Edwood Vous Parle

 

Parfois les coïncidences sont troublantes. En effet, l'autre jour, je marchais dans la rue. Et alors, me croirez-vous ? Alors, je croise un touriste avec un appareil photographique ! Moi, qui, justement, m'en allais déposer des photos au développement ! La vie est tellement pleine de surprises ! Depuis cette aventure, forcément extraordinaire, ma vision du monde est radicalement bouleversée. J'ai abandonné le cynisme et la rationalité pour ne plus croire qu'en :

 

 

 

Un Monde Magique

Chapitre IV - Le Monde Magique de la Nature

 

 

(générique de début, musique symphonique guillerette)

 

 

        Je m'éveille le matin au son des oiseaux du soir. Je me couche avec le chant de l'alouette. Les fées et les insectes sont mes amis. Je ne crains rien dans cet univers merveilleux qui est le mien.

        L'autre jour, donc, j'en parlais avec mon cheval. Il me disait, en gros, que la magie était partout et qu'il suffisait de se baisser pour ramasser les pommes délicieuses de la joie éternelle. Oui, me disait-il, les pommes ne sont plus synonymes de péché, mais bien de pommier. Ce qui semble pourtant logique. Et nous serons amis avec les pommes et nous croquerons à pleines dents dans la pulpe du serpent tentateur. Et ce sera beau. Car ce monde-là est un véritable Eden. Vois, poursuivait mon cheval, justement, ce serpent qui gambade dans l'herbe tendre. Il n'attend qu'un baiser de toi, avec la langue parce que nous sommes des adultes à présent, pour se transformer en vigoureux prince charmant qui ne demandera qu'à te satisfaire chaque nuit précieuse de ta vie jolie, et ce, sans jamais se départir d'un amour généreux et sans jamais la moindre carence.

 

        J'avais beau répéter à mon cheval que je n'avais pour l'instant pas vraiment l'utilité d'un prince charmant vigoureux, étant à la base plutôt attirée par les princesses charmantes généreuses, attends que je t'explique mon ami hippique ; mais il ne voulut rien entendre. L'amour m'attendait dans l'herbe tendre. Peut-être avec un python, peut-être avec une fourmi, voire avec un charançon du blé. Étant d'un naturel plutôt exigeant quant à mes passions charnelles, je ne voulais point m'abaisser à la copulation avec le premier lombric venu. Ou alors seulement si son ramage était à peu près plus ou moins équivalent à la qualité notable de son compte en banque (après imposition). Avouons-le, il en faut plus pour me faire battre le coeur avec une conviction sincère et inébranlable (je me comprends...). Mais je ne voulais pas décevoir mon cheval, fidèle compagnon des soirées éthyliques où nous allions terroriser le poulailler après nous être ruinés au flipper de "Chez Jojo", bar PMU de renommée cantonale.

 

        Je m'élançais donc au coeur de la Nature, pour en explorer les charmes et la magie proverbiale (et pour ne pas perdre de vue notre sujet de départ). Très rapidement, je croisais Oscar Wilde, qui cueillait des fraises. Il me dit que l'automne approche, monotone et qu'il l'entend qui tonne dans son sonotone. Je me dis que la mort a fait perdre beaucoup de sa verve à un auteur autrefois réputé pour ses traits d'esprit. En suivant le ruisseau rieur je tombais sur ma cabane au Canada. Elle était toujours là, tapie au fond des bois, exactement comme je l'avais laissée l'année prochaine. Un écureuil, sur le seuil, grignotait rêveusement une noisette fraîchement tombée du sapin qui couvrait de ses branches protectrices la jolie demeure de mes après-midi paisibles. Tout me semblait si poétique que soudain l'inspiration surgit :

"Oh toi ma cabane que j'ai abandonné un soir d'été,

Tu es bien belle sous les rayons du soleil d'été.

Je pense à toi et à ce que j'aurais été,

Si j'étais resté ici, heureux, tout l'été."

        Pas mécontent du tout de cette percée lyrique, je poursuivais mon chemin. Croisant des lutins rieurs et des trolls joueurs. Quelques satires exemplaires poursuivaient des nymphes altières. L'inspiration ne cessait de m'honorer, mais je doutais de la qualité objective de ma rime finale. Ce qui aurait donc donné :

"Il est midi dans la forêt enchantée qui danse et qui s'amuse,

Dans chaque souffle du vent murmure une muse.

Les hôtes des bois, joyeux, observent la ronde des satires,

Qui, gaillardement, clament aux nymphes martyres :

"Oh gentes enfants de la nature ! Venez dans la clairière !

Qu'avant ce soir, on vous défonce les sphincters !"

 

        Finalement satisfait de ma dernière assonance, je soupirais rêveusement. L'éternité, à portée de la main, plus près de la Nature. Là où tout prend source et là où tout s'achève. Et ce n'est donc qu'une illusion ridicule de croire, que même dans la plus moderne des villes, on peut s'éloigner de nos origines. La Nature est là, partout. A chaque instant, à chaque seconde elle se rappelle à notre esprit. La Nature, dans mes besoins, dans mes envies. La Nature dans le regard et les gestes d'Autrui. La Nature qui me dit que je suis vivant, qui me dit que je suis mortel. La Nature qui me donne tout et qui me reprendra tout. Sans elle je n'existe pas, tu n'existes pas, vous n'existez pas. Pas d'internet, pas de cinéma, pas de musique, pas d'amour, pas de haine, rien.

Un grillon bruite au loin...

Ma redécouverte de la magie du monde ne faisait que commencer, logiquement, inévitablement, ici. Je reviendrai sans doute. A la fin.

 

A suivre...

 

 

Edward D. Wood Jr. (Qu'est-ce qu'il en sait, le bougre, et qui donc lui a dit, qu'y a pas de chêne en paradis ?)