Edwood vous parle de

 

 

Intouchable(s)

 

 

Salut les ami(e)s !


Alors c’est l’histoire d’un paraplégique triste, mais riche et d’un black drôle, mais pauvre. Au début, ils se connaissent pas, au milieu ils se reniflent le derrière, et à la fin ils s’enculent. Interracial crippled p0rn FTW !


Quoi, tu l’as déjà vu ? Comme tout le monde, sauf moi, quoi.


En même temps ça tombe bien, ce n’est pas du tout de cela dont je voulais parler. Et en plus on n’est pas là pour rigoler, ni pour faire les guignols, d’autres le font bien mieux que moi et depuis encore plus longtemps.


Alors comme ça, sire Edwood est devenu trop gentil ? Oui, je m’appelle sire, pas tonton, parce que tout le monde se surnomme tonton. Et monsieur c’est bien, mais sire, c’est mieux. Donc, trop gentil. Parce que, formidable, maintenant on peut même commenter en-dessous des articles. Quoi. Lui parler « pour de vrai » sur Facebook, ou sur Tweeter. T’as même l’impression qu’il en a quelque chose à foutre de ce que tu lui écris. La vérité, je te le dis, il se fait vieux, trop gentil, mou. Beurk.


C’est l’histoire de deux êtres que tout oppose, au début ils se disputent, puis ils s’apprécient, et se fâchent, et se réconcilient, et à la fin, ils baisent, t’as vu.


Bah non, j’ai pas vu, faut que je te le dise en quelle langue ? J’ai pas vu, je m’en fous. J’en parle parce que si je mets ça en titre de n’importe quel article à la con en ce moment, je suis sûr de faire plein de « clics ». Voilà. Malin. J’ai même pas mis de compteur de visite. Je ne saurais jamais si cette page a vraiment fait davantage d’audience parce que j’ai mis Intouchables dans le titre en novembre 2011. Parce qu’en novembre 2012 personne ne se souviendra de ce film, forcément, c’est de l’audience immédiate. De l’instantané. Un portrait vif et sans concession d’un moment T à l’instant M d’une époque de cons.


La course à l’audience, moi, connais pas ! Forcément. Pas de pubs, pas de chocolat ! Pas d’avantages, pas de projos de presse de mes couilles, pas de DVD gratuits de mes roubignoles, pas de flyers, de stickers, d’exemplaires watermarkés, pas d’invitations, pas de pots-de-vin, pas de petits fours, pas de sacs plein de cadeaux, pas de t-shirts, pas de pin’s. T’as pas de compteur de visites, t’es rien, t’existe pas, t’es pas sur la carte. Dans le world wide web, personne ne t’entendra grommeler.

 


La course à l’audience, déjà, faut se lever tôt. C’est le dimanche matin, quand le printemps est là. Le dimanche matin, sur les chemins rieurs de nos régions. Cela se déroule entre la place de l’Eglise du petit village de Troududerch et la salle des fêtes du patelin de Tamaindenlsac. Cela se joue à plus de quatre, donc avec une bande de comparses, comme dirait Brassens.


Oui, nous sommes peu après le lever du jour dans la campagne française. L’aube s’efface, le petit brouillard matinal s’évapore, le soleil paraît dans toute sa splendeur. Il fera beau. Une légère brise faire bruisser les frondaisons ressuscitées. Les hameaux s’éveillent, les fermes murmurent, les animaux s’étirent, le clocher sonne. C’est le jour de la course à l’audience. Le monde est heureux.


Les candidats sont tous là sur la place de l’Eglise. Avec leur petits shorts primesautiers, leurs marcels impeccables et, pour certains, des casquettes super chouettes. Ils sont motivés, ils en veulent. A la clef, des budgets publicitaires de dingues, des partenariats démentiels, des jeux-concours à s'en décrocher la mâchoire, du prestige et des petits fours. Oui, monsieur, oui, madame. A la course à l’audience, on ne gagne pas une andouillette, non, pas un panier-garnis, que nenni. On gagne des ptits cafés et des jus de pamplemousse dans des suites d’hôtels qui sont un rien baths. Mieux, si t’as bien couru ventre à terre, la langue pendante, t’auras même ton entrée pour les soirées V.I.P. où n’importe quel peigne-cul peut zoner. Le rêve. Au loin, les vaches meuglent, les moutons bêlent.


Ils sont sur la ligne de départ, et, malgré l’ambiance si bon enfant, tous les coups sont permis. Ce sera La Course à la Mort de l’an 2011, ça va saigner. Faut taper en-dessous de la ceinture, jamais au niveau de la tête, c’est un devoir, la règle numéro 1. Vous allez voir, ça va être spectaculaire.

 


Non, en fait, non. Vous n’allez rien voir du tout. On va s’arrêter là pour ce joli passage allégorique et gras. Jetons un œil sur l’autre chaîne. Avec un peu de chance on va pouvoir parler politique. Après tout c’est un blog politique ici. Je crois.


Alors on dira que moi je suis l’handicapé du réseau social, le paraplégique des sentiments et que toi, le lecteur, la lectrice, tu es le grand black au rire communicatif. J’arrive avec mes disques des Fiery Furnaces et mes films de Tarkovski et toi avec tes compilations de reggae et tes comédies populaires. Au début tu te fous de moi et j’ai envie de te baffer. Au milieu, tu tends ta gentille main vers mon ego glacé et souffreteux, et j’ai envie de te cogner. A la fin, handicapé ou non, je te décapite à coups de pelle. C’est bien. C’est gagnant-gagnant. Pour moi. C’est bien.


« Mais euh ! Nous on veut le récit de la course à l’audience ! », crient les lecteurs et les lectrices vachement pas contents.


Non.


Voilà, c’est non.


Pas la peine d’y revenir, quand c’est non, c’est non.


Par contre je peux vous parler de mes rideaux. Ce sont plutôt des voilages. Pas des voilures, non, des voilages, rien à voir. Vous savez, des trucs blancs, très simples, achetés chez Ikea, il y a longtemps ; ça laisse bien filtrer la lumière et on peut voir ce qui se passe dehors. Alors que de dehors, tu ne vois rien. C’est pratique. Et ça passe en machine. Si, si, avec le programme délicat, pas de problème. Il faut le faire régulièrement, parce qu’avec la pollution, l’air du périphérique, là, bouh, ça devient tout grisâtre assez vite.

 


Un troupeau de mouton traverse la route. La course à l’audience est ralentie. Ah non, mais c’est pas possible, ça, zut alors ! Les moutons sont censés regarder la course, pas y participer !


Oui parce que je suis quand même l’épreuve d’un œil, tout en vous écrivant de l’autre. T’as vu. Pas facile. Hop. Magie de l’interweb. Avec mon Windows OS Vista Snowleopard Graouh !, j’ai des fonctionnalités, t’imagines même pas. Jaloux(se), va.


Donc. Mes rideaux font la course, ils virent en tête sur le chemin de terre, au lieu-dit « Chez Mamie Claquette ». Jusqu’ici tout va bien. A 30°, ça s’effiloche pas et on peut attaquer le passage en forêt, avec le parcours de santé. Hop, hop, hop. Ce sont mes voilages qui mettent misère ton blog et ton webzine, on ne les voit même plus derrière les fougères. Un écureuil passe. Oh qu’il est mignon. Il vient de s’éveiller de son repos hivernal. Il est encore plus petit que d’habitude. Juste une grosse queue touffue et deux ptites oreilles vachement croquignolettes. J’adore les écureuils.


A 10h, le marché bat son plein sur la place de la Mairie. On y vend des navets, des carottes, des fromages et des classements wikio. Sur l’autre chaîne, on affirme que la candidature d’Eva Joly obligerait la Finlande à renoncer à l’euro. La zone explose. La Lituanie double en tête. La domination slovaque a fait long-feu. C’est le printemps moldave. Freedom !


Mes voilages s’envolent vers la ligne d’arrivée Ils flottent un instant dans les doux feux de l’astre solaire, bercés par la brise du matin. Ils sont là-haut, loin, loin, loin de la course à l’audience. Derrière, ça sue, ça transpire, ça geint et ça souffre. C’est beau le sport, le vrai. Ils ont mal, ils sont grands dans leur dévotion à l’art et au cochon. Qui l’emportera ? Je m’en fous, et toi aussi, tu t’en fous, avoue-le. Pourvu qu’ils soient heureux et pourvu qu’elles soient douces.

 


Mais assez parlé de moi.


Non, j’déconne.


Alors on dira que je m’ouvre à la différence et à l’autre. Après tout, ton altérité radicale me renvoie mon image, tu es mon miroir, l’autre, celui me construit et me conçoit. Vous êtes bien belle, la bête. Et inversement. J’entrevoie la rédemption, la compréhension, la lumière au bout du tunnel. Le vivre-ensemble, le contrat social, le nouvel élan, le tout devient possible, le nouvel espoir, le chemin de demain, le pacte civil de solidarité active avec intérêts composés sur cinq ans en cas de P.E.L. minoré. Finie, ma crise. Adieu, ma dette. Hello, ma compétitivité relancée par le biais des indications postopératoires des instances directrices du barème immaculé des exécutions capitalistiques à taux fixe. Je vais mieux.


Entre ici, oh bonté superfétatoire ! Ainsi je suis complet ! Avant toi, je n’étais qu’un nabot, un demi Cell. Soit mon C-18 ! Sans la bienveillance, je suis condamné à errer sous l’opprobre, les cailloux et un quota de visites proche du zéro absolu. Laisse venir à moi l’esprit communautaire, la verve populaire, la bonne âme qui fait les succès historiques. Je veux être un phénomène de société ! Et que je sois n’importe quoi, même un mème, mais qu’on m’aime !


Que fait ce mouton ici ? C’est toi le lecteur qui l’a laissé entrer ? Ou toi, la lectrice ? Je te reconnais bien là, amie des bêtes, surtout pendant la crise de la dette. Pas de repos pour l’écolo. Enfin, si, parfois, quand tu végètes à rien, que tu comates sur ton canapé de souffrance, la bave au coin de la lèvre et le doigt sur la télécommande. C’est un cliché et ce n’est pas de ma faute. Cesse donc d’être un cliché et permets-moi de renouveler mon stock de blagues à deux balles. Toi aussi, l’interweb, bouge ton derrière, ça traine, ça rouille. Merde, alors. Oui, voilà. Merde. Je sors l’artillerie lourde de la vulgarité basse. Merde. Je veux des sujets neufs, j’en ai marre de vanner ton blog et ton tweeter, on s’en fout de ton blog et de ton tweeter. Problème, comme il n’y a plus que ça dans ta vie, mis à part ton boulot pourri, qui a parfois rapport avec ton blog et ton tweeter. Bref, comme il n’y a plus que ça dans ta vie, je parle de ce que tu connais. Pour être proche de toi, pour te comprendre, m’acclimater, faire corps avec ta douleur.


Je t’ai compris, le lecteur, je t’ai comprise, la lectrice. Et tu as aimé ça. Car c’était ce que tu souhaitais secrètement en arrivant ici. Un peu de chaleur humaine, des insultes et des moutons. Avec quelques images de la nature, puissamment évocatrices. Une diatribe anti-blogs avec des morceaux de panthéisme dedans. Comme la bonne soupe de la campagne. Une garbure. Oh oui, une garbure. Avec les gros bouts de choux, de poireaux, et les tranches de pain qui baignent. Et vlan, cale-toi ça dans le fusil, vieux ! Une bonne grosse garbure de vindicte contre le web 2.0. Je me ressers, hein, tu fais comme tu veux, c’est pas toi qui paye.


Alors on dira qu’on n’est pas du même monde, tu vois. On ne se comprend pas, on ne s’aime pas, les fossés entre nous sont aussi nombreux que les lecteurs des sites people. Que faire ? Si tu me touches, je hurle, si je te touche, tu fais une notule de blog sur les méfaits du viol. Ou une ptite BD, hi hi hi, j’adore les ptites BD. Oui, fais une ptite BD, oh oui. Une ptite BD. Et sinon, t’as pas Google+ ?


Ci-gît une conclusion poético-romantico-cryptique.

 

 

Edward D. Wood Jr.

("No good, you say. Well that's good enough for me.")

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