Edwood vous parle

 

 

Métaphorismes

 

 

Et si on jouait aux pensées jetées en vrac ? Le déballage du sac d’osselets, on va bien s’amuser.


J’aurais aimé être riche et pouvoir céder au démon du jeu, entre autres choses, certes. Je sens qu’il s’agit de l’un de mes rares vices à se tenir encore sagement terré, prêt à surgir si on lui en laissait l’opportunité. Mais, comme tous les vices, il vaut mieux le garder sous contrôle le plus longtemps possible, tant il est difficile de le museler une fois libéré. Pour le moment, pas d’inquiétude, je n’ai pas les moyens d’être un flambeur.


Le bonheur n’est pas un idéal de l’imagination. Le bonheur existe, je l’ai rencontré. Ce qui est vrai c’est qu’on ne prend pas toujours le temps de l’apprécier au moment où il est là. Le bonheur s'ébat dans un instant du passé.


Animaux en peluche, avez-vous une âme ?


Je me situe dans la catégorie embarrassante située entre le médiocre et le brillant. C’est une lutte quotidienne de naviguer du pathétique à l’extraordinaire. Ainsi, il faut faire le grand écart entre les éclats de génie et le désolant.


Le plaisir de la conduite, de préférence sans but, semble synthétiser mille et un désirs. La liberté, la fuite, la découverte, l’impression de vivre en faisant partie d’un grand tout… Etre bien dans sa voiture c’est être perpétuellement « ailleurs ».


Lorsqu’on affirme que l’on est « exceptionnel », tout le monde répond : « ça va les chevilles ? ». Pourtant, cela revient à dire que l’on est « différent », ce qui entraîne plutôt les regards contrits liés à l’idée d’handicap intellectuel, physique ou social.


C’est un peu con d’avoir une phobie envers des créatures inoffensives et/ou rares. Avoir peur des requins, des anacondas, des souris, des papillons, que sais-je ? Et pourquoi pas des raptors ou des aliens ? Cela répond sans doute à un besoin psychologique de « crainte », il faut craindre pour être en bonne santé mentale. Vaincre une phobie est admirable, mais il s’en crée probablement une autre pour la remplacer.


Ce qu’il faut savoir de toute relation amoureuse, aussi passionné et solide qu’elle paraisse, c’est qu’elle peut s’achever à tout instant. Pour n’importe quelle raison, parfois la plus triviale, et souvent à la surprise de l’un ou l’autre partenaire. Quels que soient les efforts accomplis, le temps passé, le bonheur évident ou les liens tissés. « Rien n’est jamais acquis… ».


Je fais partie des 5 à 10% de la population mondiale qui ne sont pas à plaindre. J’ai un travail, une famille, la santé, un confort très correct. Et pourtant je souffre, je geins, je suis toujours en manque. L’insatisfaction inhérente à la nature humaine a de quoi donner le tournis. D’ailleurs, et vous, êtes-vous vraiment heureux ? Ou vraiment malheureux…

 


 

Interlude qui prête à sourire

« La loi dit qu'il n'y a rien de plus beau que de garder le calme, autant qu'il se peut, dans le malheur, et de ne point s'en affliger, parce qu'on ne voit pas clairement le bien ou le mal qu'il comporte, qu'on ne gagne rien, par la suite, à s'indigner, qu'aucune des choses humaines ne mérite d'être prise avec grand sérieux, et que ce qui devrait, dans ces conjonctures, venir nous assister le plus vite possible, en est empêché par le chagrin.


De quoi parles-tu ? demanda-t-il.


De la réflexion sur ce qui nous est arrivé, répondis-je. Comme dans un coup de dés, nous devons, selon le lot qui nous échoit, rétablir nos affaires par les moyens que la raison nous prescrit comme les meilleurs, et, lorsque nous nous sommes heurtés quelque part, ne pas agir comme les enfants qui, tenant la partie meurtrie, perdent le temps à crier, mais au contraire accoutumer sans cesse notre âme à aller aussi vite que possible soigner ce qui est blessé, relever ce qui est tombé, et faire taire les plaintes par l'application du remède. »  (Platon – La République – Livre X)

 


 

L’amour est un état transitoire et provisoire qui finit tôt ou tard par se transformer en gentille affection, courageuse amitié ou vague tendresse… dans le meilleur des cas, bien sûr. Le drame étant que l’une et l’autre parties ne sont que très rarement au même stade au même moment. Dans un couple qui dure, l’un est encore dans le passé, l’autre est déjà ailleurs.


Se réinventer chaque jour. Diantre ! Est-ce que j’ai une gueule de Leonard de Vinci ? Non, mais j’aimerais avoir sa tête, pas forcément pour le charme ravageur, mais pour pouvoir griffonner une petite bêtise aussi transcendante que La Dame à l’Hermine, comme ça, pour la forme. Fusionner avec les visages de De Vinci, la lumière de Vermeer, les courbes de Schiele… Ne faire qu’un avec la beauté absolue. Bon. Et si on regardait Confessions Intimes en attendant ?


Ce n’est pas une obligation sociale de faire bonne figure, mais davantage une obligation morale. La vie n’est-elle pas suffisamment douloureuse pour venir infliger son malheur à autrui ?


Réjouissance de l’humour dément, celui des Monty Python, en particulier, bien sûr, celui des Marx Brothers, itou. L’absurdité de l’existence poussée dans ses derniers retranchements. Ou plutôt jusqu’à sa conclusion illogique. Joie.


Ce manque et cette souffrance qui ne nous lâchent que rarement nous poussent d’un plaisir éphémère à l’autre. Comme des abeilles sans ruches, ayant perdu la raison. Nous butinons toutes les fleurs, en nous enivrant et nous accrochant à elles jusqu’à leur flétrissement.


La pire des faiblesses est sans doute de croire que l’on est « arrivé ».


On ne peut pas plaire à tout le monde, mais certain(e)s plaisent plus que d’autres. Les gens pour qui le charme est « naturel » ne se rendent que très rarement compte de la chance absolue qu’ils ont.


Il ne faut jamais imaginer qu’on a le temps de « faire les choses ». Les occasions filent, les gens partent, tout s’enfuit. Vivre c’est ne jamais avoir le temps.


Je n’ai pas encore pris la peine de jouer à « si je devais me réincarner ». A vrai dire, si je me plains sans cesse de ma condition, elle est relativement enviable à l’échelle des choses. Si je devais me réincarner je serais… l’univers ! Une manière de ne pas faire de choix. Sinon ? Un mouton ? Un rocher au sommet de l’Everest ? Le soutien-gorge d’Eva Green ? Une roue de tracteur ? Une enveloppe timbrée ? Un truc ?


Quoi que l’on dise, quoi que l’on pense, quoi que l’on fasse, on a toujours tort vis-à-vis de quelqu’un.


Se retirer du monde, baisser les bras, céder à la déprime, abandonner, reconnaître sa défaite… Ce n’est ni du courage, ni du réalisme, c’est le comble de la misère.


L’écriture comme catharsis exhibitionniste. C’est un style de vie. Chacun sa manière de se donner en spectacle, de se mettre en scène. La vie comme un théâtre, ce grand rigolo de Shakespeare a toujours raison, même quand il a tort.


Chaque jour est peuplé d’occasions manquées. Il faut faire en sorte d’en réussir le plus possible malgré tout. Une occasion saisie par jour et nos vies seraient transcendées.


Ah ! Ne plus être soumis à la loi du corps ! Ne plus perdre la tête, ne plus céder à la frustration, ne plus divaguer, ne plus désirer (presque) toutes les femmes… Renoncer à la vie en somme…


Notre esprit nous permet de nous imaginer supérieur à tout ce qui nous entoure. A leur manière, c’est peut-être aussi le cas de la fourmi, de l’arbre et du caillou. Impossible d’espérer une compréhension universelle si tout est soumis à un complexe de supériorité…


Demain est un autre jour. Derrière la brave sagesse du dicton se cachent plein de chouettes vérités. Et surtout la plongée réjouissante dans l’océan des possibles. La revanche de l’improbable, la satisfaction du réveil, les coucous rigolos de l’éternel retour, tout peut arriver, du pire au meilleur. Enlaçons le jour nouveau, contons lui fleurette, couchons-nous dans le foin avec lui. Et le soir venu, les yeux vers les étoiles, rêvons ensemble du jour prochain.

 

Edward D. Wood Jr.

(Don't forget me, don't forget me.
Make it easy, only just for a little while.
You know I think about you,
Let me know you think about me too.
)