ca valait la peine non ? C'est tellement extraordinairement bon que toute cette boucherie était plus que justifiée, non ? (excusez moi je vais me cherche une cuvette, ça m'évitera d'aller aux chiottes à chaque nausée).

 

        Bon où en étions-nous ? Ah oui ! Nous en étions au début du début du début ! Maintenant si on se faisait un petit bigorneau ? Allez hop ! Sortez votre aiguille (une fine, c'est que c'est petit un bigorneau). Et allez me trifouiller dans la coquille là, le but étant de réussir à empaler la chose de manière suffisamment solide pour l'extirper en une seule fois. Et zut raté ! L'espèce de mini-vers de terre marronnasse s'est coupé à sa moitié ! Et puis vous pouvez toujours courir pour allez récupérer le petit bout qui manque au fond de la coquille ! Vous pouvez forcer dans tous les sens, écraser tout ce qui dépasse encore, c'est fichu ! Enfin vous pouvez toujours mâchouiller ce que vous avez au bout du pique. Miam miam ! Ca valait la peine aussi ! Bon on se fait un bulloch ! Mais il va vous falloir une plus grosse aiguille. Le bulloch c'est merveilleux parce que comme c'est plus gros, on voit encore plus les détails. Et une fois sur deux la bestiole s'avère toute bavante et de jolis filaments transparents viendront dégouliner sur vos doigts avides. Et le contact avec les lèvres sera encore plus délicieux (oui c'est très très sexuel, vous pouvez pas imaginer). Attention mâchez bien ! C'est bien dur comme truc et même si les liquides divers qui suintent de l'animal le font glisser sous votre mâchoire, je vous déconseille de l'avaler tout rond (on reparlera de cela à la fin, pour la digestion, hé hé hé).

 

        Miam ! On se fait une moule crue ? Oh oui ! Oh oui ! Alors là aussi, hum... euh... pas facile à ouvrir non ? Ben pour la peine je ne vous donnerais même pas de truc miracle ! Démerdez-vous ! C'est tellement plus amusant ainsi ! Et quel plaisir de l'ouvrir par soi-même, à la force de sa ténacité et de tomber devant ce tout petit truc rouge étendu au fin fond de la coquille. Profitez en pour réviser vos cours de bio du lycée et repérez le foie, les intestins et tout ces sortes de choses, c'est très ludique ! Tout aussi ludiques sont les crevettes. Une grosse crevette vous fera enfin comprendre ce que signifie le mot étripage, une petite sera grandiose ! Vous devrez juste lui arracher la tête et la queue après les avoir écraser entre vos gros doigts... Bon on passe au crabe parce que là moi je vais pas tenir jusqu'en bas de la page sinon... Le crabe ! Là ça devient GENIAL ! Vous allez l'ouvrir ! Tiens le mieux c'est de le scier en deux ! Ouais ! C'est dur ! Tenez le bien sinon vous irez le ramasser sous le buffet parmi les toiles de tarentules. Une fois la bébête éclatée en son milieu vous allez pouvoir vous repaître de toute la masse organique bizarroïde qu'il y a à l'intérieur. Cherchez pas à savoir ce que c'est, ne regardez pas, mangez, vite !! vite !!!!!! (faites gaffes aux cartilages quand même, allez les récupérer au fond de votre bouche, n'hésitez pas à y mettre les doigts, c'est toujours VOTRE bouche après tout). Les vrais pros crachent tous les petits déchets et autres bouts de coquilles avec une dextérité sans pareille. Si vous n'avez pas l'habitude, n'essayez pas ! Vous risqueriez de tout recracher dans une bouillie incroyable et le plus souvent par terre, sur votre costume du dimanche ou sur la nappe. Sans parler des filets de bave très gracieux que vous produirez de toute façon (c'est contagieux, c'est la maladie de l'huître folle !). Bon on a pas fini avec le crabe ! Il reste les pinces (et même les pattes mais là je n'en parle pas, j'en peux plus). Avec votre bel arrache-clous vous allez faire éclater les papattes du crabe (gag pour la famille, quand un morceau de carapace s'envole à travers la pièce et vient atterrir dans un endroit pittoresque (sous un meuble, dans vos cheveux, dans le verre du voisin, etc...) ha ha ha !). Et bon vous mangez tout ce qui peut être mangé et ça ira.

       

        Évidemment tout cela est très très long et très répétitif. Mais on va dire que finalement vous êtes arrivé au bout du repas (ou bien vous êtes mort, ce qui est peut-être mieux). Vous avez les mains embourbés dans une sorte de slime zarbi, une délicieuse odeur de toilettes publiques a envahi la pièce, les déchets se sont accumulés un peu partout (il y a plus de trucs sur la table après qu'avant, dingue...), tout semble suinter d'un liquide étrange et alienesque, je crois que vous avez bel et bien fini. Il ne vous reste plus qu'à jeter les déchets (et sortir la poubelle sinon vous êtes morts dans les heures à venir), à vous laver les mains et à prendre un puissant vomitif. Sinon, et bien vous allez devoir digérer et c'est là que le calvaire commence et que ça tourne VRAIMENT au sordide. Je n'ose même pas aborder le sujet mais c'est le cas de le dire vous y êtes dedans et jusqu'au cou !

 

        Ce qui prouve bien que les fruits de mer sont le plat idéal pour les dimanche en famille ou quand vous allez au restaurant avec votre dernière conquête. Pour les fêtes, c'est le plat roi, forcément, on a bien compris pourquoi. Manger des fruits de mer reste d'après moi l'une des expériences les plus violentes, monstrueuses, glauques et grotesques que l'on puisse faire. Idée pour le prochain réveillon : allez dîner dans la fosse sceptique de la maison de retraite du quartier.

 

 

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