Edwood Vous Parle

 

 

 

Le Boute-en-train

 

 

 

 

Il était un joyeux luron, bigoudi, bigoudaine

Il était un joyeux luron, bigoudi, bigoudaine, plon, plon, plon.

Ca peut paraître un peu simplet, tiroulili, tiroulélé,

Comme entrée en matière, tiroulili, ouais, ouais.

Mais c'est comme ça et puis voilà, toutou, tralala,

Et c'est ainsi que ça sera, pilouli, piloula.

 

Pas facile d'égayer les samedis ensoleillés du mois de mai. Garantis à 100% dépression carabinée.

Pourtant, c'est envisageable, avec un petit coup de pouce du destin. Encore, faut-il y croire, au destin.

Sinon, on se retrouve les bras ballants, et ça rime riche avec "manquer d'allant".

Les assonances c'est pas difficile, ritoutitili zatoutitoutoutile.

 

 

 

        C'est pourquoi, rompons-là, mesdemoiselles, mesdames et messieurs. Je ne suis pas ici pour amuser le chaland. On me demanderait presque de fournir du divertissement. Du divertissement de qualité de surcroît. Quand des professionnels, tout ce qu'il y a de plus salariés, n'y parviennent même pas. Ou si peu. Alors, moi, moi qui n'ai pas du tout envie de rire, hein, franchement, il faudrait que je sois drôle. Si ce n'est pas malheureux, ça, tenez, ça me déprime...

 

        Pourtant, je pourrais vous en raconter une bien bonne. D'ailleurs, c'est affreux, ça me désole, mais à chaque fois que j'écris : "ah je vais vous en raconter une bien bonne !", j'ai envie d'ajouter : "et non ce n'est pas Sherilyn Fenn ! Ah ah ah ! (coup de coude, hein, voyez c'que j'veux dire)". Ce qui est doublement pathétique, d'une part parce que ce n'est pas drôle. D'autre part parce que c'est vulgaire. Et enfin parce que je l'ai déjà faite plusieurs fois ici même. Ce qui n'est pas doublement pathétique, remarquez bien, c'est carrément triplement pathétique. Ah, je me déprime...

 

 

 

        Alors je vais quand même vous raconter une blague. Donc, bon. Alors. C'est un dromadaire, hein, un dromadaire, qui n'a qu'une bosse, voyez-vous, ce sont les chameaux qui en ont deux. Vous le savez tous et toutes, j'imagine, j'espère. Bref. C'est un dromadaire qui marche dans le désert du Sahara. Vous imaginez le tableau. Facilement. Y a rien de plus cliché que ça. On se croirait dans une pub pour le club Med. Ah ça me déprime de penser aux vacances. Enfin, bref. Donc le dromadaire marche et là, il rencontre un fennec. Vous voyez. Un fennec. C'est un petit renard tout beige avec de grandes oreilles poilus. Il est pittoresque et totalement trognon, vous voyez. C'est d'un drôle les fennecs. Donc, le dromadaire rencontre le fennec et il lui dit : bonjour ! Et le fennec répond : bonjour ! Et puis là, je sais plus trop, mais le fennec a soif. Tout ça. Alors le dromadaire lui répond, vous allez voir, c'est d'un cocasse. Le dromadaire lui répond : "si tu vas à l'oasis qui est un peu au sud, par là, tu vois, il y a de l'eau." Et là, ah, c'est d'un drôle. Le fennec lui dit : "merci clomoteur !". Ah ! Enorme, non ? Désopilant. Irrésistible. Ah... Le fennec lui dit : "merci clomoteur !". Cyclomoteur ! Ah, non, franchement, c'est le fou-rire de folie. J'en peux plus. J'en ris tellement que ça me déprime...

 

 

 

        Avec toute cette mort partout, toute cette solitude, toute cette violence, hein, vous voudriez que je me poile sur des histoires débiles d'animaux crétins ? Vous me prenez vraiment pour un abruti. Ca me désole. Non, vraiment, ça me rend triste que vous pensiez cela de moi. Certes je ne suis pas très futé. Mais quand même. Je veux dire, c'est vrai que des fois je ris aux histoires de fennecs. Mais j'adore les fennecs, vous comprenez. On a tous des petits vices plus ou moins cachés, moi j'aime bien le sado-masochisme et les fennecs. J'y peux rien. On ne choisit pas. Cela vient naturellement et on doit vivre avec. Sous l'oeil accusateur de la foule. Ca me déprime...

 

        Je suis soudainement tiraillé par une faim terrible et terrifiante. La quête de la nourriture devient irrépressible. Je ne peux plus lutter. Cela m'arrive, très fréquemment, environ deux minutes par jour, que ma faim supplante ma libido. Et, comme ça, incroyablement, je vais manger. C'est à ne plus savoir que penser du monde qui nous entoure. Vous vous doutez bien. Heureusement, c'est déjà fini. Et mon esprit se concentre à nouveau sur des idées toutes autres (le cul, le cul, le cul, les fennecs, le cul, le cul, le cul, les fennecs, etc...). Vous allez me dire que je perds mon temps à ne pas élever mon esprit vers des sujets plus nobles. D'une part, vous n'avez pas à me dire ce que j'ai à faire, non, mais, enfin, je vous en prie. Et d'autre part, qui vous dis que tout cela n'est pas noble ? Votre idée des sujets "élevés" et "nobles" ne vous honore pas. Non. Elle ne vous honore pas. Ah, là, tenez, tant d'esprits obtus qui me lisent, ça me déprime...

 

 

 

        Vous comprenez maintenant mieux pourquoi, comme je vous le disais récemment, ma compagnie réjouit toutes les personnes qui me fréquentent. Ou bien, elle les désole, je ne me souviens jamais très bien. Peu importe. Passons. Je n'ai donc qu'à peine besoin de refaire ma publicité et vous rappeler à quel point je suis le roi de la blague, le Dieu de l'anecdote poilante et un amant hors normes. Et tout cela dans un emballage gracieux de modestie et de charisme, propre à provoquer la pâmoison. Evoquer tout cela, avec un tel lyrisme, ah, ça ne peut que me déprimer...

 

 

 

        On ne parle toujours que des moments "difficiles", pourquoi ne pas évoquer un peu les moments "faciles" ? En général, les moments "faciles", on les vit et on n'en discours point, ça semble logique. Pourtant moi j'aime bien vous parler de mes moments faciles. Même s'ils n'ont pas l'air comme cela. Car, comme chacun et chacune, j'aime mettre de l'acide dans la douceur et de la douceur dans l'acide. Evidemment, j'y parviens n'importe comment et plus personne ne sait vraiment ce que je raconte. Et ça m'amuse...

 

        L'important, dirait le fennec, ou le dromadaire, je ne sais plus, mais j'aime bien les fennecs (surtout Sherilyn Fennec, bien sûr), donc, comme il dirait : "l'important dans un discours semi-fragmentaire, où le sens se dissimule derrière des digressions salutaires, c'est de séduire." Là, déjà, vous faites moins les malins, parce que le fennec vous ébahit par sa pertinence et sa culture. En plus, c'est pas con du tout c'qu'il dit, l'animal. Tiens, ça me plaît bien comme credo, ça. Pour tout vous dire, ça m'amuse...

 

 

 

 

Edward D. Wood Jr. ("Ignace, Ignace, c'est un petit nom charmant...")

Sherilyn Fennec, heureuse.