Edwood Vous Parle de

 

 

L'Absence

 

 

        C'est la rentrée, comme nous venons de le voir dans l'épisode précédent, et j'ai choisi de m'attaquer à un sujet léger, simple, sympa, quoi : l'absence. Dans tous les sens du terme. Pourquoi je vous parle de cela ? Parce que j'en ai envie, tiens ! Il est presque deux heures du matin, Kate Bush chante The Kick Inside, la rue est (à peu près) calme, plus un bruit dans les couloirs et même si ce n'est que passager, oui, fort passager, la solitude fait à nouveau son apparition. Ah ! On avait faillit l'oublier, la garce ! On avait pris l'habitude de ne plus la côtoyer. Fini le temps où le site internet occupait les journées et les nuits. Une fois la solitude envolée, il y avait tellement mieux à faire que d'écrire pour des gens que l'on ne voit jamais (ou presque). Leur écrire des choses qu'ils lisent à peine. Et dont ils se fichent. Mais je raconte toujours la même histoire.

 

        Non, ce soir, du moins, cette nuit, je suis seul. Je me sens seul. Et cela faisait longtemps que je ne l'avais pas ressenti ainsi. N'essayez pas de savoir des choses sur ma vie réelle privée par l'intermédiaire de ce que je raconte là, vous perdriez une bonne partie de votre précieux temps. L'essentiel c'est que l'absence fait rage. L'absence d'un instant. L'absence d'une nuit. L'absence d'une poignée de jours. Jusqu'à l'absence qui dure toute une vie. Cette vie qui serait tellement plus simple si l'on ne ressentait pas l'absence. Tellement plus simple si nous étions absent à l'absence. Etre ailleurs pendant qu'elle est là. Si seulement nous pouvions être absent au moment où l'absence passe. Ne pas répondre au téléphone quand elle vous appelle. Ou plutôt qu'elle ne vous appelle pas.

 

        Parlons-nous de l'absence d'une personne ? L'absence d'un objet ? L'absence d'un bonheur ? L'absence de soi-même ? Peu importe, l'important, c'est l'absent. Là-bas, ailleurs, mais pas ici, voilà où est l'absent. Et d'un coup, on se dit qu'ailleurs c'est mieux et qu'ici c'est bien triste. Surtout que The Kick Inside est en boucles.

 

        Pourquoi se morfondre ? Demain, l'absent sera de retour. Et si ce n'est pas demain, ce sera plus tard. Et si c'est jamais, et bien, on pourra toujours s'arranger. Pourquoi ne pas dormir avec les bonheurs du quotidien à l'esprit et les bonheurs du lendemain dans le cœur ? Parce que les gens heureux n'ont rien d'exceptionnel. Et que l'on préfère s'accrocher à la moindre parcelle de malheur comme si elle allait faire de nous des êtres hors du commun. Comme si se plaindre allait attirer vers nous la grâce de Dieu ou la grâce d'une simple personne, qui passait par là, qui n'a pas vu la lumière mais qui est entrée quand même. La plus belle des dignité, c'est la dignité de la tristesse. Elle est si difficile à atteindre. Apprendre à vivre, ce n'est pas tant apprendre à mourir, c'est surtout apprendre à souffrir pour transformer cette souffrance en quelque chose de vivant. Alors, la véritable exception, c'est celle des gens malheureux heureux.

       

        L'absence ? Elle se fait présence au fur et à mesure que les mots défilent. Tout se fait clair, présent, immédiat, évident. Rien n'est absent au souvenir et loin des yeux tout près du cœur. Ce chapitre d'Edwood Vous Parle brille par une profonde inutilité, et c'est ce qui fait son charme tout sympa, quoi. Et si un jour il disparaît dans un recoin du web, on ne s'apercevra même pas de son absence.

 

Edward D. Wood Jr. ("I'm giving it all in a moment or two, I'm giving it all in a moment for you...")